sous la pleine lune (kwanita)

☽ vanités

i. please introduce yourself.
Jeune homme calme. Tu n’es pas quelqu’un qui élève la voix, qui crie pour x ou y raison. Non, tu as cet esprit serein. Écouter et répondre. Pourquoi crier ou se fâcher ? Pourquoi juger ou se moquer ? Tu aimes la vie et tu as décidé de l’aimer comme elle venait. Même si parfois il y a des difficultés. Même si parfois, il faut les braver. Il suffit d’y aller, aussi têtu qu’une mule. Aussi fort qu’un ours. Avancer, s’élever et réussir. Parce qu’il n’y pas besoin de se battre, pas besoin de guerre. Pas besoin de toutes ces choses que tu trouves parfois si mauvaises. Jeune homme qui pleure lorsqu’il voit un animal souffrant. Lorsqu’il comprend que c’est l’Homme qui l’a causé. Alors, tu as pris le parti d’aimer. Aimer peu importe qui ou quoi. Parce que pourquoi dénigrer, se moquer si la vie lui a été donnée. C’est qu’Ont en a décidé ainsi. Et qu’il faut l’accepter. Comme bien des choses et maux du monde actuel. Érudit. Tu aimes passer du temps à lire, chercher et comprendre le monde. Ta culture traditionnelle, ta culture moderne. Mais également celles des autres. Histoires et géographies, tu pourrais te perdre des heures à lire un livre historique pour comprendre. Le monde, la vie. Un peu des deux. Mais, comme tout un chacun tu as également moult défauts, moult difficultés, lorsque la colère te prend. Lorsque la tristesse. Lorsque l’incompréhension t’enlace. Comment faire. Comment pardonner. Et ça, parfois, tu en es bien incapable. Rancunier, tu peux mettre plusieurs semaines, mois à pardonner. À donner ou redonner ta confiance. Accepter mais se méfier. Tu es loin d’être naïf ou idiot. Et même si parfois, les gens le pense au vu de ton calme. Tu sais faire comprendre que tu es loin d’être un petit oisillon sans défense.

ii. mean streets of silver grove.
Tu as toujours vécu à Silver Grove. D’aussi loin que tu te souviens en tout cas. Car, il est vrai que les deux premières années de ta vie, tu les as vécu à la réserve des Nez Perce. Avec papa et les autres. Mais, il a fallu rentrer. Trop de tristesses ? Trop de difficultés ? Tu n’as jamais su pourquoi papa a pris la décision de rentrer dans la maison de Silver Grove. Et, tu ne lui as jamais demandé. Parce que tu imagines. Oui, la douleur qu’à du causer l’envol de maman. Et peut-être cela à suffit pour s’éloigner se renfermer. Jusqu’à pouvoir à nouveau respirer. Jusqu’à nouveau pouvoir sourire. Peut-être. En tout cas, Silver Grove tu connais comme ta poche. Tu y as grandi et fais les quatre cent coups. Enfant joyeux, enfant vif à courir partout à rire et sourire. Pourtant, bien vite, à l’école, au supermarché, tu as su. Que quelque chose gênait. N’allait pas. Ton prénom ? Autre chose ? Enfant naïf, enfant confiant, aimant. Tu n’as pas voulu voir ? Comprendre qu’être différent suffit à pointer du doigt. Prénom qui ne va pas. Couleur de peau qui ne convient pas. L’enfant amérindien. Le père qui n’a pas pu se contenter de se marier avec la petite voisine, douce, chrétienne et sage. Oui, tout cela a suffi aux parents, aux enfants pour pointer du doigt. Pourtant, tu as su. Avoir des amis, rires et aimer. Tu as su leur montrer que tu étais aussi normal qu’eux. Parce que, qu’est-ce que la normalité ?

