memento mori.

☽ vanités

i. please introduce yourself.
Présentez ici votre personnage, son caractère, quelques éléments biographiques, bref, tout ce qui est nécessaire à notre connaissance de son background. (environ 150 mots minimum)

ii. mean streets of silver grove.
sic semper tyrannis. Eli a créé son propre microcosme. Du lycée, son épicentre bouillonnant, en cercles concentriques jusqu'à la ligne d'horizon. Plus qu'un monarque, prom king s'est fait soleil. Aussi implacable que la gravité, son monde est pris dans son champ magnétique et danse en orbite autour de lui. Son climat, il l'a toujours préféré électrique. Son darwinisme, despotique. Et comme la lumière, il s'est rendu indispensable. Suffisamment pour être à peu près certain de voir l'univers crever s'il venait à disparaître. Well, survival of the motherfucking fittest, bitches. Eli est né pour régner - indiscutable. Il a écopé du trône plus tôt que prévu, certes. La couronne lui sied parfaitement au teint. Naturellement. Rien de tout ça n'efface cependant le caractère atrocement organique de la transition de pouvoir et l'insipidité incomparable de la victoire par forfait. Daddy s'est fait la malle, et donc ses miettes lui reviennent de droit. Tragique. Eli, il voulait la légende. Le sang et les boyaux. Entendre l'orchestre tonner. La glorieuse réplique finale. Se serait contenté de juste ça, avoir le dernier mot, mais il ne lui a même pas laissé cette satisfaction. "You're the man of the house now." Adieu spartiate balancé froidement au dessus de la table du petit-déjeuner, à peine assez pour qu'Eli daigne lever le nez de ses notes d'anglais. La manœuvre se prouva inutile en fin de compte, ce sera précisément le temps qu'il aura fallu au paternel pour abandonner Silver Grove - femme, enfants, business florissant, white picket fence et foutu golden retriever - dans son rétroviseur. Les mauvais jours, la scène tourne en boucle derrière ses paupières. Il se prend le mépris polaire et le crissement de pneus dans l'allée mille fois à la suite et, pire, reste mille fois muet face à la porte qui claque comme une gifle. Ironie, ils étudiaient Hamlet à l'époque. The rest is silence. Deux ans qu'il s'est cassé, et deux ans qu'Eli assoit apathiquement sa suprématie sur la bourgade. Silver Grove le vénère pour l'ode au triomphe qui sonne sous chacun de ses pas. Dans une autre vie, il aurait pu s'en contenter. A la place, il fantasme sur sa destruction en retour.

iii. we're all mad here.
l'appel du vide. Le « trouble bipolaire » est un trouble de l’humeur qui se définit par une variation anormale de l’humeur : alternance de périodes d’excitation et de dépression. Le terme « bipolaire » évoque ainsi ces deux pôles, entre lesquels l’humeur oscille. La sentence est tombée l'année dernière après une série de diagnostiques faussés -- long périple psycho-analytique où les séances de lambinage aboulique sur les canapés de divers praticiens se sont déclinées à l'infini lymphatique depuis la prépuberté, le tout évidemment maintenu très hush hush, diligence étant le maître mot, parce que imaginez les implications. Le problème, c'est que, chez Eli, les deux extrémités du spectre paraissent dangereusement similaires. Qu'il soit maniaque ou dépressif, les indices symptomatiques restent les mêmes et révèlent du même mal-être latent. Agitation, irascibilité, anxiété, instabilité, éparpillement. Psychose légère, caractérisée par une affinité toute particulière pour l'altitude au sens large. La traversée jusque Portland s'effectue deux matinées par mois. Officiellement, il suit un cours à l'université d'Etat. En vérité, il rencontre sa thérapeute de haute voltige. Puisqu'elle encourage la dichotomie, Eli a choisi de parler de sa manie comme "avoir le regard constamment fixé sur le ciel" et de sa dépression comme "avoir le regard constamment fixé sur le sol". On suppose des idées suicidaires, mais ça serait sous-estimer la virulence de son orgueil; suffisamment self-aware pour être conscient de sa pléthore de défauts fatals, il refuse cependant de voir sa fierté comme une faille. Juste assez ambitieux pour aspirer à conquérir sa mortalité, cette appétence cataclysmique s'illustre dans le besoin complètement insensé, en directe confrontation avec son naturel cartésien, de voler. Et à défaut de pouvoir, de continuellement chercher à s'en rapprocher. C'est une véritable obsession. Qu'il brûle le pavé sous ses semelles, coureur star de l'équipe de baseball, jusqu'à étreindre l'idée de voir des ailes émerger de ses omoplates ou qu'il se place toujours stratégiquement au-dessus, prises de vue aériennes sur le royaume, Eli, c'est précisément la terre qui le limite et le soustrait à une destinée qu'il conçoit céleste.


[justify]☽ cabinet de curiosités
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