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nous sommes en 1992, les prénoms trop originaux pour l'époque devront ainsi être modifiés.
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 « You don't need to hide » Kyle&Zachary

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☾ L'Orage ☽
Zachary Madden
Zachary Madden
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Télégrammes : 68
Pièces : 822
Alias : tweek.
Portrait : Joe Keery ; dracarys. ; ROGERS. ; avicii - hey brother.
Disponibilité : très régulière.

Métier : Infirmier.
En quelques mots : Bras cassé, un peu stupide mais qui veut bien faire.
Curiosité : il ressent et vit les émotions négatives qu'il provoque chez les autres, comme si c'était les siennes, lorsqu'il est calme.
Aptitude : annihilation de la douleur physique et morale lorsqu'il s'énerve. (faible maîtrise)


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MessageSujet: « You don't need to hide » Kyle&Zachary   « You don't need to hide » Kyle&Zachary EmptyVen 5 Juil - 20:12

you don't need to hide



Y a le réveil qui sonne, dans ce bip bip insupportable. Il écrase le bouton pour l'éteindre dans une délicatesse à revoir et se relève sur son lit avec un grimace qui ne trompe personne, pas même lui. Il a encore trop bu la veille au soir et ses tempes le cognent tellement fort qu'il se demande si ça va pas éclater quelque part entre sa peau et son cerveau. Il passe ses mains sur son visage et se lève, dans ce jogging trop grand, enfile un t-shirt, probablement à lui, sans doute à Kyle, et il descend l'étage dans le craquement insupportable de l'escalier pour retrouver la cuisine.

Il est très tôt, trop tôt pour que Kyle ou Andy soient levés. Le brun s'est arrangé depuis plusieurs semaines pour commencer à six heures du matin, terminer en après-midi. C'est le meilleur moyen pour ne pas les voir, ne pas affronter leurs regards. Il rentre parfois pour ressortir, parfois, il ne rentre pas du tout. Cette nuit, il est resté sur silver grove, il avait eu vent d'une soirée, alors il est rentré dormir une heure chez lui avant d'enchaîner à nouveau. Pourtant, Zach est bien décidé à ne pas rentrer pour les jours à venir, rester sur Portland, dormir sur le canapé d'un collègue et être sûr de ne pas croiser son frère ou son père. Alors que le café coule lentement dans la cafetière, l'idiot qui tient miraculeusement debout laisse une aspirine se dissoudre dans de l'eau. Submergé par les grésillements du cachet qui disparaît dans l'eau froide, il reste comme un débile à observer la scène, sans vraiment savoir s'il est endormi ou réveillé, accoudé au comptoir de cuisine alors que le bruit de la vieille cafetière cesse brusquement de le bercer. Il se relève dans un grognement de douleur, trop de fatigue cumulée, peut-être aussi un mode de vie à rediscuter. Le brun avale cul-sec son énième cachet de la semaine et se sert un mug de café bien trop grand. Il s'assoit seul à la table familiale, dans la nuit encore bien trop sombre, simple petite lumière d'appoint pour être sûr de ne pas réveiller toute la maisonnée.

Il avale difficilement le liquide ambré et observe le vide à ses côtés. C'est dur, putain, tellement dur de s'éloigner. Mais il peut pas risquer de s'énerver contre Kyle, il peut pas risquer de tout faire basculer à cause de ce truc bizarre qui se trame dans ses veines. S'ils se sont toujours blessés, abîmés, le brun n'a pas tellement envie de voir la vie de son frère s'éteindre entre ses mains. Et surtout pas celle de leur père, qui pourrait se foutre entre les deux. Il s'imagine le pire depuis qu'Ezra l'a récupéré à deux doigts de tuer un abruti. Chaque fois qu'il ferme les yeux il se voit responsable de la mort de ses proches et ça le fracasse de l'intérieur. Alors il reste loin, les protège de lui tant qu'il n'a pas pris un peu de contrôle sur ce qui se passe dans sa vie. L'excuse de facade c'est qu'il travaille trop, qu'il rend des services et qu'il profite de sa jeunesse. Il y a toujours des excuses, toujours un mot qui glisse facilement, qui s'écrit sur un post-it avec un petit désolé, qui veut tout dire. Il n'est plus là pour les repas du soir, plus là pour les petits déjeuners le matin, s'il les a croisé chacun dix minutes sur les trois dernières semaines c'est bien le maximum du maximum.

Il finit son café, pose la tasse vide dans l'évier et monte à nouveau l'escalier qui craque pour se rendre dans la salle de bain. Rapidement, il se débarbouille et finit de nouveau dans sa chambre – qui n'a pas tellement changé depuis son arrivée, et s'apprête à faire son sac pour au moins quelques jours quand il remarque qu'une partie de ses fringues manquent. Quelques minutes et le maximum de sa réflexion au vu de son état lui font comprendre assez rapidement que le coupable doit se trouver dans la chambre d'à côté. Soupir contrôlé et toute sa concentration pour ne pas faire un bruit alors qu'il tourne lentement la poignée de la chambre de son cadet. Plongé dans le noir, il connaît les lieux par cœur, s'il ne prend pas le temps de vérifier que Kyle soit dans son lit, peut-être encore dehors vu l'heure festive de l'horloge, il passe rapidement une main dans les affaires de ce dernier, aussi discrètement que possible tout en se mordant les lèvres pour ne pas insulter le blondinet de lui faire perdre du temps, et potentiellement le forcer à revenir s'il le fout trop en retard pour qu'il trouve tout son nécessaire.

Puis il entend un bruit, son frère est bel et bien là et se tortille sous sa couette, le brun sursaute, loupe un battement et pose sa main sur sa bouche afin de s'éviter de l'insulter. Mais évidemment, c'est trop tard, il l'a réveillé, ou alors il l'était déjà et il attendait de voir combien de temps l'autre mettait à se rendre compte qu'il était bien là, juste à côté. Kyle allume la lumière et le brun passe un main sur ses yeux afin de laisser le temps à ses pupilles de s'habituer au changement. S'ils sont tous les deux réveillés, il n'est pas question de risquer d'inquiéter Andy. Zach lâche la pile de vêtements qu'il avait dans les mains et s'avance sur le lit du blond pour s'y asseoir et lui murmurer, agacé. « Putain, tu m'as fait une de ces peurs. » S'il a le cœur qui se serre à l'idée de passer l'instant de trop, celui qui va l'amener à déclencher cette foutue noirceur, qu'il est heureux de voir que Kyle semble aller bien, qu'il est rassuré de l'avoir en face de lui. Il prend le temps d'observer le moindre trait de son visage qu'il a tant cogné et se retient de sourire, de partager ce truc, qui lui réchauffe le cœur à le voir en cet instant. Parce qu'il faut garder la face, ne surtout pas montrer ce qu'il ressent, tout ce qu'il retient. Faut pas non plus l'inquiéter, faut surtout pas l'inquiéter.

