les rires envolés (mal)

Éclat de son rire cristallin, le bruit de sa course vaine couvert par les aboiements joueurs et des rires environnant. Le soleil éclairant la pelouse, se reflétant sur le lac brillant. Wesley, presque jamais seul, toujours des animaux après lui remplissant le tableau qu’il décrirait comme son bonheur. Facilité de communication évoluant d’année en année, ça l’étonnait plus. Le ballon dans les mains qu’il jette assez loin pour apprécier ce qu’il appelait ses enfants, courir en synchronisation plusieurs mètres et jouer tous ensemble. « Fifi partage la balle ! Fifi ! » Jeune femelle, très belle Akita Inu que son père avait sauvé d’une mort certaine deux années en avant. Désormais adoptée, comme une bonne partie des autres chiens trouvés, le jeune Jones venait toujours les voir, promesse qu’il s’était fait. Toujours cette peur au ventre qu’ils leur arrivent quelque chose, il avait pris cette habitude de les garder à l’œil autant que possible. Les yeux partant observer les environs, rencontrant une forme trop reconnaissable pas si loin. Ses bras se lèvent automatiquement pour s’agiter. « Mal ! Youhou, Mal ! » Sa petite forme gesticulante accompagnée de son sourire rayonnant dure un petit moment, le temps qu’il comprenne que son ami de toujours l’avait bien vu. Trottant presque jusqu’à lui, ébouriffant ses boucles brunes, sale habitude que sa mère lui reprochait souvent avant d’abandonner devant son sourire à moitié coupable. « Mal, qu’est-ce que tu fous là ? Tu veux jouer avec mes bébés ? Venez dire bonjour à tonton ! » Les chiens qui se précipitent, courant à vive allure pour sauter sur le nouvel arrivant alors que le rire satisfait du Jones repart de plus belle. « Ah pas de chance, je vois les propriétaires arriver. Sally, regarde qui arrive par-là ! » Quelques léchouilles et caresses, le regard attristé qu’il regarde ses enfants partir vers leurs familles devenues très vite de bonnes connaissances. « Merci encore Wesley de t’occuper de nos petits monstres, tiens c’est pour toi et pas un mot tu le mérites. Passe à la maison plus souvent, mon petit César en serait très content. » Moue gênée alors qu’il prend l’enveloppe, puis le sourire à nouveau sur la face enfantine à la mention de l’un de ses bébés. « Seulement si j’ai l’honneur de goûter à vos délicieux muffins ! » Rire enchanté de la vieille dame devant les compliments, le regard de Freckles regarde finalement tout le petit monde s’éloigner avant de se souvenir du fire fighter à ses côtés, diminuant la morsure de la solitude. « Bon bah ce sera pour une prochaine fois, ils t’aiment bien en plus. »

« J’ai entendu dire que Malcolm avait des morpions donc j’ai fait en sorte d’en avoir aussi pour qu’on est en même temps. Il s’avère que ce n’était qu’une rumeur ... ». « Malcolm Grayson m’a dit que j’avais de plus gros seins que ma soeur. Il a pas tord ! ». « Malcolm sait tellement bien plaquer les meufs que je suis sortie avec une meuf juste pour la plaquer comme lui. ». « Il parait qu’il est gay et qu’il sort avec un sdf toxico du nom de Micky. Il est totalement barré ! ». « Une fois, j’ai frappé Mal au visage. C’était dément. »

Des rumeurs, y’en avait des tas à ton sujets. La plupart sont fausse, certaines sont des vérités exagérées, déformées, au final les faits avérés se comptent sur les doigts d’une main. Et plus les racontars se multipliaient, plus tu craignais que l’affreuse vérité éclate. Tu n’étais qu’un enfant incapable de faire face aux bêtises que tu enchaînais, cette farce qui durait depuis trop longtemps déjà.

Ce n’était qu’un baiser égaré, un pied sous la table de la salle à manger pendant un repas de convenance, elle t’a coincé dans la salle de bain. Tu n’étais qu’un ado’ dont la seule préoccupation était la taille de bonnet de Sandra O. Ce n’était qu’une histoire sans lendemain, tu n’étais qu’un moyen de noyer les larmes de sa récente rupture, tu le savais et quelque part, tu as cru pouvoir en profiter. Les mois sont passés sans qu’elle ne te lance pas un regard, son copain était de retour dans sa vie, elle n’avait plus besoin de toi. Puis elle a débarqué chez toi avec ce même sourire enjôleur, elle t’a murmuré des mots doux auxquels tu n’as pas cru et c’était reparti, pour le “bon vieux temps”, une dernière fois. Et les dernières fois tombaient toujours quand elle se sentait seule, jamais l’inverse. Mais ça t’allait. Parce qu’après tout, c’est tout ce que mérite un gars comme toi.

Freckles, c’était ton meilleur ami. Vous vous connaissiez depuis le berceau, jamais l’un sans l’autre, toujours dans la merde ensemble, pour les bons, les mauvais et les putains de mauvais moments. Et rien que de le voir là, à te faire de grands signes avec son sourire qui illumine tout son visage, ça réchauffe ton coeur desséché autant que ça t’angoisse. T’as pas envie qu’il le perde, son putain de sourire.

