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 Animal Instinct ft. BB

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MessageSujet: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptyJeu 22 Aoû - 21:13

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☾ Le Foudroyant ☽
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MessageSujet: Re: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptyVen 23 Aoû - 0:02

ANIMAL INSTINCT ft @KAHSHA WARD

You alone have the power. You only hold the control. [...] One fleeting moment. Few short-lived seconds. Mere short flicker in time, for the shadow to grow and die.

J’ai soif que je me pense pendant que l’autre a le nez planté au-dessus de ma carte d’identité. L’une des nombreuses que je traine. Bien faite comme il faut. Bien plastifiée comme il faut. Bien de la couleur qu’il faut. De la bien bonne contrefaçon comme il faut. Et il la reluque fort, l’autre, en espérant probablement y voir à travers une vérité qui l’arrangerait. Une que ma couleur de peau et mes traits tirées et mes cernes un peu trop foncés lui inspirent. Il est raciste, que je paris sans scrupule en relevant la tronche vers lui. Il me surplombe, l’autre, d’un bon mètre – parce que je suis assis sur le trottoir les mains menottées derrière le dos et qu’il est debout les mains bien lestes et prêtent à dégainer son foutu Glock de pecnot. Connard. Tu penses avoir une augmentation si tu me butes ? Si je m’énerve ? Si j’te permet de jouer au héro ? De faire la une des journaux ? Ou c’est pour l’adrénaline que ça t’amène que tu me traites comme une bête ?Vous m’écoutez Monsieur Dalle ? Je tends l’oreille. Grimace une incompréhension factice dans une mimique imbuvable. Il répète, l’aztèque, en articulant chacune de ses syllabes comme si j’étais un gamin de trois ans. Si tu penses que ça aide, tu te planques. Je dodeline de la gueule. Mime un Non qui veut dire Je capte pas qui veut dire T’as l’air con j’m’arrêterais pas.Putain mais il parle quelle langue celui là ? qu’il fulmine en claquant sa godasse contre le bitume encore tiède. – Snyder !? qu’il hèle si fort que son compatriote, en train d’interroger un petit mec tout nerveux, sursaute dans la foulée. Et il rapplique, l’exécutant, le menton si bas qu’on pourrait croire qu’il le bat. – Ca parle quelle langue ça, tu crois ? Le nouveau me regarde. M’examine comme si j’étais malade – comme si j’avais ni âme ni sentiment, comme si je valais autant qu’une bestiole morte au bord d’une route de montagne – avant d’hausser une épaule. – Je sais pas. Forcément, Ducon, c’est pas écrit sur mon front.T.o.i venir de où ? J’ai envie de t’éclater tellement tu me parles comme à un teubé. Et ça dure, l’histoire. Je dis non, il répète, il s’évertue en articulation stérile. Grince des dents. Finit par fourrer mes papiers dans les doigts de son tocard de subordonné. Me chope par le collier pour me soulever – se chope l’échec monumental de sa vie quand je reste le cul visser par terre. Je pèse 120kg, la crevette. La seule chose dont je rêve là, à part d’une bière, c’est de lui envoyer mon front dans les lèvres. Lui faire bouffer ses dents.Patron ! Ma mâchoire se crispe. L’idée que les menottes pourraient céder en une infime pression me traverse. Tout ça pour une bagarre dans un bar. Un putain de bar devant lequel je passais pour aller boire une pinte. J’ai pas pu m’asseoir. Pas pu fuir. J’me suis retrouver au milieu de poings et de pieds et de cris et de coups égarés…Patron arrêtez ! Le bras du patron est arrêté avant qu’il n’atteigne mon visage. – Il est muet, Patron, il a besoin de ses mains pour parler. Et il lui tend ma carte d’handicapé. Va te faire enculer.

☽ ☽ ☽

Et le poste de police et les questions. Et le temps de trouver un interprète. Il fait nuit quand je sors de là. Nuit noire. Et on s’en fout de comment je rentre. On s’en fout parce que je ne suis pas coupable. Je suis Monsieur Dalle, j’ai une tête de basané et je ne suis pas coupable. J’ai flingué leur espoir. - On vous a à l’œil, que l’un d’eux a soufflé quand je suis passé à côté. Avant de se rétracter dans un rictus dégouté. Ah ouais, c’vrai qu’il capte pas nos ondes c’connard là.

Alors j’me barre. Je marche. Les nerfs à vifs. L’estomac en vrac. Le cerveau assoiffé. J’veux effacer de ma gueule cette soirée merdique. J’veux redevenir un tableau noir. J’veux que les spiritueux deviennent ma brosse a effacé. Parce que c’est ça. Ouais. C’est ça. C’est pas plus compliqué. Et ça vaut pour tout le monde. Pas que pour moi. Pour les pecnots, aussi. L’alcool ça ne sert qu’à ça. L’alcool, c’est ça. C’est pour les gens qui ont des choses à oublier. De quoi a été fait hier ou de quoi sera fait demain. C’pour ça que je m’arrête dans ce Drugstore. Que j’me perd dans les étals classiques. Que je me mens à moi-même en prenant un paquet de Chips et un pack de 6. J’me mens en pensant que c’est pour le verre que j’ai pas eu. Que j’ai faim. Que j’ai un truc à fêter. Puis je me mens encore en me convainquant qu’à la vue des économies de ma soirée, je peux prendre une bouteille de whisky bon marché, plutôt. Et j’ai honte quand j’abandonne les chips parce que j’ai pas faim, en fait. Que j’ai rien à fêter. Que je suis juste seul, triste et fatigué. Que ce n’était qu’un prétexte. Et la honte se mue en colère devant le regard presqu’accusateur de la caissière – ce regard morne qui sous-entend qu’elle en a vu des dizaines, ce soir, comme moi et peut être pire et moins pire que moi. Je paie. Je sors. J’me barre encore. Je marche encore. Une bouteille dans le gossier plus tard j’me suis paumé. Paumé ici et ailleurs. J’suis pas bourrée. J’suis même pas bien. J’suis juste là, au milieu de nulle part. De rien – du flou de mon esprit à m’entendre encore. Je m’entends dans ma tête. Je m’entends penser. Ressasser. Je vois ces images passés et le futur, ouais. Le futur qui a pour seul optimisme que je suis vieux, donc que je crèverais pas jeune. J’aurais dû prendre plus d’alcool. N’importe quoi pour me faire taire. J’m’arrête. M’accoude à un arbre. Me pense seul dans mon débat interne – dans ce débat de merde que je n’ai pas noyé. Me pense seul jusqu’à ce mouvement. Vif. Invisible. Rapide.

Une seconde.
Je me décolle de mon arbre.
Deux secondes.
BANG.
Moment de flottement.
Brûlure à l’épaule.
Brûlure qui ronge les chairs jusqu’au muscle.
Je me suis fait tirer dessus, est l’évidence plus percutante encore que la balle qui m’a touché. Qui m’a touché sans jamais ressortir de l’autre côté. Je titube mais ne tombe pas. Lève la paluche valide pour me tâter l’épaule. Baisse le menton pour constater, dans une lenteur qui me paraît éternelle – comme ces secondes qui s’égrènent au ralenti. Du sang. Du sang et un trou un peu noirci. Un impact plus imposant que ce que la douleur ne me le laisse entendre. Et la seule chose à laquelle je pense c’est à ce trou. Pas celui de ma peau mais celui de mon haut, comme si mon cerveau refusait encore d’accepter l’évidence. C’est le pull en laine que m’a offert Rose l’année dernière. Je crois qu’il lui a couté une blinde. C’est une marque. Une grosse marque. Quelle marque ? Je titube encore. Quelle marque c’est Brishen ? Encore. Qui t’a tiré dessus Brishen ? Je trésaille en relevant le museau. Mon père ? Mon père m’a retrouvé ? Manque de m’écrouler. Il faudrait que tu t’assoies, Brishen. M’écroule complètement en pensant qu’il y a des chaises en peine forêt dans une explosion bouillante au niveau du myocarde. Il a visé le cœur, que je remarque quand l’inspiration m’est difficile. Capte le regard entre deux branchages. Une femme ? Une remarque accusatrice reste bloquée dans ma gorge – à force de faire semblant de pas causer ou parce que ça me surprend que le Daron ait envoyé une ingénue pour me plomber. Il ne leur a jamais fait confiance.

J’comprends à peine ce qu’elle dit parce que la détonation siffle encore aux oreilles. Et peut être aussi parce que je pisse le sang, que je souffre et que je m’en fous de ce que cette connasse à envie de me raconter. Avoue moi juste pourquoi tu veux ma mort la pecnode. Mais elle s’affaisse, la pecnode. Tombe à genoux quand je tente un bond en arrière. Tu vas te prendre ma godasse dans la tête. Ca m’arrache un grondement animal. Je sens la balle, ouais, je la sens logée là quelque part – je sens qu’à tout moment elle peut encore me faire du mal. – Ne me touche pas, que j’aboi dans une grimace austère. C’est toi ou moi pecnode, c’est ça ? Et j’la regarde pas. Ou à peine. Assez pour la trouver chétive – assez pour trouver qu’elle sent la terre et le désespoir et qu’un truc l’hypnotise. Assez pour l’estimer jeune et peut être même belle. Mais pas assez pour ne pas être certain de l’action d’un père, au loin – d’un marionnettiste avisé qui se jouerait de ma fierté. Il est où son flingue ? que je me demande dans une lenteur pâteuse, il me semble. Esquisse un mouvement dans le coton des feuilles mortes. Elle m’imite, la fille. Je vais vers l’arme – là où je pense qu’elle est parce que c’est de là où elle vient. Recule quand elle semble vouloir me toucher. – Tu me touches je te crève. Le ton sec est universel – autant que les mirettes assassinent.

Bute là avant qu’elle ne te bute. Tant pis pour le gun Brishen. Le réflex part en même temps que la pensée. Le bras valide chope la fille. Chope son col en espérant que l’adhérence au tissu ne déclenchera pas une empathie débile. – T’es qui ?! Je la secoue. Choc dans la tête. Puce anti violence. Muselière mentale qui plaque l’encéphale. Le soumet. Pince la peau. Je grimace. Aimerais lui fracasser le crâne dans un arbre. – T’es qui ? T’es qui bordel de merde ! Et ses fringues se déchirent sous mes doigts. Me donne l’impression que je pourrais lui broyer la nuque. La lui broyer avec la même facilité que sa balle a pénétré ma peau. Et j’ai mal. J’ai mal putain. J’veux que tu crèves pour que tout ça s’arrête.

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MessageSujet: Re: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptyVen 23 Aoû - 9:57

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MessageSujet: Re: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptyVen 23 Aoû - 18:56

ANIMAL INSTINCT ft @KAHSHA WARD

You alone have the power. You only hold the control. [...] One fleeting moment. Few short-lived seconds. Mere short flicker in time, for the shadow to grow and die.

Elle cause la pecnode. Elle beugle la pecnode. Les explications vaines que l’encéphale ne veut pas croire. Trappeuse que je capte. Trappeuse. Tu parles. Elle ment que la folie meurtrière me raisonne, elle ment. Elle bosse pour ton père. Ca n’existe pas, les trappeurs dans l’Oregon. Ce ne sont que des mythes. Ce ne sont que des démons. Elle ment pour t’approcher. Pour mieux te faucher. Elle le fera quand t’auras le dos tourné. Tue Brishen. Tue-la. Tue-là parce qu’elle est les yeux et la main de ton père.. Mais elle n’est que douleur, la pecnode, noyer sous un amas de réflexions stupides. Elle n’est que douleur dans ma nuque. Sur ma peau. Elle scie mon cou, la pecnode, comme je dois lui scier le sien. Elle laboure mon cerveau. Ma chair. Mes chairs et mes muscles. Elle irradie mon intérieur, la pecnode, de la pire façon qui soit. Elle me broie sans le savoir. Parce que je la secoue. Parce que je lui fais mal. Je lui fais mal avec la certitude que je pourrais lui faire encore plus mal – qu’elle pourrait encaisser plus que ça. Et mourir. Mourir entre mes paumes dans la beauté de cette nuit d’été. Ouais, tu serais belle parmi les feuilles mortes, pecnode, à cracher ton fer. Et le bras blessé se soulève à peine. Vise sa face de pecnode – lisse, pulpeuse, blanche et rouge. Son petit nez percé – elle a un piercing au nez – que j’aperçois en couleur dans le monochrome de ma colère. Dans un éclat de lumière. Un éclat de lucidité. Je vois son piercing qui brille. Et la lune. Et un peu le reste. Jusqu’à la nouvelle explosion. Une explosion plus familière. Celle de mon épaule et de ma propre souffrance. Ca me musèle d’une autre manière. Me casse. Me frappe. M’envoi à terre – parce que j’ai peut être de la force mais qu’elle ne m’immunise pas. Je hoquette, dans une remontée de bile tiède. Durant un instant – une seconde qui nous permet de reprendre notre souffle – j’ai la sensation que je vais gerber. Là. Dans la faiblesse de cette putain de nuit d’été – et peut être y passer, parce que ça rend vulnérable, de gerber, quand on est attaqué. Mais est-ce que je le suis vraiment ? Alors, j’ravale mon haut le cœur. Jette un regard de biais à la pecnode. Fauve. Je crois qu’elle m’a dit qu’elle s’appelait Fauve. Mais je ne sais pas si c’était un constat ou un prénom. Je ne sais pas si c’est comme Brutal ou comme Connard. Et ça n’a pas d’importance. Aucune. Pecnode ou Fauve, elle ne restera qu’une ombre. Qu’un souvenir précis et haineux. Elle restera cette femme qui m’a tiré dessus, visiblement sans raison. Parce que je suis grand et large et que, toute trappeuse qu’elle se prétend, elle a confondu l’Homme avec un Ours. Elle restera cette connasse, cette pecnode. Cette folle. Cette inconnue secrète ou clandestine, rencontrée dans l’Oregon. Celle que j’aimerais effacer de mon tableau noir avec des dizaines de bouteilles, mais qui restera. Qui restera parce qu’elle a marqué mon épaule d’une balle. D’une putain de balle encore là.

J’ai envie de rêver, tout à coup. J’ai envie d’être dans mon lit miteux, dans ce motel miteux. Celui qui est à des kilomètres de là, je crois. J’en suis sûr. Celui que je ne suis même pas sûr de pouvoir rejoindre sans crever. Sans claquer. Sans m’écrouler sur le bas-côté, dans l’indifférence d’un monde qui dort. Et il n’y aura qu’elle – que cette pecnode – qui saura que j’étais là. Elle le saura mais elle ne regardera pas derrière elle – parce qu’elle n’a pas, au fond des yeux, cette étincelle qui prouve qu’elle peut se soucier des autres. Elle le saura sans me connaitre. Ni mon nom, ni mon âge, ni rien… Je crèverais d’une balle qui ne m’était pas destinée. Sans vengeance et seul. Seul. Elle m’aura tué sans faire exprès. Bordel. Sans faire exprès et sans dignité – peut être même sans culpabilité.

Elle me balance un tissu dont je me fous. Je me relève sans le ramasser. Compresse et comprime rien. Sens l’hémoglobine s’écouler. Le pull absorber le liquide épais. Y a des tâches blanches dans mon monde monochrome. Des points. Des papillons qui dansent autour de la silhouette qui s’éloigne. Qui chaloupe ou qui fuit. Qui me tue et qui me laisse derrière. Encore vivant. Regarde moi, au moins. Regarde la Mort dans les yeux ! Regarde là quand tu la donnes, Connasse. Je devrais lui demander de l’aide. Mais y a rien qui sort de ma gueule. Que le silence. Ce silence fier – parce que je vais crever dans une nuit d’été et qu’il ne me reste que ma fierté. J’ignore le bruit dans les broussailles. Suis à peine surpris lorsqu’elle se tourne, la Pecnode. Une dernière fois, je me pense. Pour m’achever – achève moi maintenant qu’on est là. Elle arme le fusil. Je ferme les paupières. Inspire l’air. L’inspire dans un sifflement mouillé – dans le gargouillis d’un cœur blessé. A la première balle, j’accuse le coup d’un pas en arrière. Prêt, ouais, prêt à ne pas tomber dès la seconde salve. A la seconde balle, je comprends que ce n’est pas moi. Pas moi qu’elle shoote, mais quelque chose derrière moi. Le bruit dans les broussailles qui gueule et qui tombe. Je frémis à peine lorsque la Belle – ou la Bête – passe à mes côtés. Louche sur l’action improbable. Me dis que, finalement, je dois rêver. Parce que la Pecnode - et même si je n’en vois surtout que les ombres - bute un ours, se vautre à la carcasse et la goute. Je suis tombé sur une barge et le constat est si évident qu’il m’assure que mon père n’aurait jamais choisi ce genre de toquée pour faire un boulot de première classe. Cette pecnode est une pecnode parmis les autres – il lui manque juste assez de cases pour me confondre avec un ours et pour bouffer les ours.

