radio illégale (frekles)

i. please introduce yourself.
Le silence angoissant seulement brisé par le bruit de la vieille horloge résonnant dans son esprit angoissé comme c’était le cas dans ces moments-là. Lorsqu’il n’était pas sorti et que le Freckles moqueur et insouciant laissait place au petit Wesley. Le vieux Wesley. Le bruit du tic-tac comme le rire moqueur du temps qui passe sans le rater une seule fois. Wesley sans Freckles il était bien plus terre-à-terre, juste l’amour des animaux qui reliait les deux personnages pratiquement opposés.

Possibilité de redevenir un enfant entouré des Fire Fighters, mélangé à ses instructions débiles que personne écoute, l’enfant combattant l’adulte donnant un curieux résultat, le regard toujours attentif au moindre problème, même si personne le prend jamais au sérieux. Parce que Freckles c’est le sourire de sale gosse étirant ses lèvres et la malice dans les yeux. Maintenant c’est Wesley et les rares instants de vide, pour faire le point, quand la réalité le rappelle et que le rêve s’éteint.

Le bruit des ronronnements vient se rajouter, combattant vainement celui de l’horloge, oppresseur. Petit sourire sans joie alors qu’il admire la paix sortant de la boule de poil noire que son cerveau déchiffrait sans mal. Sentiment qu’il aimerait pouvoir éprouver au lieu de simplement le comprendre. Comme si l’animal lui parlait sans ouvrir la bouche, instincts connectés, Wesley essayant de ressentir cette idée, laissant ses yeux se fermer. Ronronnements hypnotisant son esprit épuisé. Paupières lourdes d’angoisses et d’anxiétés serrant son cœur, les laissant se cacher de nouveau au plus profond de lui jusqu’au prochain silence. Jusqu’au prochain tic-tac.

ii. mean streets of silver grove.
Ici depuis sa naissance, parce que monsieur Jones voulait se rapprocher de sa famille, apparemment l’ancien propriétaire de la clinique allait partir à la retraite. Décision prise rapidement, nostalgie au fond des yeux quand son père lui en parle, devant l’impatience de retrouver quelque chose longtemps perdu de vue. Sa mère, l’étrange beauté aux yeux bridés, chevelure d’ébène tombant élégamment sur ses hanches, caressant parfois son ventre arrondis à son arrivée. Curiosité ou moqueries, plus le temps passe et plus ce genre de situation se dissipe, surtout qu’on apprécie les Jones. Famille chrétienne avec un père modèle s’occupant des petits animaux de salon des habitants, l’envie de rester dans les bonnes grâces pour pas se taper des kilomètres à chercher une autre clinique. L’enfant Wesley, celui qui se fait tirer les joues des vieilles dames, à se demander si c’était pour lui ou pour la messe qu’elles venaient à l’église. Du jeune homme modèle au petit farceur qu’on regarde avec tendresse sans pouvoir vraiment s’énerver. Le jeune homme aux mille animaux, toujours au moins un collé aux pattes qu’il montre parfois aux gosses de l’église.

iii. we're all mad here.
On se retourne souvent quand ça arrive, un peu surpris, un peu peureux aussi. Mais très vite le sourire au coin des lèvres ou le regard confus remplaçant les premières sueurs froides. Le bruit pourtant très distinct d’un aboiement, tantôt d’un chiot, tantôt d’un chien plus féroce variant selon la force du mouvement. Petit cabot aux éternuements rares dès la disparition du printemps mais de ceux qu’on n’oublie pas. Balançant son visage rougis par l’effort, plus aussi gêné par ce son peu commun bien qu’on le charrie parfois encore un peu. Les regards toujours insistant après son petit spectacle de quelques secondes à peine avant qu’on le laisse tranquille pour souvent ne laisser place qu’aux aboiements plus bruyants, parfois des dizaines de réponses venant de divers canidés adressant leurs vœux.

iv. something strange in the woods.
On a l’habitude de le voir accroupit devant une bande de chats de gouttière ou quelques chiens répondant à chacun de ses mots. Réaction étrange des animaux à son contact, comme reconnaissant l’un des leurs, lui comme un poisson dans l’eau devant les besoins de ces bêtes parfois dites sauvages. Affinité spéciale qui se remarque dès les premières secondes par la docilité immédiate des plus violents, lui valant les moues impressionnés des clients de son père. Rien qu’un regard pour comprendre les besoins et même parfois se battre pour un changement de propriétaire. Rien qu’un regard pour savoir le bonheur d’un animal ou sa détresse. Wesley et sa manie de pas pouvoir s’empêcher de vouloir tous les sauver, au moins ceux qui étaient juste sous son nez. Pour l’instant il parcourt la ville, se promenant dans les parcs et les forêts, plaçant de la nourriture près des nids de quelques hérissons.