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 jo&sadie ♕ beautiful rebel

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☾ L'Allumette ☽
Sadie Monroe
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En quelques mots : à peine dix-huit ans. (fonceuse indifférente au cœur pris) instinctive, impulsive, un brin égoïste, franche, protectrice.
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Aptitude : (pyrokinésie) maîtrise et création de feu, faible.


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MessageSujet: jo&sadie ♕ beautiful rebel   jo&sadie ♕ beautiful rebel EmptyVen 3 Mai - 20:44

« eh. j'veux pas t'inquiéter Sadie mais j'crois qu'ton père va péter les plombs si tu déboules pas rapidement au repas prévu. enfin, j'dis ça... c'surtout que j'ai vu à quel point t'avais l'air mal en point ce matin. j'imagine qu'ça s'est déjà mal passé, hier. »

j'l'aime bien cette fille, hein. mais alors dans ces conditions-là... franchement, elle ferait mieux d's'occuper de ce qui la regarde.

« ferme-la et viens avec moi. » que je lui dis avant d'quitter l'lycée, allant en direction du bar plutôt bien réputé. enfin, plutôt le communément renommé Night Owl Cafe.

j'suis pas censée y être ni même pouvoir y accéder tout court. mais peu importe. toute façon, j'ai pensé à tout. tenue extravertie, sourire vicieux pour pouvoir obtenir ce que je veux.

« un verre, rien qu'un seul. je ne demande que ça. » dis-je sournoisement, observant ensuite mon amie beaucoup moins à l'aise que moi.

« Sa...Sadie, s'il te plait, il faut rentrer chacun chez nous. On va s'en prendre plein la gueule en arrivant là-bas, sinon. »

« Bois un coup. Rien qu'une goutte et ose me dire que c'est dégueulasse. »
dis-je, lui amenant mon verre désormais rempli jusqu'à sa bouche.

Elle n'a pas tort que je devrais courir jusqu'à chez moi mais pour l'instant, je me prône une once de repos avant de prendre la route. Pas grand chose.


Dernière édition par Sadie Monroe le Dim 5 Mai - 14:59, édité 1 fois
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Joseph Monroe
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MessageSujet: Re: jo&sadie ♕ beautiful rebel   jo&sadie ♕ beautiful rebel EmptySam 4 Mai - 21:21


- Je pouvais le faire moi-même, marmonna le patriarche, ses mâchoires si serrées qu’elles en crissaient presque.

Joseph laissa glisser la lame du rasoir sur les joues émaciées du cinquantenaire. En à peine deux ans, le visage de son père semblait s'être rabougri, comme une vieille souche d'arbre rongée par les vers ; la maladie se lisait sans détours sur ses traits, que ce soit par la pâleur funeste de sa peau ou même ses pupilles hagardes, reflets indiscrets d'une incompréhension de plus en plus profonde de son quotidien.

- Je sais bien, éluda t-il, toujours concentré sur sa tâche. C’est juste que ça va plus vite, c’est tout.

Après tout, ce n’était qu’un demi-mensonge.

- C’est bientôt fini, l’informa le fils, qui redoutait l'impatience et l'irascibilité de l'homme qui lui faisait face.

Il ne supportait plus le silence de la salle de bain, uniquement entrecoupé du grésillement du néon qui diffusait une lueur relativement glauque que Sadie qualifiait innocemment de « jaune pisse ». C’était clairement un message pour qu’il dégaine sa carte bleue et qu’il aille en acheter un autre, mais c’était également le dernier souci de Joseph.

- T'es lent.
- Désolé...
- Pas étonnant. T'as pas l'habitude de l'faire, vu tes trois poils sur le menton. Même ton pote Grayson en a plus que toi, commenta son père, visiblement soulagé d'avoir trouvé quelque chose de désagréable à lui dire.

Cette fois, Joseph ne répondit pas, ne voyant pas l'utilité d'entretenir le débat sur son absence de barbe. Si son père avait une barbe rousse comme celle d'un pirate, lui était aussi glabre qu'un pré-pubère. Et c'était pas faute d'avoir guetté chaque pousse de poil sur son torse avec de grands espoirs.

- Tu tiens de ta mère, ricana son père. J'peux te dire que des poils elle en avait pas beauc...
- Seigneur, Papa !

Déjà qu'en temps normal, Joe n'avait pas le rire facile, là, il trouvait ce... trait d'esprit franchement malvenu.

- Roh, c'est bon... T'as aucun humour. Pas étonnant que tu sois toujours tout seul.  

Joseph eut envie de rétorquer que non, il n'était pas toujours seul, mais cette réponse désespérée lui parut si pathétique qu'il préféra rester muet. Pour être honnête, il ne pouvait pas contredire son père sur le fait qu'il menait une vie plutôt solitaire. Mais bon, cela apportait du grain à moudre à sa réputation de gros dur et Joe avait tout de même fini par s'y accoutumer : effrayer les trois-quarts de son voisinage d'un simple regard faussement courroucé pouvait s'avérer extrêmement pratique.

- Tu vas bien ? Tu ressembles à rien.

Merci du compliment, p'pa, se retient d'ironiser Joe, pris au dépourvu par cette sollicitude incongrue. Le daron se sentait peut-être coupable, qui sait... Vu la tournure qu'étaient en train de prendre les choses, il avait sans doute réalisé qu'il était temps de faire amende honorable. M'enfin. Joe pensait cela en toute innocence. Ce n'était pas parce qu'il avait abandonné la foi protestante qu'il allait laisser son père perdre la boule dans son coin.

Il se contenta de grogner un « ça va » assez convaincant, le même qu'il répondait à Paul lorsque celui-ci demandait de ses nouvelles avec plus ou moins d'intérêt,  avant de le plaquer contre le mur et de faire son affaire. Ben ouais, batifoler avec un gamin de dix-neuf ans dans les coursives d'un bateau qui sentait constamment le poisson pourri, ce devait peser sur la conscience. Dans sa vie affective,  Joseph était habitué à une constante médiocrité : soit il faisait office de « vilan garçon pas gentil aux mains écorchées qui fait pester Papa », soit il servait de vide-couilles et dans l'pire des cas, de punching-ball. Médiocrité, on vous l'a dit.

Une fois que Monroe Senior eût fini ses ablutions, Joseph s'excusa en marmonnant quelque chose d'inintelligible à propos du gratin dans le four, en d'autres termes, une information insignifiante aux yeux de son père, qui pouvait ingurgiter absolument n'importe quoi tant que c'était comestible et accompagné d'alcool. Bref, la petite fée du logis alla servir le dîner et pesta silencieusement en voyant que sa petite sœur n'avait pas mis le couvert. Joseph fut tenté de manifester son agacement de manière très vocale, mais fut très vite dissuadé par l'arrivée de son balourd de père, dont la silhouette d'ours bloquait entièrement l'accès au couloir.