Alors il lui donne un coup dans le bras, de cet air faussement indigné et lui murmure du ton agacé. « T'as fait quoi de mes fringues putain, j'en ai besoin là. Je peux pas rentrer pendant plusieurs jours. » Y a sa gorge qui se serre, il a jamais été très doué pour mentir à Kyle, encore moins yeux dans les yeux. Mais c'est pour la bonne cause, alors il ravale tout ce qui fait mal. « J'ai trop de services de merde. Et je dois être parti dans moins d'une demi-heure, tu vas me foutre en retard avec tes conneries. Donc c'est bon, t'as réussi à me faire chier en plein milieu de la nuit, maintenant tu me les files, s'il te plaît ? » Il lui sourit et détourne le regard pour zieuter la chambre, essayant de devancer les propos de Kyle et gagner un peu de temps.

Pourtant, il ne voit rien. Est-ce qu'il avait passé le point de non-retour de la fatigue ? Celui où il croyait que son frère faisait un truc pour le faire chier, simplement parce que lui avait besoin de le retrouver ? Est-ce qu'il avait halluciné, que tout était plié, rangé et posé là où il l'avait laissé ? Est-ce qu'il allait si mal que ça ? Et puis ça faisait combien de temps, déjà ? Combien de temps qu'il n'avait pas fermé l’œil sans être déchiré ? Combien de temps qu'il arrivait plus à respirer ? Y a le doute qui prend place sur son visage alors qu'il retrouve le regard de Kyle, cherchant dans ses yeux océan à savoir s'il devient fou, s'il est encore temps de fuir avant que ce dernier ne se rende compte de quelque chose, ou s'il a bien la réponse à la question qu'il vient de lui poser.
(c) DΛNDELION
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☾ L'Enfant Perdu ☽
Kyle Osborn
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Alias : Craig
Portrait : Dacre Montgomery - Homemade
Disponibilité : Autant que possible, chef !

Métier : Mécanicien chez Don's, bourreur de pifs occasionnel
En quelques mots : Ma nuque longue s'appelle Jocelyn ▬ Frapper, c'est plus rapide et ça demande moins d'efforts que réfléchir.
Curiosité : Achluophobie - Impossible de dormir sans lumière, les ténèbres semblent mouvantes, vivantes, l'oppriment et le terrifient profondément
Aptitude : Manipulation des ombres - Faible maîtrise


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MessageSujet: Re: « You don't need to hide » Kyle&Zachary   « You don't need to hide » Kyle&Zachary EmptyVen 5 Juil - 22:40

you don't need to hide



Ca l'avait pris comme une envie de pisser. Quand, pour une énième fois, ses yeux s'étaient posés sur un post-it collé à la porte du frigo. L'écriture brouillonne et hâtive de Zachary, un simple "désolé", encore un autre. La seule variable dans cette constante était la couleur des post-it, qui alternait selon les humeurs. Quoi que depuis deux semaines, la succession de petits mots se faisait sur un fond jaune. Toutes les autres couleurs avaient inéluctablement fini par s'épuiser.
Les excuses de Zachary, depuis Janvier, s'étaient épuisées, elles aussi. Avant, il faisait un effort pour expliquer ce qu'il se tramait. L'hôpital était surchargé de travail, il allait faire un tour chez des potes, il était parti en soirée, des raisons sommes toutes assez ordinaires. Des raisons de tous les jours, les mêmes que celles qu'aurait pu sortir son frère ou son père. Puis elles aussi avaient manqué de souffle. De phrases entières il était passé à quelques mots, seulement.
D'un frère entier, Kyle ne trouvait plus que des bribes, depuis la mousson de Janvier.

Le vide s'était creusé à mesure de petits papiers, dans la vieille bicoque familiale. Des petits papiers colorés qui n'égayaient presque plus les yeux bridés, fatigués d'Andy. Tous les matins, Kyle voyait leur père adoptif errer dans la cuisine à la recherche d'une trace de son aîné, sa tasse de café déjà froide entre les mains. Tous les matins depuis des mois, il voyait ses traits fins se creuser d'avantage, un bref instant, avant de feindre un sourire sans joie vers son cadet. Et le blond de le sentir lui aussi, ce vide qui se creusait toujours plus. Non seulement parce qu'Andy avait de la peine, mais aussi parce qu'il en avait lui aussi. Il ne l'aurait jamais avoué tout haut, il n'en aurait jamais fait cas, s'il ne s'agissait pas de Zachary. Pourtant tout au fond de lui, il savait. Il savait ce que c'était, cette entaille dans le coeur. Une déchirure toute légère au début, qui ne pourrait jamais rien faire d'autre que se creuser un peu plus, chaque jour. Il en connaissait tous les aspects, tous les symptômes. Comme il savait qu'elle atteindrait un point où elle ne se refermerait jamais complètement, s'il ne faisait pas quelque chose.

Alors ça lui a pris comme une envie de pisser. A trop chercher une solution, on fait n'importe quoi. Surtout quand on s'appelle Kyle, et qu'on n'a pas inventé l'eau chaude. Sans rien dire à personne, encore moins Andy, le mécanicien finit par prendre le taureau par les cornes. Enchaîner les soirées et l'appeler pour qu'il vienne le chercher, étant hors d'état de conduire, n'avait pas suffi. Aucun d'entre eux ne savait parler. Les seuls mots qui filaient dans la voiture, c'étaient des insultes. Mais le regard de Zachary, ces cernes d'un noir d'encre qui croissaient sous ses yeux, à deux doigt de les dévorer complètement, ne mentait pas. Il n'y avait pas que le boulot. Il y avait autre chose, et cette autre chose le dévorait de l'intérieur.
A moins que ça n'ait été la solitude qui dévorait Kyle, de l'intérieur.

Alors oui, ça lui avait pris comme une envie de pisser. Excédé par le pénultième post-it jaune trouvé après le boulot, il avait senti les picotements caractéristiques de la colère le long de ses doigts. Avait gravi l'escalier quatre à quatre, et s'était engouffré dans la chambre de Zachary. Il en connaissait tous les recoins, tous les secrets. Elle avait beau être pareille à elle-même, il manquait quelque chose. Toute la chaleur qui l'avait autrefois caractérisée, par la seule présence de cet abruti de coton-tige. Alors, oui, oui, effectivement, ça lui a pris comme une bonne grosse courante. Si fort qu'il ouvrit en grand les portes du placard, relativement rangé, de son frère, pour en extraire brutalement le contenu. Autant que possible, autant que ses bras pourraient charger. Zach était con, il n'était pas stupide. Il n'irait jamais au boulot, ou où que ce soit, complètement nu, à l'instar de son cadet. C'était l'idée du siècle. Planquer son butin dans sa piaule serait bien trop évident. Trop risqué, aussi. Le but était que Zach lui parle, même si c'était pour lui hurler dessus. Alors les brassées de vêtements finirent par joncher le coffre de sa vieille BMW. Et Kyle de refermer la porte avec la sensation du devoir accompli.

