RAPPEL
nous sommes en 1992, les prénoms trop originaux pour l'époque devront ainsi être modifiés.
Le Deal du moment :
Cartes Pokémon EV6.5 : où trouver le ...
Voir le deal

Partagez
 

 frites don't lie (Nojoe)

Aller en bas 
AuteurMessage

☾ La Licorne ☽
Nora Jane Jones
Nora Jane Jones
☾ La Licorne ☽
☽ ☽ ☽
Télégrammes : 62
Pièces : 265
Alias : fried tofu.
Portrait : Kiko Mizuhara (dandelion).
Masques : Lucky Boy.
Disponibilité : Ralentissement (jusqu'à fin août).

Métier : Employée multi-fonctions au Wilderness Inn, paroissienne exemplaire et bénévole aux différents comités de la ville.
En quelques mots : Pieuse & propre sur elle, presque fiancée modelée par les désirs de ses parents -ce que l'histoire ne dit pas, c'est que derrière ses sourires pudiques se tient une révolte secrète.
Curiosité : (syncopes à répétition)
Aptitude : (détecteur de mensonges)


frites don't lie (Nojoe) Empty
MessageSujet: frites don't lie (Nojoe)   frites don't lie (Nojoe) EmptyVen 28 Juin - 16:48



« Ben alors, elles sont pas bonnes mes frites ? » « Elles ont l'air grasses. » « C'est des frites ma foi, faut bien un peu d'huile ! » Du coin de l'oeil, Nora Jane observe les bâtons de graisse que Roger appelle « frites ». Il s'esclaffe devant son air perplexe, s'essuie les mains sur son tablier et reprend sa barquette. « J'sais où est le problème, c'est pas du ketchup qu'il te faut Jones, c'est ma nouvelle sauce. Il lui rend les frites, désormais noyées dans une mare épaisse jaune laiteux, piquetée de points noirs. Camembert-curcuma-réglisse. Goûte-moi ça, tu m'en diras des nouvelles. » Roger s'accoude sur le comptoir de la baraque en braquant sur elle son regard clair. NJ se dit qu'elle aurait dû insister pour qu'il n'accompagne pas son Coca de sa « spécialité maison » -mais le temps qu'elle l'envisage, le patron déposait sous son nez une barquette fraîchement tiré du bac d'huile. Quand Roger parle parfois, c'est comme si le temps s'étiolait, engloutissant conscience, raison, coupant net les fils soigneusement tissés entre les neurones de Jane. Et là, devant la lueur enthousiaste qui brille dans ses yeux -est-ce qu'il vient tout juste d'inventer cette sauce ?- elle capitule et prend la frite la moins touchée par le raz-de-marée de camembert fondu. « Alors ? » « C'est... Pas mauvais », répond-elle en fronçant légèrement les sourcils, désarçonnée devant ce goût inédit qui ricoche sans réussir à se fixer entre les différents capteurs de son palais. « Tu vois, j'te l'avais dit. Avant de dire qu'on aime pas, il faut goûter. C'est valable pour tout dans la vie, la bouffe, les boulots, les horizons,  les gens -t o u t. Même la religion, faudrait être con pour se vouer qu'à un seul Saint, hein Jones ? Le reste, c'est pareil, crois-en mon expérience. J'ai testé cinquante-quatre sortes de frites avant de trouver les bonnes  -les bonnes ouais, « le mieux » ça existe pas vraiment, chaque frite a sa saveur bien à elle. Elle se révèle différemment selon la cuisson, l'huile, la météo, même l'heure de la nuit et l'humeur de celui qui la mange. Tu vois, chaque frite est unique. » Roger brandit sous son nez une frite-témoin ; NJ papillonne en comprenant qu'elle provient de sa barquette, et qu'elle en a également profité pour se resservir.