Une avalanche canine te dévore, tes cris d’agonie se mêle à ton rire qui fait écho à celui de Wesley. « Tout doux, tout doux ! Tu leur donnes quoi à bouffer pour qu’ils soient aussi barrés, ces chiens ? ». La séance tendresse s’écoule rapidement quand les propriétaires débarquent, tu te contentes d’observer silencieusement -depuis quand t’es silencieux même- la silhouette de Freckles avant que celui-ci ne daigne revenir vers toi. Ton bras saisit ses épaules avec entrain. « Pas de papouilles pour ce soir ? Bon, pas grave. A la place, on se fait une petite virée avec Fire Fighter, rien que toi et moi ? Comme au bon vieux temps ? Promis, j’te laisse conduire, histoire qu’on se fasse pas arrêter pour excès de vitesse. ». Il était temps de lui dire la vérité.

Curiosité qui brille dans ses yeux, au fond, il savait que ce n'était pas pour les chiens qu’il était venu par ici. Sans doute parce que c’était rare de voir un fire fighter dans cet endroit paumé remplit de verdure, Lucky mis à part. Petit chiot en pleine croissance de sa meute d’animaux en tout genre, il faisait ressortir toute sa tendresse, marque d’affection qu’il gardait précieusement, rien que pour eux. Le bruit de l’eau calme son ouïe après les aboiements heureux pendant que son regard remarque la tension du corps de l’aîné Grayson pendant qu’il cherche à garder son masque tranquille et d’insouciance. Freckles qui a du mal à suivre ce changement de situation, Wesley imaginant juste le pire, incarnation de son mauvais pressentiment chuchotant à son oreille. « Pas de papouilles pour ce soir ? Bon, pas grave. À la place, on se fait une petite virée avec Fire Fighter, rien que toi et moi ? Comme au bon vieux temps ? Promis, j’te laisse conduire, histoire qu’on se fasse pas arrêter pour excès de vitesse. » Surprise à la mention du passé nostalgique, donnant un coup de vieux alors que les images défilent dans son esprit à moitié mélancolique de la jeunesse perdue. Les souvenirs rappelant que ce qu’il appelait avant une routine s’était éteinte il y a de ça plusieurs mois sans qu’il s’en rende compte. Le visage de Mal plus si lisible, comme si trop de choses s’étaient passées sans lui. L’amitié presque fusionnelle partie en fumé sans qu’on n’ait pu le prévoir. Peut-être parce qu’ils étaient toujours ensemble dans le fond, dans cette même vieille fire fighter entouré de tous les autres. Famille à part entière, bizarrement composé, bizarrement unis par des liens au-delà du sang. « Je suis touché que tu veuilles toujours m’inviter en rendez-vous, mais je suis trop vieux pour toi, tu le sais bien. » Blague merdique qu’il dit fièrement, le petit sourire canaille en coin pendant qu’il secoue doucement la tête avant qu’il commence à avancer. Les pas légers, Freckles lutte pour ne pas courir comme l’enfant qu’il n’était plus et laisser son rire éclater sous le coup d’une joie étrange. Exaltation par cette vieille routine perdue qu’il va retrouver de nouveau, mauvais pressentiment parti bien loin par l’heureuse nouvelle, le chiot trop naïf pour se rattacher à son instinct premier. Il se retourne vers le Grayson encore loin, ses pupilles brillantes et les cheveux décoiffés par le réveil du vent. « Qu’est-ce que tu fous Grayson ! Go Go Go ! Le dernier arrivé va dans le coffre. » Dernière phrase moins forte que les autres avant qu’il se mette à dévaler la pente vers la voiture.

L’insouciance de Freckles. T’avais cru la voir au fond des yeux de Jane, la première fois. Tu te disais qu’elle et lui avaient cette naïveté en commun, cette chaleur au bout des doigts et cette lumière au coin des lèvres. Mais Jane n’avait pas le même tempérament que Wesley. T’as fini par te l’avouer, par faire face à cette obscurité au fond de ses yeux quand elle les posait sur toi. L’ombre du vice.

Ca t’a déjà traversé l’esprit, cette pensée marrante, bizarre, impensable. Si tu t’étais tapé Freckles au lieu de sa soeur, ça aurait pu être plus simple. Après tout, c’était ton meilleur pote, il risquait pas de te faire du mal. Puis, même si Wes faisait sacrément hétéro’, ça se serait arrêté au statut d’expérience et c’est tout. Mais là, t’étais dans la merde jusqu’au cou et t’avais du mal à porter tes couilles.

Sa blague t’arrache un ricanement malicieux alors que ta main s’aventure dans sa chevelure, tes mots creusent déjà des fossettes au coin de tes jours. « Trop vieux, hein ? C’est pas ça qui va m’arrêter, tu sais. J’aime le défi et l’e x p é r i e n c e, mon pote. Gare à tes fesses, Freck’s ! » que tu dis en lui pinçant le derrière en gloussant.

