sadie&maxine ♕ comme une étincelle

J'avais eu une journée des plus calmes. Mais alors vraiment. Rien de trop intéressant sur quoi se pencher. Pourtant, j'avais un large sourire aux lèvres. Non pas parce que j'avais une idée coincée derrière la tête, quelque chose du genre à faire telle une merdeuse de service. Loin de là. J'avais uniquement prévu de faire une surprise à Maxine en lui rendant visite là où elle passe beaucoup de temps : le centre d'équitation.

Je ne suis pas du genre à y aller. Encore moins à me préoccuper d'un animal tel que le cheval. Au contraire, j'suis bien trop brusque pour pouvoir être proche d'un d'entre eux. Il se pourrait qu'à un moment donné, il finisse par vouloir me faire chuter tellement j'peux être agaçante sur les bords.

Encore un peu moins d'une heure avant que Maxine finisse de travailler. J'ai donc quelques minutes devant moi pour réfléchir à ce qu'on va bien pouvoir dire ou faire. J'ignore si ça lui plaira mais en tout cas, il me restait de quoi réaliser un bouquet à la boutique. Rien de bien génial mais bon, ça pourrait lui plaire.

Je reste assise, sur l'un des bancs installés, en face du parc équestre. Observant certains entraînements, je me rends compte d'à quel point ça a l'air épuisant, ce, autant pour le cavalier que pour le cheval. Impressionnant, me dis-je, ne me rendant pas compte que Maxine fait son arrivé.

@Maxine Scott

Cette journée est beaucoup trop longue. Pourtant, j'adore être ici. J'suis dans mon élément au milieu des chevaux. Mais non, aujourd'hui, il avait fallu que mon paternel rentre dans l'histoire et me bousille la journée. J'avais même pas envie de rentrer... J'étais partie à la hâte juste après qu'il m'ait poussé et que mon bras s'était pris le meuble. Rajoutez à ça mes phalanges bleuies parce que j'avais rétorqué d'un coup de poing - énervée d'avoir été poussée sans raison, j'finissais juste de remettre la table - et la trace de sa poigne sur mon poignet. J'avais caché tout ça comme je pouvais : pull à longues manches et des mitaines, parce que j'voulais pas attirer l'attention. J'voulais pas qu'on m'demande ce que j'avais. J'voulais bosser, me changer les idées et puis...

Trou noir. Aucune idée d'ce que je pourrais faire. Aller chez Sadie, c'était du suicide. Pourquoi ? Parce que j'ai bien l'impression qu'elle allait finir par faire une connerie... Enfin, pas juste l'impression... Elle me l'a dit. P't-être pas mot pour mot mais c'était le sens général. Il me restait pas beaucoup d'option à par errer en ville en attendant une certaine heure et rentrer en douce chez moi...

Et là, la surprise. Sadie, assise devant le centre. Ce qui m'arrache un sourire durant une seconde avant qu'je me souvienne de mes coups. Des marques qu'elle saurait reconnaître. Max', c'est l'heure du show ! Y'a intérêt à ce qu'elle remarque rien - ahah, même en le disant ainsi, c'est pas convaincant -. Je tente quand même, un sourire sur les lèvres - qui est naturel parce que c'était toujours l'effet de Sadie sur moi -, et je m'approche d'elle, boitant légèrement plus comme chaque fin de journée car la prothèse me fait mal. Je l'observe, elle me semble perdue dans la contemplation des chevaux, tenant un bouquet entre ses mains. Cette fille m'rend vraiment trop fleur bleue, moi qui appréciait rarement ce genre d'attetion, v'là qu'elle, elle me fait fondre avec... "T'attends quelqu'un, beauté ?" Personne à portée, ça m'permet de l'embêter avec ce genre de surnom idiot, un sourire tout aussi idiot sur les lèvres. Malheureusement, on peut facilement nous voir alors, à part un léger baiser sur sa joue, je peux pas profiter de plus. "On avait prévu d'se voir ?" Si oui, j'ai complétement oublié... Enfin, pour le moment, je m'assieds simplement à ses côtés, étendant la jambe droite pour la reposer un instant. Avant qu'elle pose de questions sur mes manches trop longues et mes mitaines, j'enchaîne : "T'as vraiment fait ce que je crois ? Un bouquet pour moi ?" Je la taquine, tout simplement, un sourire amusé sur les lèvres, parce qu'en fait, ça me fait plaisir. Qu'elle soit là. Qu'elle m'ait apporté un p'tit truc. ça rend cette journée beaucoup moins pourrie qu'il y a cinq minutes. En fait, si j'devais pas stresser parce qu'elle risque de péter un câble en voyant les traces de coups, ça aurait été le meilleur moment de la journée.