Encore une fois, la magie de Roger opère, dérobant jusqu'à la dernière miette de son attention. « Vous avez déjà pensé à braquer une banque ? » est la première question qui franchit ses lèvres. Alistair a un nouveau rire, enfournant la frite unique dans sa gueule de prestidigitateur. « Ouais, pas que. Il s'en passe des trucs dans ma cervelle -c'est ce qu'on appelle le génie, à c'qui paraît. » « Hm, vous auriez pas une cigarette ? » « Hmm, faudrait voir derrière. » Roger lui indique « derrière » d'un signe de menton. En tournant la tête, NJ découvre le seul autre client de ce début de nuit tranquille : Joseph Monroe, un des quatre mousquetaires usant les sièges de la voiture de son frère. Ou de la voiture des Young -ou des Miller ? NJ s'y perd. « Vous êtes pas copains tous les deux ? » « C'est plutôt le copain de mon frère. » « Ouais. MONROE ! Viens causer avec nous deux secondes ! » « Mais vous avez entendu ce que j'ai d... » « La frite Jones, oublie pas la frite. » Estomaquée par cet enchaînement imprévu, NJ sent le rouge lui monter aux joues. C'est que, harponné par les sortilèges irrésistibles de Roger, le maître-nageur a répondu à l'invective. De Joseph, NJ connaît plus de choses qu'elle ne devrait l'avouer ; c'est d'autant plus inquiétant que sa langue se délie avec une facilité désagréable sous les coups de pouce chaleureux du maître des frites. Jane, de nature secrète, aurait dû prendre la tangente avant qu'il soit trop tard. « Joe, salut. » Trop tard, ça l'est ; son cœur s'emballe brusquement, et elle esquisse un sourire à son attention. Être polie et ne pas faire une syncope dans ses frites sont les deux premières missions de taille qu'elle s'arroge. « T'as une cigarette ? »
Revenir en haut Aller en bas
https://subrosa.forumactif.com/t392-truth-or-dare-nj

☾ Le Bâtard ☽
Joseph Monroe
Joseph Monroe
☽ ☽ ☽
Télégrammes : 207
Pièces : 2976
Alias : Chloé
Portrait : Finn Cole - avatar : HOODWINK
Masques : Patricia
Disponibilité : Bof

Métier : Maître-nageur
En quelques mots : Solitaire, apanage de mauvais garçon, terriblement anxieux, bagarreur, faux méchant
Curiosité : Facilités exacerbées avec les chiffres, passion pour les maths en général
Aptitude : Instinct animal (dormant)


frites don't lie (Nojoe) Empty
MessageSujet: Re: frites don't lie (Nojoe)   frites don't lie (Nojoe) EmptyMer 3 Juil - 14:04

Monroe avait besoin de prendre l’air. Y’avait comme une pieuvre dans sa boîte crânienne, une peste tentaculaire qui se plaisait à balancer ses neurones contre les parois du coquillage. Il avait tenté de tromper l’anxiété en récurant deux heures durant, dans un ordre bien défini, puis en prenant une longue douche, mais rien n’y faisait : sa maison-prison lui semblait au bord de l’implosion, car la cuisine ne brillait pas assez, les draps de son lit étaient parcourus de plis qui lui paraissaient être des gouffres affamés et l’air était épais, toxique, malsain. Ça pesait sur sa trachée; pourtant, Joseph avait aéré, espérant bêtement que les effluves des bosquets fleuris de la voisine viennent timidement ravir ses nasaux. Monroe aimait l'exhalaison des fleurs, à l’exception du muguet. Trop entêtant. De manière générale, Joseph aimait toutes les odeurs que Mère Nature offrait à ses gosses ingrats. En revanche, il se méfiait comme la peste des senteurs artificielles : pour lui, les fioritures avaient uniquement vocation à dissimuler de la pourriture.

Joseph ne savait pas ce qu’il sentait; prudemment, il renifla sa peau, tout en étant parfaitement conscient que c’était une entreprise risquée : allait-il se fabriquer un nouveau complexe ? Oh. Non. Enfin. Il ne sentait rien de particulier. Quand il travaillait à Portland, il trimbalait sans cesse l’odeur de l’océan avec lui, comme une compagne fidèle. Sa présence annonçait les tempêtes, quand il suait, c’était des embruns, s’il pleurait, c’était des perles salées qui s’étaient égarées loin du ressac. Ces temps-ci, Joseph était à la dérive : jusqu’alors, son regard était encore fixé sur un phare lointain, mais depuis peu, une purée de pois s’était abattue sur son horizon; la batterie résonnait trop fort, à la boxe, il frappait dans le vide et peu importe l’identité de la personne qui imprimait son magazine de sudokus bi-mensuel, il trouvait franchement que celle-ci faisait un travail de goret en ce qui concernait la régularité des cases.