J’arque un sourcil à la vision de son visage barbouillé. La bouche pulpeuse réhaussée d’un rouge à lèvre plus rouge que rouge. Le rouge, le rouge, le rouge là, juste là, le rouge. Et elle cause, la pecnode, comme si tout était parfaitement normal. On est dans une forêt, tu viens de mâchouiller un bout d’ours après m’avoir flingué l’épaule, et tu te trouves crédible en me donnant des conseils sur mon épaule ? Des conseils, au beau milieu de cette situation, Pecnode, sont aussi efficaces que si je me mettais à te proposer un Scrabble. Les mots restent bloqués dans ma gorge tant par l’invraisemblance de la situation que par l’assurance avec laquelle elle croise les bras à son buste. Tu crois que j’ai besoin de toi pour me rappeler que la ville est loin ? C’est quoi le but ? Jubiler sur ma mort prochaine ? Faut être fêlée comment pour jubiler de la mort de gens qu’on ne connait pas ? Faut être fêlée comment pour les regarder en chier en se faisant un tartare d’ursidé ?Parce que tu crois que j’en suis au stade des décisions ? que je crache dans un grognement presqu’aussi animal que celui de l’ours. Tu-viens-de-me-tirer-dessus-connasse-et-tu-oses-me-parler-de-décisions ? Les nerfs prennent le pas sur la fatigue. La douleur. Sur tout ce qui fait que j’abandonnerais là – même si je n’ai jamais eu l’intention de m’abandonner là. – Et c’est quoi mes décisions, Captain Obvious ? Rentrer en croisant les doigts pour ne pas mourir en chemin ou mourir là sans bouger ? C'est ça que tu es en train de m'expliquer ? Parce que tu crois que je ne l'ai pas remarqué alors que c'est moi qui ait ta foutue balle dans l'épaule, Pecnode ?! Tu me tues sans faire exprès et tu crois qu'il est l'heure de discuter avec moi des probabilités de ma survie ? Sérieusement ?

Les menottes se serrent si forts que mes phalanges en blanchissent. T’as du culot. Un putain de sacré culot.Si je crève, tu crèves, que je finis par lâcher, la voix aussi claire que de l’eau de roche et assez convaincante et convaincue pour la faire tiquer. L’accent Romani destitué pour un timbre impersonnel, calme. Très américanisé sans pourtant avoir les relents d’une contré particulière – mon timbre est mort, comme mon âme, mon épaule et mon espoir de voir le soleil se lever demain. Mais mes nerfs. Mes nerfs, pecnode, seront assez tenaces pour te crever. Si c’est pas dans cette vie ça sera dans l’autre.Tu dois avoir une caisse pour crâner comme tu crânes. On y va. Je ne sais pas si elle garde la face – si elle croit ou si elle me trouve drôle. Le pas que je fais de côté la fait cependant bouger. Elle se décale. Ne me fonce pas dans le lard mais j’imagine qu’elle doit y penser. Ne me sous-estime pas. Je louche sur son flingue, évalue mes chances de l’atteindre avant elle – avant qu’elle ne me tire un autre pruneau entre les deux yeux… Et si elle peut possiblement le choper avant moi, je serais assez rapide pour lui vriller le canon. Ta merde ne serait qu’un jouet entre mes mains.Laisse ton arme, que j’aboi en laissant sortir une canine. Laisse là où je te jure que je la broie, dans le doute. Tu sais pas jusqu’où il peut aller, mon instinct de survie.Personne ne va te la voler. Et moi je meurs quand tu t’inquiètes de ton matériel, Pecnode.Je te suis. Et ne te fous pas de moi. Je te le répète, si je me sens mourir, je te crèverais avant.

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Dernière édition par Brishen Ayaz le Sam 24 Aoû - 0:28, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptyVen 23 Aoû - 23:50

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Dernière édition par Kahsha Ward le Mar 8 Oct - 11:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptySam 24 Aoû - 1:51

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You alone have the power. You only hold the control. [...] One fleeting moment. Few short-lived seconds. Mere short flicker in time, for the shadow to grow and die.

Quand je pense qu’elle va protester – qu’elle va me dire merde, va te faire enculer – le pecnode consent à me ramener à sa voiture. Dans le silence saupoudré d’une langue que je ne connais pas. Elle avance. Bouge. File à travers les broussailles alors que je la suis, vigilent. Qu’on se jette des œillades suspectes, tous les deux, parce qu’on ne se fait pas confiance. Qu’on est deux adversaires. Deux proies ou deux fauves. Qu’on ne sait plus ou pas lequel des deux bouffera l’autre. Si elle a peur que je lui plante un couteau dans le dos – ce qui serait con vu mon état – j’ai peur qu’elle me fasse marcher sans but pour que la balle finisse par me flinguer. Me flinguer pour de vrai. Parce qu’il ne suffirait que d’une secousse mal placée pour que tu ne m’ai plus sur les talons, la pecnode. Pourtant, après des minutes qui me paraissent être des heures je vois sa caisse. Un 4x4 énorme ouais. Un 4x4 dont je me fous pourvu qu’il m’amène dans l’hôpital le plus proche – qu’il ait de quoi je puisse poser mon cul et foutre mes traces. Partout. Partout dedans. Si je crève, tu crèves. Ici ou entre les quatre murs d’une prison, ou dans le stresse qu’on sache, un jour, ce que t’as fait dans cette saloperie de forêt. Ce que tu m’as fait sans faire exprès, paraît.

Je bug un peu. Divague un peu. Hésite un peu. Sans raison si ce n’est celle de l’adrénaline en phase descendante. Elle me secoue un peu le bide. Ramène les points blancs à la gueule. Les papillons étranges autour de la silhouette de la pecnode quand elle me cause de son coffre – une voix lointaine et presque agréable malgré l’ironie qui roule sur ses voyelles. Et le sol ouais… Le sol il est moelleux lorsque je m’approche d’elle. Que je sens une goutte de sueur glisser le long de ma colonne vertébrale. Que je tente de reprendre contenance quand elle me fait signe. Signe vers une petite trousse de secours. Je ne vais pas arriver à l’ouvrir que je me dis dans l’immédiat. Le poing se serre. L’œil cherche celui de la pecnode assez fière de l’effet qu’elle peut faire ; l’effet de son verbiage tranchant aux oreilles d’un mourant. Je peux pas me servir d’une pince pecnode… Mes gros doigts la péterait avant qu’elle n’atteigne mon épaule. Ma gueule se crispe dans une réflexion sauvage. Rapide. Ou trop lente. Mis en exergue par la pecnode, l’hôpital ne parait plus être une aussi bonne solution. Et je suis toujours incapable de me sauver moi-même. Il ne reste que toi, pecnode, pour réparer ce que tu viens de faire.Enlève moi cette merde, que je crache plus que je ne le parle. Parce que ça me fait aussi mal que la balle de reconnaître que j’ai besoin d’elle. Même si ce n’est pas textuel. Même si je ne le verbalise pas vraiment. Mais moi je sais. Je sais qu’il n’y a que ses mains à elle qui peuvent se servir de tout ce matériel de secours à la con sans le défoncer. Et elle semble surprise, le pecnode – autant que je l’aurais été à sa place, j’imagine. Elle a dû dire ça par pur esprit de provocation – de contradiction. Pour avoir le plaisir de m’entendre dire j’vais le faire seul – pour avoir le plaisir de me voir souffrir et galérer… Pour jubiler quand j’aurais fini par la supplier de m’aider. – Enlève moi cette merde, que je répète, plus fort, en me tournant vers elle. En détachant les mirettes de la malle. De la caisse. En m’attardant sur la couche de poussière qui recouvre la carrosserie. C’est sale que je constate en percutant que ça sera pareil pour les doigts de la pecnode – qu’elle vient de les planter dans un ours et que rien n’est optimal pour m’enlever un corps étranger de la peau. J’vais crever d’un staphylocoque dorée, que j’en déduis en posant le cul sur le rebord de l’habitacle ouvert. Mais j’imagine que ça me laissera au moins plus de temps que si je crève maintenant, ici, comme un chien.

Alors elle se lave les mains la pecnode, avec la chose la moins hygiénique du monde – un bidon de flotte dans le coffre qui doit être aussi stérile que le reste. J’inspire. Tente de pas y penser. De me focaliser sur autre chose avant de sursauter à moitié quand elle me colle une lampe torche dans les mains et qu’elle se penche pour assassiner ce qu’il reste de mon pull. – Même pas en rêve, que je proteste en lâchant la loupiotte dans un angle – ça évitera que je l’explose de mes paluches malhabiles pendant que je lutte pour ne pas qu’elle nique mes fringues. Elle insiste, la pecnode, autant que moi pour garder le bordel en un semblant de morceau correct. Je propose vaguement de le quitter – mais c’est une idée de merde et elle finit par me le découper, mon pull en laine. Elle le taille dans le souvenir de Rose. De son cadeau. De mon Nœud Vrai. Je pars légèrement en arrière. Lâche une injonction vulgaire quand l’autre bade la plaie. T’as vraiment un problème. Elle sort de sa léthargie. S’active quand je n’arrête pas de gigoter – si je ne bouge pas je meurs pas vrai ? Je meurs. Les prunelles délirent. Cherchent à se connecter à quelque chose de réel – un truc pas tâcher de rouge et de sang et qui ne va pas être douloureux. Mais tout est douloureux autour de nous – la forêt est devenue hostile, comme les yeux de la pecnode qui me traversent comme si elle pouvait voir mes veines sous ma peau avant de me voir à moi. J’ai l’impression qu’il n’y a que mon hémoglobine et ta balle et ta bouche qui existent… Mais j’imagine que c’est bon signe puisque c’est ça qu’il faut que tu retires. J’essaie de ne pas penser au fait qu’elle puisse me tuer – me tuer comme ça, aussi facilement, en m’arrachant la carotide de ses dents. Je suis comme un steak. Me redresse à l’instant où la compresse pique la peau. Nouveau haut le cœur. Tempe qui se ramollit contre la malle. Bouche qui s’ouvre pour gobet la ceinture que la pecnode me cède. Et je mâchouille. Je mâchouille sans crier. Sans gueuler. En grognant un peu – quand les paupières se font lourdes, que les bouffées de chaleur se font intenses, que l’estomac se retourne et que la tête se demande s’il faut tomber dans les pommes ou rendre son dernier verre. Rien. Rien de tout ça Brishen, reste là, concentre toi. Alors je me concentre. Sur le profil de la pecnode. De la fille. Sur l’angle de la mâchoire qui s’applique, qui se tend quand je me tends. Qui se contracte lorsqu’elle me pose une question à laquelle je ne peux pas répondre sans lui cracher son ceinturon à la tronche. La main se referme brutalement sur la carrosserie dans un grincement sinistre quand elle touche la balle. Je me bande, les muscles saillants. Me reteint de la bousculer parce que maintenant qu’on y est, achève moi. J’hoquette pour expulser le bout de cuir de la gueule béante – sens comme un gout de fer sur mes lèvres parce que je me suis ouvert l’intérieur d’une joue. – Je voulais être tranquille pour boire, que je lâche vite. Juste avant qu’elle ne sorte de mon épaule, le projectile. Enfin, que je pense dans un tremblement étrange. Dans un soulagement désagréable et libérateur. Mon estomac tolère ça mal… Tout comme Pecnode qui flanche. Ou pas. Il me faut de trop longues secondes pour réaliser qu’elle ne flanche pas – qu’elle n’est pas non plus contente d’être parvenue à l’exploit d’avoir survécu à ma souffrance. Et il m’en faut encore un peu pour capter que la phalange qu’elle fout à la bouche est plein de sang. De mon sang. De mon fer. De ma sève de vie. Mais je crois surtout que je suis trop mal pour la juger ou m’en sentir gêné. La carcasse part en arrière. Se vautre dans la malle. Dans le coffre ouvert où il y a si peu de place. La paume se plaque contre la plaie. Pecnode, quant à elle, part plus loin. C’est ton jardin secret, le cannibalisme ? Les paupières papillonnent au rythme de ma respiration anarchique. Ca pulse dans mon épaule comme ça pulse dans mon bide. Je déglutis quand la bile me chauffe la trachée. Quand la cabèche me souffle qu’il faudrait que je dorme – que la fatigue s’abat sur moi.

C’est la présence de la pecnode qui me fait rouvrir les yeux. Elle est penchée, là, au-dessus de moi. Les pupilles dilatés. Je me rends compte qu’elle a les yeux clairs. En amendes. Pas très grands. Comme son visage. Je paris qu’il pourrait rentrer dans ma main son visage. Complètement. Sa bouche gigote. La voix m’arrache une grimace qui veut dire Quoi ? parce que je comprends pas. J’écoute pas vraiment. Le cerveau en berne veut communiquer en Rromani. A du mal à se recentrer pour former des phrases dans son américain de merde. Et ces lèvres qui se pincent. Se tordent. Ses lèvres si pulpeuses que je me demande comment c’est possible de les avoir naturellement de cette forme. L’arc de cupidon presque rond. – Ca va, que je bafouille. Gratte à la plaie. Repousse le pull comme s’il m’étouffait. Encore et encore et encore. Ca craque. – Faut me recoudre. Le murmure me parait loin, même s’il provient de ma propre gueule. Perdre beaucoup de sang c’est un peu comme être défoncé. Ou bourré. Ca a quelque chose d’euphorisant, je crois. Ouais. Un truc euphorisant qui fait voir le monde différemment. Ca efface pas vraiment le tableau noir et les pensées et le passé et le futur… Non, c’est là. Quelque part. Mais ça n’a plus aucune foutue importance.Je bouge pas. Comme si t’avais le choix, Brishen. La nuque roule sur le fond de sa malle. La tignasse s’emmêle autour de la gueule quand la pecnode revient dans mon champ de vision, du fil et une aiguille entre les doigts. – Fauve, que je souffle comme un ronron quand elle se penche au dessus du cratère de mon épaule. Et si j’avais le SIDA Fauve ? Est-ce que tu voudrais quand même me lécher, Fauve ?Pourquoi tu me tues et tu me sauves, Fauve ? Pourquoi tu me sauves et tu me manges, Fauve ? Sa prunelle percute la mienne. Un peu de biais. Peut être un peu honteuse. Peut être un peu sceptique. – Tu brilles. Peut être que je suis complètement en train d’halluciner. Je retiens un gloussement. Laisse juste transparaitre un sourire qui s’étiole l’instant d’après. – Tu as de la chance, Fauve. Je ne suis pas malade. Je suis un Ours sain. Et le fil est coupé. La plaie est refermée – avec tous les risques que l’environnement représente. Laisse moi là, va récupérer ton fusil et ton vrai ours et laisse moi là.

Je bouge. Gigote. Retombe en arrière dans une tentative vaine. M’y reprend, la tête dans les étoiles. M’assois. Me lève. M’assois. Le carrousel brutal de Brutal.Je vais y arriver, que je m’encourage doucement. N’ose pas loucher sur la pecnode, qui doit bien se foutre de moi. Oui mais toi t’as léché mon sang alors t’as rien à dire, pecnode.Je peux rentrer à pied, maintenant. Je préfère devancer une nouvelle salve de décisions qu’elle pourrait me balancer. Des stupides et des sans choix, comme elle me l’a fait tout à l’heure. Ne m’écrase pas si tu me retrouves sur le bord de la route. Je me remets sur mes jambes. Titube un peu. Me pince l’arête du nez. Jette une œillade sur son 4x4 – sur l’emprunte de mes doigts sur le rebord de sa malle. – Faut que j’y aille, que je répète une ou deux fois supplémentaires en me débarrassant des restes de mon pull que je tente de fourrer en boule dans la paume de ma main. – Bonne chasse à l’ours, la Fauve.

Et je ne sais pas si elle me croit ou pas. Et je m’en fous. Et je m’éloigne. Me prend un arbre. M’enfonce dans l’obscurité, derrière les branches et les feuilles et les ronces. Essai de choper le chemin. Lutte pendant des heures, il me semble, pour ne pas m’écrouler et rejoindre la ville. Me rend compte que j’ai faim. Que j’ai soif. Un peu de flotte et beaucoup de binouse. Que j’ai envie de fumer mais que j’ai écrasé mon dernier briquet avant d’arriver. Le sommet de la godasse agresse un galet. L’envoi valser loin quand le vrombissement d’un moteur me fait relever le nez. Je ne réfléchis pas quand je presse un peu le pas. Me met en bordure du chemin. Fronce les sourcils pour voir à travers les phares agressifs. Me dis que personne ne va s’arrêter en me voyant – je suis à moitié à poil, plein de sang et je dois plus ressembler à un psychopathe qu’à un damoiseau en détresse. Mais ça ralentis. Un 4x4. La mâchoire se crispe quand je reconnais le véhicule – et la conductrice. Ca fait pas des heures que tu tournes, en fait, Brishen, t’es juste qu’une lamentable loque qui a besoin de sucre et de dormir pour te remettre. T’en a perdu la notion du temps. Je lève la main. Suis surpris quand la pecnode s’arrête à ma hauteur. Ouvre sa vitre. Je crois que je me suis paumé, en fait.Rodeway Motel, en périphérie de Silver Grove, tu connais ? que je demande en me penchant prudemment. Elle acquiesce, la pecnode. – J’te donne ce que tu veux si tu m’y amène. Même si tu me le dois sans que je ne te donne rien. Parce que j’ai vraiment besoin de rentrer dans ma chambre de motel puante. Et minuscule. - Vraiment ce que tu veux, tu comprends ? que j’insiste en baissant le menton vers l’épaule saccagée.