Ne restait plus qu'à attendre que l'autre se pointe, à présent. Pour avoir entendu l'escalier gémir plus d'une fois à des heures indues, Kyle savait qu'il ne rentrerait pas tôt. Qu'il repartirait aux premières lueurs de la nuit. Avec la résolution du con qui croit bien penser, il s'installa dans son lit, alluma sa veilleuse et enchaîna films de série Z et cigarettes toute la soirée. Jusqu'à ce que fatigue et couette aient raison de lui, et qu'il finisse par sombrer dans un sommeil de plomb.

Zach n'avait jamais été particulièrement discret, même en faisant attention. Encore moins dans une maison au plancher anté-séculaire comme celle d'Andy. Ce furent les gémissements dudit plancher qui tirèrent le grand stratège de sa torpeur. Des boucles blondes plein les yeux, il lâcha un grognement réprobateur en distinguant la silhouette effilée de son frère sous la lueur bleutée de sa veilleuse. Alluma sa lampe de chevet d'un geste vague, manquant de renverser son cendrier plein dans la foulée.

-Qu'est-ce que tu branles avec mes fringues, Madden ?

Il avait beau être encore passablement assoupi, il savait encore à peu près où se trouvaient celles dudit Madden. Ce qui signifiait que cet idiot avait piqué ses nippes en étant persuadé qu'il s'agissait des siennes. Et Kyle de s'auto-congratuler mentalement pour avoir réussi son pari. Se redressant mollement dans son lit, il laissa son frère s'installer. Pour la première fois depuis de longues semaines, il aperçut enfin son visage. Pâle comme la mort, Zach paraissait en pleine traversée du désert. Les cernes sous ses yeux s'étaient doucement muées en coquards, accentuées par la lumière crue de la lampe de chevet. Même ses cheveux, habituellement massifs, tiraient la gueule. Mais le pire, c'étaient ses yeux. Rougis. Voilés. Epuisés, malgré ses sourcils froncés dans une fausse colère. Une vision qui serra le cœur du mécanicien tellement Zach semblait vide. Aussi vide que ce gouffre qu'il creusait progressivement, une pelletée à la fois. Et pourtant allumé par une minuscule étincelle, maintenant qu'il lui râlait dessus.
Une toute petite lueur de vie, que Kyle comptait bien voir grossir, quel qu'en soit le prix.

-Non.

C'était idiot, de provoquer Zachary. D'autant plus idiot qu'il savait pertinemment à quel point il avait déjà réussi à le faire chier rien qu'en kidnappant ses vêtements, et sans même laisser une demande de rançon. Mais le blondinet n'en avait cure. Le sourire plein de dents qu'il lui adressa finit par retomber, accompagnant un haussement d'épaules et un mouvement de bouclettes. Il voulait une réaction, de la part de Zach. Et il la chercherait autant que possible, jusqu'à ce qu'elle finisse par éclater. Car tout était mieux que le silence. Tout était toujours mieux que le silence.

-Et t'auras l'air con, dans mes fringues. De toutes façons la seule que je te filerais, c'est mon sweat gris. Tu sais, celui qui s'arrête aux côtes.

C'était idiot, de continuer à sourire aussi fort, aussi grand. Dans l'état de décomposition avancée dans lequel se trouvait son frère, il y avait de fortes probabilités qu'il finisse par sortir de ses gonds. Mais au fond, est-ce que le voir réagir brutalement n'était pas une forme de communication ? Est-ce que, finalement, le provoquer n'aiderait pas à raviver, ne serait-ce qu'un peu, cette lumière de vie dans ces immenses yeux marrons ?
Ca valait bien le coup d'essayer. Même un poing dans la gueule serait plus doux que ce foutu silence.
Cette foutue absence.

-Il ferait ressortir tes cernes, au moins.

S'il avait la possibilité de les effacer de lui-même, ces cernes terrifiants, Kyle le ferait. Sans sourciller, d'un battement de cils, avec la gomme la plus puissante du monde. Mais ils ne se disaient pas ces choses-là, eux. Ils ne se disaient que trop rarement ces choses-là, parce que les mots, c'était pas leur rayon. Alors il espérait qu'au fond, Zach ne soit pas trop con. Même si ça serait délicat. Même s'il voyait déjà que ses railleries faisaient un peu trop mouche pour les nerfs clairement à vif du grand brun.
Ce fut le moment qu'il choisit pour mettre à exécution la seconde partie de son plan.

-De toutes façons, tes fringues, elles sont pas ici. Elles sont dans la chambre d'Andy. Alors si tu les veux vraiment, va falloir que t'y ailles, et que tu fasses super attention. Tu sais à quel point son sommeil est léger.

Mentir n'était pas dans ses cordes, et il n'avait jamais eu la meilleur poker face du monde. Mais ce mensonge-là, il y croyait si dur comme fer qu'il le prononça avec le regard plongé dans les iris marrons de son aîné. Peut-être cilla-t-il légèrement. Juste une ombre, au creux de ses cils vraiment trop longs. Mais le pavé était jeté dans la mare, et il était prêt à aller jusqu'au bout de sa connerie. Quitte à ce que ça fasse mal.

-Et quand tu l'auras réveillé, tu pourras peut-être lui expliquer pourquoi il a l'impression d'avoir un post-it à la place d'un fils.

