un contrat sur ma tête et tout sera froid ☀ danny

https://www.youtube.com/watch?v=ZEWwZNUafKo

un contrat sur ma tête et tout sera froid ☽ ça tambourine des chants de guerre dans sa poitrine, ça joue à lui en péter quelques os au passage - ça le fait respirer fort, trop fort sans doute. il paie pas de mine bobby, en plein jour, sapé comme une veuve noire attendant le bon moment pour retirer son chapeau trop grand pour sa petite tête, lunette, parapluie ouvert, rien qui ressort sauf le bout de son pif. y'a un problème pourtant, y'a un problème qui se joue pourtant, y'a toute sa main droite jusqu'à son avant-bras qui merde. c'est noir, noir d'encre, noir d'un océan de nuit, noir charbon, noir de tous les noirs qu'il puisse connaître - noir du néant qui se veut noir comme noir d'une nuit sans lune. ça lui saute à la gueule comme un éclat de balle perdu - ça lui fait grincer des dents. maintenant qu'il percute, bobby, que y'a comme un décalage entre le vrai et le faux, que son esprit est pas assez déchiré pour en rire à s'en étouffer dans sa salive. y'a bien un moment que ça a commencé, quelques jours qu'il sent que ça se démène à le rendre cinglé - il repose la faute sur un principal concerné. paraît qu'il avait de jolis champignons à filer, qu'ils allaient l'emmener si haut qu'il aurait de quoi rejoindre la lune et y poser le pied. il arrive devant sa porte, et il frappe, il frappe bobby avec sa seule main pâle.

- PUTAIN DANNY !
une fois.
- BORDEL DANNY OUVRE CETTE PORTE !
deux fois.

ça lui arracherait presque un hoquet de terreur, ça lui égratigne presque les phalanges face à la grande porte. il pousse un profond soupir.

- DANIEL PUTAIN !

c'est qu'il prononce jamais son vrai prénom - et c'est qu'il sait même plus comment il a eu l'information. après un embrasement, après cavalcade de bouches souriantes qui se frôlent, se touchent, s'éteignent, autour d'un silence amusé, à se partager une clope au soleil levant. pour autant, c'est qu'un poing qu'il a envie de lui filer - il va s'évanouir. il s'efface bobby - comme une ombre sous aucune lumière.

Un léger grésillement régulier était craché par des enceintes fatiguées. Un vinyle de Bowie tournait paresseusement sur sa platine. Jeff le lapin grignotait un long brin de foin, ses petits yeux rouges d'albinos rivés sur la masse enfouie sous un tas de couvertures. Une touffe de cheveux bruns, en bataille et bouclés surgissait comme un buisson sauvage d'un oreiller. Danny était rentré tard hier soir. Bien trop tard pour faire autre chose que se déssaper, lancer un disque avant de se lancer lui-même dans le canapé pour y mourir tranquillement. Un client qui devait lui acheter de l'herbe l'avait planté pour un deal. Il l'avait gentiment attendu. Dans le froid, putain. Danny avait enchaîné les joints en pensant naïvement que ça lui ferait oublier à quel point ça caille (l'esprit est peut-être plus fort que le corps mais parfois, il a besoin d'aide). Il avait patienté une demie heure avant d'aller aux devants de son rendez-vous qui était peut-être juste en retard, ça serait marrant de le croiser en train de courir comme le Lapin Blanc. Il s'était peu à peu éloigné des rues éclairées oubliant lentement mais sûrement ce pourquoi il était dehors. Il avait laissé ses pas le mener là où ils le désirait et s'était retrouvé aux abords de la forêt. Un chat errant a alors attiré son attention et Danny a illico pensé que ça serait salaud de le laisser là. Alors, il s'était un peu enfoncé dans la forêt pour tenter de choper l'animal. Et puis, il a réalisé qu'il était soudain un poil loin du patelin puisqu'on n'en voyait plus les lumières. Il avait galéré à retrouver le chemin du retour.