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MessageSujet: Re: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptySam 24 Aoû - 12:51

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MessageSujet: Re: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptySam 24 Aoû - 17:15

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You alone have the power. You only hold the control. [...] One fleeting moment. Few short-lived seconds. Mere short flicker in time, for the shadow to grow and die.

Elle accepte, la pecnode. Je suis surpris, n’ai même plus la force de le cacher, ou d’en jouer. Je mets un certain temps à faire le tour de la caisse pour aller à la portière. Hésite. Piétine. Lui fais un léger signe de la tête comme pour lui faire comprendre qu’elle a pas ouvert – mais c’est juste que j’ai peur de te niquer la poignée. Elle semble pas s’en faire. Se penche pour me faire entrer. Je touche à peine le bordel pour le claquer – un peu fort mais sans dommage collatéral frappant. Rien ne péte. Tout résiste. Comme le silence pesant dans l’habitacle. La pecnode n’a pas l’air à l’aise. Gigote sur son siège trop grand, dans cette voiture trop grande. Je me demande vaguement comment elle fait pour atteindre les pédales. Louche sur les genoux qui se choquent chaque fois qu’elle enclenche une action ou qu’elle fait semblant de le faire pour que je regarde ailleurs. Par stresse ou facilité – si elle fait quelque chose elle n’est pas obligée de parler. De me parler. J’aimerais sourire – sourire jaune – lui dire qu’elle n’a pas besoin de s’en faire. Que je m’en fous, si on n’échange pas. Qu’on n’est pas là pour ça. Qu’on n’est pas là pour se connaître. Qu’elle ne doit pas en avoir envie, de toute façon. Tuer un inconnu c’est toujours plus facile que tuer quelqu’un qu’on connait. Si on en reste là elle ne saura jamais si mon nom sort ou pas dans le journal – dans la colonne des décès. Alors que ça va si ça reste comme ça. Que ce n’est pas grave. Que le son de l’autoradio ne résoudra pas son problème et, accessoirement, qu’elle chante faux parce que la musique est trop forte pour qu’elle entende son écho. Je dodeline du chef. Fini par laisser son profil tranquille. Le délaisse pour appuyer le dos au dossier du siège. La tempe à la vitre fraiche. Chaque respiration ravive la douleur, mais le gris du bitume qui circule et les lumières de la ville au loin, parviennent à me faire penser à autre chose. A la normalité d’une scène – de cette scène – qui fait passer tout le reste au rang de cauchemar étrange. Est-ce que ça a vraiment existé ? Et est-ce que demain ça existera pareil, dans ma tronche ? Et de quoi ils rêvent tous les gens de Silver Grove ? De quoi ils rêvaient quand j’étais en train de mourir dans la malle de Fauve ?

Les pneus crissent sur les graviers du parking. La pecnode ne perd pas de temps, questionne avant même qu’on ait foutu un pied dans la poussière. La nuque roule pour lui jeter une œillade circonspecte. Pour étudier les mirettes qui ont visiblement décidées de ne plus me voir. Elle fixe le motel, la pecnode. Sa pancarte lumineuse qui déraille dans son vert pomme dégueulasse. Y a une lettre qui fonctionne plus, t’as vu ? Je ravale la remarque, parce que tout le monde s’en fout de ma remarque – de la lettre qui ne fonctionne plus et du fait que la pecnode, quand on s’approche un peu, à la gueule constellée de petites tâches de rousseurs. Ce n’est pas des traces de sang, ça, c’est juste des traces de toi. Il me faut quelques secondes pour ouvrir – dans la douceur et l’application d’un gamin de trois qui essaie de colorier sans dépasser des lignes. Peu importe le numéro de ma chambre, suis moi et ça suffira. Je me montre silencieux sans pourtant être austère. Monte les petites marches de bois qui craquent sous mon poids. Evite de passer devant l’accueil. Devrais peut être dire à la Pecnode qu’ici, tout le monde pense que je suis muet comme une tombe et sourd comme un pot. Ca évite les interrogations, les suspicions… Les gens n’aiment pas ma gueule, pas mes épaules… Ils disent qu’elles sont trop larges pour que je sois un homme de confiance. Mais ils me voient surtout comme un handicapé. Un sale handicapé pas d’ici, mais un sale handicapé assez diminué pour enlever une bonne part de méfiance pleine de préjugés. La porte de la chambre 314 s’ouvre sur une petite pièce mal éclairée. Les murs sont ternes, salis – avec des champignons dans les angles, au niveau du plafond. Ils mériteraient autant un coup de peinture qu’une bonne isolation. Le sol, une moquette dégarnie, est pleine de tâches. Recouverte, en majorité, de mes fringues, de sac de bouffe, de bouteilles, de bière, de paperasse. De mots qu’on m’écrit pour me faire passer des messages – Vous n’avez pas payer votre chambre la nuit derrière Monsieur Owen. On a entendu des bruits provenant de votre chambre toute la nuit Monsieur Owen, est-ce que tout va comme vous voulez, Monsieur Owen ? Et pour cause : la plupart des poignées de portes sont explosées, celle de la fenêtre n’a pas plus bonne mine. Il y a des bris de verre. Des couverts en miette. Un pied du lit qui dit merde, la table de chevet ne qu’est pas en forme – blessée au niveau du tiroir. Réveil, téléphone… Tout est dans un état lamentable.

Je grogne. Jette mon pull sur un tas de fringues crades en sachant pertinemment que c’est vain. Cette serpillère va partir à la poubelle, mais j’ai comme besoin de l’avoir là, encore un peu. C’est un souvenir lointain du Nœud Vrai que je ne reverrais jamais. Le pecnode reste un peu sur le pas de la porte quand je lui dégage un chemin – ou que je m’en dégage un, tu le prends comme tu le sens. Une bouteille d’eau est extraite du frigo en berne, bue à moitié avant que je ne vienne me poser sur le lit, attendant la sentence. Le résultat stupide d’un acte que je pourrais probablement remettre à plus tard – ou a jamais si je lui éclate la tête dans un mur. L’hésitation faiblarde se fait sentir. Secoue la carcasse avant que le cerveau ne trouve ça que parfaitement merdique. On ne tue pas les gens juste parce qu’on a pas envie de tenir nos promesses, quand bien même on les aurait faites pour nous sortir d’une situation complètement désespérée – et surtout là, j’imagine. La Pecnode bouge. S’amène. Se pose sur le matelas, près de moi. Glisse ses mains sur ma peau. M’arrache un frisson terrible. Improbable. L’un de ceux que je ne veux pas déterminer. Parce que tu es chaude et que je suis brulant. L’épaule déconne. Pique et fait vriller le palpitant. La bouche redevient trop vite pâteuse quand le bide gargouille et s’auto digère. Je pense à me relever. A lui balancer attend, va crever. A la foutre dehors, parce que c’est bizarre. Que cette situation est bizarre. Dans un éclair de lucidité tardif, je constate qu’on ne propose pas à des gens qui viennent de nous tirer dessus de venir chez nous pour nous bouffer l’épaule. Malgré un service risible qu’ils nous auraient hypothétiquement rendu. Dans un éclair de lucidité fatigué, je me dis que j’ai été bien con de ne pas lui claquer la porte au nez. Dans un éclair de lucidité…Mais c’est trop tard, les lippes se posent contre la plaie. Gobe le trou noirci et recousu. L’englobe de cet arc de cupidon beaucoup trop rond pour être vrai. Et son nez. Son nez est beaucoup trop droit pour être vrai, aussi. Tout est faux chez toi. Sauf tes yeux. Sauf tes yeux. T’as un léger strabisme, je crois. Un truc tellement discret qu’il faut te fixer longtemps pour le remarquer. C’est comme un mirage. C’est selon comment tu regardes. Ca te rend vraie ça, ouais. Ca, ça te rend plus réelle que tes lèvres et ton nez. Plus belle aussi. Et les crocs se plantent à la peau. S’accroche comme une lionne à une antilope. Ma gueule s’ouvre. Mon corps se tend. Ma tête me hurle qu’il faudrait que je hurle quand le bide exulte un hoquet savoureux. Je me mords l’intérieur de la joue. Tord nuque et omoplates dans une contorsion qui rapproche. Mes paluches cherchent les draps pour ne pas palper la pecnode qui se goinfre. Et la carne retombe quand la cannibale me relâche. L’échine rebondit lourdement. Les points blancs reviennent quand la pecnode s’en va. Je la vois à peine passer la salle de bains. A peine revenir pour éponger l’hémoglobine. – Tu brilles, que je bafouille. Tu brille encore, que je répète comme si c’était une mélodie. Et les paupières se ferment. Je m’endors, bêtement. Sans lui faire confiance mais dans la certitude qu’elle n’a plus aucune raison de rester, la pecnode. Ni même de me faire du mal.

Dodo. Réveil. Sursaut. Tôt.
La montre affiche 6 heures. La cafetière 14 et le téléphone de la piaule 09.

- C’est quelle heure ? que je me murmure doucement. La tronche en vrac. La tronche qui tire et l’épaule qui se rappelle à moi. Qui me renvoi en arrière. Qui me recouche sans presque faire frémir les draps, tant j’y vais délicatement. Parce que c’est une chaleur mortelle. Electrique. Qui s’étend du sommet de mon crâne à la plante de mes pieds, sans aucun scrupule. Et ça pulse, ouais, ça pulse de partout. Partout. Ca fait boum-boum derrière mes mirettes. Ca me fait même halluciner sévère. A coté de moi, dans le lit, la Pecnode. Qu’est ce que j’ai pris ? que je me pense en ramenant la gueule vers le par terre dégueulasse. Le regard s’égare. Cherche quelques comprimés discutables ou une bouteille de gnôle bon marché. Mais y a rien. Rien de tout ça. Que dalle. Juste les oiseaux qui chantent et la respiration de cette fille, dans mon lit. Cette fille que je n’ai pas touchée. Celle qui m’a juste bouffé. Bouffé pas comme les gens normaux l’espéreraient. Je me passe la main sur la face. Me lève. Me convainc que je rêve. Vais à la salle de bains pour une douche expresse. Met trop d’eau froide puis trop d’eau chaude. Fais grincer la tuyauterie et les manettes et les dérègle dès que je bouge un peu vite. Je fais gaffe. Souffre en silence mais aussi en grimace. Grogne en sortant de là, serviette aux hanches. Lève le museau dès que je reviens dans la chambre. La pecnode est toujours là. Et je souffre. Et je ne rêve pas. Il va me falloir un café et je me fais couler un café. Appuie sur les boutons de loin. Je me sers d’un truc déjà pété. Repousse le godet de côté en attendant que le tout refroidisse. Et je reste planté là, surtout. Droit comme un I au dessus de mon lit. Je mate la pecnode. Son haut à moitié déchiré. Son froc remonté au niveau des mollets. Ses godasses même pas quitter. Puis le sang. Le sang partout. Jusqu’à cette putain de bouche pas possible rehausser de ces piercings. Elle a un piercing sur la langue est la seule remarque intelligente qui réactive le cerveau. Je me rejoue vaguement la scène de la veille – reconnais que mon esprit fait quelques miracles pour que ça soit moins traumatisant que ce que c’était sensé l’être. On avait quand même vachement l’air d’une prostituée et de son mac hier soir.

Puis c’est à son tour de se réveiller. Un peu fort. Un peu vite. Elle bascule. Se redresse. Semble vouloir attaquer pour se donner contenance mais préfère l’assurance. Elle s’en va.Je ne te retiens pas, que je crache comme pour lui donner la réplique parfaite. Beh ouais vas-y, dégage, personne ne t’as invité à rester après tout. Je fronce les sourcils dès que l’interrogatoire commence. La salve de questions indiscrètes. A la première je réponds – Quelqu’un ; à la seconde – Un homme ; à la troisième – Parce que t’en bouffe souvent des gens ? T’es plutôt du matin ou plutôt du soir ? Tu sales pas trop j’espère, pense à tes artères.Heureusement que tu devais partir. Je hoquette d’un hoquet sans relief. D’un espèce de rire froid avant de me détourner pour aller récupérer mon café. Café que je lui cède en revenant vers elle, parce qu’elle a l’air d’en avoir vachement plus besoin que moi. – Bois ça et va prendre une douche. Si tu sors de ma chambre dans cet état et que quelqu’un te croise, ils vont croire qu’on s’est battu à mort toute la nuit… Et que je suis mort. Et que j’ai pas envie d’avoir les flics à ma porte si tôt dans la matinée. Ou si tard… Bordel, mais c’est quelle heure ?Tu peux prendre des fringues là, et je lui pointe du doigt une chaise où y en a qui dégueulent, mais elles sentent au moins le propre. Un tee-shirt à moi devra te servir de robe à toi. Et après tu fais ce que tu veux la belle au bois dormant. Même si le deal c’était pas que je te tiennes chaud la nuit. Si tu te sens seule, n’oublie pas que c’est pas de ma faute. Elle se crispe, la pecnode, mais s’exécute dans une espèce de nervosité étrange… Ou de susceptibilité. Ou de nonchalance. Enfin, un truc pas content. L’eau coule. L’eau coule assez longtemps pour que je me refasse un café, que je le boive et que je fume une clope à la fenêtre entrebâillée – entrebâillée de travers. Il va te falloir beaucoup de verres pour oublier ça Brishen. Elle revient. Je ne me retourne pas. Refuse de la regarder comme elle refusait de me regarder hier dans sa voiture. Dans son 4x4. Peut être parce que c’était bizarre hier – peut être parce que j’ai encore la marque de ses doigts sur l’épiderme et que je vais penser à elle chaque fois que je vais me voir, que je vais avoir mal, et que ça me dérange parce que je ne la connais pas. Connais là. Ca aussi, c’est même pas en rêve. J’ai pas d’ami, j’aimerais que ça reste comme ça encore quelque temps. Genre tout le reste de ma vie. Je me décide à jeter une œillade par-dessus mon épaule, aperçois un bout de cuisse quand elle enfile le tee-shirt trop ample. La lorgne s’activer pour que ça prenne un peu de forme. Ou pas du tout. Elle enlève aussi peut être les centaines de plissures qui font négligés. Faut dire que je les repasse pas mes fringues et que je les mets en boule, surtout.Tu es vraiment une trappeuse ? que je claque comme ça, sans préambule aucun. En la fixant ouais, en la fixant vraiment parce que si elle ment, comme ça, je le saurais. Mais peut être qu’elle ment juste très bien Brishen.Comment ça confond un ours et un homme, une trappeuse dis moi ? Tu avais bu ? T’étais pétée ? Défoncée ? Ca expliquerait aussi pourquoi t’es partie dans un délire étrange avec ma plaie.Ca veut dire quoi, en vrai, que je n’ai pas le même goût ? Le même goût que qui ? Que quoi ? T’es qui toi ? T’es là pour quoi ? Pour moi ? que j’ai envie de rajouter mais je le ravale. Sois pas paranoïaque Brishen, tu vois bien que cette fille, elle est juste paumée. Elle prendrait probablement du fric même si c’était pour te refroidir, mais elle ne fait partie d’aucune mafia. Elle est marginale et certainement un peu perchée, mais encore une fois elle n’aurait pas été embauché par une branche de l’Outfit.Pourquoi t’es restée ? Qu’est ce que tu fuis à Silver Grove, Fauve ?