Quand j’entends la voix de Maxine, un sourire s’dessine à nouveau sur mon visage. Ravie que je suis désormais, la voyant enfin. Ça peut paraître fou mais elle m’a tellement manqué que ça me rend enthousiaste de pouvoir la voir. Encore plus quand elle sourit à son tour. Il n’y a rien de plus beau que son sourire à mes yeux. Et le plus impressionnant dans tout ça c’est qu’en cas normal, je ne suis absolument pas attachante, pensant en priorité à moi-même, à ce que je ressens et ce que je veux. Avec Maxine, c’est tout l’inverse. Je serai capable du meilleur comme du pire pour elle.

"T'attends quelqu'un, beauté ?" bien évidemment que j’t’attendais, beauté que tu es. « Tu m’as tant manqué, toi. Tu le sais ça ? » te répondis-je, sans pour autant réaliser de gestes pouvant être considérés comme ceux d’un couple. On se doit de garder notre relation secrète alors ça n’est pas en restant ici qu’on pourra réaliser tout ce dont on a envie.

« Eh oui. Comme quoi, ça vaut la peine de travailler chez un fleuriste. Non seulement on apprend à confectionner des bouquets mais en plus, on sait les significations d’une multitude de plantes et fleurs qui soit. Eh bien évidemment, c’est pour toi. Aussi joli que toi, ce bouquet. J’espère qu’il te plait. »

Je sais très bien qu’avoir eu cette pensée pour elle lui fait plaisir. Mais l’entendre dire me plait, me donne encore plus le désir de lui offrir ce dont j’ai en ma possession. Cependant, je me rends compte que quelque chose a l’air de l’agacer, l’angoisser ou autre chose de ce genre-là. Rien de cool, en tout cas. Alors je patiente, j’attends de voir si elle songe à m’en parler d’elle-même avant de lui poser la question.

« Tu m’as tant manqué, toi. Tu le sais ça ? » ça me fait plaisir de l'entendre, même si j'le sais. Et c'est pareil de mon côté. Même si, là, j'ai très envie de lui prendre la main, pouvoir être un couple parmi tant d'autres. Sauf qu'on peut pas. On doit s'cacher. On était d'accord là-d'ssus mais quelque fois, ça peut être pesant. Mais bon, au moins, j'avais déjà la chance qu'elle ait dit oui, qu'ce soit réciproque. J'aurai pu juste me prendre un fameux râteau. Et devenir une sacrée victime si ça s'était su.

« Eh oui. Comme quoi, ça vaut la peine de travailler chez un fleuriste. Non seulement on apprend à confectionner des bouquets mais en plus, on sait les significations d’une multitude de plantes et fleurs qui soit. Eh bien évidemment, c’est pour toi. Aussi joli que toi, ce bouquet. J’espère qu’il te plait. » Bien évidemment que oui, mais je pense d'abord à la taquiner. A l'embêter un peu parce que je sais qu'c'est pas dans ses habitudes. Qu'avec ses anciens mecs, c'était pas pareil. Alors, je profite. Je taquine. Logique, na' ? "Et elles signifient quoi, celles-ci ?" Je retarde exprès le moment où je vais dire que oui, son bouquet, son attention, le tout me plaît. Enfin, j'ai envie de le retarder mais je finis par craquer, bien trop attendrie par elle. "J'adore, même. En plus, ça fait du bien de te voir..." Boulette. Boulette. En général, j'ai pas cette tête après avoir passé la journée avec les chevaux. Je suis autrement, épuisée mais pleine de joie. Alors je me rattrape, je tente en tout cas. "Enfin ! J'le suis toujours quand t'es là !" Pas captant, Max'. Je me mords les lèvres, aimant pas trop lui mentir, lui omettre des trucs... Mais j'veux pas qu'elle s'énerve, qu'elle s'emporte parce que j'veux pas qu'elle fasse de connerie. Parce que j'tiens trop à elle pour ça. Parce que j'veux pas qui lui arrive un truc, surtout à cause de mon idiot de paternel. Parce que, sans elle, j'pense que j'aurai tout abandonné depuis longtemps et je serai partie de ce trou à rats. "Sinon, ça a été ta journée, toi ?"