Un tambour résonne dans sa tête. Un tambour un peu monotone puisqu'il se contente de battre une mesure. Merde. C'est pas un tambour, ça doit être Jeff le lapin qui cogne sa gamelle contre le mur pour avoir de la bouffe. De la vraie bouffe, pas du foin. Ouais, j'arrive mon gros... marmonne-t-il avant de se redresser causant une avalanche d'oreillers et de couvertures. Jeff le fixe toujours, du foin plein la gueule et pourtant, le tambour reprend. Plus fort. Et accompagné d'une voix humaine. Dépliant le peignoir en pilou violet qui lui servait de coussin, Danny l'enfile, serre la ceinture masquant ses jambes de poulet maigrichon et son port décontracto-élégant du slip. Du bout des pieds, il chausse une paire de babouches de cuir et se traîne jusqu'à la porte - non sans avoir allumé la cafetière, seul objet qui bénéficie d'un peu de prévoyance de la part de Danny.

Derrière la porte, Bobby hurle.
Derrière la porte, ça ressemble un schouïa à de la panique.
Derrière la porte, ça se fout un peu de sa gueule surtout, songe-t-il en entendant son prénom civil.

Ouvrant la porte, Danny est aussitôt ébloui par le soleil. Namaste. lâche-t-il par réflexe avant que des rouages s'activent sous son crâne. Malgré les brumes persistantes du sommeil et de sa nuit de défonce dans le Grand Extérieur, sa cervelle parvient à relier deux informations normalement contradictoires. Soleil et Bobby. Faut vraiment une urgence pour faire sortir Batman en plein jour. Il plisse les yeux et, la main en coupe sur le front, croise le regard paniqué de Bobby. Une belle grosse panique qui amorce une phase d'atterrissage en urgence. Putain mec... marmonne-t-il d'une voix encore ensommeillée mais franchement surprise tout en s'appuyant contre la porte pour agrandir l'entrée et laisser passer (s'engouffrer) l'autre. Depuis quand t'es diurnambule?

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un contrat sur ma tête et tout sera froid ☽ vocabulaire qui manque pas d'air, les mots qui volettent et font pas forcément sens, faut dire que quand il cause danny ça fait pas toujours écho au vrai - il invente, il tape dans les autres langues parfois. c'est palette de couleurs qui peuvent même pas se définir, il en invente et en réinvente à chaque fois - y'a jamais vraiment de noir ou de blanc, que des nuances qui se vivent plus qu'elles s'écrivent. poings qui se ferment, se relâchent, poings qui menacent de venir s'échouer dans le creux du vide - il préfère entrer en rebondissant même pas sur ce qui l'amène au dieu soleil qui lui en veut. il est pas mal détesté, bobby, par les astres qui donnent à la vie une saveur plus amusante, plus sucrée - l'été qui jamais se termine et qui invite le voisin du coin en short, à dévoiler son immense barbecue à toute la rue. voué à la nuit, voué aux cultes sombres qui courent après les apeurés des coups de minuit - il secoue la tête, il tousse un peu et sent que ça picote un peu en-dessous de sa mâchoire, y'a quelques rayons qui sont passés. il va rougir, puis ça va se tasser - ça s'apaise à un moment donné.

- franch'ment j'aurais préféré m'ramener en fleur pour te caler un énième patin tu vois ? ça brise la glace déjà pilée, ça fait toujours plaisir, comme un bon gros sourire avec le bonjour en prime tu vois ? sauf que là j'ai juste envie de t'coller un PUTAIN DE PAIN DE BORDEL DE MERDE.
silence.
- je suis EN TRAIN DE DISPARAITRE.
il retire les couches de fringue, il jette son parapluie dans un coin, puis ses lunettes éternelles qui sont un peu rayées mais jamais fanent - puis son manteau gigantesque, puis le pull en-dessous qui dévoile un tee-shirt à l'effigie d'un groupe à moitié effacé. reste plus que ça, son patalon et ses rangers bousillées. il laisse sa main droite et son avant-bras à vue, le tendant vers l'illuminé - danny dont il aurait préféré connaître le secret de ses tableaux spirituels plutôt que de devoir le confronter à des batailles futiles.