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MessageSujet: Re: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptySam 24 Aoû - 22:40

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MessageSujet: Re: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptyDim 25 Aoû - 5:16

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Ca change tout que j’a envie de lui répondre. Ca change que t’avais peut être une raison. Une vraie raison. Une raison valable. Une raison humaine. Ca change que si t’étais bourrée ou défoncée tu me visais pas à moi ; tu visais personne. Ou tes démons ou autre chose. Quelque chose d’interne et de douloureux – aussi douloureux que ta balle dans mon épaule. Mais que tu ne me visais pas à moi. Non, pas moi. Pas moi personnellement. Ou moi parce que j’ai deux jambes, deux bras, que t’avais faim et que t’es juste fêlée. Parce que si t’es juste fêlée ça marche aussi. Si t’as un problème, une tare, un truc qui ne tourne pas rond dans ta tête. C’est une raison aussi. C’est une autre raison que : J’ai été embauché par ton père, je ne sais pas qui tu es mais je vais te tuer et te manger. Tu vois Pecnode ? Tu vois où est la différence ? La lame de rasoir sur laquelle on glisse ? Celle où d’un côté il y a mon pardon et l’autre mon instinct de survie ? Mais je ferme ma gueule ouais, je ferme ma gueule. M’attarde juste sur la contorsion de son corps quand elle se dresse sur la pointe de ses pieds. Comme pour me regarder dans les yeux. A une hauteur improbable pour sa stature. On ne m’a jamais rien expliqué, tu sais. Si ce n’est qu’on va pas chasser la nuit parce que tous les chats sont gris. Elle s’éloigne, la Pecnode. Récupère fringues et godasses. Le tee-shirt humide colle à ses omoplates. Ses cheveux dansent jusqu’à ses reins. Et elle continue de causer, s’énerve – peut être contre moi, plus probablement contre elle. Je crois que tu culpabilises de ce que tu aurais pu me faire. De ce que tu aurais pu devenir si tu l’avais fait. Je crois que tu t’en veux plus à toi que ce que tu m’en veux à moi de m'être déplacé sans gilet. Mais les mots claquent et piquent à la fierté. Titille la colère. Font bomber le torse et tendre l’échine, comme pour se donner une contenance dont je n’ai clairement pas besoin. Pauvre paumé ? T’es sérieuse ? Traite moi de connard tant que tu y es.Sors de chez moi, que je vocifère. Et elle irradie, la Pecnode. Elle chauffe, la Pecnode. D’un sentiment presque palpable et brûlant – parce qu’elle est vexée et énervée. Mais sa colère me touche. Dans une empathie impulsive je pompe l’énergie dévastatrice. M’énerve à mon tour. Et nous sommes deux, bientôt, à souffler comme des bœufs et à déverser sur l’autre une connerie d’égo qu’on ne peut pas déverser sur nous-même. Elle me touche. Je comprends pas pourquoi. Elle touche l’épaule. Là où ça fait mal. Alors, j’imagine que c’est pour me faire mal. La menotte est doc repoussée d’un revers de paluche. Renvoyée dans un pincement à l’encéphale qui me fait grimacer. Ouais c’est ça, tire toi de là Pecnode. Les poings se serrent. La carne avance quand la porte s’ouvre. Les mirettes captent à peine l’hésitation. Les oreilles reconnaissent la voix – celle qu’elles ne sont pas censées connaître. Moment de flottement. Je me pense et merde quand je fais un pas en arrière. Cherche à m’échapper. Me rappelle que je suis en serviette et que c’est ma piaule merde. Et la Pecnode qui saisi pas la nuance, qui défonce des évidences. Je roule des yeux. Trépigne. L’entends enfin s’éloigner et le patron rentrer. – Elle est bizarre votre amie, qu’il me siffle en secouant sa main comme pour dire Aïe aïe aïe, un sacré gabarit . – Enfin vous comprenez rien le basané mais si je pouvais je me la taperais bien, qu’il rajoute comme un porc en se permettant un rire de circonstance – gras et plein de glaires. – J’me demande si vous vous la faites. Bref… Il soulève sa main devant ma gueule en me faisant comprendre qu’il veut ma monnaie. Si tu savais à quel point j’ai envie de te retourner les poignets.

Il a fallu une grosse demi-heure de négociations et d’explications écrites pour qu’on m’accorde un délai pour payer. Un délai de quelques heures mais un délai quand même – un délai avec des intérêts mais je ne vais pas extrapoler. Je m’habille rapide. Bois un nouveau café. Fume. Bois – de la flotte parce que les réserves d’alcool viennent à manquer, dernièrement, la faute à ma force qui foire. Sors de là. Me fait appeler un taxi qui m’emmène en centre-ville. Tourne et retourne. Fais des tentatives pour bousculer des gens. Attends, plutôt, qu’ils viennent s’écraser contre moi pour ne pas les envoyer péter dans un mur. Taxe des portes feuilles. Beaucoup de portes feuilles. Des montres et des bijoux aussi, pour les jours de galère. Laisse les doigts vagabonder avec l’hésitation du débutant. Il faut vraiment que je me trouve un travail. Fais ça des heures dans une promenade aveugle. Si on me demandait à quoi ressemble Silver Grove, je ne serais pas foutu de répondre. Une ville comme une autre avec des gens… Des gens normaux et des gens qui tirent sur d’autres gens. Cerveau en berne. Bousculade désagréable, enraillée par le souvenir d’une balle, d’une face. De sa face. Fauve. Je la vois pas. Non. Pas vraiment. Juste dans ma tête quand l’éclat de la douleur d’un autre vient me péter derrière les œillères. Comme des synapses qui clampsent. Un faux mouvement merdique me tend l’épaule dans un angle improbable. Ravive une brûlure que j’avais pourtant réussi à taire pour ramasser du pognon. Et c’est le mec que je tentais de voler qui finalement s’inquiète. Me relève pour me demander si je vais bien. Voir si je ne vais pas crever. – Vo… Vous saignez… Monsieur ? qu’il insiste en me tendant sa pauvre main qui se verrait gober par la mienne si j’acceptais. Je me contente de lever un pouce. D’hocher la tête. D’acquiesce à je ne sais pas quoi quand je l’entends me proposer de m’amener à l’hôpital. Je trépigne. M’aide d’une poubelle pour me remettre d’aplomb. Droit sur mes guiboles – ou pas vraiment mais je fais ce que je peux avec ce que j’ai. Et je réitère le pouce levé. Me balance d’un pied à l’autre quand il insiste. Le dépasse pour me barrer. Ignore ses contre-indications. Me fait avaler par la foule pour le semer. Finis dans un bar. Un bar paumé. Un bar de camés. Un bar pour oublier et pour flamber quelques billets. Je fourre dans la poche de gauche tout ce qu’il faut que je me garde pour payer la piaule encore pendant un mois, remplis celle de droite des bouts de papiers qui me permettront de consommer.

Les heures passent. Je ne sais pas combien de temps je reste là et combien de fois je change d’établissement – probablement beaucoup, puisque je joue aux chaises musicales chaque fois qu’on commence à me regarder de trop. Finalement, tous les billets ne sont pas morts. Il me reste même des bagues et quelques colliers de valeur à échanger contre des minutes de beuverie. Je m’arrête dans une supérette pour compenser. Achète deux bouteilles que je cale habillement dans un sac en papier. Et je rentre, ouais, je rentre. Je me doute qu’il est tard au silence dans les rues et à la nuit qui pointe le bout de son nez. Je me doute qu’un truc foire quand les reliefs d’un 4x4 familier me sautent à la gueule dès que j’arrive sur le parking de mon motel. Je bug. Bouge plus pendant de longues secondes. Cherche de droite et de gauche quand je comprends que la Pecnode ne m’attend pas dans l’habitacle de sa caisse. Peut être que ce n’est pas toi qu’elle attend aussi, Brishen, tu n’es certainement pas le centre de son monde. Spontanément je regarde vers l’accueil. Allumé. Forcément. L’autre attend son pèze… Se tape peut-être celle qu’il pense être ma compagne – ou mon plan cul, on est pas allé dans les détails. Profite, que je rage sans bien savoir pourquoi. Refuse de le payer, dans l’incohérence d’une hargne improbable. C’est parce qu’il y en a qui peuvent s’amuser et pas toi Brishen ? Je serre la mâchoire. Tape fort des pieds quand je monte les marches et rêve déjà de la saveur qu’aura le whisky sur ma langue.

Stop.

Devant la porte de la piaule, la Pecnode. Vautrée. Acculée comme un animal blessée. Pourquoi t’es là ? que j’ai envie de lui cracher en la poussant du pied. Faudrait savoir ce que tu veux Brishen. Je me renfrogne. Opte pour l’option la plus délicate que j’ai. Me baisse pour lui pincer le tee-shirt. Le tâtonne un peu pour vérifier qu’elle n’est pas morte. Qu’elle n’est vraiment pas blessée. Elle ne semble rien avoir quand elle sursaute. Encore moins quand elle se remet sur ses petons. Je crois qu’elle a bu. Je suis sûr qu’elle a – beaucoup trop – bu quand elle m’engueule parce que j’ai trop tardé. Je lève les yeux au ciel. On avait rendez-vous peut-être ? Renvoi une œillade par-dessus mon épaule - vers l’accueil allumé. Me sens un peu fier et victorieux d’avoir gagné la visite de la Pecnode – me sens surtout débile la seconde d’après. Celle où elle s’excuse pour de vrai ; celle où je n’ai rien à ajouter – rien que je ne saurais ajouter parce qu’on m’a jamais demandé pardon. Celle où j’ouvre la porte pour la laisser rentrer. Et elle s’arrête pas de parler, la Pecnode – bon Dieu que j’ai jamais autant aimé qu’on me parle.. Elle fait comme chez elle. Traine jusqu’à la cafetière pour se faire couler un café quand je pose mes courses sur le frigo démis. Le cadeau qu’elle me fait me touche plus que ce que je ne le montre – plus que ce qu’elle me laisse le montrer. Elle enchaîne trop vite pour voir les mirettes troublées qui louche sur le dessus de lit. Les doigts qui le tâtent de la pulpe avant que la carcasse ne se retourne vers la Pecnode. – Pourquoi ça serait bizarre Owen ? que je demande dans une surprise que je ne prends même pas la peine de cacher. – Tu trouves ça plus bizarre que Fauve peut être ? T’as pas le prénom le plus commun du monde je te rappelle. Elle m’écoute pas. Claque une remarque qui réchauffe de suite le regard. La pupille s’électrise quand elle s’avance. Le torse vibre quand la paume s’y pose. L’échine dodeline dans une inconscience tactile. Cherche machinalement le contact direct des doigts de la Pecnode. De la Fille. De Fauve. La tronche relais légèrement les questions qu’elle me pose à un plan abstrait – secondaire et précaire. J’ouvre et je ferme les lèvres comme un poisson hors de l’eau. Soupire douloureusement quand sa peau effleure la mienne. J’suis qui ?Personne. Ou qui tu veux.J’suis fort comme un homme. N’importe lequel. J’ai rien d’extraordinaire. Tu te trompes. Ouais tu te trompes parce que j’ai envie que tu te trompes. J’ai envie de pouvoir toucher qui je veux quand je veux. J’ai envie de faire toutes ces choses que je faisais avant sans réfléchir et qui, maintenant, me demandent une concentration excessive. Et je baisse le menton. Couvre la Fauve de mon empreinte. De mon ombre. La couve de mon torse dans une tension immonde. Parce qu’il n’y a que sa main qui nous lie. Même en me penchant vers elle pour respirer son odeur de vanille et de cacao et de café et d’alcool, je ne l’effleure pas. T’es bonne.Tu as quel goût, toi, Fauve ? que je murmure si près de son oreille qu’une de ses mèches de cheveux palpite au rythme de mon soupir. Les bras se soulèvent. Se rebaissent contre les flancs. Je ne peux pas te toucher. Je ne peux pas si je ne veux pas te faire du mal. Me faire du mal. Pousse toi. Tu as trop bu, que je l’incite. Que j’aimerais la prier avant que ça ne déraille et que je ne lui démette une hanche.

Toc toc toc.
Je ne relève pas le museau. La laisse faire. Et son nez bouscule le mien. Et le bide se comprime.Monsieur Owen ? Il frappe, le patron, secoue la porte dans tous les sens pour me faire comprendre qu’il est là pour récupérer son argent. A la faire sortir de ses gonds. Les paupières clignent. La paume se love aux côtes de la Pecnode quand elle bouge pour s’échapper de là. Ou aller ouvrir. Ou je ne sais pas moi. Et quand c’est toi qui t’écrases contre moi personne n’a mal, pas vrai ?Je suis sourd et muet, que je souffle. Ici, Fauve, je suis sourd et muet, ok ?Attention je… Et il entre. Doit se dire que s’il termine ou pas sa phrase, je ne pourrais pas l’entendre. – Oh… Il est surpris, le connard. Ne s’attendait probablement pas à la revoir ici. Pas si tôt. Pas si vite. Ne semble toujours pas offusqué de s’être fait insulter par la belle et remet l’une de ses mèches de cheveux en place comme pour s’arranger. Comme pour lui plaire. – Comme on se retrouve, qu’il dit avec un sourire charmeur. Il bombe un peu le torse quand je me redresse. Sors l’enveloppe de ma poche arrière pour la lui tendre – et qu’il se barre. – Alors comme ça, vous ne saviez pas qu’il était sourd, qu’il lui balance en ricanant. Les pupilles changent. Perdent un peu d’humanité pour gagner en lubricité. Si elle ne le savait pas c’est qu’on avait pas parlé. Si on avait pas parlé c’est qu’on avait forcément fait autre chose. Elle est sortie d’ici avec un tee-shirt à moi sur le râble. Je fronce les sourcils. Il avance. Je lui montre la porte. Il m’ignore. J’avance. Il recule. Déconne pas mec.Si vous voulez passer à l’accueil un de ces quatre, qu’il lui balance comme si c’était normal. C’est pas tous les jours facile de faire semblant de pas entendre ce genre de connerie.On sera pas obligé de lui dire. C’est qu’il lui fait même un clin d’œil discret. Trop drôle connard. Et il s’en va, le patron, lui fait au revoir de la main quand il fait abstraction de moi sans vergogne. Ferme la porte. Je renifle un peu fort. M’agite un peu dans une grimace passagère. Vais me camper à côté de ma sempiternelle fenêtre. Aimerais démarrer ma chambre pour me barrer loin de là. Loin de tous ces cons qu’il y a en ville.Y a du Whisky dans le sac, sur le frigo. Si tu veux en mettre dans ton café. Ou si tu ne veux plus de café… Comme j’ai pas bu mes bouteilles, moi, sur le trajet. Je sais que je ne devrais pas te parler. Qu’il faudrait plutôt que je te foute dehors, mais je veux être sûr d’en avoir vraiment envie, avant. Et elle fait ses trucs, la fille. Sans trop me regarder. Comme si tout était normal et classique. Comme si elle ne m’avait pas tiré dessus, la veille. Comme si je ne lui en voulais pas. Non. C’est bizarre en fait. Je vais te jeter dehors.Comment tu m’appelles ? La demande est étrange. Autant que l’ambiance. Pète sans logique. Roule sur la langue avec un accent rond et chaud. – Quand tu penses à moi, dans ta tête, comment tu m’appelles ? Quand tu es venue ici, tout à l’heure, tu cherchais qui ? Le connard ? L’ours ? L’autre ? Le pecnot ? Le basané ? Henri, Fred, La Montagne ? Le fils de pute de la chambre 314 ? C’est quoi le nom qui me va bien ? Elle esquisse un mouvement. Je redresse le menton. Voudrais lui intimer de rester à sa place… Mais je ne sais pas bien si ça serait foutrement prétentieux – elle veut peut être juste seulement bouger ou fumer ou m’amener un godet – ou si ça serait clairement d’utilité publique – qu’elle arrête de poser ses mains sur moi quand je me sens prêt à exploser au moindre contact de sa part. Quand je devrais continuer à la haïr. Quand on était pas censé se revoir, jamais. – Merci. Merci pour la peau.

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MessageSujet: Re: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptyLun 2 Sep - 1:26

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MessageSujet: Re: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptyLun 2 Sep - 16:55

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T’as pas envie de m’appeler pour ne pas tomber à côté mais est-ce que tu sais que je ne suis personne ? Ici ou ailleurs, j’ai pas de nom. Pas d’identité. Parfois je suis un fuyard, parfois un bâtard, parfois un tzigane… Parfois ces trois choses à la fois. Mais on m’appelle pas moi, non, on ne m’appelle pas. On me hèle, au mieux. On m’appelle Mec, le Basané ou le Sourd-Muet. On évite de me causer. On évite de me connaitre. Ma vie n’est faite que de rencontres furtives, de bout de vie que je vole aux gens sans jamais leur permettre de me voler, à moi. Ca m’effraye, je crois. Je suis l’inconnu. Le grand. Le bizarre. Je suis des dénominations décousues dans l’esprit des gens. Un souvenir sans savoir et parfois un peu Brutal. Je ne suis rien d’autre qu’une ombre qui ne se pose jamais. Qui divague dans le monde, sur des terres qui ne lui appartiendront jamais. J’ai pas le temps pour me présenter. On s’en fout que je me présente parce que je ne reste pas là où je vais. On pense souvent que je meurs. Que je suis mort. On m’oublie comme on oublie un cauchemar ou un rêve – pas plus que le soleil se lève. Je n’ai pas d’importance dans la vie des gens. Pas d’impact. Je passe avec ma caravane ou ma carcasse et c’est tout. Ouais. C’est tout. Je suis le mec qui passe et vous êtes les clébards qui jappent. C’est pas long. C’est pas intense. J’échange pas avec les pecnots et ils ont pas envie d’échanger avec moi. Puis généralement ils ne savent pas que j’en suis capable. Ils se moquent tu sais. Ils se moquent souvent quand je suis à côté parce qu’ils sont sûr que je n’entendrais jamais ce qu’ils pensent de moi. Ils font comme si je n’existais pas alors – peut-être, je ne sais pas – je n’existe pas. Et ça me va. Ca me va. J’ai choisi de vivre comme ça. Alors… Ouais. Fais comme les autres et oubli moi ; t’es même pas censée savoir que je peux communiquer. Tout ça c’est parce que tu m’as tiré dessus Fauve. Notre relation repose sur une balle et ta culpabilité. Mais t’as pas besoin de culpabiliser pour une balle. Elle est plus là. Je ne t’en veux pas.