Il n'y avait plus de sourire, sur le visage de Kyle. Plus une once d'amusement, plus une once de raillerie, plus la moindre sympathie. Juste les faits, et cette torsion du coeur au souvenir du regard peiné de leur père adoptif. La même expression, tous les matins, depuis Janvier. Une ombre fugace et rapide qui lui bouffait tout le visage, avant de repartir.
Une ombre constante et profonde qui voilait à présent les grands yeux céruléens de Kyle, dardés dans ceux devenus bien trop vides de son grand-frère.
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MessageSujet: Re: « You don't need to hide » Kyle&Zachary   « You don't need to hide » Kyle&Zachary EmptySam 6 Juil - 7:13


Le tic-tac des aiguilles de sa montre lui prend la tête, ça lui vibre dans le tympan dans cette sensation désagréable qui lui fait serrer un peu les doigts contre la couette de son frère. L'entre-deux durant lequel il ne sait pas s'il vient de foutre un bordel monstrueux pour rien ou si ce dernier est bien responsable est interminable, la pièce de moins en moins stable et son cœur de plus en plus fébrile. Heureusement pour lui, le blondinet montre rapidement toutes ses dents, blanches et belles, dans un sourire fier et trop grand, pour lui répondre un non catégorique. Si d'ordinaire ce genre de réactions aurait sans doute amené l'aîné à en coller une à son cadet, il était trop soulagé d'avoir cette vérité pour lui en tenir rigueur. Au lieu de ça, il se penche lentement vers le lit, laissant ses doigts glisser jusqu'aux orteils de l'autre et les attrapant à travers la couette, murmurant, alors qu'il est semi-assis. « Allez... » Il souffle, respire un peu de nouveau, mais il a quand-même besoin de ses fringues.

La phrase qui suit lui offre un faux sanglot, parce que s'il y a bien une chose qu'il n'a pas envie de porter à l'hôpital, c'est son sweat-shirt ridicule. Un immense soupir traverse ses poumons et il donne de légers coups de tête contre sa main qui maintient les pieds du blond avant de reprendre sur sa lancée. « Kyle, s'il te plaît, faut que j'aille bosser là. » Il retrouve rapidement le regard de son frère, et si tout semble tourner encore un peu trop autour de lui, il n'a pas de mal à se fixer sur son regard d'océan. Peut-être parce qu'il lui manque trop, que ça le rassure de le voir sourire comme le dernier des cons. Il n'a même pas la force d'être agacé, du moins pas pour de vrai. Pourtant, alors qu'il se perd de longues secondes entre les bouclettes et le regard perçant du blond, Zach essaie de réunir ses neurones pour trouver un plan, histoire de ne pas arriver à ce fameux point de non-retour, celui qui le terrifie jour comme nuit. Kyle ne s'en rend pas compte mais là, dans le reflet du bleu de ses yeux, son frère se voit péter un plomb, l'attraper à la gorge et le cogner à n'en plus finir. Il se voit le briser, sentir le craquement de ses os contre ses phalanges, l'odeur du sang qui remplit ses narines. Il entend Andy crier et tenter de l'arrêter, alors que c'est trop tard, qu'il l'a tué.

La voix du concerné le sort de ses pensées sordide et la remarque lui laisse un énième soupir au coin des lèvres. Lentement, le brun roule sur le côté, s'allongeant sur le dos, tel un plaid en bas de lit de son cadet. Sa main lâche sa prise et il étale la seconde sur son visage fatigué. « J'suis pas si fatigué... » C'est un réflexe de défense, autant pour lui que pour l'autre. Le souci, c'est qu'à s'étaler sur le lit au lieu de chercher à partir, il n'arrange pas sa situation. Mais il est bien, là, à chercher à oublier tout ce qui fait mal, tout ce qui pourrait faire mal. Il est bien, pendant quelques secondes, alors il veut en profiter, parce qu'il sait que ça ne va pas durer. Puis Kyle en rajoute une couche, sans doute celle de trop, alors qu'il lui dévoile l'emplacement des fringues tant convoitées, le brun frappe son front avec la paume de sa main. Qu'il fait chier, ce con. Il serre les dents et fixe le plafond qui tangue encore salement avant de tourner la tête vers l'autre à ses côtés. Son regard se veut noir mais la vérité, c'est que même ça, il a plus la force d'y mettre du sien. Alors il le fixe avec tout ce qui lui reste et il murmure simplement. « Tu fais vraiment chier... » Mais ça ne s'arrête pas là et la dernière phrase éclate le cœur de Madden en des milliers de morceaux. Il se détourne, dévie du regard de Kyle a vitesse grand V. Hors de question de lui offrir ses yeux qui s'humidifient. Dos à l'autre, une main qui essuie la naissance des larmes plus vite que n'importe quoi d'autre, il prend quelques instants avant de répondre. « Tu sais très bien que je bosse beaucoup. » L'excuse facile, celle qui couvre les murs, les portes et tous les sols de cette baraque tellement il l'a utilisée.

Son bras cherche à atteindre un point d'appui un peu solide alors qu'il se rassoit tout en s’éclaircissant la gorge. Un coup d’œil à sa montre et il réalise qu'il n'a plus qu'un quart d'heure pour mettre les voiles s'il ne veut pas arriver en retard. Une de ses mains se balade dans ses cheveux pour les remettre un minimum en place alors qu'il n'offre même pas un regard au blondinet. « T'as gagné, je reviendrai chercher mes affaires cet aprem, je peux pas être en retard. » Il le sait au fond, c'est absolument pas ce que Kyle veut, ni attend. Il sait aussi qu'il y a de grandes chances qu'en revenant en plein après-midi, ses affaires ne soient plus là où l'autre le lui a dit. Alors il soupire et retrouve difficilement le regard de Kyle. « J'veux vraiment pas lui faire de la peine. » Et à toi non plus. « C'est juste que... c'est tellement crevant les allers-retours, ça commence à faire trop d'années là, j'suis fatigué. » Sa gorge se serre alors qu'il est en train de vouloir mettre des distances à long terme entre eux, de celles qui éviteront ce genre de souci, en plein milieu de la nuit. « J'savais pas comment vous en parler... » Il a tout l'intérieur qui le tord tellement ça lui fait mal de mentir de cette manière, d'en arriver jusque là. « Je crois que je vais prendre un appart sur Portland, avec un pote. » C'est le meilleur moyen de les tenir éloignés, de pas leur faire de mal, du moins le moins possible. Alors il baisse les yeux et il articule pas le désolé qui se cale dans un coin de son crâne.

Il aimerait pourtant lui dire, qu'il est désolé. Mais il aimerait surtout lui dire tout ce qu'il ne peut pas lui dire. Alors il ne dit rien, fixe le mur face à lui quelques secondes et se lève, afin d'arrêter tout ça. Il est persuadé que Kyle va lui en vouloir et c'est sans doute le meilleur moyen de l'éloigner, qu'il le déteste, tant qu'il reste en vie. Qu'Andy pense que c'est devenu le plus con de tous, tant qu'il est en sécurité, avec Kyle à ses côtés. D'un appui brusque sur le lit, le brun se relève et alors qu'il se détourne une dernière fois vers son frère, sa tête tourne un peu trop violemment, le cumul de fatigue, alcool et du stress qui l'envahit à toutes ces idées ne fait décidément pas bon ménage. D'un geste peu sûr, il se rattrape contre le bureau en bois de Kyle et tente de prétendre que tout va bien. Une main paume tendue en direction de celui qu'il ne doit surtout pas inquiéter et il lance. « J'ai pas encore mangé, tout va bien. » Sourire qu'il force pour rendre existant, parce que même ça, ça lui demande une énergie qu'il n'a plus tellement.