- c'est quoi ça ? tu m'expliques ? tu m'as filé quoi comme saloperie ? nan parce que c'tait pas pareil, c'que tu m'as filé la dernière fois.
un temps.
- j'vais disparaître. j'sais pas c'que j'vais dev'nir, un tas d'pétrole, une ombre - un - un -
un temps.
- j'vais disparaître comme ça.
claquement de doigts pour la forme, il recule à peine, menace de se bouffer dans un tapis dont il retient jamais les motifs.
- disparaître. zou. bam.
pas vraiment qu'il s'apaise - juste qu'il essaie de se faire une raison. et il arrive même pas, bobby, à se taper dans les mains - y'a la blanche qui passe à travers de la noire, y'a comme un effet de matière qui passe à l'encontre des lois du monde. frisson qui s'arrête à la naissance de sa nuque, il tape du pied.

- plus de moi. plus de rien. j'fonds, j'fonds danny et si c'est d'ta faute, tu s'ras mort de mes mains avant que j'm'évanouisse dans la nature.
il a jamais signé, bobby, pour être un jour en apnée - sans avoir rien avalé en amont, en ayant l'idée belle cette fois-ci, de se dresser face au réel qui le déchire en deux.

Le tas de vêtements sur jambes qui ressemble un peu à un jawa king size de Star Wars s'engouffre non sans continuer à invectiver un Danny dont les idées s'assemblent graduellement en un semblant de cohérence. Pain et patin lui sont crachés au passage d'un ton colérique et paradoxalement, ça le fait sourire bêtement. T'as pas besoin d'avertir si tu veux me galocher ou me talocher. réplique-t-il en refermant la porte d'entrée.
La pénombre règne de nouveau en maître dans l'unique grande pièce à vivre du rez-de-chaussée. L'arôme du café commence sa lutte avec le parfum de Marie-Jeanne à l'étage et l'éternelle odeur de cendres et de tabac froid de la salle un peu encombrée. Je suis en train de DISPARAITRE. Panique, trouille, colère. C'est pas très positif tout ça. Bobby est en train de retirer ses pelures protectrices les unes après les autres. La cafetière glougloute. Le disque crachote toujours. Le lapin commence à chercher sa gamelle. Y a un joint à peine entamé qui attend dans le cendrier. Et puis, Bobby exhibe ce qui le traumatise, il interroge Danny presque comme un nazi (l'accent schleu en moins), l'accusant de son état. Son état, parlons-en d'ailleurs. Une sorte d'ombre, d'huile ou de pétrole plus ou moins mouvante et à l'aspect bizarre a remplacé le bras droit de Bobby. Doux Jésus... souffle-t-il avant de lâcher un léger sifflement entre ses dents alors que son pâle compagnon ne se mette à redouter à haute voix de finir comme son membre qui semble avoir phasé dans une autre dimension. Sa tirade est entrecoupée de silences, comme pour lui ménager un droit de réponse, mais Danny se contente de s'approcher un peu du phénomène et de l'observer à droite puis à gauche, s'emparant au passage du cul de joint dans le cendrier. Il le rallume tandis que Bobby en essayant de se claquer la main lui montre que le membre fantômatique n'a aucune substance solide.
Y a un truc avec les membres droits en ce moment...c'est presque rigolo. Lui, quand il est stone, une bouche apparaît dans sa paume de manière vachement réaliste et là, Bobby a un drôle de tentacule à la place du bras. Mouais, mais là, c'est pas une hallucination comme sa bouche. Il vient de se lever et il est pas dans un état de défonce suffisant pour se suggérer ce genre de trip.

Bon. commence-t-il en rallumant son pétard avant de le tendre à Bobby. Paniquer, s'énerver, ça sert à rien. Sinon, ça se serait étendu ou rétracté, non? Donc, choisis un coin et pose-toi. Quand on est un adepte des trips psychédéliques, quand on a vu sa peau se rétracter, bouger seule et se fendre sur de la chair rose et rouge pour former une bouche, on est un vrai guerrier de l'hallu et on est plus ou moins paré à toutes les situations, même les plus anormales ou surréalistes. Tout en se dirigeant vers le coin cuisine pour préparer la bouffe de Jeff le Lapin, Danny continue de causer sans réellement s'en faire. T'es pas en train de fondre, Bobby. T'as pas l'air d'une glace vanille, même si t'en as en grande partie la couleur, haha. Déposant la gamelle de Jeff au sol, Danny s'approche de son hôte. Ca ressemble... commence-t-il en hésitant, prévoyant l'agitation de sa main droite en la serrant avec la gauche. ...ça ressemble à une sorte de matière de l'espace. Ca fait mal? demande-t-il en délaissant l'observation du phénomène pour poser son regard sur le visage de Bobby. Tu crois que c'est contagieux? interroge-t-il en pointant de l'index la masse sombre. T'es certain que ça viendrait pas d'un autre truc que t'as bouffé? Je sais bien que je t'ai refilé un truc nouveau, un prototype dont t'as eu la primeur, petit veinard...mais sans déc', j'ai rien qui peut faire un truc pareil. Chais même pas ce que c'est.