Wesley s’envole, échappe à ta portée, et d’un coup, t’as l’image de son dos qui s’dessine dans ta tête. Et la peur revient. Ils pouvaient tous t’abandonner, ils pouvaient tous te cracher dessus mais sans Freckles, t’étais qu’un connard comme les autres. T’imaginais sa tête quand les mots se formeront dans ta bouche, froissés, hachés, le rire nerveux qui recolle le tout. « J’ai couché avec Jane. Plusieurs fois. Elle m’appelle quand elle en a marre de son mec. ». Mais ça sort pas. Et t’es même pas sûre que ça sorte aujourd’hui, demain ou même dans cette vie.

T’appuies sur un bouton, dans ta tête. Tu zappes, tu next, tu zip zap zoup, babidi bobidi bou, et on case ça dans le bordel sans nom des regrets de Malcolm Grayson. Il te défie, tu peux pas refuser, t’hausses un sourcil comme s’il venait d’insulter ta mère. « Tu m’cherches, Jones ? Regarde bien mon cul parce que c’est le dernier truc que tu verras avant que j’te foutes dans l’coffre. ». Un pas, deux pas, le courant d’air tord ta silhouette, un battement de cils, pas trop vite, pas trop loin, juste ce qu’il faut pour faire travailler tes cuisses, saluer tes poumons, et la trace de ta course a déjà devancé celle de Freckles. « Bah alors, chéri ? T’es du genre maso’ qui kiff quand on l’balance dans une boîte à chaussures ? Vilain garçon, va. ». T’as envie d’oublier tes responsabilités et c’est si facile avec lui.

Le grand éclat de rire fermant ses paupières sous sa puissance, sentant les doigts inconnus sur son postérieur. Le regard amusé, Freckles remue langoureusement son derrière en réponse avant de s’enfuir en pouffant stupidement. Toujours cette jeunesse rafraîchissante qu’il retrouve près de lui, cette envie de rire pour un rien sans réfléchir à demain, au futur, à rien. Challenge qu’il lance avec l’espoir naïf de pouvoir gagner, ses petites jambes fonctionnant tant bien que mal alors que la fatigue d’avoir couru plus tôt dans la journée enserre ses muscles, les endormant rapidement. Au loin, les cris outrés de Mal aggravent son rire, faisant rougir ses joues de porcelaine. « Bah alors, chéri ? T’es du genre maso’ qui kiff quand on l’balance dans une boîte à chaussures ? Vilain garçon, va. » Respiration hachée du Jones qui arrive quelques secondes à peine après son rival, la main dans ses cheveux et le visage penaud contrastant avec le pétillement joyeux de ses yeux. Ce rappel furtif d’à quel point ses journées était meilleur avec Mal près de lui. « T’es con je… C’est moi qui… Conduis. » À bout de souffle et de force, ses fesses rencontrent le sol peu gracieusement, le cou offert par son visage renversé et les yeux clos, se concentrant à reprendre sa respiration correctement. « Deux secondes. Je suis tout à toi dans… Deux secondes. » Seulement quelques minutes et son esprit de compétiteur lui rappelle sa défaite, l’air faussement offensée, il se relève. « J’arrive pas à croire que j’ai perdu. Si j’avais su que tu venais, j'aurais pas autant couru avec mes bébés. » Marmonnement d’enfant boudeur qui se tourne quelques secondes après, le sourire moqueur et l’air pas peu fière de son petit tour. « Dans tous les cas, comme je l’ai dit je peux malheureusement pas aller dans le coffre vu que c’est moi qui conduis mon chou. C’est toi-même qui l’as dit. » Petit sourire d’emmerdeur qu’il sait si bien faire, il avouera jamais qu’il l’avait appris de Mal, faute des nombreuses années passées ensemble. Freckles s’enfonce dans le siège conducteur, démarrant la fire fighter, ce même plaisir dans les veines à chaque fois. « c’est partiii. » Tout de suite moins enfant, conduire apportait à Wes ce petit charme que tout homme avait au volant d’une voiture.

Il a le souffle qui s’envole, le petit Freckles. Les poumons transpercés de cette illusion, comme si quelqu’un était capable d’aller plus vite que toi, Mal. Trop vite, toujours trop vite, aucun regard en arrière, aucun moyen de s’arrêter, de ralentire, de freiner, machine inarrêtable qui balaie tout sur ton passage. Tu laisses le flou alentour se déformer sous tes yeux, tu t’en fous, tu piétines tout avant pour seul désir d’aller toujours et encore plus loin. T’as pas compris que c’est comme ça que tu passes à côté de la vie.

T’as le rire qui éclate dans l’air, qui crève les nuages portés disparus, les côtes qui se resserrent et l’estomac qui se tord. Ta main agrippe la sienne, tu secoues ce corps fébrile, essoufflé, une tape sur l’épaule, il s’est bien battu, le grand enfant. « Bah alors ? T’es déjà fatigué ? Je plains ta meuf si t’arrives pas à tenir deux minutes. ». Parles pas, Mal, t’es le Lucky Luke du sexe, la meuf écarte à peine les cuisses que t’as déjà rangé ton engin dans ton calbute.

