prédiction ☽ le saule pleureur et le bouclier.

Sombre épopée, chemins entrecroisés. Le bouclier vient en aide au saule pleureur apeuré. Que s'est-il passé? Une histoire à oublier. L'arbre à les racines qui s'enfonce dans le sol, le bouclier l'aide à creuser. L'un comme l'autre veulent s'éloigner de ce lieu maudit qui, malgré eux, les a rapproché. Mais la nuit se veut capricieuse et avant de quitter le nid, il leur reste une tâche à accomplir.

le saule et le bouclier.

♛ @Al Monday ft @Maxine Scott

Qu'est-ce qu'il foutait là ? Al n'aimait pas traverser ce coin de la ville, surtout la nuit. La soirée au taff lui avait retourné l'esprit, presque incapable de penser. Il pestait contre lui-même. Il pensait prendre un raccourci, mais les rues de Silver Grove lui étaient encore inconnues. La seule chose qu'il récoltait était les frissons qui lui parcouraient la nuque à la vue de cette dense forêt. Il s'était déjà perdu quand un crissement le fit se retourner.

Un lampadaire grésillait et jouait des flashs pour l'éblouir. C'était rien. Il continuait sa route, le pas pressé. Il se voyait se retourner de temps à autre pour être sûr que personne n'était là. Si une âme le suivait, Al n'aurait pas pu la voir approcher à cause de la nuit sombre. Les lampadaires trop faibles pour le rassurer. Il redressa son sac à dos comme un bouclier. Et soudainement, les bruits se mettaient à revenir un peu comme une danse timide, des crissements de feuilles mortes. Alors, Al comprenait que ce n'était pas derrière lui qu'il devait regarder, mais bien entre les arbres. C'était comme si les branches essayaient de le rendre fou. Al pressait le pas encore une fois, mais ses jambes l'empêchaient de courir, elles semblaient se coller au sol.

Il était sûr à présent, c'était une voix. Pas n'importe quelle voix, une voix d'enfant, il aurait pu le jurer. Ses yeux commençaient à se teinter de rouge et il sentait ses mains se raidir. Il se figea au milieu de la rue. Il pensait rêver. Il n'était pourtant pas emprunt à des hallucinations et par-dessus ça il était plutôt cartésien. Tout avait une logique et une solution, il fallait juste chercher les choses correctement. Alors oui, il croyait aux fantômes, mais dans sa logique, il y avait forcément une vie après la mort. Et p'tet même qu'ils avaient une connexion avec les vivants. Alors, soit des esprits jouaient avec lui soit il avait vraiment entendu un enfant dans ses bois, à cette heure-ci. Il pencha tout de suite pour la seconde solution. Il fit un premier pas dans les bois. Le froissement des feuilles l'aurait fait reculer. Il n'apercevait rien que de la masse, mais un autre bruit se fit entendre. Il n'avait plus de doute. Il posa son sac au sol en essayant d'y trouver une lampe. Il tourna la manivelle de sa lampe à dynamo. Les branches des arbres se fourchaient comme des doigts essayant d'attraper le ciel. Il se mit à avancer dans les ombres.

Il avait dû marcher plusieurs mètres et les lampadaires venaient de disparaître derrière lui, les bruits continuaient juste devant lui, inintelligibles. Il se demandait s'il devait faire demi-tour. P'tet que ça serait moins dangereux d'appeler les secours. Le faisceau de sa lampe atteignait à peine l'écorce des arbres juste devant lui. Un dernier bruit se fit entendre, un bruit bien plus grave cette fois-ci. Il tourna sur lui-même en essayant d'éclairer chaque arbre. Puis, le silence.

Il n'entendait même plus le bruit de ses pas, uniquement les pulsations de son cœur cognant son torse. Ça lui faisait bourdonner les oreilles. La peur s'installa dans ses pensées et quand elle heurta sa boîte crânienne il fit marche arrière. Il courait en espérant aller dans le bon sens, sa respiration devenait de plus en plus lourde. Et sans pouvoir se retenir, il se retrouva au sol. Le pied sous une racine qui le maintenait contre les épines de pins. La douleur le fit rugir. Sa lampe qui était tombée aussi n'éclairait que lui. Là, il regrettait s'être enfoncé dans la forêt. Il essayait de se dresser pour continuer sa course, mais la seconde chute lui fit admettre que la douleur allait le retenir sous l'entrelacement des branches menaçantes. Il imaginait déjà le pire. Hey ! qu'il essaya de crier dans une extinction de voix. Y'a quelqu'un ?

Il n’avait plus qu’à espérer.