Pas intimidant du tout.

- Elle est où, l'autre ?

Génial. C'était très aisé de mettre en rogne son père et Sadie était clairement devenue une experte en la matière. Quant à notre Gangster, il avait depuis longtemps appris à courber l'échine et à essuyer les ires de celui qui l'avait élevé.  

- J'en sais rien. Peut-être qu'elle fait ses dev...

Pitoyable tentative de justification qui fut aussitôt balayée par un «ferme-là» des plus secs.

Honteux des spasmes qui agitaient sa main gauche, il se décida à mettre le couvert. Si la plupart du temps, Joseph avait l'air composé, en réalité, il somatisait tout et à ce moment précis, toute son anxiété lui revenait en pleine figure.

- Tu veux de la salade avec ton gratin ? Offrit-il en espérant apaiser l'irritation grandissante de son père.

Peut-être que la blague potache que lui avait raconté J. ferait l'affaire.

- Remets donc ça dans l'four, on va plutôt attendre ton imbécile de sœur.

Ambiance au top chez les Monroe, ça promettait une bonne soirée en perspective. Lui qui n'avait qu'une seule envie, boire une camomille en se torturant les ménages avec un Sudoku difficulté diabolique...
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MessageSujet: Re: jo&sadie ♕ beautiful rebel   jo&sadie ♕ beautiful rebel EmptyDim 5 Mai - 16:12

J’avais beau commencer à boire et tenter de ne penser à rien, ce, encore moins à mon minable père que je ne pouvais plus du tout supporter, je n’y parvenais pas. Et la présence de mon amie qui n’avait pas l’air aussi enthousiaste que moi d’être dans ce lieu-là commençait peu à peu à m’irriter.

« Bon. J’ai compris, t’aimes pas cet alcool. Tu veux quoi ? Tu préfères peut-être le whisky ? À moins que… La tequila ? Parce que là, t’es vraiment pas douée. Pourtant, l’ambiance est cool, non ? Tu n’trouves pas ? Parce que moi si. Puis t’sais, on fait rien d’mal, là. C’bon, les parents quand ils nous emmerdent constamment avec leurs problèmes, on a le droit d’la fermer ? Bah eux, qu’ils nous montrent l’exemple et en fassent de même, hein. Parce qu’ils commencent vraiment à gaver à force. On est en âge d’savoir c’qu’on veut foutre, bordel ! J’sais pas moi… Ose me dire que j’ai tort et là, tu partiras. Par contre, regarde-moi droit dans les yeux sinon ça n’comptera pas. »

Trop d’paroles dites sans pour autant faire gaffe à ceux qui nous rodent encore autour. J’me suis déjà fait remarquer, elle aussi. Alors elle flippe encore plus que lorsqu’on a débarqué dans c’bar grave occupé pour l’coup. J’lance un regard autour d’nous avant d’crier.

« Eh, toi, là. Ouais, l’bad boy là ou j’ne sais quoi. T’peux pas lui offrir un verre à ma pote ? Elle r’fuse d’m’écouter qu’la whisky, ici, c’putain d’bon. Allez, s’teuplait. Sois cool autant qu’tu l’ais physiquement, beauté. » l’alcool aux effets un peu trop forts sur moi prend déjà possession d’mes pensées. J’ne réponds à peine plus d’mes actes là. Pourtant, quand j’vois la montre que j’porte, qu’j’remarque l’heure qu’il est déjà, j’décide d’l’abandonner, elle qui est désormais bien angoissée auprès du gars qu’on ne connait aucunement.

« J’dois y aller, moi. J’reviens plus tard, ok ? » que j’rétorque, courant déjà jusqu’à la sortie sans même avoir payé quoi qu’ce soit. Si j’ne me fais pas rattraper, c’sera déjà énorme. J’ai l’impression d’être aussi puissante qu’une athlète des jeux olympiques mais au final, c’n’est qu’la vodka qui réagit sur moi. J’vais très lentement à un tel point qu’pour faire un détour d’une durée de quinze minutes au moins, j’prends plus d’une trentaine de minutes.

Une fois devant la maison, j’ricane tout en toquant à la porte. Parce que oui, ils n’ont pas laissé ouvert, ces abrutis. Du moins, c’est que j’me dis à c’t’instant, ignorant qu’j’vais pour la énième fois m’en chopper dans la gueule. Une fois la porte ouverte, j’constate le visage de Jo qui n’a pas l’air des plus heureux, ce soir. J’me contente d’un simple « désolée pour l’retard. » avec un sourire plutôt sarcastique sans m’soucier d’ce qui va m’arriver ensuite.
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MessageSujet: Re: jo&sadie ♕ beautiful rebel   jo&sadie ♕ beautiful rebel EmptyMar 7 Mai - 20:46

Joe commençait à s'inquiéter. Pour Sadie, principalement. Sadie était une belle jeune fille, fougueuse, frustrée et sans la moindre once de jugeote, du moins d'après lui. Ca ne relevait pas du tableau de Mendeleïev, mais cela restait un cocktail explosif. Si ça se trouve, elle avait fugué. Quelqu'un l'avait kidnappée, renversée avec sa voiture, ou pire, agressée et abandonnée dans les bois environnants. Ses angoisses, taquines, s'amusaient à tordre les organes qui composaient son système digestif. En dépit des apparences, Joe avait toujours été un garçon anxieux, dont les pensées étouffantes parasitaient sa vie entière. Si concrètement, il n'avait pas peur de grand chose, ses deux principales angoisses étaient si présentes dans sa vie quotidienne que cela l'avait rendu malade. Et à ce moment précis, Joe n'avait aucune parade pour calmer ses troubles. Il ne pouvait ni organiser ses affaires par couleur ou par taille, ni se réfugier sous la douche et se récurer jusqu'à que quelques gouttes carmins fleurissent sur sa peau, ni s'épuiser dans une activité physique quelconque.