iii. we're all mad here.
Elle avait toujours été là. Parfois visible, d’autre fois invisible. Et pourtant, elle avait donné moult sursauts de surprises et questions. Tatouage, à ton âge ? Blessure ? Non. Rien de tout ça. Simplement cette tache de naissance qui s’était glissée là. Dans le creux de ta main. Paume sur laquelle on ne voyait pas seulement ces traits que certains lisaient. Non. Toi, tu avais ça. Croissant de lune à la couleur caramel qui se trouvait en plein centre de ta paume droite. Lune. Celle de la vie. Celle du cycle qui avance encore et toujours. Elle t’avait poussée, en grandissant, à t’interroger. À chercher sa signification. Quel croissant pour quel événement. Savoir. Savoir comme tu avais cherché les réponses sur tes ancêtres et leurs traditions ancestrales. Et tu as trouvé, que tu avais le dernier croissant de lune là, posé sur ta main. Celui de l’ombre et de la lumière, de la vie et de la mort. Équilibre qui se trouve en vu du renouvellement qui approche. Un si beau miroir de ta propre personne. Lune qui va et vient comme le temps qui passe.

iv. something strange in the woods.
Tu ne sais plus. Quand est-ce que tu as remarqué que ça arrivait. Quand tu as compris que ce n’était pas juste un évènement isolé. Que c’était toi. Oui, et non pas autre chose qui faisait ça. Oui, tu ne sais plus. Mais, tu te souviens, vraiment, de ce jour où tu as compris. Lorsque ta main droite, tremblante s’est approchée de cette plante aux fleurs fanées, si belle et pourtant si proche de l’ailleurs. Un doigt qui glisse, un autre. Et, doucement, là, comme dans un film. Tu vois la plante reprendre de ses couleurs. Sursaut violent, reculer. Ne pas comprendre. Et fixer la fleur. Qui elle, a commencé à reprendre vie. Là, sous tes yeux, sous tes doigts. Tu n’as jamais su, quand est-ce que tout cela a commencé. Si ça a toujours été là. Où si, quelque chose à fait que… Mais, tu as peu à peu accepté. Parce que redonner vie. Redonner vie de cette main marquée par l’astre des cycles. Un signe. Une vérité. Le chaman l’avait dit. Oui, dés ta naissance. Que tu avais été marqué par les Dieux. Tu ne sais pas si c’est ça. Mais, tu prends plaisirs, lorsque ça marche, à revoir vivre une plante. Ou bien même. Réussir à faire pousser multitudes de plantes sans difficultés. Certains disent de façon bien plus terre-à-terre que tu as la main verte ! Toi tu sais que ce n’est pas vraiment ça. Et puis, il faut que tu essaies très fort, que tu penses vraiment, esprit connecté a ce que tu veux. Parce que ce n’est pas automatique. Parce que tu ne sais pas. Non. Comment tout cela fonctionne. Et parfois, la fleur reste grise et sans vie. Est-ce toi où le cycle de vie qui en a décidé ainsi. Tu n’en as aucune idée. Lune qui s’éveille et s’éteint. Vingt-neuf jours pour croître et décroître. Peut-être...devrais-tu songer à vérifier le calendrier lunaire. Avant d’essayer. Peut-être que tout cela est lié. Mais, de cela, tu n’y as pas encore pensé. Non.

☽ page blanche
Fixer la lune, sentir le vent glisser sur ton visage. Alors que tu entends derrière toi les chants. Ce soir, est un soir spécial. Car, c’est le jour de ta naissance. Et, il y a fête. Là, autour du feu alors que le froid lui s’est glissé dans l’air. Et pourtant, tu n’as pas froid. Non. Parce que tu te sens là où tu dois être. Il n’ y a jamais qu’ici. Dans la nature. Avec eux. Que tu sens véritablement toi. Et tu te demandes parfois comment tu as fait pour vivre sans eux. Même si, tu n’y es pas tout le temps. Loin de là même. Non, toi tu vis à Silver Grove. Mais, tu essaies de venir à la réserve le plus souvent possible. Parce qu’il y a tes grands-parents. Le chaman aussi et tout le reste. Les esprits. Les traditions. Dans lesquelles tu aimes t’immerger, te baigner. Un monde si spécial et pourtant tellement ouvert. Bien plus qu’ailleurs. Bien plus que le commun des mortels. Une main sur ton épaule, une bourrasque de vent. Et tu sais qu’elle est là. Maman. Tu sens son odeur et sa douceur alors que son esprit passe et vient. Bourrasque de vent, te retourner. Elle s’en est allée. Et t’approcher à nouveau. Du feu. Des chants. Des rites et rires. Oui. Tu voudrais parfois y vivre pleinement. Ici.