Il te sors ce sourire de lover, propriété privée que t’as accepté de partager avec lui, juste lui, son assurance déforme ton visage en moue moqueuse, tu le bouscules, coup d’épaule et ton railleur. « Mais c’est qu’il prend la confiance, le vieux ? T’inquiète pas, va. T’façon, si je conduis, à tous les coups on finit dans le ravin et Gang et Jackie nous ramèneront d’entre les morts pour avoir le plaisir de me tuer personnellement. Ces bâtards, duh. ». T’as presque un frisson qui t’pique les fesses. Ils doivent sentir que tu parles mal d’eux et ils t’envoient des malédictions en retour.

C’était bon enfant, jusqu’ici. Ca allait, le rire de Freckles, son sourire, la course, ça te gardait loin de tout ça, loin de la vérité. Puis le siège du mort t’a jamais aussi bien convenu. T’es là, à attendre ton châtiment, la peur qui monte en flèche, comme si se retrouver seul avec lui, dans Fire Fighter, ça t’coinçait au bas du mur, aucune issues à l’horizon.

Et le voir, son profil assuré, la main puissante accrochée au volant, le halo de lumière qui l’entourre, comme si le monde tenait entre ses doigts, t’as juste pas envie que tout s’effondre. T’as pas envie de détruire ces moments, juste lui et toi, les virées en bagnole, les courses perdues d’avance, les paris débiles, l’innocence d’un adolescence qui s’éloigne à mesure que le bidon d’essence se vide. T’avais pas envie que le voyage s’arrête. « Wes’, faut que-Hum. Faut que j’te parle d’un truc. ». T’as qu’une envie. Courir le plus loin d’ici.

Le paysage qui défile parfois trop rapidement pour en déchiffrer l’esquisse alors que la voiture empreinte des chemins l’éloignant de la ville bruyante pour les genres de détours où la nature entourait chaque côté de la route. Image apaisant l’esprit du dernier Jones, laissant le silence s’installer sans s’en sentir gêné, quoiqu’un peu troublé. Rare était les silences avec Malcolm, le gamin aux mille idées souvent trop difficiles à suivre, jamais tranquille deux secondes. Wesley pouvait se revoir les premières années à essayer de le suivre sans jamais pouvoir, caractères dans le fond bien trop opposés malgré l’humour souvent sans filtre qu’ils avaient toujours partagé. L’un voulant ralentir pendant que l’autre voulait courir encore plus vite, l’image trop parlante qui lui fait froncer les sourcils.

« Wes’, faut que-Hum. Faut que j’te parle d’un truc. »

Changement de chaîne pour retrouver la même musique, celle du moment qu’on entendra encore pendant des semaines avant sa disparition. La nervosité pas si inconnue qui lui enserre les entrailles alors qu’un sourire accompagné de son air insouciant vient se loger sur son visage auparavant totalement concentré sur la route. « C’est quoi cette hésitation ? Si c’est pour me faire une déclaration d’amour faudra attendre que j’arrête le moteur pour pas faire une crise cardiaque. » Nervosité de son rire sonnant creux dans ses oreilles où un mauvais pressentiment se faufile. Le même genre de rire qu’il sort en réponse aux blagues des fortunés, accompagné de sa sœur et son expression maîtrisée par le travail des années. Si elle le pensait totalement aveugle, elle avait tort. Le frère trop admiratif pour louper un seul détail de la vie de sa sœur, malgré les années la relation était envié des autres, se demandant comment ils pouvaient être aussi liés.

Le rire qui se calme alors qu’il jette un coup d’œil, comme un enfant apeuré devant le visage trop sérieux de son meilleur ami malgré sa blague. La réalisation qui l'attaque de plein fouet à sa grave expression. « Oh merde, c’est vrai ? Je disais ça pour rire Mal, je suis con. » Le visage sincèrement désolé alors que l’embarras commence à faire tourner sa tête trop vite. Pourtant au fond, le soulagement que ce soit que ça. Les traits confus, le jeune freckles réfléchissant un peu plus à l’éventualité du crush de son meilleur ami, penchant sa tête sur le côté dans une réflexion presque enfantine. « Tu sais, ça m’a jamais traversé l’esprit, enfin ouais non. Merde Mal c’est pour ça que j’avais l’impression que tu t’éloignais un peu, j’étais pas fou, tu m’évitais ! » L’esprit embrouillé qui lui fait sortir ce dont il aurait jamais osé parler pendant que le paysage défile plus lentement cette fois.

Freckles, c’était comme un rayon de Lune au milieu d’une nuit chaotique. Filet lumineux qui tranchait la pénombre, qui attirait l’oeil apeuré tandis que ton corps s’enfonçait dans des ténèbres infinis. L’angoisse inonde tes poumons, alourdit ton coeur et pèse sur ta personne jusqu’à te faire toucher les profondeurs de la mer agitée.