Mais pour une fois, ses inquiétudes étaient légitimes. Brie lui aurait probablement assuré qu’il se faisait du mouron pour rien, mais il semblait que le seul garçon de la fratrie Monroe s’était approprié tous les points “chiantitude” lors de la tombola génétique. C’était bien le souci : Joseph était un anxieux maladif dans un monde qui regorgeait de créatures nonchalantes. Mais les autres n’étaient pas le fond du problème. Depuis quatre heures maintenant, Monroe attendait avec impatience l’ouverture du snack de Roger le taré. Pas pour s’y goinfrer; il n’était pas assez défoncé pour ingérer sciemment quelque chose qui avait traîné entre les mains huileuses de l'alchimiste au rabais. Non. Joseph s’était rendu compte que l’autre jour, il avait oublié de payer le Génie de la Frite. Depuis, c’était la panique. Tout d’abord, il s’était demandé s’il commençait à perdre la boule. “Hé, ma tête, reviens !” s’époumonait t-il, alors qu’une figure aux traits grossiers s’effondrait du haut de son cou de taureau. Puis il avait réalisé que Roger risquait de le prendre pour un voleur, voire pire : de le bannir. Comment allait-il survivre sans les sauces pimentées donc le vieux fou avait le secret ? De plus, quel genre de fiel allait encore ternir l’éclat de ses yeux honnêtes ? On allait raconter qu’il n’avait pas de quoi à se payer un hamburger ?

Joseph Monroe avait accepté l’étiquette de gangster de pacotille, mais il était hors de question qu’il arbore celle de voleur. Il restait tout de même de la dignité au sein du tourbillon Monroe. Une chose en entraînant une autre, le bruit de la porte qui claque alla couvrir celui de la Lune qui beugle à Icare que la file d’attente pour toucher l’soleil est de l’autre côté du globe. Mais avant Roger, il doit survivre à la barrière des bavardages de convenance.

« Hé... Salut NJ. » Joseph ne comprenait pas le principe des prénoms côte à côte, surtout qu’avec huit lettres, les parents de Wes auraient pu en choisir un qui demandait moins d’efforts à prononcer; entre Nora et Jane surgissait une injonction au souffle coupé et au regret. On regrettait d’avoir commencé par Nora, mais Jane arrivait en second alors pourquoi dire Jane en premier ? NJ représentait la facilité et faisait également miroiter une proximité que Joe n’avait jamais entretenue avec l’aînée des Jones. « Je fume plus. Brie m’a forcé à arrêter. » L’idée de partager un cancer avec Jones lui rappelle des souvenirs.


(...) Joe ne sait pas pourquoi mais depuis quelques temps, NJ portait des jupes de plus en plus courtes. Adossée au mur de l’Eglise, elle relâche des volutes de fumée en fixant le ciel d’un air morne. (...) « Si tu dis à Wes que j’fumes, j’lui dis que t’es gay, Monroe. » « Gay ? Jsuis pas gay, moi. » « Ah ouais ? C’est pas ce que les gens disent. » « Jte jure. Jamais de ma vie. » Monroe ment comme un arracheur de dents. « T’as déjà embrassé une fille ? » « ... Oui ? » « T’es un gros menteur, Monroe. Tiens. » « Merci. » « Tu te rends compte que t’as treize ans ? » « Et ? » « Mouais, rien. Dis rien à Brie.» « Je t’épargnerai la mort à coup de paillettes. » Jones se marre. Ses mots menacent de tout renverser derrière les yeux rieurs de Monroe. (...)

« Ça t’arrive de t’acheter tes propres clopes ? » Tout le monde semble échapper à la malédiction de la banalité dans leur bled presque incestueux tant il était reclus, mais peut-être que la bizarrerie de NJ, c’était tout simplement son aptitude à dénicher sans effort un crétin pour lui donner des cigarettes. Soudain, il songea à la confession inopinée de Grayson. Oeil pour oeil... « J’ai croisé Dorian l’autre jour. » Monroe battit des cils. « Il n’avait pas l’air dans son assiette. » Ce n’était pas vraiment un mensonge... il avait surtout l’air d’avoir une bonne vieille colique.

