Max' - Some bruises, few scars

i. please introduce yourself.
J’ai des airs de dur, j’montre que j’aime pas quand on me marche sur les pieds, je repousse les gens à coups de phrases biens froides ou de vents bien placés mais, au fond, je suis une gamine qui a peur. Peur des autres, peur de pas satisfaire mes proches, peur de me prendre des coups. Un problème et je me sens fautive. Un conflit, j’suis la source. J’reste dans mon coin, je parle peu avec les autres, je cache tout ce que je ressens en moi et j’me montre inatteignable. Alors que j’ai envie que d’une chose : qu’on m’dise que j’y suis pour rien, que j’ai rien fait de mal et que tout ira bien. J’ai besoin d’affection, de protection et ça, personne le sait. Enfin, certains sont au courant mais je suis trop fière pour dire qu’ils ont raison. Mais prenez pas tout ça comme si j’étais qu’un chaton maltraité qu’on peut continuer d’écraser sous son poids. Si on m’énerve de trop, je peux devenir une furie. Parce que tout ce que je retiens, tout ce que je garde… Tout ça, ça explose d’un coup. Même si la personne a rien fait, si elle a juste dit un mot de travers, ça sort. Je suis une bombe à retardement qui écrase tout lorsque le compteur tombe à zéro. Après coup, j’m’en veux toujours car j’suis quelqu’un qui évite le conflit, qui est plus pour la paix que la guerre… Avec mes rares amis, j’me montre plus ouverte, plus franche, plus sarcastique - ah non, ça, j’le suis tout le temps -, moins apeurée, même si un rien peut faire ressortir la gamine victimisée en moi.

Ça, cette impression de persécution, c’est à cause de mon père. J’suis née hors-mariage, c’était déjà pas très bien vu. J’étais pas vue comme la fille de mon paternel, mais juste celui de ma mère. Ça s’est calmé lorsqu’ils se sont mariés. Mais pour moi, ça a toujours été un cauchemar. J’étais le punching-ball de mon père, sa victime, son défouloir. Un problème et il m’attrapait, me frappait, m’insultait. Pourquoi moi ? Aucune idée. Avant la naissance de ma p’tite soeur, j’étais carrément privée de dîner s’il avait décidé que mes paroles avaient heurté sa fierté de mâle dominant. Son job en tant que médecin a rien aidé. Il arrivait à faire passer ses coups pour des accidents et, si j’parlais, on m’croirait pas car il était respecté. Même lorsque j’ai dû être amputée, c’est passé comme un malencontreux accident. Complétement saoul, il m’avait poussé après que j’ai osé renvoyer un coup, pour plus être la victime de c’tyran, la chute aurait pu être fatale mais non. J’avais survécu avec une jambe tournée dans un sens non-naturel. Normalement, c’était le genre de blessure qu’on pouvait remettre et soigner… Mais, j’m’étais à peine rendue compte de ça, qu’il s’était remis à me frapper, arrangeant en rien cette blessure. Résultat, quand on est enfin allé à l’hosto, il a fallu m’amputer parce qu’on saurait rien récupérer. Depuis, j’vis avec une prothèse, qui est attachée après le genou. Sinon, ma mère, bah elle dit rien car elle est soumise à cet homme et ma soeur, bah, comment une gamine cinq ans plus jeune que moi pourrait avoir son mot à dire ? Elle a trop peur.

ii. mean streets of silver grove.
Quinze années de vie dans cet endroit. Ma mère avait été mutée et mon père avait pu prendre un job à l’hôpital. Cette ville, j’l’apprécie mais j’aimerai en partir, m’éloigner d’mes parents et des sales souvenirs qui y sont rattachés. J’y ai fait de mauvaises rencontres, de bonnes. Y’a des gens que j’ai dû croiser au moins cent fois durant ma vie. J’y suis intégrée comme je peux. Certains sont mes amis, des plus rares sont au courant des raisons pour les bleus - mais ils s’comptent sur les doigts d’une main - que je supplie d’rien dire - car ça servirait à rien, de toute façon -. D’autres, je les blaire pas et, malgré mon caractère des plus peureux et soumis, j’leur fais bien comprendre qu’il faut pas trop me marcher sur les pieds qu’à force, j’vais montrer les crocs. Donc on peut dire j’suis plus ou moins bien intégrée et qu’j’ai pourtant très envie d’partir.

iii. we're all mad here.
J’ai été amputée, la raison officielle est : une sale chute, qui aurait dû m’coûter la vie. La jambe avait tout pris et l’avait mise dans cet état. La vraie, c’est que je suis juste tombée d’un étage à cause de mon taré de père et qu’il s’est acharné sur moi. A l’hôpital, ils l’ont bien dit que rien arrangerait ma jambe droite, mais qu’ils pouvaient essayer. Mes parents ont même pas réfléchi, ils ont choisi la solution de l’amputation. Depuis, bah, je me balade avec une prothèse, qui débute après le genou. Ça fait mal, j’ai la chance de subir le syndrome du membre fantôme mais bon... Logiquement, à part le fait que je boite car j’m’habitue toujours pas à la nouvelle prothèse - on a dû en racheter une car j’avais trop grandi, autant vous dire que mes parents avaient bien râlés, surtout mon père -, on sait pas qu’elle est là car je cache toujours avec des longs pantalons, même en été.

iv. something strange in the woods.
Depuis gamine, j’suis habituée à souffrir, à retenir les pleurs sous la douleur… Au moins, elle était réelle, elle était produite par de vrais coups. Depuis mon amputation, j’ai cette douleur presque constante. Le fameux Syndrome du membre fantôme. Certains, ça gratte, perso’, ça me fait un mal de chien. Puis, maintenant, je peux contrôler cette douleur et la faire disparaître, comme ça, d’un coup. Enfin, après, elle revient. Je pensais que c’était en lien avec le Syndrome, que ça venait puis ça repartait, mais, au bout d’un moment, juste en me disant que j’en avais marre d’avoir mal, la douleur disparaissait. C’est même arrivé l’autre fois, alors qu’j’m’étais coupé la main - pour une fois que j’me blessais tout seule -. Ça saignait mais j’avais pas mal. Mais ça durait jamais longtemps, après j'avais de nouveau mal…