J’étais ravie d’être auprès d’elle. Encore plus que ce soit à l’extérieur et non enfermées chez moi, le plus silencieusement possible, histoire que le taré de père que j’ai ne puisse pas se douter de quoi que ce soit. Pourtant, quelque chose manquait : la vivacité, le fait de pouvoir agir comme on le devrait. Pourquoi se cacher après tout ? Pourquoi nous, alors qu’on s’aime l’une et l’autre, on se doit d’être discrètes ? Ce genre de questions qui me hantent constamment mais qui, peu de temps ensuite, obtiennent toujours la réponse redondante : en cas d’exposition face à autrui, cette personne peut vouloir vous foutre dans la merde voire pire encore. En plus, mon père est loin d’être quelqu’un de tolérant. Un véritable connard jusqu’à l’os qu’il est et ça, personne ne pourrait le lui retirer.

« Alors tu vois, celle-là, elle est de couleur rouge. Couleur de la passion, de l’amour. Celle-ci, blanche, indique la pureté. Et le jaune là, c’est signe de joie, ce que je ressens chaque fois que je me situe avec toi. » répondis-je. C’était vrai que je m’y connaissais mieux en couleurs qu’en signification de fleurs. Mais peu importe. Les significations des couleurs étaient vraies et je les avais choisi exclusivement pour ça.

« Ravie que ça te plaise. Attends-toi à en avoir d’autres ces prochains jours. » que je lui adressais avec un clin d’œil et un sourire en coin. « Comment ça « toujours » comment ça se fait que tu ais besoin de le préciser ? ». Soudainement, j’avais l’impression que quelque chose n’allait vraiment pas et qu’elle faisait en sorte de me le cacher. Sûrement lié à son père. « Eh. Ce mordillement de lèvres. Je sais très bien ce que ça signifie. Alors on va aller se poser ailleurs, si tu veux bien. Du moins, cachées des yeux de tout le monde et on va en discuter. Parce que là, je vois clairement que ça ne va pas et tu sais à quel point je n’aime pas ça. »

« Alors tu vois, celle-là, elle est de couleur rouge. Couleur de la passion, de l’amour. Celle-ci, blanche, indique la pureté. Et le jaune là, c’est signe de joie, ce que je ressens chaque fois que je me situe avec toi. » Je l'écoute, aimant l'entendre parler de ça. Elle aurait pu me raconter n'importe quoi que je l'aurai crue - enfin, je savais pour le rouge, tout de même -, mais j'savais que c'était sincère. Que ça l'était toujours avec elle. Pas de fioriture. Pas de gnangnan. Juste du 100% naturel. Et c'est vraiment c'qu'il me faut. Rien de plus... Je ris doucement à son clin d'oeil en secouant la tête sans cesser de sourire. "Si ma chambre finit remplie de fleurs, ma mère risque d'se poser des questions, tu sais ?" Pas du tout. Elle rentrait jamais dedans car c'était ma pièce. Le seul qui osait, c'était mon paternel. Grand sujet de discorde entre lui et moi - lorsqu'on comptait pas les divers coups que je me recevais -.