La tasse est placée dans le creux de ma main quand les mots de Fauve continuent de se disperser dans la nuit. Puis les questions aussi. Les questions, toujours. Si je ne te donne pas mon prénom tu te doutes que je ne vais pas t’avouer que je suis un criminel recherché, sois pas conne. Le silence c’est bien, aussi. Le silence, ça protège. Je baisse un peu le menton. Me concentre sur le godet dans ma main. Le liquide qui y navigue dans les remous faiblards de ma respiration stable. Je l’avale cul sec quand elle approche. Refuse la clope parce que je ne suis pas certain de pouvoir en prendre une sans dégommer son paquet. Lui coule un regard indéfinissable quand elle me fixe avec attention. Qu’est ce que tu mates ? Tu crois qu’à un moment je ne vais plus en pouvoir et tout t’avouer ? Tout te dire sur moi et ma vie ? Tu crois que t’as un pouvoir magique ? Celui de la persuasion parce que t’es mignonne et sympathique ? Mais c’est pas ça qu’elle veut, Fauve. Fauve ce qu’elle veut c’est voir la blessure. La plaie. Celle qui a un peu rougie le tee-shirt et celle qui a affolé ce passant que j’essayais de voler. Elle veut se rendre compte, encore, de ce qu’elle fait – de ce qu’elle peut me faire ou de ce qu’elle veut encore me faire. Je résiste. Relève mon cul du rebord de la fenêtre pour ne pas qu’elle me touche. Pour ne pas qu’elle me donne envie de la toucher en retour. En quelle langue il faut que je te le dise que je n’ai pas envie d’être tactile ? Mais je ne suis pas assez vif ou assez grand. Ou pas assez convaincu moi-même de ce que je veux. Ses doigts me rencontrent. M’arrêtent dans l’élan de fuite qui anime la carne. Je bouge plus, parce que je ne pourrais pas me barrer bien loin de toute façon. On est chez moi et je viens de l’inviter à boire un verre. L’interrogation amère se perd sur la pulpe de ses doigts. Sur mes lèvres. Et je ne me défends pas quand elle me fait quitter mon haut. Je me dis juste T’es con, Brishen, qu’est-ce que tu essais de te prouver ? De lui prouver ? De vous prouver ? Je pose ma tasse je ne sais pas trop où. Quelque part d’où elle ne tombe pas. Ecoute les remords en masse. Capte une étincelle de désir, je crois. A la frontière de ce qu’elle aurait aimé que j’aime. – J’ai détesté me recevoir une balle, que je soupire plus que je ne le prononce. Comme un murmure étranglé dans ma gorge qui se serre. Je crois que personne n’aurait aimé ça. Mais elle s’en fiche Fauve. Elle veut qu’on soit à égalité. Tend la menotte entre nous pour que je puisse la gouter. J’ai du mal à saisir, d’abord, pourquoi c’est ça qu’elle me montre. Qu’elle me donne. Ai l’impression qu’elle veut mettre une certaine distance avant le coup fatal. Comprends au ralenti qu’elle veut que je la saigne. Pour qu’on soit tout pareil. Si tu veux un acte égalitaire faudrait d’abord que je manque de te flinguer, tu le sais, ça ?

Les genoux flanchent. Tombent devant elle. Ca va vite. Ca va fort. Les phalanges s’agrippent aux passants de sa ceinture. Cherchent le bouton de son jean. Le font sauter. Le pètent. Le dégagent quand les doigts roulent jusqu’à sa croupe pour baisser son futal sous le rebond de ses fesses. Et c’est là, sûrement, qu’elle comprend mieux, Fauve, de quelle façon j’avais envie de la goûter. De quelle façon je me poser la question. Alors elle inspire Fauve. Tente de choper avec la pogne un recoin de mur ou mes cheveux quand ma tête se perd entre ses cuisses. Quand son pantalon craque sur l’arrière de ses cuisses et que ma langue se montre inquisitrice. Elle lape l’intérieur de sa cuisse, d’abord. Ses lèvres, ensuite. Sens un sursaut. Saurais pas dire si c’est parce que je lui fais du mal ou du bien. Tente de lui soulever une jambe quand, je pense, elle se débat pour virer son bas. Récolte sa sève – la goûte vraiment dans la moiteur de son entrejambe. Grogne quand elle palpite. M’énerve sur son froc qui se déchire. Elle ondule sur ma gueule, Fauve. Me fait grogner quand j’aimerais hurler : J’peux pas te toucher Fauve. J’peux pas. Alors fais le pour moi Fauve. Fais le pour moi. Et je m’affaire. Et je lèche. Et elle se cambre. Et elle a bon goût Fauve. Un goût un peu sauvage. Un goût qui lui va bien. Et mes paumes se posent sur ses fesses quand elle se cambre un peu plus, Fauve. Quand je la fouille. – T’es bonne, Fauve, que je lâche plus pour moi. Recule à peine la gueule pour essayer de la voir, dans le noir. Mais il fait noir. Y a juste le néon vert, dehors, qui vomi sa lumière instable. Et j’y retourne. N’attend pas vraiment de réponse. Ou de Je sais, merci. Imagine qu’elle a pas le choix. Elle a proposé que je la goûte, après tout. Je n’avais juste pas précisé comment. Et je me dis Tant pis. Et je me dis J’ai envie de t’entendre crier. Brailler. De t’entendre gueuler. Gueuler des noms, des surnoms. Pas à moi, parce que tu l’connais pas, celui qui est à moi. Mais c’est l’intention qui compte paraît. J’ai envie que tu fasses du bruit, parce que je ne suis pas censé l’entendre. Que j’emmerde mes voisins mais j'ai envie de connaître au moins ça, de toi. Les nuances de ton goût et de ta voix.

Toc toc toc.

Je suis sourd. Sourd. Vraiment. Ne pense et n’entend qu’elle. Me concentre sur son sang qui pulse là, dans son artère si près de mon oreille. Me concentre sur sa respiration et sur les mouvements de son corps. Sur mes mains qu’elle cherche et sur ses mains qui se caressent. On est cinglé tous les deux.

Toc toc toc.
Monsieur Owen ? voix chevrotante du patron du motel. Porte qui claque. Elle saute de ses gonds, la connasse, quand on m’arrache à vive allure de l’entrejambe que je savoure. Qu’on me traîne – pas très loin. Chopé par l’épaule meurtrie. Balancé à terre sans que je ne puisse saisir. Je vois le plafond sombre. Des corps. Des ombres. La crosse d’un Colt qui frappe ma pommette et des connards qui beuglent Ta gueule ! Ta gueule ou on te flingue ! Les paupières papillonnent quand je ramène mes bras devant ma face. Tente de rouler sur le flanc pour comprendre mais le canon froid d’une arme me maintient à terre. Me fait lever les paluches au-dessus de la tronche. – Monsieur Owen ? qu’un timbre grave balance sur le ton de l’humour en se penchant au-dessus de moi. C’est un mec. Un grand blond aux yeux très bleus et aux cheveux gominés en arrière. Il a des cernes. Des cernes gris et l’orbe si terne que j’en mettrais ma main à couper, qu’il s’en envoi sévère dans les veines. Je fronce les sourcils. Capte que je ne connais pas ce type. Qu’il est trop bien zappé et trop armé et probablement trop organisé pour être un pecnot comme les autres. – On vous dérange, peut-être ? qu’il continue, d’un calme olympien, en virant ses gants et en faisant un signe vers l’entrée défaite. Un peu ouais. Ca bouge. Ca fait du bruit. Je suppose qu’on tente de refoutre les bouts de bois en place pour qu’on ait tous un peu plus d’intimité. – Qui c’est ? Il demande, le mec, toujours aussi placide. Je n’ai pas besoin de relever la nuque pour savoir qu’il parle de Fauve. – Il est sourd et muet, que balbutie le patron qui a vachement perdu de sa superbe. Et la remarque fait rire. Il pouffe, le blond, dans une exagération psychotique. – Sourd et muet ? qu’il répète en se tapant la paume contre la cuisse. Provoque l’hilarité générale chez ses compères – ils sont quatre. – Il est aussi sourd que ce qu’il s’appelle Owen. Il revient vers moi, arrange sa chemise blanche. Semble plus crispé, tout à coup, à en déformer ses traits si parfaits. Sa gueule de con.Où elle est ? qu’il demande en reniflant bruyamment. Je pense à mon père. Je pense que, ça y est il m’a retrouvé. Silence.Où elle est ? Silence. La chaussure cirée percutent les côtes. M’extrait une expiration forcée. – T’es ni sourd ni muet, alors dans quelle langue il faut que je te le demande ? C’est à son tour d’expirer. Il baragouine un truc qui ressemble à des mantras zen. Déclare un tic nerveux qui fait tressauter son arcade sourcilière. J’étais occupé. Tu m’as dérangé, ne t’attends pas à ce que je sois coopératif.On va quand même te tuer, qu’il annonce comme s’il m’annonçait qu’il allait se marier, faisons en sorte que ça soit sans te torturer Oren.Owen.TA GUEULE ! le patron baisse le menton. – Alors ? Où-est-la-ma-lle-tte ? articule-t-il la mâchoire crispée. J’ai bien envie de répondre dans ton cul, mais je doute que le trait d’humour te fasse sourire.OK. Redressez le. Des paluches me chopent les biceps pour m’asseoir. Elles pincent plus forts quand je tente de me relever entièrement. Me demande vaguement si je peux encaisser autant de souffrance d’un coup si je me mets à tous les tarter. Me cède que je ne veux pas savoir parce qu’il n’y aurait pas que ma vie ne jeu. – Qui c’est, elle ? qu’il demande en pinçant le menton de Fauve. – Une amie, il lui fait dodeliner la gueule, une petite amie ? Elle est pas trop banche et trop jolie pour toi ? Il lui fait dire oui. Je me disais bien aussi. Puis il claque des mains. Fait sursauter un peu tout le monde. – Bien ! Tu ne veux rien nous dire Ozen ? Tu me les auras tous fait.On va faire un deal, alors, tu veux bien ? Non.On va te laisser 24h pour la mallette. Si t’es pas trop débile elle ne doit même pas être ici. Si dans 24h tu ne nous l’a pas donné – parce qu’on va revenir – on tue ta copine. Il se décale. Se dégage un passage jusqu’à la porte d’entrée. – Inutile de te préciser qu’on te retrouvera si tu décides de te barrer. Je suis un vrai limier. Il baisse la poignée. – Quoi que si, fuyez, ça pourrait être drôle une vraie chasse à l'homme. Ah… Et… Son arme se tend. La détente se fait maltraiter par l’index. Le coup part. Les yeux se ferment. Le corps du patron du motel tombe dans la chambre. Il lui a tiré dans la tête. A demain ! chantonne-t-il en sortant de la piaule.



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MessageSujet: Re: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptyMer 4 Sep - 19:05

ANIMAL INSTINCT ft @KAHSHA WARD

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Ce mec n’est qu’un amas de chair fraiche et demain ça sera potentiellement moi. Potentiellement elle. Et ça me fait un truc au bide. Un truc au cœur. Un truc qu’il ne faudrait pas que ça me fasse. Pas parce que j’ai peur – je n’ai pas peur, pas peur pour moi – mais parce que j’ai toujours fait en sorte que mes emmerdes ne touchent personne. Alors peut être que j’ai merdé ouais, une ou deux fois, dans ma vie. Que j’ai impliqué des gens dans des plans dangereux, sans vraiment le vouloir, dans un recours désespéré. Mais c’était pas prévu là. Je n’avais aucune envie que ça le soit. J’imaginais pas ma soirée comme ça. Tu vois Fauve pourquoi je ne veux pas ? Pourquoi je ne veux pas que tu connaisses mon nom ou mon prénom ? Pourquoi je ne veux pas que tu m’humanise ? Parce que tu humanises forcément quelqu’un quand tu le nommes. Ce n’est pas l’anonyme du coin ou tous ces gens qui meurent en nombres dans des pays dont tu connais à peine l’existence. Ce n’est pas l’anonyme d’un meurtre atroce, qui te ferait à peine plisser le nez avant de zapper ou de tourner la page de ton journal à scandale. Ce n’est pas l’anonyme qui te fait hausser une épaule en te disant que c’est dommage. Quand tu humanises quelqu’un, il gagne une infime particule d’importance dans ta vie. Et cette infime particule d’importance dans ta vie peut être utilisée contre toi pour te faire du mal. Et de mon côté… De mon côté je me protège, tu vois. Si je n’ai d’importance pour personne et que personne n’en a pour moi, alors on ne peut pas me faire de chantage affectif. On ne peut pas tuer les gens que j’aime. Si je n’ai d’importance pour personne et que personne n’en a pour moi je suis seul pour gérer mes problèmes et ça, ça me va. Sauf que là ça va pas. Non. Ca ne va pas. Fauve est impliquée. Elle est impliquée pour une histoire de timing à la con. Parce que j’ai voulu qu’elle reste boire un verre – qu’elle n’avait pas l’intention de partir. Que je l’ai retenu en me perdant entre ses cuisses. Qu’est ce qu’il se serait passé si tu étais partie quelques minutes avant ? Qu’est ce qui se serait passée si tu n’étais juste pas venue pour m’amener ton cadeau ? Les divagations se perdent. Se paument. Ne ressentent pas plus d’indignation pour ce qu’il vient de se passer qu’une sincère peur – peur pour l’avenir et mon désir de vengeance. Le patron du motel et sa gueule décharnée finissent par bouger. Probablement plus vite que le court de mes pensées – ou plus lentement. C’est Fauve qui y bute. Qui s’écroule. Qui semble complètement perdue au milieu de cette mare de sang et je ne sais pas… Je ne sais pas si elle éprouve un flot de dégoût ou une tempête de fascination morbide. Mais elle cherche mes prunelles Fauve. Elle les cherche quand je me dis que je l’ai mise en danger. Que je l’ai mise en danger et que je devrais m’en foutre. Que je devrais me lever, maintenant, faire mes affaires et ne pas me préoccuper d’elle. Qu’ils vont probablement venir la chercher mais, qu’elle ne sait rien, encore, et qu’elle ne pourra pas leur dire. Même sous la torture, Fauve, elle ne pourra qu’inventer. Elle ne connaissait même pas l’existence de la mallette jusque là – elle ne connait pas ces gens et ce qu’ils me veulent et pourquoi ils ont tiré une balle dans la tête d’un patron innocent. Parce que sinon il aurait pu les reconnaitre. Ils n’avaient plus besoin de lui. Je mets quelques secondes à me rencontre compte que Fauve patauge. Que Fauve est paumée au milieu de sa mare de sang. Je me demande pourquoi elle ne se relève pas. Me rappelle qu’elle a un sacré problème quand il s’agit d’hémoglobine. C’est quoi ton putain de problème ? T’es une trappeuse, tu en vois tous les jours, tu vas pas me dire que ce soir ça te choque plus qu’un autre. Je suis de mauvaise foi. Me redresse trop vite. Elle se redresse pas loin derrière. Comme si j’avais été son impulsion. Et ça m’arrange parce que je ne sais pas comment je l’aurais faite sortir de là, sinon. En lui arrachant un bras, peut être. Ce bras qu’elle tend pour venir me toucher le torse dans une proposition foutrement étrange. Je suppose que le contact la rattache à la réalité ; qu’il la lie à quelque chose de plus puissant encore que la mare de laquelle elle vient de s’extraire. Mais moi tu me salopes du sang d’un autre et, on va pas se mentir, ça me plait moyen bof. Surtout que ce n’était pas mon grand pote, tu vois ?Les tuer pour moi ? que je répète dans une surprise presque tangible. Pourquoi tu ferais ça pour moi ? Parce que t’as manqué de me tuer la veille et que je me suis glissé entre tes cuisses et que du coup tu me dois quelque chose ? Parce que c’était convenable et que tu tues des ours, alors des Hommes… Je capte pas. Vois pas pourquoi cette fille – cette Fauve – ferait quelque chose comme ça pour moi. Sans me connaitre. Me rassure en supposant que c’est parce que sa vie à elle est aussi en danger. Que ce n’est pas personnel. Qu’on ne peut pas proposer ça comme ça. Pas à un mec qu’on a rencontré comme on s’est rencontré nous. Aussi rapidement. Aussi spontanément.