Tu t’es déjà engagé sur la route. Il est trop tard pour reculer. Il est temps d’affronter ta part d’ombre. De te confronter à ce Mal, celui qui a agit sans conséquences, sans réfléchir, à faire face à tes actes sans détours, sans virages. Foncer droit dans le mur pour éviter le crash.

La plaisanterie de Wesley t’arrache un sourire fin, tu fermes les yeux un bref instant, essaie de continuer sur ta lancée, quand bien même il ne te facilite pas la tâche. « Quoi ? Non, c’est pas ça. ». Tes mots butent contre tes lèvres, l’angoisse de la vérité te fait parler plus bas, plus doucement, la confusion pointe à peine le bout de son nez.

Et Wesley continue sur sa lancée, persuadé d’une révélation alors que le quiproquo sème la zizanie dans cette conversation. Ton rire étouffé est nerveux, tu passes ton index contre ta tempe, essayant de rester sérieux. « Non, Wesley, rien à voir, je- ». L’enfant semble coincé dans cette idée -idée qui aurait pu être vrai, il fallait dire que toi non plus, t’y avais jamais réfléchi- et tu pousses un long soupire. « Wesley, pour l’amour de Dieu, ferme-la et laisse moi parler. ». Ta voix a vrillé, un ton presque sec qui ne t’allait pas en bouche. « Gare-toi deux secondes. »

Alors que le véhicule s’arrête, tu prends une grande inspiration. Tu ne pouvais plus reculer. « Ce que je vais te dire ne va pas te plaire. Mais ça fait trop longtemps que ça dure et tu mérites de connaître la vérité. ». Sur le moment, t’as qu’une envie, c’est de t’arracher les organes et traîner ta carcasse jusqu’au lac pour t’y noyer. Dommage, la voiture est verrouillée. « Alors, voilà, comment dire. Tu sais, quand on était au lycée, j’avais … un gros crush sur NJ. Et, quand elle a rompu avec Dorian, disons qu’on est plus ou moins sortis ensemble. ». Tes yeux se perdent sur la boite à gants, incapable de trouver ceux de Wesley. « Et, je savais qu’elle voulait juste oublier Dorian mais, elle me plaisait et même si c’était pas sérieux, je voulais juste vivre l’instant présent avec elle. Et puis, elle s’est remise avec lui du coup, j’me suis dit que c’était fini, que c’était pas la peine d’en parler. Sauf qu’après le lycée, elle a fini par me rappeler, et je pouvais pas lui dire non parce que c’était un peu mon premier amour, ou un truc du genre. Sauf qu’à chaque fois, c’était pareil. Dès que Dorian lui tournait le dos, elle me rappelait et moi, j’étais incapable de dire non parce que … c’était NJ, quoi. ». Et finalement, tes prunelles apeurées s’accrochent aux siennes. « Je voulais te le dire depuis longtemps mais j’avais peur. Je suis vraiment désolé, Wes. »

Paroles virevoltants s’enchaînant trop rapidement. Sans vraiment trop y croire non plus, c’est la peur de cette réalité qui met en marche ses lèvres jusqu’à ce que les propos ne soient dépourvus de sens, si sens il y avait déjà eu. Le monde tourne plus rond dans l’esprit paniqué ignorant les appels extérieurs. Il se remémore même les souvenirs lointain du lycée, auparavant trop aveugle pour apercevoir les joues rougis des filles. Les petites lettres d’amour dans les casiers que le jeune Freckles regarde pas vraiment. Sa main dans celle que tout le monde voulait sans trop le comprendre. Nostalgie de l’innocence qu’il pense perdu pendant qu’il garde éloigné les sons environnants. Dans son récit sans fin, il est enfin coupé par la voix de son voisin qu’il avait oublié jusque-là, enfouis dans ses idées et ses souvenirs. « Wesley, pour l’amour de Dieu, ferme-la et laisse moi parler. » lippes encore entrouvertes se renferment rapidement, le regard de chiot devant le ton plus sec s’entremêle avec les interrogations pendant qu’il exécute les ordres sans discuter.
Le moteur s’éteint et la radio avec, laissant un silence inconfortable dans lequel Wesley s’imagine les pires scénarios, le genre horrible, mais jamais le genre à briser une amitié. Cette innocence qui lui colle à la peau sans qu’il s’en aperçoive, toujours cette idée inébranlable d’amitié survivant contre vent et marée, de celle qu’on voit dans les dessins animés. Petit Wesley s’entourant de magie et de belles images pour se rendre invisible à la triste réalité de la vie sans imaginer combien le verre qu’était son amitié avec Mal se fissurait sans qu’il n’en voie rien.