Il tapote le bureau et se donne à lui-même la conviction que tout va bien et surtout que, même si ça ne va pas, il peut au moins tenir jusqu'à être hors de vue de l'autre. Un coup d’œil un peu plus réveillé à ce qu'il porte sur lui – définitivement pas ses habits, et il lance un regard à Kyle tout en faisant un simple pas pour s'éloigner, tout couper, et avoir réussi le pari de ne rien avoir déclenché. « On parlera cet aprem, tous les trois. Laisse mes fringues sur mon lit, s'il te plaît. » Sa voix est faible et certainement pas assurée, parce qu'il aurait voulu éviter d'en arriver là, mais la vérité c'est qu'il avait été trop con, qu'il avait sous-estimé l'amour que lui portait les deux autres, surtout l'autre couillon. Comme d'habitude, à force de se persuader qu'on est seul, on finit presque par y croire mais pourtant, Kyle a toujours été sa lumière dans le noir. Ça le brise de faire ce qu'il fait mais il ose espérer qu'un jour il pourra lui expliquer, lui raconter et que le blond comprendra pourquoi il n'a pas voulu risquer d'abîmer ses bouclettes dorées.

Puis il détourne une fois de plus le regard, fixant la porte comme si c'était la dernière fois, au moins pour un moment, qu'il foutait les pieds dans la chambre de celui qu'il aime autant qu'il aime le cogner. Son poing se serre lentement pour se forcer à ne pas craquer, se donner ce mini courage pour avancer. Il a fait le plus dur, pas vrai ? Maintenant suffit juste de s'y tenir et ça va aller, pas vrai ? Putain que ça lui fait mal, de sentir le regard de Kyle contre son dos. Putain que ça le brise, de pas savoir lui dire qu'il l'aime et qu'il reviendra, que c'est juré. Les murs vacillent une fois de plus et Zach rattrape son équilibre en laissant ses doigts atteindre le mur. Trop fatigué pour se rendre compte que c'était sans doute bien moins subtile que dans sa tête, trop épuisé pour comprendre que ce qu'il fait, c'est pire que tout ce qu'il aurait imaginé faire.

Peut-être qu'il aurait préféré halluciner, en vérité. Peut-être que l'idée d'avoir été chercher Kyle à l'aide dans son inconscient, de se voir de force confronté à ce dernier, sans plus d'excuse, sans plus savoir s'échapper, c'était la meilleure option, celle qu'il aurait dû espérer.
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MessageSujet: Re: « You don't need to hide » Kyle&Zachary   « You don't need to hide » Kyle&Zachary EmptyMer 10 Juil - 23:00

Drop

Il n'y avait aucune combativité, dans ces grands yeux marrons. Plus aucune force, dans cette voix qu'il a si souvent entendue résonner, tonitruante, entre les quatre murs de cette chambre. Entre tous les murs de cette maison. Kyle cherchait une réaction, pire, il la quémandait presque, et elle ne vint pas. Ce ne fut pas qu'elle tarda, non. Ce fut que toute la vie qui sillonnait habituellement dans les veines de son frère semblait s'être complètement évaporée. Zachary faisait l'effet d'une coquille qui aurait été percée prématurément. Entièrement formée, mais désespérément vide. Un corps vivant, fonctionnel, qui faisait de grands gestes et émettait de grands sons. Mais son regard, lui, ne mentait pas. Quelque chose manquait à Zachary, quelque chose d'important. Quelque chose dont Kyle n'était pas sûr de savoir comment lui rendre, ne sachant déjà pas complètement définir l'origine de ce vide.

Les excuses résonnèrent, encore, dans cette maison hantée par les souvenirs d'éclats de voix et de rire. Des souvenirs elles aussi, tant Kyle était certain de les avoir lues, de les avoir entendues. Si fort, tant de fois qu'elles avaient fini par se graver dans ses rétines. A même ses oreilles. Profondément dans sa peau. Il avait le cuir solide, comme garçon, et une tête en bois, mais d'entendre ces excuses une nouvelle fois lui serra le cœur. Ne manqua pas d'aiguiser cette pression pointue juste au creux de son estomac. Parce que ces mots faisaient mal, eux. Pires que du poison, pires que ce poinçon qui s'enfonçait dans ses entrailles, les mots avaient ce don de détruire tout ce qui se construisait. Zachary avait toujours eu ce pouvoir sur son frère. Il articulait mieux ses pensées, il verbalisait mieux ses sentiments. Difficilement, à tâtons, mais il s'en était toujours mieux sorti que Kyle de ce côté-là. Alors l'entendre répéter tout haut ce qu'il n'espérait pas entendre fit mal à Kyle, oui. Il lui fit mal, mais il n'en trahit rien.
Parce que Zachary était injuste, en agissant de la sorte. Il était injuste, avec ses traits tirés, ses membres lourds et ces foutus cernes sous les yeux. Ce n'était pas à Kyle qu'il devait des excuses, c'était à son père, et les deux garçons le savaient pertinemment. Car l'un comme l'autre savaient gérer l'absence. Ils connaissaient le vide, ils avaient flirté toute leur vie avec le manque. C'était tout du moins ce que Kyle croyait, jusqu'à entendre les mots inscrits habituellement sur des papiers colorés. Dénués de leurs couleurs criardes, ils n'étaient plus que d'un noir d'encre. Ils absorbaient toute la radiance chamarrée de la joie.

C'était pour ça qu'ils avaient trouvé une autre méthode de communication, toutes ces années auparavant. D'un traumatisme partagé étaient nés les regards, et, avec eux, tout ces mots qu'ils n'avaient pas la capacité de dire. Silencieux, Kyle écouta la voix faible de son frère. Ses ondulations se perdaient, encore et encore, s'enroulaient les unes sur les autres dans cette chambre sombre. Elles flirtaient avec les ombres, chantaient avec les cauchemars, criaient avec les coeurs, mais elles ne correspondaient à rien. Elles étaient fades. Parce que pas une seule fois le regard de Zachary ne croisa le sien. Les mots n'étaient que des sons, les phrases, les syllabes, rien n'avait de sens. Il n'y avait de communication que lorsque le bleu rencontrait le marron, au milieu des silences, au cours d'une respiration. Respiration que son frère se refusait de reprendre, s'éparpillant dans des borborygmes inutiles qui n'en cessèrent d'accentuer le malaise déjà tangible entre eux. Kyle chercha à le capter, le véritable messager. Mais il lui échappait, autant que Zach lui avait échappé depuis des mois.
Et ça, ça commençait à le gonfler. Les mâchoires serrées, il déglutit en silence. Cacher les vêtements de son frère pour le forcer à parler était une chose. Mais sa cible était soit trop intelligente, soit trop bornée pour que le plan fonctionne comme prévu.