J'ai pas le temps de répondre à sa question, essayant d'inventer une excuse qu'elle lisait en moi comme dans un livre ouvert. Bien sûr qu'je peux rien lui cacher. Bien entendu qu'elle a tout compris. Je souffle et je secoue la tête. "C'est rien..." Mais je sais que me montrer trop têtue, ça allait juste mettre un peu plus d'huile sur le feu. Et ce feu là est déjà un peu trop instable. Il fallait plus qu'une lance à incendie pour l'éteindre... Alors j'abdique car j'sais qu'elle le saura et que vu les coups, elle allait déjà être assez énervée comme ça. Je me lève et je lui fais signe de me suivre. J'angoisse car je sais pas comment je vais gérer sa colère, comment j'vais arriver à la garder ici et l'empêcher d'aller casser la gueule à mon père. Mais peut-être qu'en étant seules, en ayant aucune chaîne causée par le public, j'pourrai trouver un moyen de la contenir. Quel qu'il soit...

Alors, habituée à cet endroit, je trouve facilement un endroit isolé. Un endroit découvert au début que je travaillais ici. Où personne vient et où je peux me poser tranquille lors de mes pauses. "Promets de pas trop t'énerver, OK ?" Et je les montre. Je relève les manches, dévoile cet énorme bleu sur l'avant-bras droit, la trace de ses doigts sur mon poignet gauche... Je garde les mitaines car, ça, c'est de ma faute...

"Si ma chambre finit remplie de fleurs, ma mère risque d'se poser des questions, tu sais ?" En cas normal, je pourrais répondre par un simple "ne t'en fais pas pour ça. ils comprendront sûrement si tu leur dis que ça n'est qu'une amie fleuriste qui ignore où mettre ses fleurs qui te les as passées." mais pour le coup, ça ne fonctionnerait absolument pas.

Tout d'abord, parce que j'imagine que ton père ne se gêne aucunement d'entrer dans ta chambre qui devrait être ton petit monde caché aux yeux de tous mais aussi étant donné que je ne suis sûrement pas la bienvenue dans ce genre de conversation.

J'imagine la tête que tirerais mon père, croyant comme pas possible, s'il apprenait que j'offre des fleurs à quelqu'un. Encore plus s'il savait à qui exactement. Sûrement que je finirai à l'église pour être lavée de "mes péchés".

Il ne suffit que d'une réponse pour réveiller la flamme en moi. C'est quoi ? Rien ? Comment ça ? S'il y a bien quelque chose qui m'insupporte c'est bien sa réaction face à ce qu'elle subit régulièrement. « Rien ? T'es sérieuse, là ? » que je rétorque, agacée et acceptant malgré tout de me lever pour aller ailleurs, là où personne ne pourra entendre ni voir quoi que ce soit.

Observant un à un les bleus sur ses bras, je n'ai qu'une envie : courir et aller dégommer la face de ce connard indigne de porter le nom de père. Pourtant, je me retiens, sans même savoir grâce à quoi. « Ose encore me dire que ce n'est rien. Tu te rends compte, hein ? Ca doit faire mal en plus ! J'peux pas laisser cet idiot poser la main sur toi une fois de plus. » Par réflexe, je me lève du banc. « Vraiment pas ! »

Bien sûr qu'elle était agacée, bien sûr que ça allait très mal se passer. Mais j'espère quand même savoir la retenir, éviter qu'elle s'énerve de trop. Parce que, bah, c'est pas la solution, parce qu'il me reste que quelques mois chez ce débile et puis, dans un sens, certaines marques, c'était de ma faute, non ? Puis s'il s'acharnait sur moi et pas sur d'autres, c'était qu'il y avait une raison. Autre le fait qu'j'suis née hors-mariage, non ? ça peut pas être juste parce que ma tête lui r'vient pas.