Quant à son père, il irradiait d'agacement, mais Joseph savait que c'était pour la forme. Il n'en avait rien à foutre de sa fille, comme de son fils, d'ailleurs. Il était juste un mâle solitaire qui avait déversé sa semence au hasard et qui s'était retrouvé à devoir gérer les conséquences de sa luxure incontrôlable. Parfois, Joe se demandait à quel point sa vie aurait été différente s'il avait vécu avec sa mère. Néanmoins, ce questionnement ne durait jamais très longtemps : après tout, elle aussi n'avait pas voulu de lui. Peut-être qu'il était né laid, poupée de chiffon chétive au visage difforme et recouvert de tant de sécrétions humaines que sa mère avait pris peur. Joseph se rappelait encore de la photo que ses grands-parents gardaient dans leur salon exigu : il avait quelques jours à peine, était dans les bras de Brie qui avait l'air de bercer un étron vu son air ravi et ressemblait au bébé dans les Razmokets. Ou peut-être qu'elle avait tout simplement mieux à faire : parader sur un podium ou suivre des études d'ingénieur, par exemple. Il savait si peu de choses sur cette femme qu'il pouvait laisser vagabonder son imagination désespérée sans crainte de ternir son image de madone sacrée.

Les minutes s'étiraient douloureusement et aucun bruit, qu'il soit d'origine humaine, mécanique, ou animale, ne semblait vouloir troubler le silence pesant qui s'était instauré entre les deux hommes. Même si leur relation avait été au beau fixe, ni Joseph ni son père n'avaient l'habitude de meubler la conversation avec des remarques inutiles. Toc, toc. Le jeune homme décolla aussitôt de sa chaise : hors de question que leur abrutie de voisine s'alarme parce que leur père avait décidé de faire une scène sous le porche.

- J'vais ouvrir, te dérange pas.

Il récolta pour seule réponse un regard qui semblait invoquer par sa seule force la peste ET le choléra.
Dieu merci, la porte d'entrée donnait face au salon et non pas face à la cuisine. Il pourrait briefer Sadie en toute tranquillité sur le mensonge à déblatérer.
Enfin. Si celle-ci n'était pas ivre morte. Toute son inquiétude disparut pour laisser place à un agacement pur et dur.

- Putain Sadie, tu déconnes ? Seigneur, tu veux que Papa pète un plomb ? T'as un cerveau dans ta tête ? Pour illustrer ses propos, Joe tapa doucement son doigt contre le front de sa sœur. Bah non, ça sonne creux. Putain, mais c'est pas vrai, j'te jure que t'as d'la chance que j'ai pas croisé l'abruti qui t'a servi... Joseph renifla, fin connaisseur. Du rhum en plus, putain, t'aurais pas pu boire du rosé comme les filles de ton âge, non ? Bon, maintenant, tu n'ouvres pas ta bouche, sous aucun prétexte - il agite son doigt comme un professeur mécontent - à part pour dire "pardon papa, je ne le referai plus", ok ?

Quand il s'agissait de son rôle de grand frère, Joe était parfaitement capable de parler plus de 5 secondes. Mais, pas revanchard, il passa devant elle et un sourire des plus hypocrites se dessina sur son visage infesté de grains de beauté. Il ne pouvait s'empêcher d'admirer l’aplomb de Sadie alors que celle-ci se laissait glisser sur sa chaise, un air satisfait sur sa figure féline. Si à l’exception de quelques taloches à l’arrière du crâne ou de quelques plaquages contre le mur lorsque Joe laissait malencontreusement échapper un sarcasme dont il était friand, son père ne l’avait pas touché depuis un bon moment, il redoutait toujours sa manière bien à lui d’exercer son autorité.

- C'est d'ma faute, Papa. Sadie m'avait prévenu qu'elle allait réviser son exposé d'histoire chez sa copine Lena, tu sais, la fille du médecin. J'avais complètement oublié, s'excusa t-il, empruntant un air penaud extrêmement convaincant.

Au moment même où il prononça ces mots, son sang ne fit qu’un tour dans ses veines et il sut -comment, ça, il n’en avait aucune putain d’idée - qu’un orage se préparait et que quelqu’un, ce soir, allait dépasser les bornes. Cette éventualité lui semblait inévitable et lui qui n’avait jamais cru à cette connerie de 6e sens ou de troisième œil, peu importe, se sentait submergé par un ressenti qui n’était pas vraiment le sien. Alors qu'il se sentait de plus en plus contracté dans son polo gris, il lança un regard évocateur à Sadie pour que celle-ci présente ses plus plates excuses auprès du daron, dont les prunelles jouaient au ping-pong entre leurs deux silhouettes de menteurs éhontés.
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MessageSujet: Re: jo&sadie ♕ beautiful rebel   jo&sadie ♕ beautiful rebel EmptyLun 10 Juin - 16:42

J’en avais absolument rien à faire de ce qui s’était produit. Pas même de ce qui allait se produire maintenant que j’étais de retour en enfer. Du moins, chez satan, aucunement digne d’un réel père à mes yeux. Ce genre d’homme toujours préoccupé par mieux que ces propres gosses. Ce genre d’homme qui, au lieu de faire attention à nous, fait en sorte de nous rendre détestable avec son comportement de véritable connard.

- Putain Sadie, tu déconnes ? Seigneur, tu veux que Papa pète un plomb ? T'as un cerveau dans ta tête ?  et voilà que c’est encore une fois Joe qui s’efforce de jouer le rôle du père alors qu’il n’est que mon frère. Qu’est-ce que je le plains d’être comme ça, de toujours se préoccuper de papa, de moi plutôt que de lui-même. Je ne fais que le regarder, droit dans les yeux, refusant de répondre à sa question et me doutant très bien qu’il allait y répondre de lui-même… Comme à son habitude.

à part pour dire "pardon papa, je ne le referai plus", ok ? non seulement il avait repéré ce que j’avais pu ingurgiter mais en plus de ça il sortait une réflexion peu crédible avant de me rétorquer de ne pas ouvrir la bouche devant papa. Sérieusement ? Je refuse d’agir comme bon lui semble. Je suis désolée, Joe. Vraiment, c’pas contre toi mais là, j’peux vraiment pas la garder fermer. J’me dois d’lui dire le fond d’mes pensées. Alors j’avance, pas à pas. J’garde le silence encore quelques minutes. J’prends même pas le temps de parler à mon frère, non. J’veux la jouer calme avant que la tempête puisse prendre part de la maison.

- C'est d'ma faute, Papa. Sadie m'avait prévenu qu'elle allait réviser son exposé d'histoire chez sa copine Lena, tu sais, la fille du médecin. J'avais complètement oublié que je l’entends dire à notre cher père. Putain, si seulement j’avais la possibilité d’lui faire comprendre qu’avec lui, c’est inutile de s’excuser. Que de toute manière, s’il n’a pas d’autres occupations, il réussira à trouver quelque chose contre nous, à nous cracher à la gueule. Ce, quoi qu’on fasse, où qu’on soit.

