rêves de prudence ☽

Spoiler:

☾ premier cauchemar ☽

debout dans une pièce vide, prue reconnaissait l'endroit où elle se trouvait. c'était le salon d'une de ses amies de primaire, anna. mais elle était dénuée de meubles. le canapé avait disparu, ainsi que le tapis, la table basse... la pièce n'était éclairée que des rayons chaleureux du soleil qui illuminaient le sombre parquet, luisant à la lumière. c'est alors que prue la vit rentrer : son amie, anna. beaucoup plus âgée. visiblement devenue adulte, on pouvait la reconnaître grâce à son visage angélique. prue comprit qu'elle entreprenait une vision de son avenir à silver grove, le passage à l'âge adulte qu'elle redoutait tant. les deux amies s'étaient mise à parler du bon temps, tout en restant debout et face à face. c'est alors qu'anna se tourna vers la porte d'entrée ; une petite fille arriva, arborant une longue robe blanche. ❝ voici ma fille. dis bonjour, chérie. ❞ prue ne put s'empêcher d'exprimer sa joie. elle se rappela alors d'une chose : son fils se trouvait là, à elle aussi. depuis le début. comment prue n'avait-t'elle pas pu le remarquer ? elle voulait le montrer à anna, mais cette dernière ne lui adressa qu'un regard vide. ❝ non, prue. tu n'as pas d'enfant. ❞ sur ces mots, elle tourna la tête. anna avait raison. tout ce qui se tenait aux côtés de prue, ce n'était qu'un enfant. sans visage. une boule de chair, dénuée d'expressions ou même de pilosité. cette chose ne pouvait être l'enfant de qui que ce soit. la lumière de la pièce s'éteignit. la nuit était tombée. prue remarqua alors l'horrible réalité : c'était elle, la lycéenne de silver grove, qui se tenait devant son amie et jeune maman. anna ne cessait de l'observer tout en reculant à petits pas, aux côtés de sa fille. prue voulait hurler, mais l'être qu'elle croyait être son fils l'attrapa par le bras, et l'emmena de force vers la sortie. en dehors de la maison, le long chemin de fleurs avait été remplacé par la noirceur de la nuit, et l'on pouvait à peine observer devant soit. prue fut prise de panique. elle voulait se réveiller. où que l'être sans-visage l'emmenait, elle ne souhaitait pas le savoir.

jamais.

☾ deuxième cauchemar ☽

la première chose qui frappa prue, c'était le froid. provoqué par une brise légère mais glaciale, la lycéenne se tenait debout dans un terrain de bois et de verdure. autour d'elle, elle parvenait à apercevoir des silhouettes de troncs d'arbres. de pin, plus précisément. séparés entre eux de façon inégales, longs et fins, ils apportaient à prue un sentiment d'insécurité. l'obscurité n'arrangeait en rien cette sensation. la jeune fille avança prudemment, ignorant l'endroit où elle se trouvait ni où elle devait se rendre. un silence de mort pesait sur elle, et l'on entendait juste le bruit de ses pas sur les feuilles mortes et les bois secs. jusqu'à ce qu'un bruit plus lointain se fit entendre. prue s'arrêta, et se retourna, et observa aussi loin que l'obscurité le lui permettait : une silhouette se découpait parmi les pins, une silhouette grande et difforme. l'ombre commença à bouger vers elle, permettant à la jeune lycéenne de mieux percevoir ce qui lui faisait face : d'apparence humanoïde, des membres longs et parvenus de doigts crochus... un grognement agressif fit comprendre la nature de ce monstre à prue, qui était figée sur place. les yeux jaunes et perçant semblaient agir sur l'état physique de la lycéenne, tétanisée par la peur. elle comprit soudain dans une grande terreur qu'elle n'était que la proie d'un prédateur dont l'existence dépasse son imagination, et que cette escapade nocturne dans les bois n'était qu'un grand terrain de chasse orchestré par un monstre. prue voulait tourner les talons et courir à toute vitesse en hurlant, mais c'était trop tard : le monstre, bien qu'à encore une bonne distance d'elle, jaillit vers l'avant dans un effroyable et terrifiant cri. prue ferma les yeux. malgré tout, alors que tout espoir l'avait abandonnée, elle ne pouvait se résoudre à sentir le chuchotement de la mort contre elle. tout ce qu'elle pouvait sentir, ce n'était qu'un bourdonnement sourd et une grande confusion. alors, elle rouvrit les yeux : elle était à nouveau dans la sombre forêt, mais cette fois, seule. une désagréable odeur de fer parvint à ses narines, mais elle était toujours debout. le silence était revenu.