« Ose encore me dire que ce n'est rien. Tu te rends compte, hein ? Ca doit faire mal en plus ! J'peux pas laisser cet idiot poser la main sur toi une fois de plus. » et je me redresse par réflexe en la voyant se relever, ayant peur pendant une seconde qu'elle s'casse pour aller s'énerver sur mon paternel. « Vraiment pas ! » Je secoue la tête et passe une main dans mes cheveux en me mordant les lèvres. Ouais, ça fait mal. Ouais, c'est pas rien. "ça fait pas si mal que ça, t'sais. Puis je l'ai un peu cherché. Je suis juste tombée sur le meuble et j'ai réagi direct en le frappant, donc il m'a attrapé..." Bon, c'était lui qui m'avait presque j'té sur le meuble mais bon... Le coup du poignet, c'était ma faute. J'avais pas à répliquer avec un coup d'poing. "Puis bon, j'ai eu pire, hein ! C'est juste quelques bleus !" Réplique débile. Mais j'ai pas envie qu'elle s'énerve, j'ai pas envie qu'elle parte pour aller lui rendre la monnaie d'sa pièce. Même s'il le mérite. Mais ça m'fait trop flipper parce que, s'il me frappe, pourquoi il le ferait pas à elle ? Puis ça risquait de s'envenimer... Na, pas moyen, elle pouvait pas.

Je me mets face à elle et je pose mes mains en coupe sur son visage pour plonger mon regard dans le sien, parce que je peux ici et qu'je connais pas beaucoup d'autre moyen de la garder calme, d'attirer son attention. "Alors, s'te plait. T'énerves pas. ça va rapidement disparaître, OK ?"

J'étais prête à me ramener jusqu'à lui. J'étais prête à le cogner aussi fort qu'il le méritait. J'étais prête à faire en sorte qu'il ne puisse plus utiliser l'une de ses mains. Pas même qu'il ait suffisamment de quoi pouvoir se relever et remarcher. Non, vraiment. Tout c'qu'il mérite ce gars-là c'est d'souffrir sans pouvoir s'plaindre. Souffrir sans avoir de quoi pouvoir s'en remettre. D'être fichu dans un coin, à l'oubliette. Prisé par la solitude. Rien d'plus ni moins.

"ça fait pas si mal que ça, t'sais. Puis je l'ai un peu cherché. Je suis juste tombée sur le meuble et j'ai réagi direct en le frappant, donc il m'a attrapé... Pas si mal que ça... Si tu penses que je vais croire ça, tu te trompes, bella. « Un peu cherché, tu dis ? Non mais regarde bien ce qu'il t'a fait. C'est jour après jour qu'il te fait ça. Jamais ça n'a cessé depuis qu'on se connait, j'ai l'impression. Quand bien même t'aurais eu un mauvais comportement face à lui, il l'aurait bien mérité. C'est lui qui cherche le mal et non toi. »

"Puis bon, j'ai eu pire, hein ! C'est juste quelques bleus !" Pire... J'imagine bien que t'aies eu bien pire que ce que tu arrives à me dire et me montrer. Et c'est justement ça qui me met hors de moi. « Tu mérites rien de ce qu'il te fait, Maxine. Vraiment pas. »

"Alors, s'te plait. T'énerves pas. ça va rapidement disparaître, OK ?" Quelle idiote je serais si je laissais ça perdurer. Quelle mauvaise petite-amie je serais si un jour j'apprenais que ma bella soit trop amochée pour ne plus pouvoir parler et pire encore. Je ne peux pas rester comme ça, c'est insupportable. « Mais non. Non. Non, ça ne va pas disparaître. Non, ça ne partira jamais. Non, ça ne cessera pas. Il va falloir en parler, Maxine. Il va vraiment que tu te décides à le faire autrement je le ferais. Tu lui sers de punching ball à ce gars. Il n'a aucun droit de faire ça à quelqu'un, encore moins sans raison. Encore moins à sa fille. Encore moi à toi. Je ne veux pas que ça continue. J'ai peur de te perdre, moi. T'imagines si j'devais avancer sans toi, sérieusement ? Tu crois sincèrement que je réussirai à tenir le coup ? Parce que moi, j'sais que j'n'y parviendrai pas. »

Qu'est-ce que je peux répondre à ça ? C'est vrai que chaque semaine, j'ai un nouveau bleu, un nouveau coup. Je les cache, je fais comme je peux. Mais c'est de voir quand je fais une moue parce que j'ai trop mal, parce que ça tire... Qu'j'évite certains mouvements pour éviter de souffrir. Et ça, j'sais qu'elle le voit, qu'elle le sent. Rien qu'ici, juste avec quelques mots, elle avait compris qu'ça allait pas... "P't-être que répondre d'un coup de poing, c'est pas la bonne idée, tu sais. Je devrai juste me contenter de partir et voilà. Il me reste pas longtemps à tenir..."