Une fois sa vacherie lâchée dans l’air, Monroe se glisse jusqu’au comptoir et y pose quelques pièces qui représentent sa dette. « C’est quoi, ça ? » « Le prix d’un hamburger et d’un cornet de frites, enfin. » Joseph prenait bien soin de ne pas laisser trainer ses doigts sur le comptoir graisseux. « Tu me dois rien. » «Si, » insista Monroe. « J’suis venu l’autre jour et j’ai oublié... » « Moi j’ai vu un gars avec les yeux rouges. T’as les yeux rouges toi ? » « Mais... » Roger sortit de nulle part une lampe torche qu’il braqua sur le visage de Joe. « Nan, t’as les yeux bleus. Dis-moi, t’es né avec la mer dans ton regard ou c’est venu sur le tard ? Ma mère disait que les hommes avec les yeux clairs sont des menteurs. Tu mens parfois, Monroe ? » « Aïeee... Bah, ça m’arrive mais... bordel, ta lampe ! » « Désolé, c’était pour voir si t’avais des tics au moment de répondre. Visiblement t’as des faux yeux bleus. » Les élucubrations de Roger sont bien trop métaphysiques pour lui. Il glissa une oeillade vers NJ qui suintait l’appel à l’aide. « Bon. Passons aux choses sérieuses. Tu veux manger quelque chose ? » « Non.» « Hein ? Pourquoi ? T’as déjà 23 ans Monroe, y’a pas d’hamburger dans les limbes, sois en sûr. » « J’fais un régime. » avoua Monroe du bout des lèvres. Régime montagne russe, oui. « Hein ? Mais pourquoi ? Tu sais, les mecs ne font pas parti de mon champ d’expertise, mais si tu veux mon avis personnel... » « Non, ça ira Roger, merci. » Appelez les pompiers, les néons avaient carbonisé les pommettes de Jojo Monroe. « Attends, y’a une experte derrière. HE JONES ! Tes hommes, tu les kiffes comment ? » Roger avait l’air ravi d’avoir employé le terme « kiffer » devant ces deux jeunes pimpants.

Revenir en haut Aller en bas
https://subrosa.forumactif.com/t333-there-s-something-on-yo-face-it-was-pain https://subrosa.forumactif.com/

☾ La Licorne ☽
Nora Jane Jones
Nora Jane Jones
☾ La Licorne ☽
☽ ☽ ☽
Télégrammes : 62
Pièces : 265
Alias : fried tofu.
Portrait : Kiko Mizuhara (dandelion).
Masques : Lucky Boy.
Disponibilité : Ralentissement (jusqu'à fin août).

Métier : Employée multi-fonctions au Wilderness Inn, paroissienne exemplaire et bénévole aux différents comités de la ville.
En quelques mots : Pieuse & propre sur elle, presque fiancée modelée par les désirs de ses parents -ce que l'histoire ne dit pas, c'est que derrière ses sourires pudiques se tient une révolte secrète.
Curiosité : (syncopes à répétition)
Aptitude : (détecteur de mensonges)


frites don't lie (Nojoe) Empty
MessageSujet: Re: frites don't lie (Nojoe)   frites don't lie (Nojoe) EmptySam 6 Juil - 22:57


Les écailles de Nora Jane sont parcourues d'un frisson orageux. Le message est clair : avis de tempête. L'intention première de Joseph, derrière les banalités et le code dont elle n'a, pas encore, trouvé la clé, lui éclate contre le front avec une violence confuse. Qu'est-ce qu'il cherche à lui faire comprendre, exactement ? Une sensation familière, collante comme une seconde peau faite de chuchotements et de ricanements stupides, fait frémir ses méninges, ré-enclenchant les vieux mécanismes de défense aiguisés durant ses années à Silver High, paroxysme des prises de becs et de médisances. Nora Jane n'a pas survécu aux échanges venimeux avec la capitaine des pom-pom girls, renvoyé la balle aux idiots et idiotes cherchant à la définir sans son accord, montré son soutien-gorge à Dorian sous les gradins pour s'arroger définitivement son intérêt d'homme, pas étouffé sous les relations toxiques et les propos à double-tranchant pour se laisser troubler par une minauderie cryptique de Joseph Monroe. « Ah, bon », fait-elle en prenant une serviette sur le comptoir, y frottant le pouce et l'index rendus graisseux par l'huile des frites -et de cette sauce dont sa langue lui dit encore des merveilles. Et c'est tout ; car l'indifférence lui a permis d'effectuer de merveilleuses acrobaties diplomatiques durant les pires accrochages, et Nora Jane n'a, surtout, aucune animosité envers le maître-nageur -au contraire, à côté de sa bouille de cocker penaud brille celle de Wes, de Mal, de ces petits bouts d'adulescents qu'elle toise de ses quelques années d'avance. « Et puis t'es gonflé, je t'en ai filé plus d'une, Joe. » Une moue légèrement contrariée fait le siège sur ses traits. Rien ne sert de se chicaner, le résultat reste foncièrement le même : elle ne pourra pas fumer avant son retour et aucune des cinquante-quatre variétés de Roger ne saurait y faire.