Jusqu'à ce qu'ils tombent, les maux. Les vrais.

Il fallait bien qu'ils arrivent, un jour. Les deux jeunes hommes avaient le quart de siècle bien sonné, déjà. Ils n'étaient plus des gosses qui avaient besoin du confort de la maison familiale, ils n'avaient plus besoin de se cacher derrière leur père, même adoptif. Une vie, un boulot, des conquêtes. Et Kyle aurait été bien naïf de croire qu'ils resteraient tous les trois ensemble, envers et contre tout, jusqu'à la fin du monde. Il savait qu'un jour, tout le monde quitterait le nid. Que cette maison finirait par ne plus vibrer que par le fantôme de leurs querelles. De leurs joies. De leur fraternité. Il s'y était préparé. Mais pas suffisamment.
Il y a un nombre infini de violences que les Hommes savent distiller à leur prochain. Des violences qui forgent des enfants, des adultes, à une vie injuste où tout fout inéluctablement le camp. On s'y fait, comme à tout, un peu trop fort, en étant persuadé que ce sera son quotidien. Kyle s'y était fait, et s'était toujours juré de ne plus jamais y céder. Il ne s'attendait pas à ce que le coup vienne de son frère. Il ne s'attendait pas à retrouver la saveur de la violence qu'il avait toujours redoutée.

L'abandon.

Il aurait pu répondre. Il aurait pu insulter Zachary, oui, il l'aurait pu. Il aurait pu lui flanquer son poing dans la figure, le secouer, l'envoyer dans cet hôpital qu'il aimait tellement pour y passer les trois quarts de son temps. S'il l'avait pu, il l'aurait fait. Mais le coup, asséné en pleine poitrine, lui coupa le souffle. Envoya ses organes, et tout le reste, par le fond de ce lit dans lequel il avait fini par s'asseoir. Il ne l'avait plus vue depuis dix ans, cette douleur-là. Celle qui ramène les genoux contre le torse, celle qui crispe les doigts sur les cuisses. Celle qui vous rappelle qu'au fond, vous n'êtes qu'un enfant qui hurle contre le silence. Un enfant aux joues ruisselantes de larmes, parce que ce sont les seules choses qu'il vous reste encore.
Si Zachary avait fait l'effort, il les aurait vues, ces larmes qui montaient. Il aurait vu le rouge s'accroître dans les iris azurés de son frère, il aurait vu ce message que les mots ne savaient pas charrier. S'il lui avait dit, marron contre bleu, que c'était sa vérité, il aurait compris que l'autre n'aurait pas lutté. Qu'il n'aurait pas pu, de toutes façons.

Mais au contraire, il s'arracha finalement du lit. Sans un regard, juste sa silhouette émaciée qui se déplia sous la lumière tamisée de la lampe de chevet. Un pas incertain, la sensation de couler, de se rattraper. Que dire, quand quelqu'un qu'on aime vous annonce qu'il s'en va ? Le laisser partir ? Même quand il sent le débit de boisson, qu'il ne tient pas sur ses guibolles et que votre monde chancelle tout autant que le sien ? S'exprimer, quand on n'a jamais réellement appris à le faire, ça fonctionne comment, exactement ? Dire à quelqu'un qu'on l'aime, autant qu'on aime le cogner, ça se fait comment, à part aux poings ?
Tant de questions sans réponses, de silences sans paroles. D'impuissance sans remède. Et cette frustration, qui commençait à grimper. Petit à petit, cette frustration de n'être pas capable de s'exprimer, de ne pas savoir comment réagir, et de n'être, au final, que le même enfant perdu qu'avant.

Parce qu'il savait ce que ça allait donner, tout ça, dans le fond. Il l'avait déjà vu arriver, deux fois. Si Zachary, tout aussi faible qu'il soit, franchissait la porte de sa chambre, s'il se laissait happer par les ombres du couloir, il disparaîtrait à tout jamais. Comme Leanna. Comme Samuel. S'il le laissait faire ça, les ombres finiraient inéluctablement par le dévorer, lui aussi.

-Arrête tes conneries...

Fut-ce un sanglot, un ordre, une plainte, un claquement ou une raillerie, Kyle n'aurait pas su le dire. Le son étranglé qui sortit de sa gorge n'avait plus rien à voir avec sa propre voix. A bien des égards, il entendit l'enfant plus que l'adulte, celui qui, enfermé dans le noir, n'avait plus jamais revu la lumière. Chacun de ses membres crispés protestèrent douloureusement, quand il bondit hors du lit. Ses bras étaient lourds comme du plomb quand il rattrapa la carcasse chancelante de son frère, pour lui éviter de tomber. Pour l'empêcher de partir.

-On emmerde ton taf, tu tiens pas sur tes jambes.

Amoindri comme il l'était, Zachary ne ferait pas le poids contre la force brute de son frère. Un reniflement pour chasser les larmes qui embrumaient sa vision. Un autre, pour transformer l'impuissance en colère. Parce que c'était comme ça qu'il avait toujours canalisé sa douleur, dans le fond. Repousser l'enfant dans les confins du silence et transformer la violence en une autre forme de violence. Sous ses doigts, il pouvait sentir les côtes de Zach. Zach, qu'il manœuvra jusqu'à son propre lit pour l'y pousser sans autre forme de procès.
Il n'était pas en état pour repartir, les deux le savaient. Kyle le lui signala en refermant la porte de la chambre, et en le repoussant contre le matelas, d'une pression ferme de la main contre l'épaule. Elle grondait, la colère. Elle avait toujours su remplacer la douleur avec une telle efficacité...

-Avec toute la merde que tu viens de débiter, t'es pas en état de bosser, de toutes façons.

Si Zachary vit ses yeux, ce fut par hasard. Parce que Kyle se rompit à éviter tout contact oculaire, aussi longtemps que son frère serait dans cet état d'esprit. Attrapant rageusement son oreiller, il le lança dans les bras du brun. Serra ses doigts autour du cendrier plein, et s'assit en tailleur contre la porte fermée. La flammèche de son zippo dansa devant ses yeux embrumés, le temps d'allumer sa cigarette. Les larmes qui s'y lovaient encore s'assécheraient bien assez vite.
La nicotine ne calma en rien l'impuissance, la colère ou l'absence. La fumée pesa très vite aussi lourd que l'atmosphère qui régnait dans la chambre.

-Maintenant, ferme ta gueule et dors. Ca te rendra moins con.

