SUCK IT UP, BUTTERCUP !

— IDENTITÉ ☽ maman qui sort d'un songe comme le naufragé de la mer, avec un nom à la bouche, alba, alba, alba. la seule bouée, le seul trépas, elle dit que c'est écrit, elle dit que ça ne changera pas, que c'est avec ce nom qu'on l'enterrerra. maman qui utilise trop souvent les rêves comme monnaie d'échange, qui promet mille résolutions qui ne viennent jamais, qui utilise la mort à outrance comme si la race humaine n'avait pas passé des milliers d'années à s'en cacher. maman qui dort, maman qui ne se réveille pas. maman qui revient. et ce nom, ce nom, qui colle aux basques comme du chewing-gum, l'odeur putride d'un on-ne-sait quoi d'anormal, comme un cadavre au placard, ou un cigare qui ne s'éteint pas. maman qui s'appelle eguzki aussi. pas de papa, pas d'héritage, juste alba et mama et louisa, les vendeuses d'histoires.

— ÂGE ☽ vingt étoiles tatouées le long de la colonne vertébrale -- désespérée de faire de son dos la constellation oubliée des années qui ont passé.

— DATE ET LIEU DE NAISSANCE ☽ maman dit le dix du mois de juin, mais la sage femme assure que c'était un treize. sauf que ça porte malheur, le treize, ça maman en est persuadée. alors on le fête le dix, à la maison, loin de la terre natale qu'alba n'a jamais revisitée, maman fuyant des démons qui n'ont de réalité que dans les tréfonds de son esprit détraqué.

— NATIONALITÉ ☽ môme d'un pays qui la traiterait d'immigrante à la simple audition de son nom de famille. alba aux teintes espagnoles, eguzki qui vient d'un pays perdu dans la foule des inconnus au bataillon. môme d'amérique, même si l'accent lourd laisse à penser que c'est l'ailleurs qui a su gagner son coeur.

— ÉTAT CIVIL ☽ jolie alba aux milles amours. sourires brillants qui attirent même les plus taciturnes ; terrible piège que l'étirement de lippes singulier. un murmure, une invitation, et elle se fait promesse. ses doigts qui trouvent toute la lumineuse beauté d'un corps perdu dans les sombres profondeurs. alors que la nuit avale tout, alba est une étoile ; la seule. les yeux rivés sur la silhouette svelte alors qu'elle se promène dénudée du lit à la salle de bain, le visage qui disparaît pour ne jamais revenir sur ses pas. poupée songée, poupée rêvée, poupée qui s'échappe des doigts entrelacés dans l'optique de ne jamais s'attacher. avec la monotonie des amours figés qui exaspère, ça se promet une éternité exaltante qui ne dure qu'un temps avant de disparaître dans le vent -- un vrai monstre de cruauté qui n'aime jamais plus que dans un délire fantasque, celui-là même qui ne s'éternisera pas, destiné à mourir dans le calme de la matinée qui suivra au fantasme.

— OCCUPATION ☽ brillante dans un domaine qui n'étonne personne, c'est au conservatoire qu'elle était destinée -- mais maman, ayant rêvé de la fin des temps, refuse de la laisser s'échapper de la maison, usant de toutes les cartes à sa disposition, si bien qu'alba se retrouve dans les couloirs vides du musée pour guider des bambins entre les quelques chef-d'oeuvres exposés dans la galerie. le violon, la harpe et le piano sont quant à eux relégués au second plan, maintenant poussiéreux et abandonnés dans un placard ténébreux du manoir.

— GROUPE ☽ la coupe.

— MOODBOARD ☽ clique

— AVATAR ☽ gabriela bloomgarden

— CRÉDIT ☽ ice and fire.