Du coin de l'oeil, elle suit l'échange allumé entre le roi des frites et la vipère en herbe, occupée, de l'autre, à se débarrasser des taches d'huile apparemment indélébiles sur ses phalanges. Si le doute n'était pas déjà installé, Nora Jane suspecterait la qualité des ingrédients qu'emploie le gérant, et alors qu'elle s'interroge sur le degré de friture de deux paires d'yeux bleus plongés dans la cuve, un mot, le Graal d'entre les Graals, échoue à ses oreilles de pratiquante invétérée. Un régime ? Aussi sec, NJ interrompt son geste et écoute ; elle a à peine le temps de prendre l'ampleur absurde de la révélation que Roger, apparemment heureux d'avoir à sa portée des interlocuteurs interchangeables, la hèle avec sa verve habituelle.

Est-ce qu'il ne serait pas temps de rendre gentiment à Monroe la monnaie des quelques centimes qu'il a égaré par mégarde dans les plates-bandes bien entretenues de Jones ? « Grands, beaux, avec un peu de muscle, de l'humour, généreux, un minimum de manières... » Elle énumère les qualités idéales comme on fait une liste de courses, les stéréotypes déballés sans qu'elle s'y attarde, soustraite aux paroles étrangement encourageantes de Roger. Elle repose la serviette froissée sur la table, relève les yeux, rencontre le regard de Joseph -ses iris rouges et bleus. « Les yeux bleus. » Elle dégringole. « Pas gras. » Et de darder son regard sur les bourrelets inexistants, dont elle ne distingue ni l'absence ni la couleur, sous son T-shirt blanc. « Un peu comme toi si tu prenais la peine de changer les miroirs déformants de ta baraque, mais... » D'un geste nonchalant, Nora Jane rejette ses cheveux noirs par-dessus son épaule, et, comme s'il suffisait à expliquer ce qu'elle ne prend pas la peine de préciser, reprend : « Et toi Joseph, c'est quoi ton style, exactement ? »
Revenir en haut Aller en bas
https://subrosa.forumactif.com/t392-truth-or-dare-nj

☾ Le Bâtard ☽
Joseph Monroe
Joseph Monroe
☽ ☽ ☽
Télégrammes : 207
Pièces : 2976
Alias : Chloé
Portrait : Finn Cole - avatar : HOODWINK
Masques : Patricia
Disponibilité : Bof

Métier : Maître-nageur
En quelques mots : Solitaire, apanage de mauvais garçon, terriblement anxieux, bagarreur, faux méchant
Curiosité : Facilités exacerbées avec les chiffres, passion pour les maths en général
Aptitude : Instinct animal (dormant)


frites don't lie (Nojoe) Empty
MessageSujet: Re: frites don't lie (Nojoe)   frites don't lie (Nojoe) EmptyJeu 11 Juil - 16:09

Tout le monde raconte que les enfants Jones se ressemblent comme deux gouttes d’eau, mais Joseph n’est pas d’accord. NJ Jones était née dépourvue de l’expression débonnaire qui semblait gravée sur le visage de son frère. Elle arborait une figure composée, comme redessinée chaque matin à grands coups de fards. Une expression un peu trop marquée sur son visage satiné, et le tout coulait. Monroe se demandait parfois ce qui se cachait sous les eaux lisses des yeux lunes de NJ Jones et la nuit dernière, il avait eu un semblant de réponse. Joseph Monroe avait revendiqué un très gros mensonge durant son adolescence et lorsque celui-ci s’était écroulé, l’effet avait été désastreux. En serait-il de même pour toutes les petites cachotteries de l’aînée des Jones, qui s’accumulaient comme la cendre qu’elle avait écrasée contre les murs de l'Église, des années durant ? Parfois, Joe accompagnait son père et souriait en apercevant une énorme tâche grisâtre sur le flanc du lieu saint.

A présent, c’était NJ Jones qui pâlissait d’une immense tâche grisâtre au milieu de sa figure toute minaudante. Ses traits s’affaissèrent sous la contrariété et une légère vexation, avant de se mouvoir en une expression résignée. C’était vrai, NJ Jones lui avait offert de nombreuses cigarettes; à défaut de s’être enflammé les lippes sur les siennes, comme elle l’avait fait avec Mal…

Considère ça comme un service, NJ… m’enfin. Une cellule cancéreuse de plus, une de moins, tu me diras, répliqua t-il, fataliste, avant de mentalement remercier sa soeur aînée de l’avoir sevré de nicotine.