On finit par se mettre d’accord sur le fait qu’il faut se débarrasser du corps – se barrer d’ici même si je ne suis pas certain que ça servirait à grand-chose. Le chef des opérations avait l’air assez sur de lui pour me faire penser que ça fait un moment qu’il me suit. Qu’il connait mes habitudes. Qu’il a dû foutre des putains de mouchards dans la plupart des trucs que je garde avec moi. Alors je m’affole. Regarde un peu partout en enfilant un tee-shirt. Trouve rien de probant. Ramasse des affaires. Les fourre dans un sac. Récupère les bouteilles de gnoles. Jette le tout sur mon épaule quand je soulève le mort pour l’amener dans le 4x4 de Fauve. Je le fourre dans la malle, cherche pas à faire des miracles, les vitres teintées s’en chargent à ma place. Fais un détour rapide à l’accueil du motel. Fais mine d’aller aux toilettes. Celles que j’avais prétexté vouloir utiliser de toute urgence quand j’étais arrivé. Bifurque à gauche à un moment. Soulève un tapis. Dans un angle, les lames de planchers ont été démises pour pouvoir y glisser une mallette. Ma mallette. Je reviens à la caisse pour la planquer plus ou moins maladroitement dans l’habitacle. Retourne à l’intérieur pour aider Fauve. Suis une plaie. D’une maladresse peu commune. Ai peur de péter un truc. De déchirer un truc. De faire paraitre un truc encore plus suspect que ce que ça ne l’est – alors que ce n’est même pas notre faute. Ca m’énerve. Je m’agace. Fauve me propose d’aller l’attendre dehors. Ce que je fais sans franchement insister pour lui faire changer d’avis Oh mais non, mais à deux ça ira plus vite puis ça sera moins glauque. Je descends. M’allume une clope. Puis deux. Puis nique le briquet et m’aperçois que je suis vraiment excédé. Que je suis à deux doigts de la rupture. Que je suis à deux doigts de ne pas attendre les 24h indiquées pour les retrouver moi et voir ; ouais, voir combien de personnes en souffrances mon cerveau est capable de comprendre et d’encaisser. Surement pas plus de deux. Mais bon, quitte à crever. Parce que c’est ça qu’il a dit. Que quoi que je fasse j’allais y passer.

Fauve revient quelques minutes après. Se fout derrière son volant. Cale son dos à son siège. Encore un tee-shirt à moi, que je me dis quand elle démarre comme pour me sortir de mon état de nerfs. Me concentre sur elle. Un peu. Mais ça finit par m’énerver aussi. M’énerver sans raison. Parce qu’elle ne devrait pas être là et que j’ai juste envie qu’elle parte. Qu’elle me laisse gérer ça mais elle ne le fera pas. Elle ne le fera pas parce qu’elle ne me fera pas confiance et qu’elle aura toujours peur que je me barre et qu’on vienne la récupérer elle et qu’elle crève pour que je puisse vivre. Alors je me mords la gueule. Ou peut être que ce qui m’énerve c’est que j’aimerais que tu te barres mais que j’ai peur que tu le fasses. Regarde le bitume. La route. Les lignes blanches sur le bas-côté et les lumières de la ville au loin. Je monte le son de la radio et le baisse. Gigotte sur mon siège. Réprime l’envie de lui demander quand est-ce qu’on arrive. On arrive. Faut marcher. Faut marcher avec le corps sur l’épaule et l’épaule qui brûle et qui tire et qui flingue. Je râle pas. Assume le fardeau quand les points lâchent un par un. J’ose pas demander à Fauve si le cabanon est le sien. Présume que oui à la voir y naviguer avec aisance. Rêve de me poser dans le fauteuil vieilli mais il faut déjà repartir. J’ai la mine base, quand je la suis. Suis trop tendu pour avoir la réminiscence de notre rencontre, qui ne date pas de longtemps. Mais on enterre déjà un corps ensemble. Un truc qu’on aurait du dire à la police si on avait un semblant d’âme de gens honnêtes. Est-ce qu’il a une famille, ce mec ? Est-ce que quelqu’un va l’attendre, ce soir, chez lui. Est-ce que quelqu’un va s’inquiéter qu’il ne rentre pas ? Est-ce que quelqu’un va appeler les flics et est-ce qu’il va y avoir une battue ? Est-ce qu’ils vont retrouver le corps et, s’ils le font, est-ce qu’on est sur qu’on ne sera jamais suspectés ? Parce qu’on a des allures de suspect parfait là. Elle creuse, Fauve. Avant que je ne prenne la relève ; pendant qu’elle fume une clope ou qu’elle boit de la flotte. L’air souvent pensive, souvent absente. Je suppose toujours que c’est le cadavre qui l’intéresse plus qu’une quelconque discussion qu’on pourrait avoir. Pourtant elle tente un sujet Fauve. Ou peut être même qu’elle le retente vu le nombre de fois dans cette soirée où elle me l’a demandé. Et encore une fois je fais semble de pas entendre. De pas écouter. D’être trop concentré. Moins tu en sais, mieux tu te portes. Puis on rentre. Peut être en trainant un peu plus le pied. Une œillade est jetée à mon montre. Annonce qu’on est en plein milieu de la nuit et que je ne suis toujours pas bourré. Relève le menton. Prend machinalement la bouteille qu’elle me tend même si ce n’est pas vraiment ce que je veux. M’arrête net quand elle devient vulgaire. Qu’est ce qu’il y a, merde ?

Tournée vers moi Fauve fixe mon bide. Et peut être qu’elle n’a pas tort. Le tee-shirt gris est tâché de rouge. De rouge partout. Ce rouge qu’elle m’ôte sans que je ne lutte. Elle lape quand je bouscule ridiculement – un comble pour un mec qui est censé avoir une force extraordinaire qu’il est incapable de maîtriser. Elle cause de points qu’il faudrait refaire. J’ai envie de lui répondre qu’il faudrait déjà retourner à la cabane pour me faire des points. Que qu’est-ce qu’elle fout là ?! et que qu’est ce qu’elle essaie de se prouver ? Mais sa paume sur ma queue bloque ma respiration. C’est rapide. C’est pressé. C’est pas tendre et c’est comme j’aime. Mais tu ne peux pas, Brishen. Encore une fois je veux lui expliquer. Lui dire que c’est compliqué. Que c’est jamais comme je veux et que ça peut être dangereux, ce qu’elle fait. Que je peux lui faire autant de mal que ce que je peux m’en faire. Que je ne suis pas certain d’être aussi agréable qu’elle semble le penser. Mais toi tu l’es, Fauve, agréable. Ta voix. Tes ronrons. Tes voyelles et tes consonnes qui roulent sur ta langue. Qui donnent envie que ta langue elle roule sur moi tout pareil. Je soupire quand elle achoppe la paluche. Qu’elle l’amène à l’entrejambe. Qu’elle la fait passer sous le tee-shirt trop grand. Qu’elle ondule pour que je la sente. Moite de désir. De désir de moi. Déconne pas, Brishen. Comment ne pas déconner ? Là, maintenant. Quand est-ce que j’ai loupé le coche ? Celui où il aurait été bon de ne pas faire le con et de la pousser ? De la pousser entièrement pour lui dire d’aller se faire foutre par quelqu’un d’autre ? – Brutal que je balance très vite. J’m’appelle Brutal.

Je vibre. Dérive. Balance un peu la tête en arrière mais la ramène quand elle se baisse. Quand je sens ses lèvres autour de moi. Quand elle me gobe. Quand je voudrais pousser dans sa gorge mais que je ne peux pas. Le supplice m’arrange un grondement sauvage. L’aspiration m’en arrache un plus proche de la jouissance. J’veux emmêler mes doigts à sa tignasse. Réprime l’action. Fais un petit bruit sec quand je ne sens plus les lèvres de Fauve. Manque de m’étouffer quand elle me cause d’un truc auquel je ne pensais pas. Je dodeline du chef, de droite et de gauche. Non, désolé, je ne prends pas de préservatif dans mes poches quand je vais enterrer des morts… Mais tu devrais plutôt trouver ça rassurant. Ca devrait même être une prérogative pour toutes tes conquêtes.On peut pas, que je me tente avec la voix égarer au fond de la gueule alors que Fauve a sur sa face, une expression peu satisfaite. Fini moi. Mes hanches se tendent. Ses tiges me quittent. Elle se redresse Fauve. J’sais pas pourquoi. J’sais pas pour me dire quoi. Et je crois que c’est par là, que moi je dégoupille. De nerfs. De rage. De colère et peut être un peu d’actes manqués. Que je me dis que cette fille, de toute façon, je ne la reverrais jamais. Qu’elle va peut-être me faire mal à la tête mais qu’elle me fera du bien au corps. Que je peux au moins gagner ça sur ma soirée. Je crache un – Je vais te faire mal , qui n’a rien de rond ou d’engageant. Ca ne semble pas être un mensonge – juste un constat froid dans une atmosphère chaude. Et je balance nos fringues. Craque surtout les siennes – mon tee-shirt – quand je la ramène contre moi. Me refuse à l’embrasser quand elle tend la nuque. Lui palpe une fesse. Grimace quand je semble lui faire mal – dose la caresse à la douleur qui pulse dans ma tête. Trouve rapidement la nuance agréable. Glisse mes mains derrière ses cuisses. Soulève la carne de la Fauve. Lèche les seins. Les mord un peu fort. La laisse un instant onduler contre mon bide. La décale encore. Assez pour nous voir. Nous regarder quand je la prends d’un mouvement ample. Quand j’emplis la fente avec une facilité déconcertante. Que ça me donne envie d’y aller avec plus de vigueur. Quand je me contente de lâcher légèrement la prise que j’ai sur ses hanches pour qu’elle donne les premiers coups de reins. Quand le premier que j’envoie lui coupe la respiration dans une décharge qui se mêle à mon propre plaisir. La mâchoire se referme sur un de ses bras. M’balance une nouvelle décharge. Je pousse plus fort en elle. Nouvelle décharge. Mes lèvres se perdent à l’angle de sa face. Cherche son regard. Cherche à savoir quand ça va et quand ça va pas. Mais c’est compliqué parce que tout semble aller bien.

On bascule. On se vautre dans les feuilles mortes. On se bat, quelque part par là. Contre nous-même et contre l’autre. J’agrippe son poignet. Le maintiens au sol. La puissance est dissuasive. Nouvelle décharge explosive.Bouge. Bouge Fauve, que je répète au rythme de nos coups de butoir. Elle me chope l’épaule. Me fait cracher une insulte. Puis deux. Plus plusieurs autres quand nos corps s’entrechoquent. Vibrent l’un contre l’autre dans les heurtes, les cris et les feulements incertains – dans ce mélange étrange de douleur vive et de sexe pur, animal. Elle me griffe. Je la pille. Fais claquer nos chairs dans une mélopée humide. Remonte en elle à lui en faire soulever les reins. La touche dans la certitude que sa peau aura des bleus demain. Aimerais y aller plus vite. Plus fort. Mais je la sens se tendre quand je me tends – les crocs accrochés quelque part sur moi. On s’active. On se cherche. – Cris. On jouit. Et elle se cambre dans les feuilles mortes Fauve quand je passe une main entre ses seins. Que je flatte l’orgasme dans une contemplation admirative. Quand autour de sa tronche y a le halo lumineux de ses cheveux et ses paupières closent et qu’on dirait presque qu’elle est morte alors que ça veut juste dire qu’elle est en vie. – T’es belle , que je crache comme un badaud du dimanche. Comme tous ceux qui ont été à ma lace surement. Au dessus d’elle et encore en elle. Je bouge encore un peu dans le bruit trempé et moite de son entrejambe. Mate le spectacle sans vouloir retrouver la fraicheur du monde extérieur. Sors. La laisse. Me relève presque de suite. Titube. Cherche de droite et de gauche les fringues éparpillées et complètement déchirées. Je crois qu’il n’y a que mon pantalon qui a échappé au pire. Mais j’imagine qu’elle a de quoi s’habiller dans son cabanon. Lui ramène mon tee-shirt esquinté pour ne pas qu’elle ait le bout de foret qu’il nous reste à traverser à poil. – Ca va ? que je me décide à débiter quand elle tend la main vers le vêtement. – Fauve ? Ca va ? Je t’ai rien casé ? Au moins je t’aurais vacciné de moi. -Ce sont des hommes de l’Outfit, qui nous suivent, soufflé-je doucement en la regardant se rhabiller comme elle peut. Je crois que je culpabilise un peu, de ce que je t’ai fait… Même si je ne culpabilise pas de ce que nous avons fait. Je lui tend une main pour l’aider à se relever. – C’est une mafia Irlandaise. J’ai des trucs à eux qu’ils aimeraient récupérer. Court silence. Reste ici, Fauve. J’veux dire, reste dans ta cabane, là, jusqu’à demain au moins. Le temps que je leur rende ce qu’ils veulent. Que je tente de les buter et qu’ils me tuent et qu’ils récupèrent ce qu’ils veulent. Voilà. Là nous sommes sur scénario plus cohérent.



Couleurs des Dialogues:


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MessageSujet: Re: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptyJeu 5 Sep - 20:38

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MessageSujet: Re: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptyJeu 5 Sep - 22:46

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You alone have the power. You only hold the control. [...] One fleeting moment. Few short-lived seconds. Mere short flicker in time, for the shadow to grow and die.

Qu’est ce que ça peut bien te foutre qu’ils me tirent une balle dans la tête ? que j’ai envie de lui demander quand l’un de mes sourcils s’arque. Pourquoi tu t’inquiètes de ce qu’il pourrait m’arriver ? Parce qu’on a couché ensemble ? Parce que tu n’as jamais couché avec quelqu’un, juste comme ça, parce que ça faisait longtemps ? Parce que tu nous vois déjà avec une baraque, un jardin et un chien et des gosses ? Ou parce que t’es impliqué dans l’histoire ? Mais si c’était juste ça, tu ne penserais pas à ma tête, tu penserais à la tienne… Tu te demanderais comment tu vas t’en sortir, toi, si la mienne tombe, tu vois ? Instinctivement, je me recule. Calcule vaguement le temps qu’il me faudrait pour retourner à la cabane sans elle ; lui voler les clés de sa caisse et me barrer. Genre me barrer loin – plus pour fuir la mafia mais pour la fuir elle. Tu me fais flipper soudainement. Tu me files des bouffées de chaleur. Tu me rends nerveux. Et anxieux. Et je suis en train d’établir un plan épargne dans ma tronche pour voir si je pourrais vivre heureux en ermite dans les montagnes du Canada pour le reste de ma vie. Parce que je ne la connais pas. Parce qu’elle ne me connait pas. Alors pourquoi elle s’intéresserait à moi au-delà du sauf-conduit que je pourrais lui offrir ? Elle est bizarre, Fauve, et elle aime le sang comme j’aime la guerre. Elle en a repris, Fauve, d’ailleurs. Elle a croqué dans la peau comme si c’était un steak. Elle m’a fait mal, quelque part, entre les deux électrochocs de mon cerveau. Ceux qui rendent tous les rapports physiques difficiles – ceux qui me font intellectualiser le sexe plus que ça ne le devrait. Je me demande si Fauve elle pourrait me croquer lorsqu’elle m’a dans la bouche. Lorsqu’elle sent le chibre entre ses lèvres qui pulsent. Qui se gorge de ce qui semble l’obséder. Je me demande si c’est ça qui lui plait. Ca qui l’obsède. Ca qui fait qu’elle tient à ma peau comme elle tient à celle de l’ours. Je me demande si elle envisage de se taper un délire étrange, après tout ça, qui consisterait à me bouffer cru. Vivant. Gigotant. Je me demande si Fauve elle a pas un problème. Du moins, elle en a déjà un clair niveau régime alimentaire, mais, Fauve, tout le monde aurait envie de ne pas se mêler de mes affaires pour survivre. Tout le monde prierait pour que je me barre vite et ce, malgré une partie de chambre en l’air dans une forêt, à 10m d’un macchabée. Qu’est ce qui va pas chez toi ? Moi ? Mais si je te fais vriller, pourquoi tu veux que je reste ? Je recule encore. Ravale malgré tout mes idées débiles – mes idées un peu extrêmes. J’ai mal à l’épaule et Fauve, finalement, elle ne semble pas agressive. Elle doit juste avoir peur. Peur pour elle. Ca doit lui faire faire n’importe quoi, que je me rassure en défonçant probablement des évidences beaucoup plus évidentes. Bordel que ça se termine vite.