Alors dès que je croise le regard de Joe, rien qu’une parole me traverse l’esprit : ne t’excuse pas. Il n’en vaut pas du tout la peine, ce connard. Peut-être est-ce l’alcool qui fait autant effet pour me faire porter autant d’audace ? Peut-être est-ce tout simplement le ras le bol complet qui veut faire place à la franchise plutôt qu’au mensonge toujours là, au coin de la pièce.

Au lieu d’agir comme l’a suggéré Joe avant que je prenne place à la table avec eux, je fais tout le contraire. « Mon cher papa, sache que ta fille a grandi. Et qu’elle a besoin de souffler de temps en temps. C’est pourquoi plutôt que d’être venue de sitôt, elle a préféré faire un petit tour au bar rien que quelques minutes. Et elle s’en contrefout de ton avis. D'ailleurs, j'ai menti à Joe. Je lui ai fait croire que j'allais chez la fille du médecin, vraiment désolée. Alors pas besoin de s'en prendre à lui. » Si j’avais pu penser à Joe, je n’aurais sûrement pas réagi de cette façon-là. Mais l’emprise est bien trop puissante pour parvenir à continuer dans la voie de la trahison face à un tel con qui s’en contrefout totalement de nous deux.
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MessageSujet: Re: jo&sadie ♕ beautiful rebel   jo&sadie ♕ beautiful rebel EmptyVen 14 Juin - 17:18

Il aurait aimé être plus égocentrique, Joseph. Il se voyait comme faisant partie d’un ensemble et non pas comme la pièce centrale de son propre monde. Il s’oubliait en tant que Je, privilégiait le vous, le nous, le tu dans le cadre de ses relations qui bouffaient l’âme et le cœur jusqu’au trognon. Il s’épanouissait dans le regard plus ou moins bienveillant des autres et n’arrivait même pas à délimiter ses propres frontières lorsqu’il croisait son reflet. Joseph Monroe était quelqu’un qui savait ce qu’il désirait dans la vie : l’absolu, l’unicité, quelqu’un à qui se dévouer et qui lui accorderait un minimum d’amour en retour. Mais il était incapable de donner de l’importance à cette envie là, trop accaparé par les aspérités d’une vie sur lesquelles il ne faisait que trébucher. Néanmoins, à chaque fois qu’il pensait toucher le fond, il trouvait une corniche à laquelle se raccrocher; pessimiste mais résilient à la manière d’un bovin qui traîne la patte sur le chemin menant à l’abattoir.

A ce moment précis, Joe n’avait qu’une seule envie -encore une à laquelle il ne se plierait évidemment pas- c’était laisser Sadie se démerder avec leur père et ses reproches, quelque soit leur nature. Sadie s’habillait comme une pute ? Grande nouvelle ! Elle était ivre morte ? Grand bien lui fasse ! Elle était encore en retard au dîner ? Le contraire eût été étonnant. Pas assez de dévotion sur son visage lorsqu’elle priait ? Comme si ça allait résoudre le problème de la faim dans l’monde ou plus simple, leurs dettes qui s’accumulaient sans qu’ils en voient le bout. Elle n’était pas respectueuse comme Brie ? Encore heureux, Joseph avait beau adorer son aînée, pas sûr qu’il pourrait en supporter une deuxième. Elle ne savait pas fermer sa gueule comme l’autre pédé ? Ça, par contre, Joe aurait bien aimé qu’elle sache le faire. Ça lui faciliterait franchement la vie. Il pouvait sentir, à la manière d’une gifle qui ne l’avait pas encore touché, le jugement que sa sœur portait sur ses silences, ses regards rivés vers le sol, sur ses poings serrés qui jamais ne s'abattaient, sur ses révoltes qui prenaient la forme de pulsions hygiéniques incontrôlées  et sur ses fausses prières teintées d’incertitude.

Au final, ce n’était pas bien important, car Joseph jugeait en retour l’égoïsme impulsif de sa sœur. Ils auraient pu vivre une soirée plus ou moins agréable, à vrai dire, leur père était presque plus facile à vivre maintenant qu’il était malade. Mais Sadie avait décidé de mettre les pieds dans le plat. Et pas qu’un peu. Qu’est-ce qu’elle pouvait compliquer les choses, parfois. De mémoire, ni Brie ni lui n’avaient jamais été aussi… volcaniques. Joe n’allait pas mentir et prétendre qu’il ne passait pas ses soirées à fumer de la beuh dans sa chambre lorsqu’il était adolescent - les Fire Fighters pouvaient témoigner de ses yeux sans cesse incandescents - mais il ne l’avait jamais revendiqué. Il avait tout de même réussi à faire pousser du cannabis dans une petite jardinière à la fenêtre de sa chambre, fait d’arme qui à défaut de le rendre fier, arrivait au moins à l’amuser. Néanmoins, il ne préférait pas compter le nombre de neurones qu’il avait dû perdre au change; déjà qu’il n’était franchement pas intelligent… Il aurait aimé que sa grande sœur soit là, avec ses gestes apaisants et ses sourires fédérateurs. Brie aurait probablement trouvé une tactique pour mettre un terme à cette guerre de tranchées entre Sadie et P’pa, alors que lui se contentait d’être planté au milieu du champ de bataille, homme-enclume qui encaissait les coups des deux camps.

Plus sa soeur s’empêtrait dans son discours, plus Joe se ratatinait sur sa chaise; deux doigts posés sur l’aile de son nez tordu, il contemplait Sadie qui vitupérait, à la manière d’un petit roquet impétueux qu’il faudrait ensuite secourir de la morsure du méchant loup. Joe savait que son père garderait ses envies de coups pour lui : trop désorienté dans l’espace, il avait déjà du mal à attraper un objet volumineux; alors gifler sa fille précautionneusement assise à l’autre bout de la table, tu parles...Il comprenait la rage de Sadie, l’envie de provocation, ce désir de montrer au vieux qu’on était plus malin que lui et qu’on finirait par faire ce qu’il nous interdisait à longueur de temps. Mais lui préférait sa propre attitude : lâcheté et mensonges à profusion qui lui avaient épargné les aboiements homophobes de son père; il avait suffit de s’inventer une petite copine que la distance avait découragée et de l’accompagner à l’église pour que Bill Monroe se satisfasse de la remise en question de son fils, sans pour autant se départir de ses airs suspicieux et de ses remarques pleines de sous-entendus. Ah, tiens, son père avait lancé les hostilités, d’ailleurs. Si Joe n’était pas si stressé de nature, la scène, de part sa banalité, aurait presque pu le laisser indifférent.