Puis je reste un moment sans voix, m'attendant pas à ça, pas à ces mots que je sais pourtant... « Mais non. Non. Non, ça ne va pas disparaître. Non, ça ne partira jamais. Non, ça ne cessera pas. Il va falloir en parler, Maxine. Il va vraiment que tu te décides à le faire autrement je le ferais. Tu lui sers de punching ball à ce gars. Il n'a aucun droit de faire ça à quelqu'un, encore moins sans raison. Encore moins à sa fille. Encore moi à toi. Je ne veux pas que ça continue. J'ai peur de te perdre, moi. T'imagines si j'devais avancer sans toi, sérieusement ? Tu crois sincèrement que je réussirai à tenir le coup ? Parce que moi, j'sais que j'n'y parviendrai pas. » Je sais pas trop quoi dire, je sens juste mon coeur qui se serre en me disant que, oui, ses coups pouvaient me faire bien pire. C'était connu, les gamins morts sous les coups de leur parent ou entre membres d'un même couple. Mais j'm'en fiche de ça, c'est imaginer Sadie seule, si ça m'arrivait. ça, cette image, ça me fend le coeur... Alors, tout de même consciente qu'on est à l'abri du regard, je l'attire juste à moi pour l'embrasser. Ce que je retiens de faire depuis qu'je l'ai vue. Mais là, c'est aussi pour lui montrer que je suis bien là. Qu'il m'ait rien arrivé, que j'vais bien. J'veux la rassurer comme je peux parce que là, je vais bien. Qu'il fallait pas s'énerver. Sa colère est justifiée mais bon...

Front contre front, je lui réponds seulement après ce baiser : "Hey, il va jamais m'arriver ça, OK ? J'vais jamais te laisser. Je te le promets. A deux, jusqu'à la fin. Et tu sais que j'le laisserai pas me mettre dans un tel état... je partirai avant." Un petit sourire, légèrement taquin, en lâchant un petit trait d'humour, essayer de changer les idées de ma petite amie. "En plus, j'ai toujours mon infirmière personnelle pour s'occuper d'moi et faire en sorte qu'ça soit pas trop grave, non ?"

J’le sais qu’t’es consciente de ce que tu subis. J’m’en doute bien que si tu préfères ne pas réagir face à lui, c’dans la mesure où t’as pas l’désir véritable de vengeance. Toi, t’es du genre à ne pas aimer la baston. Encore moins face à quelqu’un qui t’fait ça, encore moins face à ton père. Mais moi, tu l’sais que j’suis là. Tu l’sais bien que j’t’abandonnerai pas. Et que j’refuse qu’ça persiste comme ça. J’supporte tellement pas d’te voir dans un tel état. J’supporte tellement pas d’te savoir comme ça sans avoir la possibilité de stopper tout ça. J’voudrai pouvoir t’sortir de cet enfer, t’faire comprendre qu’à un moment donné faudra bien que tu t’décides à le confronter.

« Plus t’attendras, pire ce sera. Et j’pense que tu le sais déjà. Qu’t’as même pas besoin qu’j’te l’rappelle. » que j’rétorque, m’sentant dans l’incapacité d’me calmer.

Mais toi, t’as cette façon d’garder ton calme. Cette manière d’avoir l’air tranquille, de ne pas te soucier réellement des problèmes qui t’pourrissent la vie. Et j’me doute que c’le fait qu’tu sois face à moi qui t’permet d’être comme ça. J’me doute bien.

Et bordel, quand j’pense qu’c’est toi qui fait en sorte de me rassurer alors que ça devrait être mon rôle, j’sais pas quoi dire. C’est tel un doux songe qui m’bloque. J’pourrais pas continuer sans toi. J’le sens, j’le sais. J’tiens beaucoup trop à celle que tu es. Et j’aimerais d’ailleurs pas non plus qu’un jour tu ne sois plus en mesure d’être toi-même. Et ça m’intrigue, ça. J’ai toujours cette crainte qui m’rend hors de moi.