Fermer les yeux. Te laisser partir. S’envoler. Tel un aigle qui fend l’air. Tu ne laisses que le vide dans cette tête parfois trop pleine. De problèmes courants. Des informations à la télé. Des guerres. Des morts. Fermer les yeux, respirer. Cela fait maintenant des années que tu as pris cette habitude. Méditer. Ne plus penser. Te reconnecter à ton toi. C’est le chaman lui-même qui t’as apprit. Peut-être parce qu’il ne cesse de dire que tu as été touché par la main des Dieux. Mais en tout cas, cela te permet de te sentir mieux, toi. Et serein. Un moment pour toi avant de repartir, walkman dans les oreilles, vent sur le visage jusqu’à la boutique. Parce que tu vis avec ton temps. Parfois hors du temps. Mais ici, n’est-ce pas déjà hors d’un quelque chose ?

« Papa ? Tu as pensé à rentrer les poubelles ? » Fermer la porte de la maison. Celle que tu as toujours connue et où tu vis toujours. Les voisines ne cessent de dire qu’un grand garçon comme toi est bien trop vieux pour vivre avec son père. Que tu devrais être déjà marié. Leurs paroles ne font que passer. Parce que tu n’abandonnerais pas ton père comme ça. Parce que tu as ce besoin d’être avec lui et aussi, de prendre soin de sa personne comme il prend soin de toi. Une famille. N’est-ce pas ça ? Sourire quand tu le vois à table, café devant lui et biscuits sur l’assiette. Parfois, il fait bien plus vieux qu’il ne l’est. Mais peut-être est-ce les esprits qui l’entourent qui le font si sage et calme. Un baiser sur sa joue, un rire grave pour te répondre. Que oui gamin, il a rentré les poubelles. Vie paisible, tu n’as jamais eu à te plaindre de son éducation et de son amour. Oh, tu lui en as voulu quelque temps de ne pas t’avoir dit plutôt tes origines, tes attaches, tes grands-parents maternels. Mais, tu lui as pardonné comme eux l’ont à nouveau accepté. Comme lorsqu’il a osé demandé la main de maman. Anecdote qui te fera sans doute à jamais sourire. D’imaginer papa tremblant devant ton grand-père.

Glisser le nez dans les odeurs si bonnes des fleurs qui t’entourent alors que tu passes d’un endroit à l’autre dans la boutique où seul le bruit du carillon glisse dans l’air. Petite clochette qui bouge au grès du vent sur le trottoir. Tes mains glissent çà et là pour prendre soin des plantes qui s’éparpillent ici et là. Verdure puissante et aux multitudes de couleurs. Parfois, au passage de ta main, la fleur s’éveille et se redresse. Comme plus puissante, plus vivante. Et tu sais sans savoir. Tu acceptes. T’entraînes parfois. Mais, laisse faire la plupart du temps. Sauf quand tu veux vraiment. Parce que la plante semble s’éteindre et que tu ne le veux pas. Oui. Porte qui s’ouvre. Sourire sur tes lèvres. « Bonjour, que puis-je pour vous ? » Routine que certains n’aimeraient pas. Mais toi, tu aimes ces moments de partages, de confiances et d’aveux lorsque tu dois confectionner un bouquet pour tel ou tel événement. Oui, odeurs magnifiques qui s’enroulent et se déroulent. Tu ne pourrais rien faire d’autres. Non.

☽ cabinet de curiosités
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