- Non mais tu te fous ouvertement de ma gueule, espèce de petite conne ! Souffler de quoi ? De faire cramer des putains de fleurs chez la seule personne qui a bien voulu t’engager ? Tu reviens chez moi, dans la maison que je paye, pour bouffer la nourriture que j’ai payée- c’était une exagération, mais Joe n’osa pas faire remarquer que son père trouvait sans cesse des excuses bidons pour ne pas mettre son salaire dans le pot commun - habillée comme une pute, complètement bourrée et en plus t’es satisfaite de toi ?

Son père abattit son poing sur la table et un peu de gratin gicla sur le bois.

- P’pa, jcrois que c’est vraiment pas la peine de t’énerver comme ça, Sadie est ivre, on verra ça calmement demain, quand tout le monde sera déten…
- T’es déjà pas assez malin pour renifler les mensonges de ta soeur, Joseph, ne te crois pas assez intelligent pour la défendre.
En des termes moins détournés : ferme ta gueule.
- T’es un peu injuste, c’est tout ! Elle a dix-huit ans, évidemment qu’elle va se mettre des…

Et bim, Sadie s’était lancée dans une nouvelle tirade. Pour toute réponse, Joseph repoussa son assiette : il n’avait plus faim.
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MessageSujet: Re: jo&sadie ♕ beautiful rebel   jo&sadie ♕ beautiful rebel EmptyDim 30 Juin - 20:34

Plus ça avançait et plus ça craignait de vivre sous ce toit-là. J’avais régulièrement cette envie d’les laisser, lui et mon cher frère ne bougeant pas. Pas l’ombre d’un doute que ce qui se produisait là lui paraissait agaçant pourtant. Peut-être n’étais-je pas suffisamment énervée pour faire comprendre que j’en avais assez de tout ça et que tout ce qu’il ferait mieux de faire n’était que de l’arrêter, lui qui demeurait désormais bien plus fort physiquement que ce père à moitié déglingué. Mais non, au contraire. Joe préférait avoir l’air calme, ne pas vouloir faire sortir la rage de notre père bien trop idiot pour se poser et réfléchir à un moment donné.

- Non mais tu te fous ouvertement de ma gueule, espèce de petite conne ! Souffler de quoi ? De faire cramer des putains de fleurs chez la seule personne qui a bien voulu t’engager ? Tu reviens chez moi, dans la maison que je paye, pour bouffer la nourriture que j’ai payée-

« La seule personne qui a bien voulu m’engager a su voir en moi de bonnes choses contrairement à l’idiot aveuglé par sa merde de bible et j’en passe. Et t’en fais pas que si j’en avais l’occasion, c’n’est pas les fleurs que j’aurai cramé mais toi, connard que tu es. J’te suis redevable de rien. La bouffe ? T’avais qu’à coincer ta sale bite entre une porte et un mur, ça m’aurait fait sûrement grand plaisir. De même en ce qui concerne ma mère. »

habillée comme une pute, complètement bourrée et en plus t’es satisfaite de toi ?

Oh que oui que j’suis satisfaite. Si j’avais la possibilité d’te nuire de toutes les façons possibles, j’le ferais sans hésiter. J’te dois rien. Absolument rien et pas même du respect. « J’respecte ceux qui me respectent. Alors n’t’attends pas à quoi qu’ce soit d’ma part. Une pute ? S’tu veux. Y a moyen qu’j’reflète cette image parc’qu’c’toi qui m’fait devenir comme tel. Puis j’sais pas… J’pensais que t’aimais ça, les putes, non ? Vraiment, il m’semblait bien. »

- T’es un peu injuste, c’est tout ! Elle a dix-huit ans, évidemment qu’elle va se mettre des… S’il y a bien une seule personne que j’apprécie ici mine de rien c’Joe et qu’il s’mette à prendre la parole ainsi m’peine beaucoup. Non sérieusement. Pourquoi il s’aventure là-dedans ? L’autre risque encore d’s’en prendre à lui et franchement, ça m’déplait profondément. S’il veut s’en prendre à moi autant qu’il le fasse, ça ira plus vite. Puis qu’il m’insulte autant qu’il le souhaite. J’m’en porte pas plus mal. J’m’en contrefous même. J’n’attends rien d’ce vieux con. « Joe, vraiment, pas la peine. Pas la peine de t’y mettre. T’inquiète. Toute façon, j’pas faim. »

Posant un dernier regard effroyable sur notre père, j’décide d’monter en haut. Prête à ouvrir la porte d’ma chambre j’me rends compte qu’y a un problème. Putain, il a pas fait ça quand même. Putain. J’suis obligée d’passer par c’connard pour pouvoir entrer me reposer quoi. J’aurai vraiment tout entendu et vu. « TU FAIS CHIER, BORDEL. Donne-moi cette foutue clé, putain. » que je hurle tout en étant à l’étage.
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MessageSujet: Re: jo&sadie ♕ beautiful rebel   jo&sadie ♕ beautiful rebel EmptySam 13 Juil - 1:21

Y'avait un truc assez simple que Monroe avait fini par comprendre en grandissant : tenter d'arrêter un orage, ça ne sert à rien. C'était plus une preuve de stupidité que de force de caractère, à vrai dire. Quel était l'intérêt de se jeter la tête la première dans un cataclysme ? Plus on avait le malheur de se tenir près de l’œil du cyclone - celui qui vous fixe et vous attire à lui - plus les chances d'en ressortir indemne se réduisaient. M'enfin c'était tout de même difficile de s'en tenir loin, après tout, c'est bien connu, les tornades happent tout, même des vaches. Joseph avait déjà vu des vaches beugler alors que le cyclone les amenait rencontrer le Seigneur plus vite que prévu, même sur l'écran de la télé des Dixon, cela l'avait sacrément impressionné.

Mais à ce moment précis, c'était Joseph qui était rentré dans l'écran et qui s'élançait vers le ciel, désespérément accroché à un bovin agonisant, paralysé par la peur de lâcher et de s'écraser, mais aussi d'être broyé par la bourrasque. C'était le genre de situation insoluble où il valait probablement mieux se laisser porter par les éléments extérieurs. Putain, la Sadie était é-ner-vée. Joe pouvait la comprendre. Leur père était usant, l'inaction de Brie était usante, son attitude à lui était usante et la situation en général devenait de plus en plus insoutenable. Le truc inéluctable qui creusait un fossé entre les rapports qu'entretenaient Brie, Joseph et Sadie avec leur père biologique était gros comme une maison : les deux premiers avaient été élevés par le même homme des années durant, Joseph n'avait et n'aurait jamais que lui pour lui indiquer ce que c'était être un homme adulte - il fallait qu'il garde ce qu'il y avait de bon chez Bill et qu'il oublie le reste - alors que Sadie, elle, avait été parachutée dans une famille déjà en morceaux, une famille qu'elle connaissait peu et avec qui elle avait peu de points communs.