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un contrat sur ma tête et tout sera froid ☽ il aurait plus gagné à se foutre en boule dans un coin et à attendre la mort plutôt qu'à se faire chier à se ramener, à défier le soleil lui-même pour finir à nouveau entre quatre murs, à gueuler comme le dernier des gorets à se faire éviscérer sur la place public. il a les dents qui grincent presque alors qu'il déballe tout et que danny, comme à l'accoutumée, garde un calme qui lui fout encore plus les nerfs en pelote. il tape du pied trop de fois, se la joue lapin de course qu'est trop tenté de choper la carotte tout au bout - impatience étrange qui le caractérise pas vraiment, y préfère être lent, se la jouer tortue qu'arrivera de toute manière au bout du chemin sans trop se presser. à son rythme. il inspire profondément, écoute tout le ramdam qui veut bien arriver à ses oreilles, il roule des yeux, laisse passer des rires secs pour dégueuler son mécontentement, ça lui fait l'effet d'un obus balancé en plein coeur et d'une mauvaise descente suite à une trop grande quantité de champis ingérés - autant se caler deux doigts au fond de la gorge et tout laisser au fond des chiottes. y pose son cul, il attend et le bédo termine entre ses doigts valides, il tire un coup parce qu'il a plus grand-chose à perdre - et que dans le fond il a jamais rien eu à laisser derrière lui, sauf sa fratrie dézinguée. souffle la fumée après être inspirée profondément, il voudrait se noyer dedans, pioncer paisiblement et se réveiller sans main qui part dans d'étranges retranchements.
- j'sais pas. tu peux même pas toucher, ça passe au travers, putain j'te jure que j'vais t'assassiner. tu m'as même pas dit que c'tait un foutu prototype. il aurait quand même accepté, parce que crane ça rime pas avec flippe qu'empêche de bouger - que de toute façon il le sait, il crèvera jeune et con, ou vieux et encore plus con. il baisse un peu la tête, cale son coude sur son genoux pendant que l'autre reste suspendue.

- et nan ça fait pas mal. j'ai pas encore mal en tout cas.
tire encore, il lui retend le joint.
- j'vais pas tarder à faire mon testament.
silence.
- et dedans j'te remercierais d'avoir participé à ma courte vie. sourire doux amer qui tranche sa bouche en deux, il laisse placer un ricanement dépité, il jette un oeil à l'infâme bras droit comme bloqué dans l'ombre.

- si j'reste bloqué comme ça, j'dois faire quoi ? me reconvertir dans l'cirque ?
un temps. il s'enfonce dans le canapé.
- c'est la merde.

