nocturne à l'école (debbie/pnj)

☾ nocturne à l'école ☽

vingt heure, l'heure du crime. la nuit était déjà tombée sur la ville, et tandis que la ville s'endormait petit à petit, le quartier se faisait de plus en plus calme. seul le bruit des chaînes de vélo d'une gamine à la chevelure dorée venait briser ce silence. sortie en douce de sa chambre et roulant debout pour se donner plus d'élan, prue cachait son visage avec la capuche de son sweat bleu foncé. sur le bitume, partiellement éclairé des quelques lampadaires sur son chemin, elle ne croisa personne. seulement deux voitures, dont elle ne prêta pas attention. après plusieurs minutes à rouler sur grand street, elle avait atteint son objectif : l'école. quelle idée, pour une lycéenne, de retourner sur son lieu de travail en soirée ? à vrai dire, le lot de mystères dont regorge silver grove l'a tout bonnement amenée à croire à une nouvelle source d'expérience paranormale : elle se doute, depuis quelques temps, que son professeur cache quelque chose. qu'il n'est pas "humain". enfin, si, il l'est, mais elle le soupçonnait d'être... un loup-garou. raisonnement stupide, mais d'après son expérience et de ses -incroyables- connaissances sur le paranormal, elle a réussi à trouver suffisamment de preuves pour justifier ses doutes. son objectif ? s'infiltrer dans sa salle de classe, dans la salle des professeurs, et fouiller tous les effets personnel de son principal suspect. pour y parvenir, elle avait déjà repérée l'endroit où elle pourrait pénétrer dans le lycée : le concierge oubliait souvent de fermer la porte de service dans l'arrière-cour. elle a dû rentrer chez elle très tard plusieurs fois pour vérifier sa théorie...

arrivée devant l'entrée principale du lycée, prue se contenta de poser son vélo derrière un buisson. elle jeta un rapide coup d’œil autour d'elle, puis longea le mur pour atteindre l'arrière du bâtiment. elle s'approcha de la porte-de-service-toujours-ouverte qui était... bingo. ouverte. avant d'entrer, la jeune adolescente fouilla dans son sac à dos : tout le matériel nécessaire à sa survie s'y trouvait. une lampe-torche, de l'eau, un pied-de-biche, des piles, un briquet... lorsqu'elle pénétra dans le bâtiment et referma la porte derrière elle, prue fut surprise de constater à quel point elle voyait nettement moins bien qu'à l'extérieur, malgré la pénombre. elle sortit sa lampe-torche et éclaira le long couloir sombre et rempli casiers. la nuit, l'école apportait une toute autre ambiance... tout droit sortie d'un film d'horreur. la lumière dans une main et le pied-de-biche dans l'autre, prue se mis en route. elle marchait en observant autour d'elle, sans aucune trace de peur sur son visage. l'exploration l'excitait. le danger également.

It’s the unknown that draws people.