Les voix des Monroe se superposent parfaitement, personne ne s'écoute ou même s'entend, cela tombe bien, car Bill avait l'air encore offensé après les mots crus de sa fille cadette. Joe fit la moue, l'air de dire : match nul, les gars, c'est le moment de sonner l'armistice. M'enfin, Sadie se montra plus maligne encore, car elle décida de battre en retraite, laissant les deux hommes de sa famille pendus à ses lèvres pêchues.

- Mais le grati... commença Joe, désemparé, avant de se plisser les lèvres.
- Quelle petite conne.
- Dis pas ça.
- C'en est une.
- Vous avez tort tous les deux, ça t'va, P'pa ?
- Tu...
- Tiens, ton médoc.

D'un geste plus ou moins autoritaire, Monroe fils glissa le pilulier vers son père.

Des clés ?
C'était quoi, encore, cette histoire ?

Monroe roula des yeux option machine à laver hyperactive et se contenta de tendre la paume de sa main, l'air de dire, fais pas chier, le vieux. Les cartes avaient été redistribuées depuis un moment déjà et si l'ambiance était étouffante, Joseph avait maintenant le pouvoir de mettre un terme à n'importe quel combine de Bill. La force, aussi. Fallait dire qu'à un moment... Il avait plus vraiment le choix.

Quelques marches d'escaliers et Joe se retrouva devant la petite chambre qu'il avait partagée avec Brie avant l'arrivée de Sadie. Fallait bien dire que trois gosses dans une chambre, avec un ado de quatorze ans... Même le daron Monroe, qui était un gros balourd, avait compris la délicatesse de la situation.

- Tiens, ta clé... j'peux démonter ça demain... pas maintenant. Après, si tu veux garder ça comme ça...

Joe s'appuya contre le mur, un air préoccupé sur sa figure marbrée.

- Tu sais... Ce serait bien, si tu faisais un effort. Joe leva un doigt alors que Sadie faisait mine d’entrouvrir la bouche. Oui, je sais, c'est un con et on ne le changera pas. Mais tu peux être un peu plus conciliante. Tu verras, ça te facilitera la vie. Et... T'as dix-huit ans maintenant. T'es presque adulte. Pas encore, ajouta t-il, voyant venir toutes les requêtes que sa sœur pourrait lui soumettre en utilisant cet argument contre lui. Tu ne peux pas être continuellement dans l'opposition. Tu comprends ?

 
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MessageSujet: Re: jo&sadie ♕ beautiful rebel   jo&sadie ♕ beautiful rebel EmptySam 13 Juil - 15:47

Foutue demeure dans laquelle rien n’se produit normalement. Foutue demeure dans laquelle j’suis obligée d’vivre d’puis que la mère n’est plus d’ce monde. Putain, s’il y avait la possibilité d’retour en arrière. S’il y avait même la possibilité d’activer un bouton histoire d’empêcher la vie d’nous confronter, nous empêchant d’naître, qu’est-ce que ce serait génial. Non vraiment.

Plus le temps passe et plus j’songe à m’barrer. Fuguer ça peut être intéressant mais il faut terriblement bien s’organiser. Puis bon, vu l’taré d’père y a moyen qu’il s’en contrefoutrait ou alors qu’il s’en prendrait à Joe. Et ça, c’pas ma volonté. Du moins, qu’il s’en prenne à lui, j’supporterai absolument pas.

Puis partir sans prévenir Joe, franchement, j’ignore si j’en serais véritablement capable. Même si on s’prenait la tête avant d’agir, ça m’ferait très certainement d’la peine d’devoir faire ça. Alors j’dois prendre sur moi. Encore et encore. Du coup, ouais, à un moment donné, faut bien qu’j’réagisse, qu’j’réponde aux propos agaçants qu’il a ce con.

Sérieusement, il est conscient de ce qu’il dit ou c’est son traitement qui l’rend encore plus infâme qui ne l’est de base ? Je ne cesse pas de me poser cette question et ça a le don d’m’énerver bien plus que je ne le suis déjà. D’toute façon, à quoi bon s’apitoyer, rien ne changera. Absolument rien ne va s’arranger, j’le sais.

On est foutus. Tout simplement foutus. Famille de merde. Sang pourri. Fruits de la misère, du déni. Je hais cette vie passée à leurs côtés. Tellement. Mais quand j’pense à ce que subit régulièrement Maxine, j’garde en tête qu’y a toujours pire qu’soit et qu’j’dois rester forte. Ouais, j’dois rester forte jusqu’à c’que j’sois en capacité d’vivre d’moi-même, d’avoir mon chez moi. Renier, voilà ce que je n’vais pas hésiter à faire dans des années.

« Attends… Parce que c’est toi qui l’avais, la clé ? Sérieusement. » J’baisse la tête, retenant les insultes m’traversant l’esprit à l’instant même qu’j’l’entends m’dire qu’j’devrais faire des efforts. « Conci-conciliante ? Mais t’es fou ou quoi. Comment c’possible d’être comme ça avec ce connard ? Ouais parce que c’pas un con mais un connard. Un putain de connard. Elle est là la sacrée différence. Si ça t’fait plaisir d’être son larbin, continue, Joe. J’refuse d’te suivre là-dessus. » J’ouvre la porte et j’entre désormais dans la chambre que j’occupe. « Je n’ai plus rien à t’dire. » la refermant derrière moi.

La vérité c’que j’en ai assez d’supporter tout ça. J’en ai assez d’devoir resonger au passé, m’répéter qu’ma mère m’a toujours menti et qu’mon père n’est qu’un gros abruti. Alors voilà, j’suis assise sur l’lit, j’me retiens d’pleurer, d’relâcher toute la pression sur mes épaules. J’veux pas avoir l’air faible.
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MessageSujet: Re: jo&sadie ♕ beautiful rebel   jo&sadie ♕ beautiful rebel EmptyMer 17 Juil - 19:55

L’impulsivité de Sadie était effarante. Elle se plaignait de Bill, mais visiblement, elle ne s’était pas suffisamment dévisagée dans le miroir. Ou alors, elle ne se voyait pas telle qu’elle était réellement. Cela restait une possibilité à ne pas écarter. Aux yeux de Joe, un tel caractère était une véritable malédiction. Il ne pouvait pas concevoir agir sans réfléchir. Mais bon… Il s’agissait de Sadie. Il était habitué, à force.

Non, mais, s’offusqua Monroe qui commençait à vraiment perdre le contrôle de ses nerfs. Tu crois vraiment que j’ferais un truc pareil, sans déconner ? Papa m’a filé la clé parce que je sais m’exprimer sans gueuler, le principe te parle ? poursuivit-il en levant la voix.