« J’tiens à toi, Maxine. J’tiens tellement à toi que j’sais qu’si un jour tu n’serais plus en mesure d’te sentir bien à mes côtés, j’ignore comment j’ferai pour le supporter. » paroles sincères qui m’traverse l’esprit. Paroles que je ne me répète sans arrêt dès qu’j’y pense. « Oui. J’te délaisserai pas. Quoi qu’il arrive, j’t’abandonnerai pas. ». J’baisse la tête, j’tente d’être raisonnable. J’fais l’énième effort d’me calmer plutôt que d’continuer d’laisser ma haine s’échapper face à toi. Puisque j’ai aucunement envie qu’au lieu d’t’aider à tenir l’coup, d’te faire plus de mal que ce que tu as déjà.

« J’tiens à toi, Maxine. J’tiens tellement à toi que j’sais qu’si un jour tu n’serais plus en mesure d’te sentir bien à mes côtés, j’ignore comment j’ferai pour le supporter. » Oh, ça, j'le sais. Parce que je serai pareil. J'sais pas ce que je ferai si elle partait. Car elle est ce roc, ce pilier au milieu de cette vie merdique qu'j'subis. C'est pas facile de vivre en étant frappée, insultée ou ignorée, même si c'était le meilleur des cas dans mon quotidien. Si elle partait, si elle s'disait qu'au final, j'étais qu'une passade, je sais pas comment j'en ressortirai. Parce que, même si, avant, j'survivais seule, maintenant, j'savais pas comment faire si elle disparaissait... "J'tiens à toi aussi, Sadie. Enormément. Et jamais, j'te laisserai. Comme jamais tu me laisseras." Car oui, même si j'ai peur, j'sais qu'elle partirait pas. Car j'la vois mal faire ça, car cette connexion entre nous, c'est unique.

« Oui. J’te délaisserai pas. Quoi qu’il arrive, j’t’abandonnerai pas. » Je la vois baisser la tête. J'sais que ça doit être dur pour elle. De rester calme. De pas s'énerver. Je fonce pas dans le tas alors qu'elle, si, si elle avait pu, j'suis sûre qu'elle serait partie éclater mon père. Et ce, depuis le début. C'est pour ça, que j'dois la garder calme, l'empêcher de faire une bêtise et que ça m'fait peur qu'elle puisse en faire une et foncer directement dedans sans qu'je puisse faire grand-chose. Que j'peux paniquer comme pas deux lorsque j'la vois presque à se ruer vers chez moi. "J'le sais. On est à deux jusqu'à la fin."

J'me dis que changer de sujet, c'est peut-être la meilleure idée. Essayer de lui faire penser à autre chose... "Alors, sinon, à part ces fleurs, t'as prévu quoi ? T'as bien quelques idées pour être venue me chercher à l'improviste ?" Je souris doucement en la regardant, en me disant que j'ai vachement de l'avoir, d'être avec elle et qu'elle ait pas préféré quelqu'un d'autre. J'aurai pu avoir un non et au final, j'suis là, avec elle, heureuse. Elle m'fait oublier la vie de merde et les coups et elle est un tout, pour moi...

J'suis l'type de filles qui a eu une tonne de gars contre lesquels s'blottir dès qu'ça n'allait pas. J'suis l'genre de filles qui n'se stoppe jamais dès qu'une idée lui traverse l'esprit. C'genre d'filles ignorant comment dire non au désir, au plaisir lié à la chair et à tout autre bordel presque omniprésent à notre âge. Mais putain qu'est-c'qu'j'tiens à cette fille. À Maxine. Maxine ou celle qu'j'aimerais garder auprès d'moi. Maxine ou celle qu'j'voudrais tant pouvoir aider constamment. Celle qui n'cesse pas d'être dans mes pensées, ce, même quand j'fous des conneries sur conneries.

