« Nobody survives alone » ☾ Zachary

i. please introduce yourself.
Zachary est né un soir d'été, à Portland. Abandonné à la naissance il n'a connu que les foyers et les orphelinats toute sa petite enfance. Gamin très difficile, personne ne voulait le garder, même des écoles il se faisait virer. Des pleurs, des cris et de la violence. Si on excuse l'enfant abandonné, personne n'a envie de le gérer. Personne jusqu'à Andy, son ange gardien. L'homme, la trentaine, débarque de toute sa hauteur alors que l'enfant n'a que sept ans. Il dit qu'il veut essayer, tout le monde lui dit que c'est une mauvaise idée. Mais Andy s'en fout et prend le petit sous son aile, dans sa maison à Silver Grove. S'en suit un long chemin, une confiance qui nait au fil des années, avec beaucoup de patience et d'amour de la part du père improvisé. Et puis, alors que tout roulait, l'adolescence pointe le bout de son nez et avec elle, un autre débarqué à la porte d'entrée. Andy a préparé Zach pendant plusieurs semaines, c'est un placement d'urgence et le dossier lui a tapé dans l'oeil, exactement comme pour lui. Et à lui, il lui a sauvé la vie. Alors comment pouvait-il s'interposer ?

C'est donc Kyle qui débarque. Tout de suite, entre le blond et le brun, les tensions se créent. Zach a peur d'être abandonné et Kyle est encore très traumatisé. La violence refait surface de plus belle et s'invite entre eux comme un défouloir à cœur ouvert, s'ils sont capable de se protéger jusqu'à en saigner au premier qui osera parler mal de l'autre. Capable de se protéger mais incapable de s'avouer qu'ils tiennent l'un à l'autre en réalité. Ça va parfois loin, très loin, trop loin, entre les deux handicapés des sentiments, heureusement qu'Andy est toujours là pour les arrêter, pour les sauver. Et puis un jour, Kyle disparaît. Pendant de longues minutes, des heures interminables, Zach se dit qu'il l'a perdu à tout jamais. Et putain, ça le fait chier. Parce qu'il ose pas l'admettre, parce qu'il veut pas l'admettre, mais Kyle est devenu un repère à part entière. Il est devenu son frère. Sur le fil du rasoir, le cadet est finalement retrouvé et Zach se voit changé. Plus avec la même violence, plus avec les mêmes craintes non plus. Il accepte enfin Kyle, il l'accepte avec tous ses défauts et toutes ses qualités, comme on le fait avec un frère, parce que c'est son frère.

Ils grandissent et s'apprivoisent, ils créent enfin la complicité qu'ils méritent, qu'ils n'osent pas exploiter depuis trop d'années. Profondément reconnaissants pour leur père adoptif, l'un et l'autre font tout ce qu'ils peuvent pour le soutenir et l'aider dans son quotidien. S'ils se voient moins de par leurs emplois du temps chargés, ils savent pertinemment qu'ils peuvent compter l'un sur l'autre et qu'il suffit qu'ils claquent des doigts pour que l'autre soit là. S'ils se sont servis de leurs faiblesses pour se blesser dans le passé, aujourd'hui ils sont une force l'un pour l'autre, réellement soudés.

Zachary aime sa famille un peu tordue, pas très commune, plus que n'importe quoi sur cette Terre. S'il a choisi de devenir infirmier pour tenter d'aider les autres et rendre fier son père adoptif, il mettra malgré tout toujours la priorité sur Kyle et Andy. Il est hors de question que quelque chose se glisse entre eux, il ne le supporterait pas, vraiment pas.

ii. mean streets of silver grove.
Zachary est arrivé à Silver Grove l'année de ses sept ans. C'est Andy, sa famille d'accueil qui vivait ici et qui l'a donc ramené avec lui. Si le brun n'était pas forcément ravi de se ramener ici, il ne l'aurait été nulle part ailleurs. Grâce à Andy, il a appris à apprécier la ville et tout ce qui la composait. Il aime être dans une petite communauté et ça le fait se sentir plus en sécurité que les grandes villes. Faut dire qu'à ressentir les émotions négatives des gens, les grandes villes peuvent vite être oppressantes pour lui. Pourtant, Zachary n'a pas été un enfant ni un adolescent facile. Rebelle de par ses blessures, il a mené la vie dure à ce pauvre Andy. Son frère d'adoption, Kyle, et lui, n'ont pas été des plus tendres l'un envers l'autre et ceux qui les ont croisé dans leur jeunesse vous diront sans doute que ces deux là n'étaient pas très fréquentables. Pour autant, Zachary s'est toujours investi pour le bien de la ville, à partir de ses seize ans, il a donné un coup de main quasi quotidien à Andy pour aider à la vie en communauté. Forcément touché par la situation des jeunes en difficulté, il prend particulièrement plaisir à donner des coups de mains pour garder des enfants, voire les aider lorsqu'ils sont en difficulté. Volontaire pour accompagner lors d'excursions ou pour passer des après-midi d'été avec la jeunesse de Silver Grove, il a toujours tenu à faire son possible pour que personne ne vive ce qu'il avait pu vivre.