Joseph s’énervait rarement; il avait toujours été un garçon très doux, bien que très rancunier et très orgueilleux, mais il n’était pas caractériel pour un sou. Il avait l’air rude comme ça et il l’était probablement, cependant, il avait toujours été très tendre avec les gens qu’il aimait. Un espèce de gros nounours qui refuse de se laisser gratouiller la panse, à part si on lui offre des myrtilles à foison, en somme…Pourtant, il était loin d’être une bonne pâte, il était cynique comme pas deux, mais dès qu’il s’agissait de ses proches, il pouvait se laisser marcher dessus et avec le sourire, en plus. Sur ce plan-là, Brie et lui faisaient la paire. Néanmoins, il suffisait d’appuyer sur le mauvais bouton… Et à partir de ce moment, bonne chance pour parvenir à le calmer. Or, Sadie Monroe était en train d’appuyer sur tous les voyants clignotants de la console neuronale de son frère et ce, avec la délicatesse d’un phacochère souffrant d’une rage de dents.

Son larb… Tu-tu crois que ça m’amuse, tout ça ?! Joseph fit un geste vague vers l’escalier, trop offensé pour préciser son propos. Tu crois que j’étais pas mieux à Portland, loin de P’pa ? Merde, Sadie, tu peux dire, penser, faire ce que tu veux, mais entre nous, on sait très bien que si j’étais pas là, ce serait un désas…

BAM.

Non, sérieux ?
Sa sœur avait osé lui claquer la porte au nez, alors qu’il vidait son sac ?
Quelle audace.
Elle se prenait pour qui, la boutonneuse ?

OH. J’ai pas fini, s’insurgea Joseph en entrant sans frapper.

Qu’elle essaye de le faire culpabiliser… Non seulement cette pièce avait été sa chambre, mais en plus, c’était lui qui payer le loyer. Que Sadie le veuille ou non, il représentait malgré tout la figure d’autorité de la maison, à présent. Enfin. Lorsque Bill n’était pas dans l’coin, quoi.  Cette pièce lui rappelait des souvenirs plus ou moins sympathiques. Sur le mur droit, on pouvait encore discerner la courbe de croissance de Brie et Joseph, qui s’était arrêtée pour les deux gosses à 175 centimètres très exactement. Brie était une femme élancée, Joseph était un homme trapu, pas de jaloux, ils culminaient à la même hauteur et effleuraient les mêmes nuages.

Cependant, la figure degoulinante de la petite soeur tordit le coeur furieux du frère de manière instinctive; Sadie Monroe ne chouinait pas, mais vu la réputation de la flammèche, c’était tout comme. Joseph resta debout, gauchement, un peu désarçonné, ne sachant que dire ou que faire.

Merde… je… bon, écoute. Je conçois que la situation soit vraiment pas marrante pour toi, je sais que tu veux rien à avoir à faire avec nous une fois que tu seras en mesure de t’assumer et ça me… (Les lentilles toutes translucides de Monroe brillèrent un peu)  enfin… je respecterai ton choix. Si tu veux plus me regarder, plus me parler, si c’est ça qui te rend heureuse, du moins, si ça te rend ni triste, ni en colère… Ok. Tout ce que je te demande, c’est de me faciliter la vie… Deal ?

C’était une main tendue que Sadie était censée serrer.

Joe faisait bonne figure, mais la perspective même que sa sœur décide de couper les ponts avec eux menait les muscles de son dos à se resserrer jusqu’à éclater. La famille, c’était important pour lui. Visiblement, ce n’était pas le cas de Sadie.

Soudain, Joseph renifla, son nez tuberculeux s’agitait à la manière d’un ressort fou.

Putain, c’quoi cette odeur de cramé ?
HRP :
Spoiler:
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MessageSujet: Re: jo&sadie ♕ beautiful rebel   jo&sadie ♕ beautiful rebel EmptyMer 31 Juil - 21:17

Toujours assise sur le lit, m’retenant d’chialer malgré la perfide envie m’traversant actuellement l’esprit. Toujours assise sur le lit, songeant particulièrement à m’casser d’ici dès qu’ça sera trop dur à supporter. Trop dur à supporter. J’baisse la tête, observant l’sol un long moment avant d’m’allonger sur le lit, m’laissant tomber. Du calme. Enfin du putain de calme qui ne dure finalement pas longtemps. Bah oui, plutôt que de me laisser tranquille, non, ‘fallait bien que mon frère ait la charmante idée de revenir, continuer notre magnifique échange.

Alors j’te laisse commencer ton discours. Dès que j’t’entends parler à propos d’ma façon d’me comporter d’une façon assez discrète, j’me retiens d’éclater de rire. Le principe ? Quel principe ? Sérieusement, faire attention avec quelqu’un qui n’en a rien à foutre de moi, à quoi ça servirait. J’refuse. Alors j’te laisse lever la voix sans répondre.

Et voilà que maintenant tu me parles de toi, reprenant ce que j’ai dit. L’souci c’que j’l’ai pas inventé, ça. J’l’invente pas que t’es son petit larbin tel un chien ne sachant pas où aller. Et ça a tendance à m’agacer parce qu’au final, même quand j’ai raison, t’es toujours là, à aboyer à sa place, tentant d’me faire la morale. Pas un mot de plus que j’réussirai à entendre sans réagir. Cette fois, c’en était trop et c’pour ça que je te claque la porte presque en pleine gueule.

Mais t’es toujours là. Tu refuses de partir comme ça. Et pendant que tu réfléchissais très certainement à ce que tu me dirais une fois après avoir réouvert la porte, moi, inconsciemment, j’ai merdé une fois de plus. En vérité, j’tenais une peluche. Vieille peluche que je préservais auprès de moi. Unique objet que j’gardais avec moi depuis la séparation avec ma mère. Unique objet relié à mon enfance. Unique objet qui ne provient pas de cette maison merdique, habitée par des cons. Alors quand j’l’ai vu commencer à perdre quelques poils, c’un moment d’incompréhension qui m’a traversé l’esprit. Au point d’la lâcher, par crainte ou que sais-je encore.

J’espère que t’laisser dire c’que tu penses encore permettra de te cacher ce qui est arrivé à cette peluche. Du moins, ce qui arrive, là. Encore actuellement, quand t’es devant moi. Ouais. C’est usant et ça schlingue le cramé, soudainement. À cause de cette peluche en train de cramer sans que je comprenne pourquoi c’est le cas. J’suis intriguée sans oser le dire, sans y faire quoi que ce soit. À part la planquer sous le lit, j’n’ai rien fait.