Peu à peu les paroles sortent enfin, couteau de la vérité directement pointé sur son cœur encore intouché. De plus en plus proche jusqu’à former les premières lésions, le visage face à la route perdant ses couleurs. Ironique de voir que celle dont son meilleur ami était tombé sous le charme était sa sœur plutôt que lui, si ironique que le rire sans joie se coince difficilement dans sa gorge de plus en plus serrée par une étrange amertume. Les traits si expressifs de Freckles ne sont qu’un vague souvenir pendant que l’image de son propre sang ne lui semble plus aussi parfaite, peu à peu tâché par les mensonges. Le déni accroché à lui, se combattant à la voix trop sincère de son ami. Juste un coup d’œil vers lui, regardant ses yeux qu’il espérait blagueur avec espoir, mais au final la déception l’achève. « Je voulais te le dire depuis longtemps mais j’avais peur. Je suis vraiment désolé, Wes. » Anéantissant le peu d’espoir, les épaules s’abaissant alors que les sentiments embrouillent son esprit, que les émotions agrippent l’organe battant, prêt à le déchirer. Wes se raccroche au peu de dénis qui lui reste, les pieds dans le vide pendant qu’il secoue doucement sa tête. « C’est une blague… hein ? Mal ? » Sa main qui se pose sur le bras de Malcolm dans l’attente d’un éclat de rire, de ses yeux brillants, n’importe quoi. Juste un mot et il oublierait cette discussion à jamais, juste un mot et la vérité épargnerait son cœur et sa confiance indéfectible envers lui… Envers elle. Le silence et le regard presque honteux de son meilleur ami donnent le coup de grâce. Comme brûlé, sa main s’éloigne du bras de l’inconnu, traître qu’il ne reconnaissait plus.

Pourquoi ?

« Tu pouvais toutes les avoir Mal, toutes. » Murmure douloureux où le début des reproches fait monter le sang du jeune Jones. La réalisation s’imprimant jusqu’à embraser sa poitrine. Double trahison qu’il ne pense pas pouvoir surmonter. « Et pourtant, il a fallu que ce soit elle. Tu… Tu te tapais ma propre sœur, merde... MERDE. » Le poing rencontrant le volant, violence surprenante de sa part. Larmes qu’il arrive pas à empêcher de couler, à peine révélateur de sa souffrance intérieure. Toutes les fois, toutes ces soi-disant blagues de celui qu’il pensait son ami viennent briser un peu plus son cœur sous sa propre naïveté. Première trahison pour l’homme encore un peu enfant, la vérité, toujours s’enfonçant douloureusement dans l’organe sanguinolent. Les mains agrippant ses cheveux, le silence seulement brisé par les hoquets de ses pleurs alors qu’il essaye vainement d’effacer les larmes traîtresses de sa souffrance. Larmes de rage se multipliant en masse, alors que l’impression d’étouffer lui serre les poumons. « V-vous vous êtes b-bien foutu de ma gueule. J’ai v-vraiment été con, n’est-ce pas ?... » La porte qui claque violemment alors que l’air frais frappe son visage rougi par la colère et les pleurs. Le besoin de respirer, de fuir la réalité en s’éloignant le plus possible de la voiture. De lui.

tw mort/violence

Tu t’étais imaginé cette conversation des centaines et des centaines de fois, dans ta tête. Tu avais dressé tellement de scénariis possibles dans ta tête, tu aurais pu en faire une série de quatorze saisons portant le nom de “La dispute de Wesley Jones et Malcolm Grayson”. Tous les épisodes auraient tourné sur cette même révélation avec une réaction différente à chaque fois. Dans la plupart des épisodes, tu finissais par mourir. Assassiné, bien souvent. Coup de couteau, balle dans le coeur, dans la tête, poussé du haut d’une falaise, battu à mort, accident de voiture volontaire, empoisonné, séquestré jusqu’à mourir de faim, de soif, recouvert d’acide, maudit par une incantation satanique, étouffé dans ton sommeil, empoisonné par le gaz de la Fire Fighter, recouvert d’essence avant d’être immolé par le feu, découpé en petit morceau en étant toujours en vie jusqu’à perdre tout ton sang, forcé d’ingurgiter toutes sortes de choses jusqu’à te noyer dans ton propre vomis. En bref, rien de très doux. Et quand ce n’était pas Wesley qui te tuait, tu mettais fin à tes jours de ton propre chef. Et quand tu as vu ses yeux, ce regard déchiré, débordant de larmes, tu as eut très envie d’y mettre un terme là, tout de suite, maintenant. Tu aurais pu mourir sur place, rien qu’avec ses yeux.

Rares étaient les moments où tu ne savais pas quoi dire. Qu’est-ce que tu pouvais bien répondre à ça, après tout ? Il avait raison. Tu pouvais toutes les avoir. Parfois, tu n’avais même pas d’effort à faire, il suffisait d’être là, l’univers faisait le reste. Le fait est que Nora Jane n’était pas une simple conquête. Ce n’était pas un nom parmi tant d’autres. C’était une première piqûre au coeur, une première caresse, le début d’une histoire chaotique, des montagnes russes qui donnaient la nausée mais qui te faisait remonter en selle à chaque fois. Nora Jane, c’était ce trouble sentimentale, ce “Je t’aime, moi non plus”, un besoin viscérale de se mettre en danger, de s’exposer, d’exploser, d’envoyer valser l’univers juste pour un baiser. T’aurais voulu lui raconter, à Wesley, combien tu l’avais aimé, sans limites, mais toujours silencieusement parce que mettre des mots sur ce que tu ressentais, c’était toujours bizarre, c’était toujours interdit. T’aurais voulu lui dire qu’elle t’avait jeté un sort, que tout ça, c’était sa faute, que t’étais qu’un pauvre gosse qui avait pas su réfréner les battements de son coeur. Mais c’était pas le cas. Elle était pas la seule fautive, c’était un crime qui s’était fait à deux et t’étais loin d’être le plus innocent des deux. Tu savais dans quoi tu t’embarquais, tu savais ce que tu risquais et t’as quand même foncé parce que c’est tout ce que tu sais faire.

La violence de l’agneau t’a fait fermer les yeux, comme pour amortir le choc. Et chaque réflexion tranchait ta peau, une lame de rasoir aurait fait moins de dégâts à ton myocarde que la tristesse de ton ami. Et finalement, il s’en va. Il quitte ce cocon de ferraille, carcasse roulante enflammée qui symbolisait votre amitié à tous et avec lui, une part de toi qui se déchire. « A-Attends, Wes’ !! ». Le moteur tourne encore, et tu as toujours couru plus vite que lui, ta main agrippe la sienne. « Je t’ai jamais pris pour un con, avec NJ, c’était pas pareil. ». Toi aussi, t’as les yeux qui piquent, t’as la voix qui déraille, et tu sais que là, au milieu de la route, personne t’entendra à part lui. Et ça coule tout seul. « C’était ma première fois, ok ? J’étais amoureux d’elle, elle s’intéressait à moi, j’ai pas réfléchi. Sauf que voilà, c’était compliqué avec son mec, et j’étais qu’un lot de consolation mais elle, elle a jamais été une blague pour moi. ». La pression de tes doigts était irrégulière, t’avais l’impression que le sol se dérobait sous tes pieds. « J’étais vraiment amoureux d’elle, Wes’. »

Les pas rageurs piétinent la route pendant que le cerveau essaye en vain d’arrêter les différentes vagues d’émotions, sentiments négatifs qu’ils ne pensaient jamais ressentir avec autant de puissance, le genre à faire tourner la tête sous le coup. Wesley pouvait presque entendre les rires moqueurs réagissant à la nouvelle que tout le monde savait sauf lui, le dernier des cons. Les rires imaginaires se déversant sur sa carcasse fragile pendant que ses croyances se retrouvent écrasées une à une par la réalité. Musique triste voulant apaiser sa colère qu’il repousse rapidement, se laissant aller aux émotions peu connues martelant son crâne violemment à la recherche de bien plus que de simples larmes. Pas question de se retourner, les cheveux voltigeant au rythme du vent, souffle de fraîcheur faisant cligner ses paupières, recherchant une vue plus claire que celle brouillée par les milliers de gouttes d’eau. Pas questions qu’il regarde un peu plus le visage défait par les émotions, comme l’enfant capricieux qu’une partie de lui souffle qu’il est. Le genre de sale gosse à ne pas vouloir partager ses jouets, à écrire son prénom en grosses lettres avec l’espoir qu’on se souvienne qu’au final le propriétaire, c’était lui. Raté pour l’éternel enfant à qui on avait pris ses deux poupées préférées malgré la distance qu’il avait essayé de mettre, malgré son acharnement à rappeler l’évidence. Game over. Et peu importe la douleur de la trahison, c’était fait et inscrit au fer rouge sur sa peau intouchée, les marques un peu plus affreuses par son égoïsme qu’il refuse de voir.

Progression de sa marche incertaine par sa vue affreuse, refusant les appels sans même pendre la peine d’écouter, juste un léger brouhaha dans ses oreilles endommagées. La main qu’il reconnaît par l’évidence de la situation, mais aussi parce que malheureusement, c’était lui. Cette main remplie de péchés agrippant la sienne sans la lâcher, la douleur de ce geste d’apparence innocent lui coupe le souffle ainsi que toutes ses pensées, laissant rien qu’un vide, affaissant ses épaules sous l’énième réalisation que quelque chose s’était cassé. Et ça faisait mal.
Il voit ses lèvres bouger presque désespérément sans qu’aucune parole n’arrive à percer la carapace éloignant tous les sons, surtout les siens avant que les mots prennent sens. « J’étais vraiment amoureux d’elle, Wes’. » Visage vide d’émotions s’opposant à l’eau coulant toujours de ses yeux rougis par l’effort inutile qu’il avait abandonné à combattre. Neutralité de son visage se brisant un peu sous le rire incongrue sortant de ses lèvres. Les traits indéchiffrables cachés par ses cheveux et sa tête baissée pendant que le rire rempli de colère et d’amertume continue de faire vibrer son corps tremblant de rage continue. Son bras se détachant sèchement de la poigne non désirée pendant ses yeux froids dévisage l’étranger. « Et quoi Malcolm ? Et quoi ?? » Le regard glacé malgré les larmes, déception intense dans sa voix. « Je devrais te remercier pour ça ? »

« Je devrais te remercier de t’être tapé ma sœur avec plus de respect que toutes les autres ? C’est ça que tu veux Grayson ? » Les dernières paroles criées sous la colère s’accompagnent à ses petits poings serrés, commençant à blanchir ses jointures. Une main chanceuse qu’il libère pour venir la passer dans ses cheveux, mouvement rageur alors qu’il renifle pitoyablement. Le nom de famille qu'il a pas l'habitude de prononcer pique sa langue alors qu’il s’éloigne de quelques pas. « Je t’aurais jamais fait ça. Jamais ça m’aurait traversé l’esprit de… Jamais. » Les mots qu’il arrive plus à prononcer, à chaque fois enfonçant les lames de la réalisation un peu plus dans sa chair, lui forçant à voir la vérité de plusieurs mois de mensonges.

Wesley, c’était ce joyau précieux que tu pouvais pas t’empêcher d’admirer, fébrile entre tes doigts de pauvre roturier. Facettes polies du diamant qui t’aveugle, tu pourrais le contempler des jours entier sans t’en lasser. Jusqu’au jour où la trace de tes mains crasseuses ne ternissent ta clarté. Et tu te disais, “c’est pas grave, il est quand même beau”, tu te disais que ça se verrait pas, que si on essuyait un peu, qu’on grattait avec l’ongle, ça disparaîtrait tout seul. T’as été trop nonchalant, sur le coup. T’as pas fait attention, t’avais trop confiance, tu t’es laissé aveuglé par la parure entière et finalement, la pierre précieuse t’a échappé des mains. Dès cet instant, la chute a tourné au ralenti. Le saut de l’ange semblait inarrêtable et finalement, il s’est inévitablement brisé. Les éclats ont formé des centaines de coupures sur tes phalanges et tout autour, les filets de sang n’ont pu qu’accompagner tes larmes silencieuses.

T’oses plus vraiment le regarder. Comme si t’en avais plus vraiment le droit. Pouvoir admirer ce rubis n’était réservé qu’aux gens de vertus, le bas peuple devait détourner le regard. Tu passes nerveusement ta main dans tes mèches hérissées, ta voix brisées composent des mots sans vraiment prendre conscience de leurs cohérences. « C’est pas ce que je veux dire … C’est juste que c’était différent avec elle. ». T’as des épisodes qui te reviennent par morceaux, le sourire de Jane qui pique ton coeur, sa main qui brûle ta peau. Fallait qu’elle jette son regard maudit sur toi. « ‘Puis c’est elle qui m’a embrassé la première, je craquais sur elle, j’étais jeune, tu voulais que je fasse quoi ? Que je la repousse ? Figures-toi que j’ai essayé, la première fois, ouais. Tu sais ce qu’elle m’a répondu ? “Ça restera entre nous, t’en fais pas pour Wes”. Tu croies que je te l’ai caché par plaisir ? Tu croies que je me suis tapé ta soeur juste pour te faire chier ? T’as si peu confiance en moi pour imaginer ce genre de truc ? ». Tu la sens, la frustration de cet ado amoureux qui sommeille en toi. Celui que tu as étouffé, écrasé, au risque de la perdre, de le perdre. Mais maintenant, la boîte de Pandore était ouverte et la serrure avait salement été crochetée. « Je me fous pas de toi quand je te dis que j’étais amoureux d’elle. Alors oui, je tiens à ce que tu saches que je l’ai traité avec respect, vu qu'apparemment, j’suis qu’un queutard fini pour toi. Je l’ai même aimé comme un dingue, si tu veux savoir. Et chaque fois qu’elle me jetait pour retourner avec ce tocard de Dorian, j’avais envie de chialer comme un gosse. Mais je pouvais pas. Parce qu’apparemment, que ce soit pour elle ou pour toi, on me considère toujours comme un vulgaire plan cul, le mec qu’on veut pas trouver dans l’pieu d’sa soeur. ».

La tristesse se mêle à la frustration de l’incompréhension, ça contracte tes muscles, t’as la posture nerveuse et le visage criblé d’angoisses fantômes. T’as envie de t’enfuir, de hurler, de pleurer, de taper du pied. Et les gestes accompagnent tes pensées, tu pousses légèrement le torse de ton ami, la pression faible mais provocante. « Tu sais pourquoi t’aurais jamais fait ça ? Parce que t’as pas les couilles de faire ce qu’il te plait, voilà pourquoi. Tu veux te taper ma soeur ? Mon frère ? Ma mère ? Fais-toi plaisir, mon p’tit Wesley ! Si ça permet de te sentir mieux, fais-le ! Ça risque d’être compliqué, hein, vu que ma soeur s’est barrée, mon frère a peur des gens et ma mère est trop occupée à élever les triplés de satan, mais vas-y, tente ta chance, hein ! ». Tu parles trop, Mal. Tu parles tellement qu’on pourrait presque voir des blessures invisibles que toi-même tu préfères ignorer.

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