On rentre. Je reste en retrait, un peu loin d’elle. Assez pour me défendre en cas de problème – si elle se retourne pour m’égorger ou une connerie dans le style. Ce qui est parfaitement débile. Mais tant que je ne capte pas pourquoi t’es comme ça, je me méfie. Elle me passe de la flotte. Je bois. L’épie et l’observe sans pour autant que ça devienne dérangeant. Bouge sans bouger dans un sur-place machinal. Tique quand elle appose les mains sur le torse. T’es trop tactile Fauve. Et trop désolée, aussi, j’imagine. Je n’ai jamais dû autant l’entendre de ma vie que dans sa bouche à elle. Arrête de faire si ça te met si mal à l’aise. Arrête de tirer sur des gens et de les mordre quand tu les baises. J’élude les pensées. Claque la langue comme seule réponse. Le genre d’onomatopée qui veut tout dire et rien dire à la fois. C’est un peu ce que m’évoque cette situation surréaliste. Puis je n’ai jamais été le mec le plus rassurant du monde. Je suis le mec qui se barre par la fenêtre après. Après le sexe. Je suis pas le mec qui reste. Surtout avec une Pecnode. On ne fait pas parti du même monde, Fauve. Toi t’es dans ta tête, dans ta cabane, dans les bois… Tu chasses et la solitude t’as clairement rendue inapte au contact avec les autres. Moi je suis un peu plus ancré dans la réalité, je crois. Dans mes problèmes, sur la terre ferme ou dans une caravane. Je vis pas dans d’autre strate. Je vis dans celle-là, et dans celle-là je ne m’attache pas aux gens aussi rapidement. Je ne suis visiblement pas comme toi Fauve, j’vais pas te faire du bien. Je vis trop avec le monde. Ce monde qui m’écœure et qui me déteste et à qui je le rend bien. Ce monde en qui je n’ai pas ou plus confiance. Je ne veux pas qu’elle s’occupe de moi. Grimace pour lui faire saisir que non. Me résigne en me doutant qu’elle ne me laissera pas tranquille jusqu’à m’avoir recousu une seconde fois. Je lui prends sa bouteille de gnôle. Met les lèvres au goulot. La lève. La rebaisse. Sans boire. Sans rien. Veux rester parfaitement conscient de ce qui se passe – de ce qu’elle pourrait faire. Je souffre en silence. En me pinçant l’intérieur de la gueule et en agrippant un peu fort les draps de Fauve. Pas par plaisir. Reste par là quand elle me demande de le faire. Fume. Une ou deux clopes. Refuse de me rafraichir quand elle revient avec ce qu’il faut. Je veux prendre une vraie douche. Une bassine ne m’enlèvera pas l’odeur du cadavre que j’ai du porter jusqu’à son trou… C’est qu’il puait, le patron du motel. C’est que ça put la mort. Elle se change. Je la regarde du coin de l’œil et puis, plus franchement. Mate les traces et l’encre sur son corps. La trouve originale, à défaut de la trouver marginale. M’avance quand elle s’empresse de me balancer qu’elle a réfléchi. J’ai peur, l’espace d’un instant, qu’elle m’avoue que c’est à nous – m’attend vraiment à la description de la maison parfaite, de la famille parfaite et du couple parfait. Relâche la pression de mes épaules quand elle commence. C’est à un plan, qu’elle a réfléchi. Même si c’est dans le soucis de ma vie et de ce qu’il pourrait m’arriver et dans une attention improbable en si peu de temps… C’est mieux qu’une déclaration d’amour tordue en plein milieu de nulle part. Evite moi d’enterrer deux corps au même endroit, Fauve.Je n’aurais pas besoin de revenir ici pour me cacher. Et, dans le fond, je pense ne pas avoir besoin d’une trappeuse qui confond les hommes avec les ours. Comment tu veux me couvrir dans ces circonstances ? Qui te dit que j’aurais besoin que tu me couvres ? Qui te dit que c’est pas moi le connard de l’histoire et eux les gentils ? Qu’est ce que j’ai fait, Fauve, pour attirer ta putain de sympathie ? Ta confiance ? Si tu fais ça avec tout le monde, Fauve, ça me prouve juste que tu n’es pas fiable… Ou tout ça c’est un jeu, pour toi ? Je suis un jeu ? Un bout de viande ? Mais t’es quoi, putain ?Tu l’as dit toi-même, quoi que je fasse ils vont me buter. Aujourd’hui, demain ou dans un mois ou un an. Et je n’ai aucune envie de leur donner cette mallette, que je murmure, pas forcément de la manière la plus intelligible.

Paumé, je me laisse porter. Accepte de dormir ici, chez elle. Dans ce semblant de baraque qui sent le feu de bois et le vieux et la poussière. L’aide à foutre des peaux de bête par terre et tiens à dormir là. Pas sur le lit. Pas dans ses bras. Juste là. On ne peut pas se laisser aller à un peu de tendresse. Ou beaucoup. Tu comprends ça, Fauve ? Qu’on peut pas ? Que ça ne se fait pas ? Que ça fait bizarre quand on le fait ? La soirée est silencieuse. On se regarde peu. On se parle peu. On fume beaucoup, parce que j’ai la sensation que c’est tout ce qu’il nous reste pour ne pas rendre le Rien qui nous entoure particulièrement dérangeant. Je tente de me rationnaliser, parfois, en louchant sur son profil. Sur sa bouche trop parfaite et sa peau et ses tâches de rousseur. Je lui accorde qu’elle est gentille, Fauve. Qu’elle veut mon bien et qu’elle n’a pas pensé à mal. Qu’elle ne voit pas, elle, ce qu’il y a de flippant dans les services qu’elle me rend. Qu’elle culpabilise, quelque part. Qu’elle pense que tout ça, ça lui rapportera une place au Paradis, ou que ça améliorera sa place aux Enfers. Et j’espère, au fond de moi, que ce n’est pas inconditionnel. Et c’est surement stupide, ouais. Stupide… Mais je ne veux pas croire qu’on peut tout donner aussi vite. Comment tu fais pour survivre si tu es aussi naïve, Fauve ? Combien de personnes ont dû se foutre de toi si tout est si facile à avoir avec toi ? Comment elle était l’école de ta vie ? Celle qui t’as tout appris ? T’es amnésique Fauve ? C’est pour ça ? T’as oublié que les gens c’est tous des enfoirés ? Tu vois pas que je suis un Gen aussi ? Que je ne suis pas différent ? Que je me suis forgé dans ce monde de cons ? On se couche. Séparément. Je ne suis pas confortable. L’ambiance est lourde malgré la fraicheur de l’habitation. Je tourne beaucoup. Peine à trouver le sommeil. Il est léger. Hachuré. Jusqu’à être complètement rompu par les mains de Fauve sur ma peau. Ca m’arrache un frisson. Quelque chose entre le désagréable et l’agréable – parce que ça serait excitant si je ne ressentais pas une putain de méfiance. Ca fait limite psychotique, Fauve. Je finis par me mettre sur le dos quand elle se glisse sur moi. La voir me voir. N’y décèle rien – aucun danger apparent ou tout autre chose qui se rapprocherait de ça. Je ne décèle qu’une envie de sexe et l’appréhension naît dans le bide. Je vais avoir mal que je me répète alors que sa langue lape le torse. Je ferme les yeux. Me concentre. Intellectualise ce que je sens. Je grince des dents. M’apaise et me relâche sitôt qu’elle me prend dans sa bouche. Me dis que ça va le faire. Que ça va bien se passer. Que j’ai géré, a première fois, qu’il n’y a pas de raison que ça foire cette là. Mais t’as pas toujours géré Brishen, y a deux trois fois où ça t’as cloué au sol et que ça a terminé à l’hôpital, ces histoires. Je crache une inspiration profonde. Presque douloureuse. Tu fais n’importe quoi, est la dernière chose qui traverse mon esprit. Parce qu’elle remonte, Fauve. Parce qu’elle s’empale, Fauve. Mes phalanges se plantent dans les peaux de bête. Mes crocs clapent les joues pour réprimer un coup de bassin. La nuque se tord quand Fauve reste statique. Quand j’aimerais lui dire de bouger. Lui hurler de le faire ou le faire moi-même, sans rien lui péter. Lui hurler en lui tirant sur la crinière pour qu’elle m’offre son cou. La cambrure de ses reins, le rebond de ses seins et le bruit de son cul sur mes cuisses. Et ça me flingue. Ouais. De pas pouvoir faire ça, ça me flingue. Ca me fait perdre le goût du sexe – du sexe comme je l’aime. Et Fauve elle sait pas. Fauve elle sait rien. Fauve elle se met en mouvement, me libère en parti de la frustration de mon corps. Fauve elle m’arrache des grognements à chaque ondulation. A chaque fois que nos chairs se rencontrent et se fouettent. Dans ce martèlement enivrant. Elle me guide, Fauve, sur son ventre, sa poitrine - sur elle toute entière. Doit penser que je sais pas faire – qu’elle est la première femme que je touche. Doit penser qu’elle doit m’apprendre parce que je ne suis pas doué, que je suis un peu gauche. Que ce manque d’initiative, ça me rend un peu fade. Mais elle m’a là, Fauve… Alors elle fait avec ce qu’elle a là, Fauve. Pourquoi t’y reviens, Fauve ? Je pince pour me prouver que je peux être bon. Etre bon pas que dans la bouche de Fauve – pas qu’avec mon sang, même si je comprends pas trop, ça. Ca vrille dans le crâne. Je pousse pour prendre Fauve. Ca vrille dans le crâne. Pousse et pousse loin à l’intérieur de Fauve. Agrippe sa peau. La supplie de gueuler – et c’est qu’elle gueule, Fauve – pour faire taire ce feu sur ma peau. Ces électrochocs dans la tête. Cette souffrance qui se mêle à nos ébats – cette semi-souffrance qui n’est pas à moi mais qui est là quand même. Même si elle semble trouver ça bien – elle simule surement, Fauve. Parce que ça se mélange et ça annihile mon propre plaisir. J’ai ses ongles dans ma peau – mes ongles dans la sienne. Ses bleus et les miens. Et c’est compliqué, de dissocier. D’aimer le bien que l’ont se fait dans l’unique conscience du mal que je lui fais. Pourtant ça vient. Ca monte. Quand elle palpite. Quand je me concentre sur ses couinements. Sur ses feulements. Quand elle me recentre sur quelque chose d’agréable. De plaisant et de jouissif. Quand je la regarde, elle. Quand mes mains la lâche et que mes reins ne cherchent plus à la prendre. Quand elle fait tout – quand elle est seule à bouger sur ma queue. C’est là, que je jouis, malgré ses dents qui font craquer la chair de ma paume. L’électrochoc. Celui de l’orgasme.

Le corps contracté se décontracte. Reçoit celui de Fauve qui s’affale. N’ose pas le toucher. Même quand elle se glisse à côté. Je la reluque. Reluque ma main. La reluque encore. Et puis elle et ma main qu’elle fourre à sa joue. Tu vas rester là ? A côté de moi ? Toute la nuit ? Elle ferme les yeux alors que nos jambes sont encore entrelacées. Qu’on est encore chaud et humide en part là. Retourne te coucher que j’ai envie de râler, un peu honteux, surement, des deux prestations que je lui ai servi. Et des bleus… Mais pas trop, ça, parce qu’elle me bouffe chaque fois qu’on couche ensemble. J’imagine que ça compense tant que je ne lui fracture pas le bassin… Et encore que ça vaudrait pour la balle dans l’épaule. C’était la dernière fois, Fauve. J’ai mal au crâne d’essayer de faire l’amour pas trop mal. Pas trop bien. Je ferme les yeux. M’endors dans l’idée farfelue d’une vie monacale et d’une castration chimique. Dors mal. Sans rêve. Sans rien que le vide et le noir et le réveil en sursaut en me demandant où je campe. Mon regard cherche à s’amarrer à ce que j’ai à côté. Se surprend à ne pas rencontrer la silhouette de Fauve. Je relève le menton. Manque de sursauter quand elle me tend un café. OK. Je frotte les mirettes. Tend la paume pour qu’elle me pose ça part là. Trésaille en sentant la tiédeur du godet m’incendier la plaie, juste là. Putain. Je serre les dents. Tente de changer de paluche sans rien péter ou faire tomber et ça me prend un temps infini. Tant et si bien que le café est quasiment froid lorsque je l’amène à mes lèvres. Je me lève. Sors. Fume une clope en prenant l’air. Veux pas rerentrer parce que c’est affronté ça et que, définitivement, je préfère me barrer avant que l’autre se réveille après ça. Je rentre. Louche sur les clés du 4x4. Evite Fauve et son contact. Me mure dans le silence. Taciturne. Fais pas le con, Brishen, laisse là au moins te ramener en ville. Ca t’évitera probablement une conversation malaisante. Et malgré tout, Fauve, elle veut m’accompagner. – Quoi ?, que je siffle dans une vibration grave. Ne peux m’empêcher de me tourner vers elle, dans un hoquet brusque – entre agressivité et réelle surprise. Mais qu’est ce qui tourne pas rond chez toi ? T’as une passion pour le médiocre ou comment ça se passe ? Ton crédo c’est de sauver les désespérer ? Leur tendre la main pour les faire se sentir encore plus mauvais ? Ca part d’une bonne intention mais c’est laid. J’veux dire, ça va là, on va pas appuyer trois heures sur le fait que je suis un raté et que je peux faire pitié à ce putain de point. Je laisse planer un temps mort désagréable. Presque bourdonnant – presque bruyant. – Qu’est ce que tu veux ? que je jette là, dans le mépris de ce qu’elle pourrait me sortir. Maintenant qu’on y est.Que je t’excuse pour la balle ? Pour quoi d’autre tu voudrais encore m’aider ? Que je t’excuse pour ça ? Je tends la paluche blessée. – C’est ça, Fauve ? Il faut que je te pardonne et tu penses que tu vas acheter mon pardon en me couvrant ? Parce que, pour quoi d’autre tu aurais envie d’aider un mec que tu ne connais pas ? Qu’est ce que tu crois qu’il y a dans cette mallette ? Qui te dit qu’ils ont tord de vouloir me tirer une balle dans la tête ? Putain mais qu’est ce que t’en sais ? Qui te dit que j’ai pas violé la fille d’un de ces types, que je suis pas un salopard de pédophile, un meurtrier nécrophile et que j’ai pas une collection de dents dans la mallette ? Qui je suis pour que tu me suives aveuglément dans une affaire aussi délirante que celle là, sans réfléchir au-delà d’un plan pour me sauver ? On vient d’enterrer un corps sans qu’aucun de nous deux ne trésaillent, est-ce que tu as vraiment envie d’aider un mec qui ne trésaille pas en enterrant un corps ? Parce que moi, même pas ça m’aurait effleuré l’esprit. Parce que les gens qui en enterrent d’autres sans gerber ont certainement beaucoup trop de choses à se reprocher.Je te pardonne, Fauve. Amen. La sincérité frôle le timbre, mais le dédain frôle l’expression du faciès. – Ramène moi en ville, maintenant. Je ramasse mon paquet de clope. Dégage de la cabane, le cœur dans la tête, le sang vibrant aux tempes. Calme toi, Brishen, que je me martèle en avalant la distance qui me sépare de la caisse. Attend que Fauve arrive en faisant les 100 pas. Ravale une remarque cinglante, juste pour attiser les braises. Monte dans le 4x4 quand j’imagine qu’elle préfèrerait me rouler dessus. Lui demande de s’arrêter, à un moment, sur le bord d’une route. Avant même de rejoindre Silver Grove. On se quitte là. On ne se doit plus rien. Je descends. Récupère mes affaires. Saute le fossé pour disparaître derrière des broussailles.

☽ ☽ ☽

- Je t’avais dit que je te retrouverais. Une main se pose sur mon épaule. C’est lui. Je regarde l’heure sur la grosse pendule industrielle accrochée sur le mur. Le mur d’un bar. Parce qu’un bar, c’est un lieu public et que j’ai moins de chance de me faire descendre dans un lieu public – ou me faire trainer dehors pour qu’il me batte à mort. Ponctuel, constaté-je. 24h pile au compteur. Il me contourne, le blond. S’assoie confortablement. Prend le temps d’enlever ses gants. De nous commander des boissons. Tient ses hommes à l’écart d’un faible mouvement de main. Il en manque deux, mais je ne m’en formalise pas. – Il a fait une chaleur…, qu’il commence comme si cette situation était normale. Comme si nous étions amis et que nous nous retrouvions après un long moment d’absence. Et il continue de causer, le blond. Charmant. Courtois. Poli. Savoure son whisky dans une assurance qui me dépasse. Dans une normalité folle presque fascinante. Et ça dure, ouais, ça dure. Un certain temps. Moi je ne l’écoute pas. Je ne vois que ses lèvres qui gigotent. Que ses hommes dans les quelques miroirs du bar – parce que je n’ai pas choisi celui là par hasard, j’en ai fait plusieurs avant de trouver celui qui avait le plus d’avantages stratégiques. – Roh, Ozan, qu’il minaude. Je cligne des yeux, dans une lenteur excédée. – Tu crois que je ne sais pas ce que tu fais ? Il glousse un peu. Renvoi son dos dans le dossier de sa chaise. – Tu crois que tous ces gens m’empêcheraient de te tuer ? Il penche la tête de côté. – Cela dit, c’est assez bien choisi, il acquiesce, inspecte les alentours. – Elle a misé sur d’autres critères. Je tique. Elle ? Il renifle. Bascule sa chaise sur les pieds arrière. – Où est la mallette, Connard ? OK. On en est plus au stade où tu essais de me vexer parce que tu ne retiens pas mon faux prénom.J’espérais que tu sois assez con pour te taire. Il se redresse. Balance son index d’avant en arrière comme pour dire Entrer. Je n’ai qu’à lever les prunelles pour voir les deux derniers types débarquer dans le bar. Accompagnés. Je ramène mon torse contre la table pour mieux voir dans le miroir, derrière le blond – celui qui donne sur la porte. Je crois me taper une hallucination. Elle. Ils sont accompagnés de Fauve. Et merde. La mâchoire se contracte. – Continue de garder le secret, s’il te plait. C’est demandé si gentiment. Ils la font asseoir, à Fauve. De force. Assez près de nous pour qu’elle nous entende, assez loin de moi pour m’empêcher de la toucher – pour leur laisser le temps de lui faire du mal avant que je ne les atteigne. – Bouge pas, qu’il me murmure. Dans moins de cinq minutes l’alarme du bar va se mettre en route. C’est le temps qu’il te reste pour nous donner la mallette et prendre ta balle dans la tête. Si tu refuses, on dépèce ta copine avant l’arrivée des pompiers et toi, on te ramène à qui tu sais. Je hoche la tête dans une affirmation. J’ai compris.