C'vrai qu'être quelqu'un d'volage, quelqu'un ayant du mal à réellement s'soucier du mal. Quelqu'un ayant aucune notion de la prise de risque, du danger. Quelqu'un perdant facilement l'contrôle dès qu'quelque chose l'chagrine. C'vrai qu'ça me qualifie bien tout ça. Mais pourtant, j'sais pas. J'ignore totalement comment c'possible mais Maxine, elle a cette capacité d'm'apaiser, d'me calmer rien qu'en un regard, rien qu'avec sa voix.

Alors avancer sans elle un jour ? Jamais ça m'traverserait l'esprit. Pas même quelques heures. Jamais j'l'ai souhaité. C'pour ça qu'ce gars indigne d'être nommé papa m'insupporte au point d'vouloir lui cogner le plus de coups possibles. J'ai envie d'rendre justice.

"Alors, sinon, à part ces fleurs, t'as prévu quoi ? T'as bien quelques idées pour être venue me chercher à l'improviste ?" et pour la énième fois en une soirée, j'tente d'penser qu'à elle. J'essaie d'penser uniquement à nous, cette fois, mettant d'côté ces idées déplaisantes. Alors j'souffle un bon coup avant d'reprendre une respiration normale, moins saccadée et d'me contenter d'répondre à ses paroles.

« Toi, tu m'connais si bien. J'prévoyais d'me rendre dans un parc. Ou c'type d'endroit, si tu l'veux bien. » malgré l'effort souhaitable, ça s'entend avec l'ton qu'j'emploie qu'j'suis pas autant moins nerveuse qu'j'le prétends.

@Maxine Scott

J'pense pas qu'un jour, je me sois dit qu'je manquerai sincèrement à quelqu'un. Parce que ma mère a jamais réagi aux coups que pouvait me porter mon père. Mon père, bah... J'suis à peu près sûre qu'en me frappant presque quotidiennement, j'compte pas à ses yeux. Je dois juste être un déchet, qu'il garde pour le moment car il est obligé. Qu'il s'en fasse pas, dès que je pourrai, je filerai loin de chez lui. Ce sera sûrement pas un palace, ni une maison décente mais tant pis. Ma soeur... Ouais, je lui manquerai. Car on est proche. Mais est-ce que ce serait si éprouvant ? Alors que Sadie. Elle, j'sais que si je partais sur un coup de tête, loin de cet endroit pourri, ou que les coups de mon paternel étaient trop forts, ou juste au mauvais endroit... J'sais pas comment elle s'en sortirait... J'veux même pas y penser en fait. ça me ferait trop mal... Car j'serai aussi dans un sale état.

Je le vois. Je le sens. Même si elle essaie, si elle tente de se calmer, pour moi... Elle y arrive pas. "Toi, tu m'connais si bien. J'prévoyais d'me rendre dans un parc. Ou c'type d'endroit, si tu l'veux bien." Sa voix est pareille. Elle a pas changé. J'la vois déjà prête à partir si j'arrête de la rassurer, de lui parler... Ou si une vieille blessure s'éveille, elle s'rait capable de partir frapper mon paternel... J'sais plus quoi faire à part continuer d'essayer, de lui changer les idées... "N'importe... Ou p't-être un endroit où tu pourrais taper sur quelque chose ? Te défouler ? J'suis sûre que ça t'fera du bien." Moi, retourner m'occuper de chevaux, ça m'irait. ça me calmerait... Mais j'suis sûre que ça ferait pas le même effet pour elle. Elle serait capable d'énerver tous les chevaux et d'les faire ruer. Et qu'ils se blessent. Qu'elle se fasse mal... "Alors, tu veux faire quoi ? Moi, j'te suis. Tu fais le programme et j'en profite !"

La seule chose que je peux encore faire, c'est prendre sa main dans la mienne, entrelacés nos doigts, tout en haussant un sourcil suite à ma question. Elle peut m'proposer n'importe quoi, j'serai partante. Sauf quelque chose qui serait impossible à faire d'un point de vue physique, à cause de ma prothèse... J'tente aussi un petit sourire, rassurant, complétement débile comme souvent lorsque j'pose les yeux sur elle. J'essaie tout. Vraiment tout... Car j'veux qu'on passe un bon moment. Juste elle et moi...

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