ghost in the wind (ezra)

Chaque nuit, tu te retrouves là-bas, près des berges de la rivière. Et tu tentes de devancer la mort avant que cette dernière ne frappe mais tu arrives trop tard. Peu importe les efforts dont tu fais preuve pour changer la donne. Tu revois son corps ensanglanté au bord de l'eau, l'ambulance débarquer à toute allure te barrant la route, l'infirmer soulever son corps inerte pour le déposer dans le véhicule. Elle est morte, Edwige. Elle est morte depuis quelques semaines qui te semblent interminables. Parce que pour toi, c'est encore tout récent, trop récent. Pour toi, elle continue de mourir toutes les nuits. Ca va finir par te rendre complètement folle cette boucle. Tu peux pas supporter de la perdre sans cesse, d'une façon aussi brutale, et surtout sans la moindre explication. La police locale penche pour une attaque animale. Plausible ? T'es un peu dubitative. Tu aperçois bien quelque chose au-dessus de son cadavre quand tu retournes dans tes cauchemars mais tu n'es pas capable de dire quoi, qui. C'est flou, incertain. Comme une forme capable de changer. T'as du mal à l'expliquer avec des mots alors tu ne dis rien pour l'instant.

« Au bout de la rue ? » T'es pas certaine que ce soit une bonne idée, de mener ta propre enquête. Tu risques de découvrir des choses déplaisantes mais tu ne vois pas d'autres façons de mettre un terme à cette histoire dramatique. Et surtout, à ce cercle vicieux dans lequel t'es piégée. Tu ne veux définitivement pas perdre la raison comme tous ces timbrés qui voient et entendent des trucs dans leur tête. « Merci beaucoup. » Alors tu continues d'explorer des pistes potentielles en te rendant dans le seul et unique salon de tatouage en ville. Ce n'est pas un choix hasardeux, bien au contraire. Dans tes songes, tu aperçois des litres d'encre dans l'ambulance, tu entends un bruit fracassant comme des centaines d'aiguilles pénétrer ta chair. Et puis, lors de la reconnaissance du corps, tu as vu les nombreux tatouages de ta cousine sur sa peau blafarde. Y'a forcément un lien entre tous ces éléments. Tu ne sais pas encore lequel mais c'est important, tu peux le sentir au fond de tes tripes. Cependant, tu manques cruellement de confiance lorsque tu pénètres dans la petite boutique. T'es clairement en train de t'aventurer dans la gueule du loup. Au sens propre.

Une part de toi doit s'en douter, dans le fond, car tes poils s'hérissent dès que tu franchis le seuil de la porte. C'est pas comme un mauvais pressentiment, non, ça te fait seulement froid dans le dos. Pourtant, l'endroit est assez chaleureux en soi, ce qui te surprend un peu. Ton regard parcourt les murs, observant les dessins accrochés ici et là, parmi la décoration présente. C'est exactement le même. Tu reconnais, derrière le comptoir, l'oiseau qui orne le poignet d'Edwige. Et tu cherches une explication rationnelle, un rapport direct avec le drame qui touche ta famille mais tu as la nette impression qu'il te manque des éléments essentiels. Tu es finalement extirpée de tes pensées par une voix survenue derrière toi, interrogeant ta présence en ces lieux. « Oh pardon. » Tu te retournes pour lui faire face. Déception. Tu t'attends à quelque chose, un ressenti, une image, n'importe quoi. Non, rien. A croire que tu t'es trompée d'endroit. « J'admirais votre travail... vous êtes vraiment très doué. » Sauf que tu comptes pas baisser les bras aussi vite, tu vas trouver ce qui se trame là-dessous. Même si tu dois te faire tatouer pour ça. « Est-ce que c'est douloureux ? » Tu ne sais pas pourquoi, tu ne préfères ne pas te présenter, expliquer les raisons de ta venue. Une intuition.