Noyés sous les boucles blondes, ses yeux finirent par se river dans ceux, affreusement vides, de son frère. Il ne lui laissait pas le choix. Et ne se priverait pas de le lui prouver, s'il devait de se débattre.
Parce que lui, il ne le laisserait pas faire comme Leanna, ni comme Samuel. Il ne le laisserait pas disparaître dans les ténèbres. Il n'était plus l'enfant impuissant qu'il était autrefois. Il ne le laisserait pas partir sans se battre, ne serait-ce qu'une seule fois.

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☾ L'Orage ☽
Zachary Madden
Zachary Madden
☽ ☽ ☽
Télégrammes : 68
Pièces : 822
Alias : tweek.
Portrait : Joe Keery ; dracarys. ; ROGERS. ; avicii - hey brother.
Disponibilité : très régulière.

Métier : Infirmier.
En quelques mots : Bras cassé, un peu stupide mais qui veut bien faire.
Curiosité : il ressent et vit les émotions négatives qu'il provoque chez les autres, comme si c'était les siennes, lorsqu'il est calme.
Aptitude : annihilation de la douleur physique et morale lorsqu'il s'énerve. (faible maîtrise)


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MessageSujet: Re: « You don't need to hide » Kyle&Zachary   « You don't need to hide » Kyle&Zachary EmptyJeu 11 Juil - 22:44


La vérité c'est que Zachary est tellement empêtré dans ses propres angoisses qu'il ne se rend absolument pas compte du mal qu'il fait à son frère. S'il sent ce frisson qui le parcourt de tout son long alors qu'il enchaîne mensonge sur mensonge pour les éloigner l'un de l'autre, il met ça sur le compte de la fatigue, de tout, de rien, et pas du regard fuyant de la seule personne de cette planète qu'il ne veut pas voir disparaître. Au fond de lui, Madden est persuadé de faire la bonne chose, d'avoir cette attitude de grand-frère idéal, celui qui protège l'autre de tout, et surtout de lui. Peut-être parce qu'il n'a jamais trop réussi à le protéger du reste et qu'au final, la seule fois où il a vraiment failli perdre son cadet, c'était à cause de ses mots, de ses gestes. À cause de lui, cette colère et ces émotions terribles qui l'habitent. Et ce jour là, c'était tellement moins pire qu'aujourd'hui. Qu'est-ce qui se passerait si Kyle partait à nouveau ? Qu'est-ce qui se passerait si Zach ne trouvait pas son frère à temps cette fois-là ? Les films se multiplient dans sa tête trop vite et tout tourne de nouveau. Tout tourne trop, il chavire, perd l'équilibre et ne réalise même pas que le bond s'est précipité à ses côtés. Il ne réalise pas que, comme trop souvent, les rôles sont inversés. Parce qu'il ne maîtrise jamais rien, le brun, et que le plus fort des deux ça n'a jamais été lui.

Mais il insiste, trop ancré dans sa douleur, torturé dans ses peurs. Il avance dans le noir, sa seule lumière dans le dos, son seul espoir à ses côtés, refusant de vouloir même le regarder. Il a trop peur de lui, pour oser y croire. Trop peur de voir le plus jeune lui filer entre les doigts pour tenter, donner une chance à son espoir. Et ça le brise, ça le tue à petit feu de continuer à avancer dans l'ombre. Il se cogne partout, à tout. Tout lui fait mal, tout est horrible et plus rien n'a de sens. S'il y croyait encore un peu avant de se retrouver face au cadet, d'avoir balancé à haute voix toutes les conneries qu'il avait si longtemps évité, avoir avoué cette fausse vérité à tout enterré. Parce qu'au fond de lui, Zach le sait : il est en train de faire mal à Kyle. C'est un mal nécessaire, il se l'est répété pendant des mois. C'est un mal pour un bien, un mal pour qu'il reste en vie, pour qu'il aille bien. De toutes façons, il va le bousiller, il l'a déjà fait.

Si son frère est sa lumière plus qu'il n'est apte à l'avouer, il sait que l'inverse n'est pas vraie. C'est lui, qui tire l'autre dans l'ombre. Lui qui, s'accrochant de toutes ses forces au blond, l'attire dans les ténèbres qui le terrifient tant. Et ça lui glace le sang. Ça l'horrifie d'être le monstre sous le lit, celui qui rend une veilleuse nécessaire la nuit. Même si Kyle est trop bon pour le voir, trop bon pour lui en vouloir. Alors il voudrait lui dire qu'il est désolé, qu'il a essayé mais que depuis janvier, il peut plus faire comme si de rien n'était. Il voudrait lui dire qu'il aurait aimé être plus fort, plus doué, il voudrait lui dire qu'il l'aime, et qu'il s'en veut d'avoir échoué. Mais il est trop lâche, et ses cordes vocales n'ont plus rien d'efficace. Il y a tout qui lâche au fur et à mesure qu'il marche. Kyle, lui, s'avance et observe la scène, toujours prêt à le rattraper alors que l'autre a tout fait pour l'éloigner.

D'un coup, le monde l'oppresse à nouveau trop, tout perd son sens, son équilibre et il lâche prise. Il abandonne, une fraction de seconde, cet instant charnière durant lequel son corps s'arrête, prêt à le faire tomber et lui aussi arrêter. Il sent une main trop chaude sur sa peau le rattraper, sans même prendre le temps de respirer. Y a une larme qui s'efface sous sa paupière, parce que même elles, elles refusent de couler. Guidé par Kyle, à qui il a envie de dire, de hurler d'arrêter, il se retrouve sur le lit, sans avoir rien pu articuler. Il a mal partout, mal de tout. Ses yeux tiennent à peine ouverts alors que la blondeur et les bouclettes du blondinet sont floues, tout est flou, comme lui, comme sa vie depuis trop de nuits. Y a des mots qui s'échappent des lèvres de celui qui veille, ça n'atteint pas vraiment ses oreilles, parce qu'il est entre l'abandon et cette obstination. Entre ce lâcher prise total, où il veut juste oublier, et cette énergie inépuisable de vouloir protéger la moitié de son âme, de son crâne. Tout est dur, les bruits, les coups. Que ce soit un coussin où un cendrier qui frotte contre la table de chevet. Tout l'agresse, il s'agresse. Le brun se replie sur lui, position fœtale avec l'oreiller balancé contre lui. Il le serre du peu de force qui lui reste et plonge sa tête dedans, pour s'étouffer, lui et ses foutus sentiments qui l'envahissent alors que l'alcool et la fatigue prennent le dessus sur tout son acharnement.

Il entend les pas de Kyle résonner contre le parquet vieilli, il entend son frère fermer la porte dans ce petit clac qui lui passe partout. Et puis il entend le bruit du briquet, de son souffle rempli de fumée. Ça l'apaise, pour une seconde, d'entendre cette normalité, cette banalité. Ça l'apaise d'entendre des bruits typique du moindre instant passé ensemble depuis dix ans. Qu'ils soient remplis de colère, de haine ou de simple moments de vie, entre frères, à s'asseoir l'un à côté de l'autre, marcher, conduire, sous le bruit du zippo qui frotte sous la pulpe de leurs doigts abîmés et des clopes qu'ils enchaînent, s'échangeant des paquets, bien avant d'avoir appris à se parler. Ça lui donne ce fragment de lumière, ce truc qui lui sort la tête de l'eau, de tout ce qui brûle pour une seconde et il sort sa tête de l'oreiller brûlant dans lequel il s'était réfugié. L'infirmier n'a pas la force de se relever, il n'a pas la force de rejoindre son frère planté contre cette porte mais par contre, il se force à se relever. Son bras trop faible tremble sous son poids alors qu'il s'assoit sur le lit pour retrouver le regard du plus jeune face à lui.

Et c'est comme un tsunami, un ouragan qui lui revient en pleine gueule et qui le brise. Zach et Kyle se sont toujours fait du mal. Que ce soit physique ou mental. Ils ont toujours été incroyablement durs l'un envers l'autre et parfois tellement borderlines que le retour en arrière semblait presque impossible. Pourtant, chaque fois ils en sont revenus, sans hésiter, comme dans un claquement de doigt, une évidence qu'ils arrivent pas tellement à avouer. Il revoit cette fois-là, à l'hôpital, il revoit cette rue de Portland. Il voit l'océan qui déborde dans les yeux de son frère et son cœur se brise d'un coup d'un seul. Il peut pas lui faire ça, il peut pas mettre des larmes dans ses yeux. Il le savait, pourtant, il était préparer à faire mal à Kyle, tout ça pour éviter de lui en faire trop. Mais la vérité c'est qu'il est incapable de supporter la vision de douleur dans le regard de l'abîmé. Parce qu'il l'a vu trop souffrir depuis qu'il le connaît. Parce qu'il s'est juré d'être toujours à ses côtés, depuis qu'Andy l'a ramené. Évidemment, qu'il n'a rien dit, pas même à lui. Évidemment, que c'était bien moins facile qu'il en avait rêvé. Mais il s'était fait une promesse et malgré toutes les complications il avait tenté.

Hors de question d'arrêter aujourd'hui. Ses yeux se remplissent de larmes qui ne coulent pas alors qu'il regarde le blond et il se décale sur le côté de son lit, toujours semi-assis, toujours dans une galère infinie. Il renifle, sans chercher à s'en cacher et prend toute la force qu'il lui reste pour tapoter le lit à ses côtés et balancer de sa voix complètement brisée. « Viens, je bougerai pas. » Il détache son regard du cadet et ferme les yeux sans enlever sa main de la place à ses côtés, parce qu'il veut être sûr que l'autre la prend, qu'il vient avec lui, près de lui. « Kyle... » Qu'il murmure, brisé. « J'suis désolé. » Sa voix tremble autant que les muscles de ses bras alors qu'il sent une larme glisser le long de sa joue. Il renifle une fois de plus et ajoute, parce que ça peut plus continuer. « J'essaie juste de vous protéger, de te protéger. » Pour le coup, cette fois-ci, y a pas plus vrai. Il a la voix qui s'étrangle et son poing qui se serre tant bien que mal alors qu'il dit, à peine audible. « J'veux pas te perdre, j'peux pas te perdre. » Sa phrase se finit à peine et il ose même plus ouvrir les yeux, incapable de faire face à son cadet alors qu'il le sent enfin à ses côtés.

D'un réflexe stupide, il tend une main tremblante, paume vers le ciel pour que l'autre lui file une clope. Non pas qu'il ait spécialement envie de fumer ou même la force de le faire, mais simplement pour créer ce truc qui les lie, qui les a toujours liés. Il a besoin que l'autre sache qu'il dit la vérité, qu'il essaiera pas de bouger. « J'te jure que j'voudrais faire mieux. » Mais j'y arrive pas, j'y arrive plus, qu'il ne dit pas. Récupérant la clope dans ses doigts. Il la glisse jusqu'à ses lèvres et laisse le blond l'allumer sans sourciller, sans ouvrir les yeux et encore moins le regarder.

Une latte et il respire un peu plus. Une latte qui empoisonne et son cerveau qui re-fonctionne. Parce qu'il y a cet équilibre fragile qui reste là, au milieu du reste. Au milieu du chaos où rien ne va, au milieu d'un monde où plus rien ne bat, ils sont assis l'un à côté de l'autre, une clope à la main. Tout s'est écroulé et ils sont encore là, et ça, personne n'aurait pu le parier. Sauf peut-être eux, s'ils étaient capable de se l'avouer. « Tu te souviens de la première fois que t'as passé le pas de cette porte ? » Y a un sourire qui se dessine sur les lèvres du fatigué, il a les images qui défilent dans sa tête alors qu'il n'ose toujours pas ouvrir les yeux. « Avant d'aller te chercher, Andy m'a fait tout nettoyer. Et j'sais pas si tu te souviens mais... » Il a du mal à faire des phrases longues, mais il s'acharne. Peut-être parce que dans le passé il oublie le présent. Peut-être parce qu'en se souvenant des moments d'avant, il se dit qu'il y en aura d'autres dorénavant. « Y avait un sweat-shirt roulé plié sur ta couette. » Ce qu'il s'apprête à dire, il ne l'a jamais dit. Peut-être parce qu'il n'avait jamais été prêt, qu'il y a un moment pour tout, et que ce moment vient d'arriver.

« C'est la seule chose que mon père m'a laissé. » Il tousse, renifle et reprend, toujours à bout, toujours au bout. « Je l'avais dans mon berceau à l'orphelinat, il sentait ma mère, paraît, c'était la seule chose... » sa main libre se serre un peu, parce que même si ça lui semble évident, ça le remue quand-même encore vraiment. « … qui m'empêchait de pleurer. » Il garde son sourire, remplit de nostalgie, d'innocence de cette époque révolue depuis trop d'années. « J'm'étais bêtement dit qu'il pourrait t'aider. » S'il avait la force d'hausser les épaules il le ferait, mais il a trop la force de rien, alors au lieu de ça, il ouvre enfin les yeux, tourne légèrement la tête pour tenter de capter le regard de son frère et lui dire, dans un élan de tout ce qui a manqué, toutes ces années. « J'suis désolé de pas être un grand-frère parfait. » Mais j'ai essayé. Vraiment j'ai essayé.
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