La cafetière achève de passer le goudron de Danny avec une série de glougloutements de moribond. Le ton plein de reproches - totalement infondés du point de vue de Danny - semble s'apaiser et l'attitude de Bobby n'est plus au conflit à mains nues au premier dérapage nonchalant de son compère. D'ailleurs, il accepte sans piper mot le joint tendu et l'invitation à se poser quelque part. Il prend même la peine de répondre sommairement à Danny qui est resté debout devant lui. Ce dernier laisse d'ailleurs filer un ricanement de bébé hyène en entendant la menace de Bobby. Si tout passe à travers ta main de fantôme, bé mon cou aussi, Sherlock! je t'imagine pas préméditer mon meurtre. Ca sera mano a mano, l'ami. termine-t-il en roulant exagérément les "r" et en serrant le poing devant son visage de façon théâtrale.
Bobby poursuit, admettant que ce n'est pas douloureux (pour le moment) et qu'il a comme qui dirait perdu le sens du toucher (et de la réalité véritable) avec cette main-là.
Danny délaisse un instant son intrus pour aller servir deux mugs de café. Dans le canapé, ça parle de testament, de cirque. Bref, c'est la merde. C'est encore légal, ça? Les cirques de monstres? énonce-t-il en revenant sur ses pas. Flanquant un des récipients fumants dans la main tangible de son ami, Danny se pose aux côtés de Bobby passant sa main droite dans le bras qui est passé dans une autre dimension. Rien. Il ne sent rien. Ni résistance ni fourmillement ni froid ni électricité ni rien. Rien. Il aurait agité sa main dans le vide qu'il aurait éprouvé la même chose. Plissant les lèvres, dubitatif, il avale une gorgée de café avant de récupérer son joint des doigts de Bobby.C'est flippant quand même...on sait même pas ce que c'est. Tu deviens un putain de mutant mi-homme mi-ombre. Je vois pas d'autre explication logique. Evidemment. Un putain de mutant, y a pas d'autre explication. Appuyant sa tempe contre l'épaule de Bobby, le brun lève les yeux sur les traits de son ami. Mais t'es mon mutant à moi. dit-il en chantonnant avant de reprendre d'un ton plus sérieux.
J'sais pas si c'est comparable à ta mutation, mais je vis depuis gamin avec une main qui a sa volonté propre parfois, t'as dû remarquer. Petit, c'était un truc de dingue. Je foutais des baffes aux gens, je renversais tout le temps des trucs, j'étais infoutu de faire un truc compliqué ou qui demandait de la concentration... commence-t-il en recrachant un filet de fumée grisâtre à l'odeur piquante. Ca arrive encore, ces gestes désordonnés et incontrolables plus ou moins amples, mais dans des circonstances où Danny est anxieux ou angoissé. Quand il est stone, il y a cette bouche qui apparaît...un nouveau délire visuel tout neuf à ajouter à la liste de tout ce qu'il a pu voir d'hallucinant et d'halluciné. Tournant la tête vers Danny, il continue en esquissant une légère moue. On m'a toujours dit que l'esprit est plus fort que le corps. Méditer, ça m'a aidé à gérer le phénomène. Le visage de Danny se fend d'un sourire presque tentateur. J'ai de la sauge des devins. Tu veux tenter? T'as rien à perdre à part 20 minutes d'introspection intense.

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un contrat sur ma tête et tout sera froid ☽ même le café a pas bon goût, plus rien a franchement de saveur sur l'instant - même les yeux de danny dévoilent plus rien parce que ça le triture de l'intérieur, ça joue de la basse et du tamtam. il a la bougeotte des doigts, fixe sans franchement de conviction le fond de la tasse un poil trop pleine qu'il arrive à tenir de sa seule main tangible - il aurait plus qu'à se la vider sur la gueule pour se brûler, avoir enfin la totale, le pack original du pauvre gars laissé pour compte envoyé dans la rue puis laissé dans les pattes d'un show malsain. il secoue un poil la tête, écoute d'une oreille, laisse dégouliner un genre de sourire au coin de ses lèvres avant de fermer les yeux - il a essayé, bobby, de cligner plusieurs fois pour que ça dégage, à se dire que c'était une grosse poussière ou juste un truc qu'aurait claqué dans son globe. rien de tout ça - tellement trop vrai, tellement trop clean que ça lui arrache un énième frisson. il se met à tapoter du pied, papillonne des cils avant de froncer les sourcils - tête penchée sur le côté, première gorgée brûlante qui lui arrache une grimace, tellement fort que ça risquera de le laisser éveillé pour trois jours au moins.

- ton mutant à toi.
- bah ouais bah bien sûr ça coule de source.
- il est où mon contrat ? l'papier d'adoption ? parce que là, t'as d'quoi signer en bas.

il aurait plus qu'à lui donner un surnom et ça ferait de lui la bestiole du siècle - il laisse tomber sa caboche en arrière avant de se mordre la langue. il a plus conscience de son corps, bobby, il a plus conscience et ça le fait marrer d'entendre danny en déblatérer des bonnes. vrai qu'il oublie souvent qu'il vient d'une autre ère, tellement révolue qu'elle veut plus dire grand-chose, tellement révolue qu'elle a laissé des suivants apeurés de la violence du monde.

- ta main, j'avais vu ouais.
- elle est trop vive, là où toi t'es trop à la ramasse.
- t'es sûr que c'est pas tes champis qui t'aident à gérer le phénomène ? pas que j'doute de la méditation, loin d'là.
- j'suis qui pour juger ?
- personne.

tasse posée sur le sol, il évite d'y foutre un coup de pompe. haussement d'épaules mollasson, il s'attarde sur la décoration qu'il a toujours pu admirer, juger du coin de l'oeil. trop colorée, trop poussée, trop tout et trop rien à la fois. ça fait pas sens - ça fait désordre et désastre à la fois.

- ça sert à quoi ton truc ?
- non parce que, si y'a des risques que ce soit pire -
- laisse tomber.

y se dit sur l'instant, bobby,
qu'il devrait sans doute aller voir sa mère,
lui montrer l'étendue des dégâts,
qu'elle fasse un malaise, que ça assassine son père au passage,
il aurait de quoi tous les désagréger, bobby,
il aurait de quoi remettre en question le petit jésus,
crucifix en bois calé juste au-dessus du lit conjugal,
qui juge quand ça baise,
qui juge quand ça chiale.

il renifle un peu, passe quelques doigts dans sa propre tignasse, dévisage danny avant de prendre une mine renfrognée.

- ouais quoique remarque.
- si j'dois crever, autant qu'ce soit ici.
- et qu'tu m'enterres dans ton jardin.
- juste, t'as même pas intérêt à m'transformer en engrais pour tes brindilles, daniel.

Avant même d'attendre la réponse de Bobby, qui sera de toute façon positive, Danny s'est déjà relevé pour se diriger vers l'un de ses placards. Si la plupart sont vides ou blindés de bouffe sans aucun stade intermédiaire, il y en a de bien particulier. Derrière les portes qui se ferment mal parce qu'elles sont complètement de travers, on trouve des pots en verre remplis de verdure sèche ou de mélasse indéfinissable, des boîtes en métal contenant des buvards imprégnés de LSD et une petite fiole quasi insignifiante. C'est sur cette dernière que le choix de Danny se fait.
Tu risques pas de crever avec ça. annonce-t-il d'un ton joyeux en secouant la petite bouteille mystérieuse. Même si tu te jettes par la fenêtre... continue-t-il penché sur sa platine vinyle en changeant le craquement ininterrompu pour un autre disque. ...on est au rez-de-chaussée. A part une entorse, tu risques rien. Puis il se redresse agitant mollement la main, le bras de l'appareil encore levé. Vas-y. Mets-toi à la cool. Dans une position confortable. Et n'insulte pas ton guide steuplé. Lâche-t-il fraîchement avec un petit reniflement. Il déteste son prénom insipide. Baissant le saphir sur les sillons, le son d'un sonar de sous-marin envahit la pièce.

Echoes

Revenant auprès de Bobby, Danny s'agenouille au sol. Succintement, il se lance dans des explications qu'il espère brèves contrairement à ce qu'il a coutume de faire. Il mentionne, non sans une certaine pointe de nostalgie, ces séances de méditation à la sauge au sein des communautés qu'il a pu fréquenter. A chaque fois, c'est une sensation de connexion qui se créé, le sentiment d'appartenir à quelque chose d'infiniment grand et bienveillant. Peu importe comment on se perçoit au quotidien, dans cet état, on mesure la perfection de la mécanique de son corps. Quand j'ai réussi à voir cette perfection dans ma main folle, les crises se sont espacées. Comme si accepter pleinement ce défaut m'avait donné une emprise dessus. Danny avait fini son récit les poings posés l'un au-dessus de l'autre, le menton perché au sommet et les yeux plongés dans ceux de Bobby. Coulant une oeillade sur l'avant-bras d'ombre. Peut-être que quand tu trouveras ça beau et chouette, tu pourras le faire disparaître et réapparaître? Se redressant, il récupère sur la table basse sa fameuse bouteille. Il en remplit le bouchon avant de la tendre à son compagnon. Ca devrait faire effet en quelques minutes. Ferme les yeux, inspire et expire profondément. Si tu veux parler, parle. dit-il après que le liquide fut avalé. Il laisse Bobby retrouver une position confortable avant de lui caresser le front. Oh, j'ai oublié. Tu peux avoir la gaule, mais je ne juge pas, mon mutant.

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