« Odeur de cramé ? Comment ça ? » ignorant moi-même à quoi c'est dû, vaut mieux pas que tu constates que c'ma peluche qu'est en train d'cramer sous l'lit. Vaut mieux pas qu't'ais à t'poser d'questions autant que je m'en pose. Alors j'fais mine de ne rien sentir contrairement à toi. Histoire d'semer le doute, rien qu'un minimum.
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MessageSujet: Re: jo&sadie ♕ beautiful rebel   jo&sadie ♕ beautiful rebel EmptyVen 9 Aoû - 15:47

Joe était têtu mais pas totalement idiot ; il ne tirerait rien de sa sœur, lui conférer le privilège de ne pas se sentir en tort la conforterait dans son attitude et saperait tout tentative d'obtenir des efforts de sa part ; la diaboliser et la houspiller jusqu'à ce qu'elle décide de fermer son clapet ne ferait que la monter contre lui, si ce n'était pas déjà fait. Le silence de Sadie le blessait car il savait pertinemment que son indifférence était voulue. Elle s'était mise en position de repli et Joe avait beau agiter le drapeau blanc, sa sœur serait capable de supporter un siège de plusieurs semaines sans pour autant rendre les armes et accepter ses torts. Joseph était capable de composer, Sadie ne l'était pas. Il fallait qu'elle fonce sans faire de compromis, quitte à s'encastrer dans un mur. C'était fort probablement ce qui finirait par lui arriver, malheureusement. C'était affligeant, mais peut-être nécessaire. Histoire de lui remettre les idées en place. Il ne pourrait pas éternellement servir de filet de sécurité, d'autant plus que l'adolescente s'arrangeait toujours pour sauter dans le vide.

Néanmoins, la dispute passa très vite au second plan lorsque l'odeur âcre se fit plus épaisse dans sa gorge. Ils avaient assez de soucis comme ça pour devoir se retrouver à la rue à cause d'un incendie. Et puis, l'odeur de brûlé, c'était une horreur à faire disparaître, la suie collait aux murs, la fumée venait se loger dans les cheveux, dans les armoires, entre les draps, il suffisait d'ouvrir un placard laissé à l'abandon et la senteur de calciné refaisait son apparition. Un véritable cauchemar. Joseph écouta d'une oreille distraite le démenti de sa sœur en allant ouvrir la fenêtre. Dehors, la nuit était toute sèche et de l'autre côté de la haie, tout était silencieux et endormi. Pourtant, il n'était pas si tard que ça. Mais c'était une réflexion idiote, il n'avait pas à se mêler de la vie de ses voisins.

Si, si, ça sent, je t'assure, insista Joe en fronçant les sourcils.

Il n'allait tout de même pas retourner la chambre de sa sœur, si ?

Mais enfin, aide-moi à chercher. Tu ne veux pas que ta chambre se mette à brûler, si ? Ordonna Monroe fils en titruant la multiprise, histoire de vérifier que le souci ne venait pas de l'installation électrique.

Soudain, il se figea.

Oh, je sais. T'allais cloper et quand je suis rentré, t'as planqué la cigarette, c'est ça ?

Joe écarta les bras, l'air ébahi par l'idiotie du geste.

Je suis sûr que tu l'as mise sous ton lit, reprit Monroe en s'approchant, incertain de vraiment vouloir se glisser sous le lit de sa sœur pour valider sa théorie.

Pas sûr qu'il arrive à passer ses épaules, pour commencer.
Il ne voulait pas rester coincé, vu l'air agacé de Sadie, il était peu probable qu'elle l'aide à s'en sortir.
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MessageSujet: Re: jo&sadie ♕ beautiful rebel   jo&sadie ♕ beautiful rebel EmptySam 10 Aoû - 12:17

À en voir la tête que tu fais, ça ne t’amuse clairement pas. Pourtant, j’suis dans l’incompréhension aussi. Alors j’sais pas quoi répondre. J’ai opté pour le mensonge, disant que j’sentais rien pour éviter multiples questions, espérant qu’tu partirais d’la chambre et qu’j’pourrais éviter un incendie. Mais au final, ça envenime la situation plus qu’autre chose. J’ignore comment j’dois agir, là. Parce que j’sais que plus j’attendrais et pire ça sera. J’tiens pas à voir la majorité d’mes objets flambés.

« Tu ferais mieux d’partir. » que j’lance, incertaine. Après tout, s’il reste et qu’ça empire, il pourrait être blessé et ça, j’n’y compte pas. Même si j’suis pas en pleine adoration envers lui en c’moment. Même si ça m’ferait d’la tranquillité d’devoir m’retrouver sans lui et l’autre durant quelques heures.

« J’t’ai dit que tu ferais mieux de partir, Joe. » rien d’plus à dire. Rien à ajouter. Ouais, j’voudrais que tu m’écoutes pour une fois. J’aimerais que tu partes, histoire que j’stoppe tout ça.

« Alors là, tu t’trompes totalement. » Fumer ? C’clairement pas mon truc. Moi, j’préfère boire un coup, être auprès d’inconnus, croiser autant d’personnes non fréquentables que d’magnifiques personnes. Certainement pas tirer, seule, dans ma chambre telle une défoncée. J’en suis pas encore à c’niveau-là.

« J’te ressemble pas, Joe. J’suis pas du genre à prendre ce genre de conneries. » un pic. Un énième pic pour la soirée afin d’te donner envie d’quitter cet endroit. Si tu quittais cette pièce, ça m’arrangerait tellement. Pourtant tu vois juste en disant que c’est sous mon lit.

« Tu m’agaces. Ouais, c’est sous mon lit. Ouais, c’en train d’cramer. » que j’balance, irritée d’te voir insister, prenant ainsi d’quoi reprendre la peluche enflammée, la retirer du dessous de lit. « Tiens, voilà. T’es content ? » même si j’en suis absolument pas fière. « J’ai paniqué, ok ? » et le pire c’est que tu vas vite comprendre qu’il n’y avait rien pouvant la faire cramer. Qu’y a quelque chose d’anormal. J’espère simplement qu’tu m’poseras aucunes questions à c’sujet parc’qu’moi-même j’sais pas. J’comprends pas c’qui s’passe. Ça a fait exactement comme à mon lieu d’travail. C’bouquet d’fleurs qu’j’avais confectionné tout en étant énervée et qui a fini par prendre cher. Mais l'plus choquant n'est pas là. L'plus choquant c'est que j'parvienne à toucher la peluche défoncée sans une once de brûlure et, inconsciemment, j'réfléchis pas, j'm'en rends pas compte.
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