On pouvait reprocher beaucoup de choses à sa soeur, mais pas vraiment de manquer de volonté : fallait un mental d’acier pour enjoindre Joseph Monroe à se priver de tabac. Brie n’avait jamais lâché le morceau, lui rappelant sans relâche l’odeur du tabac, la manière dont celui-ci risquait de ternir son “sourire de star hollywoodienne”; il était vrai que Joseph Monroe avait les dents très blanches et très droites, on avait du mal à croire que sa mâchoire serrée avait encaissé quelques chocs plus ou moins traumatisants. Mais le vrai truc traumatisant, c’était l’interrogatoire en bonne et due forme auquel le Maître de la Patate était en train de le soumettre. Roger Alistair aurait probablement fait des ravages dans les rang de l’Inquisition espagnole; ses murmures se révélaient aussi subtils que sa cuisine était grossière.

Roger ressemblait à un clown triste avec ses deux billes de charbon qui menacent de dégringoler dans la friture fumante. On dirait que ses mirettes ne veulent pas être là, pourtant, elles sont braquées sur Joseph Monroe, regard-menace qui l’impressionne, à vrai dire. Le flatteur de papilles est un être étrange, voué à un oubli imminent dès qu’on lui tourne le dos. Néanmoins, Roger tire sur la laisse invisible qui relie NJ et Joseph. Les deux ouvrirent grand leurs esgourdes pour ne rien rater des confessions maladroites de l’autre. Ce fut Jones qui tomba dans le piège en premier. Elle dressa un portrait très aseptisé de son homme idéal; Joseph, qui en plus de fréquenter des hommes, en était un - au fin fond de la bibliothèque, entre deux pages cornées, Sherlock Holmes lève les yeux au ciel - avait du mal à croire qu’un éphèbe au caractère si lisse pouvait exister.

Oh, ne t’en fais donc pas, Roger, NJ a déjà son homme idéal, indiqua Monroe du bout des lèvres, avant de froncer les sourcils, désemparé devant ce qui s’avérait être un compliment déguisé en insulte.

Si NJ avait su que Monroe savait, peut-être que la déclaration aurait pu sonner comme une petite menace, l’air de dire, reste à ta place, la cougar, mais dans ce cas-ci, c’était presque une remarque innocente.

C’est pas une fête foraine, ma baraque, NJ, feula le jeune homme, très pince-sans-rire, avec une expression qui criait ouvertement “garde tes remarques pour toi, la vieille”.

Il avait déjà Brie dans les pattes, pas besoin de Miss Parfaite, qui envoya d’ailleurs valdinguer ses mots emplis de frustration par dessus son épaule. Elle a beau être face à lui, Monroe eut l’impression qu’elle lui avait fouetté le visage avec sa chevelure lorsqu’elle lui posa la question qui tue.

Pourquoi tu demandes ça ? paniqua Joseph, le visage cramoisi de gêne. Je lorgne pas sur Wes, si c’est ça ta question…
Hé, fais pas ta sainte-nitouche, Monroe, on est entre potes, là !

Roger s’était infiltré dans la conversation, l’air de rien.
Et l’air de rien, son charme faisait lentement effet sur le plus jeune du trio.
Sous le regard empli de jugement dernier de NJ Jones, Joseph Monroe rendit les armes :

Euh… Ben… J’aime bien les mecs matures, finit-il par répondre en insistant sur le mature, qui camouflait admirablement le mot “vieux” qui clignotait comme la petite guirlande multicolore au dessus de leurs têtes.
AH OUAIS ? J’aurais pas dit, du coup, j’te plais ?
Quoi ? Non, fin… te vexe pas Roger, tu sens un peu la frite tout d’même.
Putain, t’es difficile, comme gamin. Bon, t’as des vues sur un vieux briscard que j’pourrais connaître ?
Non… c’est intime, comme question, Roger...

Monroe voudrait bien se jeter dans un buisson pour s’y cacher, mais il est comme fasciné par la voix de Billie Holliday qui vient couvrir la sienne.
Revenir en haut Aller en bas
https://subrosa.forumactif.com/t333-there-s-something-on-yo-face-it-was-pain https://subrosa.forumactif.com/

Contenu sponsorisé
☽ ☽ ☽

frites don't lie (Nojoe) Empty
MessageSujet: Re: frites don't lie (Nojoe)   frites don't lie (Nojoe) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
frites don't lie (Nojoe)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
☾sub • rosa☽ :: III. Silver Grove, Oregon :: North Side-
Sauter vers: