Ezra - Fight the dead, fear the living

i. please introduce yourself.
Ezra est né à Atlanta, en Géorgie. Fils unique du célèbre avocat Davis, il n’a jamais connu la misère. L’argent coulait à flot, on lui offrait plus ou moins ce qu’il voulait, mais il a grandi seul. Père absent, mère effacée. Sous pression par son père qui lui voulait un avenir dans la justice tout comme lui, il le sermonnait quotidiennement sur ses notes moyennes, son désintérêt pour les cours ou encore les différentes emmerdes dans lesquelles il arrivait à se mettre avec ses copains. Mais Ezra, il en riait. Il admirait son père tout autant qu’il le prenait pour un clown. Un homme qui avait toujours réussi à obtenir ce qu’il voulait, à part le respect de son fils. Car Ezra ne voulait pas devenir comme lui, un pantin de la société, tiré aux quatre épingles, façonné par un monde qui ne lui avait jamais plu, jamais convenu. Ezra il voulait voler de ses propres ailes, trouver ce qui le faisait vraiment vibrer. C’est dans le dessin qu’il se retrouvait réellement. Mais son père ne le voyait pas d’un bon œil. « Un métier pour les gens sans avenir » qu’il disait. Mais le jeune homme ne l’a jamais écouté, s’est éloigné le plus possible de tout cet univers que représentait M. Davis. Il faisait parfois la une des journaux locaux ; le fils qui s’égare, le fils qui ne veut pas de cet héritage doré.

Et puis il y a eu l’accident. Le fameux avocat d’Atlanta, mort sur le coup, laissant sa fortune à sa femme et son fils. Ça a été comme une renaissance pour Ezra. Déclinant l’offre de reprendre un jour le cabinet de son père, la pression s’est envolée. Il a alors commencé à vivre, enfin, réellement. Il s’est lancé dans le tatouage, mêlant sa passion du dessin, le calme d’un salon et le contact modéré avec les gens. Sa mère aussi s’est ouverte à cette période. Autrefois sous le joug de M. Davis, elle était à présent libre, elle aussi.

ii. mean streets of silver grove.
Ils ont tout quitté, lui et sa mère, prenant la route vers l’Oregon, Silver Grove. Ezra a mis tout son héritage dans l’ouverture d’un salon de tatouage. Cela fait à présent plus de cinq ans qu’ils s’y trouvent et gentiment, Ezra s’y fait une place. Il n’a jamais vraiment été à l’aise en société, partagé entre une envie de faire les choses à sa manière et le devoir de suivre les règles imposées. Mais les gens commencent à le connaître, pour ce qu’il est. Ça change d’Atlanta où on le connaissait pour son nom, son héritage.

L’étrangeté, le mystère de la ville l’ont d’abord refroidi, mais avec ses capacités à lui, à présent, il se dit qu’il y a sa place. Il a peur toutefois du regard des autres sur son « autre lui » et ne veut pas qu’on sache ce qu’il est vraiment, ce qu’il est capable de faire.

iii. we're all mad here.
Après le décès de son père, Ezra a petit à petit commencé à ne plus supporter la solitude, au point que ça en devienne maladif. Lui plutôt solitaire, autrefois, ça a été un énorme changement dans sa vie. Multipliant les conquêtes uniquement dans le but de ne pas se retrouver seul, il développait également parfois une sorte de co-dépendance à certaines personnes. Un camé en manque de sa drogue. Un comportement qui ne l’a pas aidé à gérer ses transformations lorsque celles-ci ont commencé à apparaître. Il est constamment en conflit entre son besoin d’être avec quelqu’un, la peur du rejet et le fait que ça éveillerait des sentiments qui feraient sortir l’animal en lui.

Une curiosité qu’Ezra a fini par comprendre dès ses premières transformations. Comme un chien qui ne supporte pas que son maître s’en aille, un compagnon qui ne quitte pas son humain des yeux. Il a fait un petit lien sans pour autant la saisir dans son entièreté.

iv. something strange in the woods.
Il y a ensuite eu « la Bête ». Ezra ne pensait pas lui aussi faire partie de ceux qui possédaient « ce petit plus ». Petit à petit, il a changé. D’homme plutôt agréable, il est devenu peureux, toujours sur la défensive. La bête prenait le dessus sur ce qu’il était autrefois. L’instinct animal gagnait sur celui de l’homme et l’impulsivité a fait son nid au sein de lui, comme un corps étranger.

A présent, il peut se transformer. « Métamorphe », comme on le dit dans les livres, les films ou internet. Cependant, ce n’est pas à la pleine lune qu’il se transforme, c’est plus compliqué que ça. Les émotions contrôlent la Bête qui vit en lui et si elles sont trop fortes, elle est libérée. Il devient alors animal. Généralement canin, il peut prendre l’apparence d’un chien ou d'un loup. Il n’a aucune idée de l’origine de ces transformations. Viennent-elles de ce partage d’envie de liberté et de la contrainte de vivre dans la peau du fils Davis ? D’une envie d’être quelque chose d’autre que ce que son père prévoyait pour lui ? La fission entre ce qu’il aurait dû être et ce qu’il voulait être ?

Si n’importe qui aurait pu se réjouir de cet état, Ezra, lui, vit en peur constante de sa nouvelle nature. Il redoute chaque transformation, chaque émotion trop forte, car il sait que la Bête n’attend que d’être libérée. Il sait qu’une fois relâchée, elle fait ce qu’elle veut de son corps, se permet des choses qu’Ezra n’aurait jamais envisagées. Il a peur d’elle, de ce pouvoir qu’elle a sur lui. Alors il cherche d’autres manières de la faire s’enfouir au fond de lui ; alcool, drogue, qu’importe, tant qu’il peut ne pas penser à elle et garder un certain contrôle. Assommer son esprit pour ne pas qu’une émotion prenne plus d’importance qu’une autre.

Cette nouvelle nature, il ne la maîtrise vraiment pas. Les transformations sont donc hasardeuses, aléatoires et surtout, très douloureuses. Il sent plus ou moins quand ça peut venir mais n’a aucun pouvoir là-dessus. Lorsqu’il s’en rend compte, il est trop tard. Ses os craquent, sa forme humaine se disloque jusqu'à devenir autre, animal. La bête prend le dessus et le contrôle et Ezra passe simplement en second plan. En revenant lui, les souvenirs de ce qu'il a fait sous sa forme animale lui reviennent comme un rêve, lointains et parfois flous, imprécis.