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 Seven devils (Prue)

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☾ L'Harmonie ☽
Patricia Lane
Patricia Lane
☽ ☽ ☽
Télégrammes : 29
Pièces : 282
Alias : Chloé
Portrait : Naomi Campbell / trelawney
Masques : Joseph
Disponibilité : Respectable

Métier : Prof d'anglais
En quelques mots : Pédagogue, excentrique, vit à 100 à l'heure, fouine partout
Curiosité : Insomnie idiopathique
Aptitude : Voleuse de cauchemars


Seven devils (Prue) Empty
MessageSujet: Seven devils (Prue)   Seven devils (Prue) EmptyMer 17 Juil - 18:30

(19h30)

Y’a quelque chose d’étrange avec les pêches, Pat.
Les pêches ?
Oui.
Tu peux être plus précis ?
Non.
Oh. Je n’ai pas remarqué.
Elles sont plus roses que d’habitude.
Le petit museau de Tessa s’était habilement glissé dans la conversation.
C’est un problème ?
Je ne sais pas.
Hum.

Étrange , peut-être. Les connaissances de Patricia en fruits et légumes étaient spartiates. C’était Will, le maraîcher de la famille, après tout. Quant à elle, le sujet lui paraissait des moins passionnants… Les seules surprises potentielles que l’on pouvait avoir, avec ces récoltes, c’était soit le surplus, soit le gel, soit le manque de rendement… Rien de bien exaltant pour une femme de lettres comme elle… C’était un peu trop pragmatique pour cette grande rêveuse. Néanmoins, son frère paraissait perturbé, lui qui était d’ordinaire si impassible. Tout ça pour des pêches…

Le voisin utilise des pesticides… grogna Will, en jetant un regard revanchard par la fenêtre.  
Tu crois que ça se serait répandu jusqu’à chez nous ? Il disait qu’il n’y avait pas de risque...
Un peu comme le nuage de Tchernobyl qui s’est arrêté au mur de Berlin, ricana Will.

Son frère avait toujours débordé de cynisme, ce qui était, sans mauvais jeu de mot, tout de même amusant vu sa propension à voir le verre à moitié vide.

Elles sont mangeables ?
Mangeables ? s’offusqua son cadet. Elles sont délicieuses, tu veux dire !
Tu vois. Pesticides ou pas...

Les pesticides ne déteignent pas sur les cauchemars.
C’est une bonne chose.
Déjà qu’éveillée, Patty n’est pas la plus féroce des écologistes…
La nuit, elle a autre chose à faire.

(2h19)

C’est un brouillard.
Elle marche.
Cerveau que l’on a bidouillé sur le mode automatique, la nuit, Patricia n’est même pas l’ombre d’elle-même. On ne la reconnaîtrait presque pas. Pourtant, on la connait bien, Patricia. Lorsqu’elle traverse la rue, ne serait-ce que pour aller acheter du pain, on la remarque, on la jauge, on l’observe. Elle provoque une mixture de sentiments que l’on arrive pas à identifier : le genre de bouillie amère que l’on a bien du mal à avaler. Patty est du genre à rester en travers de la gorge, c’est bien pour cela qu’il est ardu de l’ignorer. Même de nuit, elle ne fait rien comme tout le monde. Elle n’a même pas la décence de se glisser dans un pyjama immonde aux côtés d’un époux bedonnant ! Non, Patricia, elle, résiste aux affres de la cinquantaine sans même dormir. Elle randonne sous la lune avec ses échasses, apostrophe les putes et leur souhaite bien du courage, s’émerveille parfois des sérénades oniriques d’une sirène anonyme et colle son nez aux fenêtres pour aspirer les tourments des nouveaux-nés.

Les nourrissons l’attirent tout particulièrement. Peut-être que ce sont ses regrets qui parlent. C’est sans doute le genre de truc que l’on psychanalyse à outrance, mais Patricia n’en a cure. C’est elle qui s’adonne à analyser les autres, pas le contraire. Manquerait plus que ça, tiens ! Qu’on s’amuse à lire son silence, à décortiquer ses mots, à extraire les non-dits de son langage corporel. Ce serait d’une ironie féroce.

De l’autre côté de la fenêtre, l’enfant gémit. Il fait un rêve terrifiant. Papa, Maman, voiture, boum. C’est horrible. Patricia n’a qu’une envie : éloigner cette peine qui tourmente son sommeil. A pas de louve, elle s’approche, colle son front contre la vitre, sent l’énergie autour d’elle qui se contorsionne, se transforme, s’agite…

Crac !

L’agonie perçante d’une branche la ramène à la réalité. Plus ou moins. Hébétée, elle cligne des yeux et recule de quelques pas, totalement perdue. Où est-elle ? Que fait-elle ? Et surtout, qui l’a vue faire ? Elle se retourne; à présent, c’est elle la chasseuse. Ne souhaitant pas attirer la police à ses trousses - ça ferait jaser- elle interpelle, d’une voix-blizzard :

Qui est là ? Montrez-vous ! Je vous préviens, je suis armée ! ment-elle à voix-basse, faisant mine de glisser sa main décharnée dans les poches de son pardessus estival.

Pour quiconque la connaissant, le trémolo de sa voix paraîtrait étrange, comme celui d’une somnambule qui peine à se situer entre le rêve et la réalité.
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