Voilà trois heures que Debbie attend dans sa voiture et voilà trois heures qu'elle se fait profondément chier. Les filatures, ça n'a jamais été son truc. Non, Debbie, elle aime l'action et poser des questions. Pas pourriture à l'intérieur de sa bagnole avec son soda terminé et son troisième paquet de chips entamé. Agacée, la journaliste use de sa paille pour canaliser son énergie. Elle mordille l'objet, souffle dedans, et recommence l'opération à l'infini. Elle aimerait allumer la radio pour faire passer le temps, ou bien lire quelque chose, un livre, un article, même l'un de ces magasines à deux balles qui détruisent sa profession. Mais elle ne peut rien faire Debbie. Elle est condamnée à rester là, discrète et attentive. Elle essaie de se dire que le coup en vaut la chandelle. Que ce mec qu'elle suit depuis des jours, presque des semaines, va la guider tout droit vers son scoop tant espéré. Debbie ne s'attendait pas en débarquant dans ce coin perdu qu'elle parviendrait à déterrer une histoire, une vraie. Elle savait parfaitement pourquoi son patron l'avait envoyé par ici, il voulait l'écarter des articles sérieux. Depuis la fin de leur relation, le bougre se comportait comme le dernier des salauds. Bonne nouvelle, Debbie se rendait compte qu'elle avait bien fait de refuser la demande en mariage de ce connard. Mauvaise nouvelle, ce connard était rédacteur en chef pour son journal et il avait bien l'intention de venger l'affront qu'elle lui avait fait. Quelle merde. Penser à toute cette histoire lui donne envie de s'en griller une. Mais comme d'habitude, non, elle ne peut pas. Hors de question de se faire remarquer pour une histoire de fumée. Debbie mâchouille de plus belle sa paille. Quand est-ce qu'il va sortir l'autre? Qui peut passer autant de temps dans un lycée, en pleine nuit? -Un professeur, la réponse est claire, mais tout de même, ce gars devait manquer de vie sociale pour s'amuser à rester aussi tard sur son lieu de travail. Vie un peu du con, tu verras ça fait du bien. Aigrie au possible, Debbie fait tapoter son stylo sur son carnet. Un carnet fourni d'informations sur ce professeur de biologie. Depuis janvier, ce bougre aurait acheté au boucher du coin cent vingt-quatre coeur de bovins, volaille et autres bestioles. Cent vingt-quatre en quelques mois. Même pour un amateur de viande, c'est suspect. Alors, lorsque Debbie le croise chez le boucher et le voit partir avec sa trop grosse marchandise, elle décide d'en apprendre un peu plus sur monsieur le carnivore. Manque de chance, elle apprend qu'il donne des cours au Silver Grove Hight School. Information qui justifierait ce stock d'organe si monsieur le professeur avait pris la peine de n'effectuer ne serait-ce qu'une dissection ce trimestre. La suite vous l'avez devinez : ce n'est pas le cas. Depuis Debbie traine toujours près de lui. Elle ne sait pas ce qu'il cache, mais elle sait qu'il cache quelque chose. Alors, elle ne le lâche pas. Surveille tous ses faits et gestes. Et grâce à une petite blonde à vélo, il semblerait que Debbie soit -enfin- en mesure de voir ce que le professeur fait si tard dans l'enceinte du lycée. Merci à la gamine. Debbie l'a remarqué avant qu'elle ne cache sa bicyclette. Qu'est-ce qu'elle fout là? Qu'importe. Lorsque Debbie voit la gamine entrer, sans clé, ni rien, dans le bâtiment, Debbie hallucine. Elle sort de sa voiture, laisse derrière elle son verre de soda vide, et se faufile à son tour dans ces couloirs sombres. Maintenant, tout ce qu'elle a à faire, c'est trouver la salle de science et l'instituteur mangeur de coeur.

☾ nocturne à l'école ☽

déambulant d'un pas lent mais sûr, prue arpentait les couloirs qu'elles connaissait tant de son propre lycée. jusqu'ici, l'expérience était plaisante : ces allées de casiers, d'habitude si bruyantes et mouvementées, apportaient une tout autre ambiance une fois la nuit tombée. seule face à l'obscurité, la lampe torche de la jeune fille formait un halo de lumière qui se balladait. tantôt sur les murs, tantôt sur le sol... la faible lueur laissait entrevoir des formes humaines sur les zones d'ombres, mais prue pouvait affirmer qu'elle était bien seule. le silence n'était brisé que par le bruit de ses petits pas agiles, provoqué par ses chaussures à grosse semelles. elle venait de monter les escaliers en direction de la salle de biologie : la terre-promise, comprenant l'arrière-salle avec le bureau et tous les effets personnel du professeur. après avoir parcouru quelques mètres, elle tomba nez à nez avec la porte de sa salle, qui se retrouva malheureusement fermée. logique, bien sûr... quel prof laisserait sa salle de cours ouverte avant la fin de la journée ? et bien sûr, hors de question de fracturer une porte du lycée avec son pied-de-biche, autre qu'en dernier recours. l'esprit ingénieux de prue lui apporta malgré tout rapidement une idée : les clés devaient probablement se trouver dans le bureau du concierge, au rez-de-chaussé. si les enseignants avaient leurs propres clés, l'agent d'entretien devait forcément être celui qui possédait les doubles, non ?

alors que prue faisait demi-tour, dévalant les escaliers du hall principal et retournant sur ses pas, un hoquet de surprise la stoppa net. les ombres formées par sa lumière étaient devenues réelles, car la jeune adolescente se retrouva face à face avec une femme adulte. la surprise passée, elle pensa à légèrement baisser la lumière de sa lampe-torche. il ne lui fallut pas longtemps pour ouvrir la bouche la première. ❝ ouah, ok, vous êtes qui, vous ? ❞ un rapide coup d'oeil lui permit de constater qu'elle ne connaissait pas l'inconnue. elle ne travaillait pas à l'école, car prue ne l'avait jamais vue, ici-même ou ailleurs. pas inquiète pour autant, elle gardait une allure assurée et droite, afin de parraître aussi grande que son interlocutrice. elle ne put cependant s'empêcher de serrer plus fort le pied-de-biche tenu dans sa main droite.