En grandissant, il a moins de temps. Son travail d'infirmier le fait sortir de la ville chaque matin et parcourir plusieurs heures de route afin de se rendre à l'hôpital le plus proche. S'il enchaîne parfois les gardes au point de ne pas avoir le temps de croiser sa famille, il se refuse à laisser Andy dans cette grande maison. Durant son temps libre, il continue à donner un coup de main comme il peut, notamment au dispensaire, auquel il ramène des ressources de l'hôpital dans lequel il travaille quand il peut. Il met aussi un mot d'ordre à donner un accès aux soins à tous, qu'importe l'âge et les moyens, aussi, parfois il récupère des blessés légers et les soigne à ses frais, avec l'aide de son frère cadet.

iii. we're all mad here.
Zach a toujours fait partie de ces gamins un peu bizarre. Tout le monde a mis ça sur le compte de l'abandon. S'il est le seul à ne pas connaître l'exacte histoire de sa naissance, tout le monde à l'orphelinat savait qu'il avait été abandonné parce que ses parents ne voulaient pas de lui. Grossesse non désirée. Il paraît qu'un enfant sent énormément de choses dans le ventre de sa mère, tout le monde s'est dit que ça venait de là. Depuis tout petit il ressent toutes les émotions négatives qu'il déclenche chez les autres. Que ce soit le dégoût, la haine, la peur. On a mis ça sur le dos d'une hyper-sensibilté, mais quelle drôle d'hyper-sensibilité lorsque l'on ne ressent jamais de positif. Et puis Zachary est passé entre les bras de plusieurs familles d'accueil. Il était trop difficile, comme bébé, puis trop difficile, comme enfant. Une fois qu'il a su marcher et parler, cette curiosité chez lui s'est accentuée. Elle dépasse les simples émotions et s'étend jusqu'à la douleur physique. S'il donnait un coup à un enfant, il le vivait comme venait de le vivre ce dernier. À chaque fois que Zachary n'était pas dans une de ces colères qui lui ont valu tant d'ennuis, il souffrait. La présence des autres est restée une torture pendant des années et il a fallu qu'il rencontre Andy pour que les choses s'appaisent et qu'il découvre d'autres émotions, autre chose que cet amas de frustration et de haine.

iv. something strange in the woods.
Zach, c'était cet enfant difficile. Celui qui se met dans des colères noires sans que personne ne comprenne pourquoi. Peut-être que c'est parti de tout ce qu'il ressentait, percevait au travers des inconnus, à l'orphelinat, dans le ventre de sa mère et après. Au début on les excusait, se disant que ça lui passerait. Il se faisait mal à en pleurer de rage, les enfants apprennent la douleur, ils apprennent à s'arrêter, un moment donné. Ça aurait dû être vrai et pourtant ce jour n'était jamais arrivé, la violence de Zachary lors de ses crises de colère était devenue tant physique que morale. Incroyablement violent dans ses mots tant que dans ses gestes, il semblait faire preuve d'une cruauté sans pareille. Un point horrible et culminant avant qu'il ne se calme et devienne d'un coup ce gamin traumatisé, à peine capable d'articuler. La vérité c'est que lorsqu'il s'énerve, quelque chose change en lui. Depuis tout petit, lorsque c'est sa colère qui prend le dessus sur tout le reste, son adrenaline prend tellement le dessus qu'il en oublie la douleur, qu'il en oublie à quel point ça fait mal. C'est une rage réelle et profonde, dangeureuse qui habite le gamin Madden. S'il a de nombreuses fois failli aller trop loin en frappant ses camarades, il a aussi de nombreuses fois failli y passer sous les coups des autres. La limite entre une simple bagarre et le danger pour une vie, il ne l'a jamais apprise et jamais tellement comprise non plus. Et puis, vient ce jour de janvier ; ce jour où tout a pris une dimension encore plus dure, encore plus dangeureuse. Là où l'adrenaline limitait les ressentis du brun pendant quelques minutes au grand maximum, on pouvait toujours le voir trembler, le voir pleurer, voir ces signes qui ne trompent pas, qui montrent que le corps subit alors que l'esprit ne réalise pas encore ce qu'il vit. Il a vu des médecins, des psychologues. Tout le monde a dit que ça passerait. C'était probablement lié à l'abandon, un besoin d'exister, de s'exprimer. Sauf que ça ne s'est jamais arrêté. Qu'il n'a jamais changé. Pourtant, jusqu'à ce fameux jour de cette étrange année, Zach y a cru. Au fond de lui il était persuadé que les années finiraient par tout atténuer, tout dissiper. Un nuage d'espoir dans un cœur brisé. Un cœur qui ne s'est pas encore relevé de ce fameux jour où tout a basculé, lorsque la colère fait surface, il ne sent plus rien, physiquement, moralement, il n'a plus grand chose d'un simple idiot colérique et bordeline suicidaire dans sa colère, peut-être pas même d'un humain. Il enchaîne les coups, avec des mots et ses poings, comme si ce n'était rien, comme si ça n'allait pas avoir d'impact, sur lui ou l'autre sur lequel il s'acharne. Toute sa jeunesse on l'a arrêté avant qu'il ne soit trop tard, prêt à le punir, prêt à lui faire subir les conséquences de ses actes, que ce soit un élément extérieur ou son propre corps pour le rappeler à l'ordre.

Bien sûr, en trouvant un équilibre familial et une vie un peu plus saine, il a appris à contrôler ses émotions et ne pas se laisser envahir. Des années de travail sur lui-même et pourtant, ça n'empêche pas de durs dérapages, de ceux qui font mal. Parce que ce n'est plus un gosse, Zachary. Il se brûle à chaque fois qu'il ressent quelque chose, et désormais il se tue à petit feu à chaque fois qu'il ne ressent plus rien. Parfois, il rêverait que tout s'arrête, rêverait de recommencer, ré-apprendre à respirer. Mais au lieu de ça, il doit presque repartir de zéro, comme si toutes ces années de travail étaient balayées. Zachary n'a pratiquement peur de rien, dans ce monde, finalement, sauf de lui. Il a tellement peur de lui.