Les secondes s’égrènent et les minutes s’écoulent. Je reste fixé sur la pendule, là-haut. Ignore les autres. Le monde. Le bruit. Les réflexions lointaines qui ne me concernent pas et l’espèce de conversation que le blond tente d’avoir avec Fauve. – Est… - Chut, que je laisse filer entre les crocs clapés. – C’est à moi que tu dis chut ? lâche-t-il, sincèrement surpris. – Une minute. Il se détourne. Regarde la pendule. Dodeline du chef. Ne termine pas son mouvement lent et gracieux. Ma main s’amorce à son crâne. Lui envoi le nez dans la table du bar.



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MessageSujet: Re: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptySam 7 Sep - 1:22

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☾ Le Foudroyant ☽
Brishen Ayaz
Brishen Ayaz
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Portrait : JM © LUX AETERNA
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En quelques mots : UC
Curiosité : Ressent la douleur qu'il inflige
Aptitude : Force décuplée - Et te faire chier, aussi


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MessageSujet: Re: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptySam 7 Sep - 11:16

ANIMAL INSTINCT ft @KAHSHA WARD

You alone have the power. You only hold the control. [...] One fleeting moment. Few short-lived seconds. Mere short flicker in time, for the shadow to grow and die.

Le bruit mouillé. L’éclat de sang qui s’étale en gerbe sur la table claire du bar. Les chaises autour qui crissent pour se reculer. Les cris. Les heurts. Et ma tête qui explose comme à chaque fois. C’est une horreur. Alors je le lâche, le blond, pour faire un puis deux pas en arrière. Les paumes sur les tempes, un grondement qui râcle la gorge quand la sienne glapie. Parce qu’il a mal le blond, et je n’ai pas besoin de le regarder – de le voir – pour savoir que je viens de lui péter le pif. Je n’en ai pas besoin parce que je le sens. Je le sens sur propre arête comme si c’était elle qui venait de se fendre sur le bois clair de la table du bar. Ca me vrille la caboche. M’empêche d’éviter ou de repousser le connard qui me chope à l’épaule. Qui tire mon cuir pour bloquer mes mouvements. Qui tente de m’enfoncer le cul dans un tabouret pour me foutre son poing dans la pommette. J’ai pas le réflex d’éviter la baigne ; me dis qu’avec un peu de chance la douleur réelle fera partir celle qui ne l’est pas. Me déconnectera du blond et de son tarin – celui qui, désormais, lui servira beaucoup moins bien pour nous sentir fuir. Un limier sans son nez ne vaut rien. Et ça claque dans ma joue. Fait trembler la carcasse. Recentre l’intérêt et la force de frappe. Me fait me redresser dans une impulsion survivante. Repousser l’assaillant avant que l’alarme ne retentisse et que l’eau ne se déverse du plafond. Et ça va vite là. Et c’est brouillon, là. J’ai du mal à voir et à percevoir, dans la cohue générale. Les clients essayent de partir. Se bousculent pour atteindre les portes. La panique me panique. Me fait capter le flingue, désormais – celui de Fauve et celui des autres. Il sort d’où le flingue de Fauve ? Ca pète. Les détonations me font fermer les yeux dans un élan malheureux. Si on te vise Brishen, est-ce que tu penses que ça te sauve de devenir aveugle ? Je ne sais pas comment. Je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas sur qui – parce que dans tous les cas ça n’est pas sur moi. Je pousse encore un des types du blond. L’envoi valser entre les meubles. Nage à contrecourant pour arriver jusqu’à elle. C’est le meilleur moment pour se barrer Fauve. Ma hanche tape sur un angle de comptoir. La trappeuse se tourne, virulente. Braque le canon sur ma gueule. Beugle ce qu’elle a à beugler devant mon faciès qui se décompose. Est-ce que tu penses que c’est vraiment le moment de pleurer sur le sort que je t’ai destiné Fauve ?Il faut sortir, que je débite d’un timbre si monocorde qu’il se perd dans la cadence de l’eau sur le sol. Elle ne semble pas réaliser, Fauve. Ne semble même pas vouloir tirer, finalement. Juste me montrer et me prouver qu’elle m’en veut, de la façon la plus suicidaire qui soit. Qu’est ce que t’as ? Tu croyais que je n’étais pas comme les autres parce que tu viens de découvrir que tous les Hommes n’ont pas le même goût ? C’est ça, Fauve ? Je ne suis qu’un met que tu pensais te taper entre l’entrée et le dessert ? Et, Fauve, dis-moi, Fauve, c’est quand que tu comptais m’égorger ? Mais je te l’ai dit, Fauve, que j’étais comme tous les autres moi. Pourquoi tu m’en veux de ne pas t’avoir mentis ? La paluche se lève. Se referme sur le flingue sans trouver de résistance. Le balance un peu plus loin quand je la bouscule pour qu’on sorte par derrière – par cette porte dérobée. On atterrit dans une ruelle sombre. Le genre qui inspirerait n’importe quel tueur en série. Ca put la pisse et le fer. Les poubelles aussi. Me donne un haut le cœur qui me rappelle que je n’ai fait que boire et que je n’ai pas beaucoup manger, ces derniers jours. L’adrénaline en chute libre. Et Fauve qui feule.

- J…e t’en prie, que je veux lui murmurer en levant la main, probablement pour la faire taire, mais en sachant par avance que ça ne marchera pas. La preuve en est qu’elle me coupe la parole, Fauve, parce qu’elle pense tout mieux savoir que moi. Tu n’as pas encore le pouvoir de lire dans mes pensées, Fauve, et tu ne me connais pas assez pour prétendre deviner ce que je compte faire. Je fronce les sourcils. Détaille la stature alourdie de la trappeuse. Légèrement voutée. Le corps est douloureux quand la psyché semble vouloir lutter. Tu luttes seulement contre toi-même, à ce stade.Il faut partir, récité-je comme une poème – le genre chiant et un peu triste. Mais elle ne m’écoute pas, Fauve. Même quand je répète. Elle m’en veut. Ouais. Elle m’en veut je crois et je ne comprends pas pourquoi. Je ne l’ai pas laissé, dans ce bar, que je sache. Je ne lui ai rien promis, non plus. Alors que j’aurais pu, ouais, j’aurais pu. Même que j’aurais dû… Parce qu’elle m’encombre là, Fauve, dans sa crise existentielle. Mais tu saisis que t’es pas censée exister dans mon monde ? Que t’es pas censée faire partie de mes problèmes ? Que t’es pas censée devenir une statistique supplémentaire à ma vie ? Une statistique merdique parce qu’on va pouvoir me faire du chantage avec. T’étais pas censée être là, la super trappeuse. Ouais. T’étais pas censée être là parce que t’es pas censée te faire repérer super facilement en forêt. T’étais censée rester dans ton cabanon pourri, à attendre que cette putain de soirée passe sans te faire prendre. Est-ce que c’était trop compliqué, Fauve, de ne pas te faire prendre ? De disparaitre pour ne plus jamais qu’on est à faire l’un à l’autre ? Est-ce que c’était trop compliqué de faire ton putain de travail correctement ? T’es petite et discrète, merde, comment ils auraient pu te trouver quand tu chassais l’ours ? Puis tu pouvais pas leur tirer dessus, peut-être ? Madame Je-te-couvre ? T’es pas censée être douée ? Etre bonne dans ton domaine ? T’es pas censée être autre chose qu’un putain de boulet accroché à ma cheville, Fauve ? Pourquoi t’es là ? Pourquoi t’es encore là à geindre que je suis comme les autres, et que je vais partir ?! Parce que tu crois que tu me donnes le choix ?! NON ! NON ! Bien sûr que non, maintenant, je ne vais plus partir. Parce qu’ils vont te retrouver, à toi, pour te buter. Et ils vont m’envoyer ta tête comme un trophée. Comme tu fais avec tes ours et leur peau. Ils vont être contents de t’avoir tué et moi, Fauve, moi j’en fais quoi de ta putain de tête après ? Je te demande pardon alors que tu es morte ? C’est ça, qu’il faudrait que je fasse, tu crois ? Que je m’en foute de ta tête de pecnode bien emballée dans un carton Chronospost ? Ou TAT j’en sais que dalle. Bordel Fauve ! Comment tu veux que je m’en foute ? Même si tu me donnes envie de m’en foutre. De te poser là comme une conne. De te laisser avec cette espèce de rancœur nulle que tu me voue pour te donner de l’importance – ou me donner une importance que je ne mérite certainement pas. Parce que ouais, Fauve, je suis comme tous les autres et peut être même pire qu’eux… Je pourrais… Ouais, je pourrais, comme eux, te laisser dans la merde parce que t’es qu’une putain de pecnode et que t’es pas assez douée pour leur résister. Et que tu pourrais même les ralentir et leur faire perdre du temps pendant que je me barre, moi. Et qu’encore que là, ça va, tu vois, parce que tu ne pourrais pas leur dire où je suis, où je vais et ce que je compte faire. Parce qu’on se connait pas, Fauve, et que tu ne leur serais utile que pour assouvir leur pulsion de torture froide. Mais moi Fauve… Moi… Même si t’es une pecnode et que je ne tiens pas à toi… Même si je suis un connard comme tous les autres Fauve, et que tu es probablement folle… Moi… Est-ce que je pourrais me lever tous les matins… Est-ce que je pourrais me regarder dans mon putain de miroir tous les matins en me demandant comment et quand ils font te tuer ? Comment et quand ils vont m’envoyer ta tête ? Mon regard dégringole jusqu’à son flan. Voit le sang qui le barbouille. Me rend compte dans la froideur d’une claque mentale que je lui en veux à elle parce que c’est plus facile que de m’en vouloir à moi. Putain, Fauve. Je crois que je le pourrais, Fauve. De colère. De rage et de fierté… Je crois que le pourrais pour sauver ma peau. Pour honorer ma vengeance. Je crois que ta mort m’effleurerait à peine – que mon reflet ne me dégouterait pas plus qu’aujourd’hui, pas moins que demain. Mais je ne le veux pas. Je ne veux pas devenir ce monstre là. Ni pour te donner raison, ni pour me donner tort.

Je m’avance pour qu’elle avance. Claque la langue quand elle balance qu’il y a quelqu’un. Me dirige vers la foule. Les bruits et les pompiers. M’insère par la porte d’un immeuble ouvert – parce qu’ils vont probablement nous chercher loin et pas juste là, sous leur putain d’yeux. Lui choppe le bras, probablement un peu fort puisque ça pique à la caboche, pour l’aider à monter les marches. Vais au dernier. Appartement 5825. Celui qui avait la boîte aux lettres la plus pleine, en bas. Pousse la porte pour tordre le loquet. Le loquet cède aussi discrètement que si c’était chez moi. Que si j’avais la clé. Dans un faible bruissement de bois.

J’allume pas la lumière. Me contente des éclairages de la rue. Du camion de pompier qui donne à la pièce des allures de mauvaise discothèque. Je devine les murs verts pâles et le sol recouvert d’une moquette brune. C’est propre, ici. Ca sent le frai. Les quelques photos sur les meubles, dans des cadres bons marchés, montre une famille américaine typique et heureuse. Sur la plupart des clichés, ça rit aux éclats. Le genre de truc qui m’énerve, sans que je ne sache vraiment m’expliquer pourquoi. Je préfère croire que le type qui vit ici n’a jamais mis des photos à lui. Qu’il a laissé celles qui sont vendues dans les cadres, dans les magasins… Qu’il a fait ça pour oublier que sa vie est minable- qu’il est minable. Et tu te dis ça Brishen, certainement parce que c’est ce que tu aurais fait pour te rassurer toi-même… Pour te leurrer toi-même. Parce que tu es minable, Brishen. Je dodeline du chef. Vais à la salle de bains pour choper une trousse de secours. La trousse de base, avec des pansements pour gosses et de l’antiseptique qui ne pique pas. Super. Vraiment, super. Reviens avec la patte traînante jusqu’au salon. Me campe et me penche devant Fauve. Louche sur la plaie à ses côtes. Soupire, rassuré, quand je capte que la blessure est plus superficielle que mortelle. – Tu devrais aller à l’hôpital, que je murmure en me redressant. Lui passe doucement la boite que je tiens faiblement – entre deux doigts. Fauve refuse. D’une phrase ou d’un mouvement d’épaule. – Tu devrais aller à l’hôpital, que j’insiste quand elle se décale jusqu’au canapé d’angle couleur crème. Pourquoi tu ne veux pas aller à l’hôpital comme toute personne civilisée ?Tu devrais y aller, mais tu fais bien comme tu veux, que je capitule en faisant un mouvement de paluche. Le genre qui pourrait facilement se traduire par Fait chier. Je me dirige vers les placards et, comme je ne peux de toute évidence pas l’aider dans le bandage qu’elle s’octroie, je prends en otage une bouteille de rhum pour oublier mon inutilité présente. En bois une, deux puis trois et quatre gorgées. Sans me tourner, sans lui parler. Aimerais lui conseiller de ne pas laisser des marques de sang partout, mais ravale le dialogue pour m’enfermer dans mon alcoolisme. J’ignore Fauve comme on ignore un fantôme. Me cache dans les angles comme pour éviter tout semblant de conversation. Je crois que Fauve, elle croit que je vais partir alors, elle capitule, Fauve, et finit par m’ignorer aussi bien que je l’ignore. Je la regarde de loin. Fumer. Boire. Vivre et grimacer à chaque mouvement difficile. Je la vois aller et venir jusqu’à la salle de bains. Eviter les fenêtres tout en voulant y voir quand même au travers. Je la vois retenir sa respiration chaque fois qu’on entend quelqu’un traverser le couloir et hoqueter de soulagement chaque fois qu’on entend une porte qui n’est pas la notre s’ouvrir.

Je finis par me laisser glisser contre un mur. Je finis par m’asseoir à même le sol, dans l’espèce de petit corridor qui mène jusqu’à l’une des piaules. Celle que Fauve a choisi pour s’étaler sur le lit. Je ne sais pas si c’est pour y dormir, y penser ou dans l’espoir d’y mourir. Ne vois que les pieds de Fauve. Ceux qu’elle a laissé dans le vide. Qui ont battu, faiblement, la mesure des remous de son corps et qui ne battent plus rien désormais. Que la léthargie, le silence et la morosité. – Ca va ? que je demande, au bout d’éternelles minutes qui auraient pu faire penser que je m’étais barré. Ou que j’avais fait un coma éthylique – le type n’a plus aucune bouteille pleine dans ses placards désormais. Pas de réponse. Je suppose qu’elle dort, Fauve, jusqu’à ce qu’elle bouge pour me jeter un regard torve à travers l’armature du lit. Je ne vois que ses deux billes claires en amande. Tu ressembles à un animal pris au piège comme ça, Fauve. Je colle ma joue contre la flasque de whisky premier prix. Penche la tronche pour mieux voir le Fauve. T’as besoin de quoi, Fauve, si ce n’est pas de mon pardon ?Ta blessure, ça va ? Elle semble pas saisir Fauve, pourquoi je m’en inquiète quand j’ai visiblement tout fait pour ne pas y toucher. Doit penser, dans ses délires, que je ne veux pas la toucher elle. C’est vrai que j’ai de quoi faire mon sucré après avoir couché avec toi. Tu m’écœure mais j’y suis revenu deux/trois fois pour être sûr que c’était toi et pas moi…Je ne peux pas te toucher. Ca plisse le nez derrière l’armature. Ouais parce que c’est con ce que tu lui dis, Brishen. T’as deux mains et t’as pas l’air plus branque qu’un autre alors, imagine qu’elle imagine que t’es dans la capacité physique de la toucher. Je me redresse un peu fort. A m’en faire tourner la tête. – Laisse tomber, craché-je d’un timbre rauque en disparaissant jusqu’au salon.

Le canapé est moins confortable qu’il n’y parait. Il reçoit mon râble dans le craquement de ses lattes. Me laisse m’assoupir quelques heures mais m’encombre de cauchemars asphyxiants. J’hyperventile. Ou j’arrête de respirer – je ne sais pas – plusieurs fois d’affilés. Tente de trouver refuge dans la seconde chambre. La trouve trop éloignée de la porte d’entrée – puis le délire princesse et tapisserie rose ça me donne littéralement la nausée. J’hésite, une fraction de seconde, à aller rejoindre Fauve parce qu’elle ne s’est pas gênée, les dernières fois, pour venir se coller à moi. M’y refuse pourtant, en faisant les cent pas. Je bouffe. Bois. Fume. Répète l’inlassable ritournelle. Essai de dormir. Encore et encore. Y parviens, de temps en temps. De mieux en mieux. Jusqu’à ce que je sente une présence, par là. Jusqu’à ce que je me réveille en sursaut. Que l’arrière de la caboche frappe une commode quelconque. Fauve, que je me pense en me passant une paluche sur la nuque. Qui d’autres ?Tu m'as fait flipper. Je vais te foutre une clochette au cou, pecnode, que je bave, vexé, en m’asseyant difficilement sur le bord du sofa. Je sens la pommette enfler. Réminiscence d’une soirée difficile. Mon épaule m’en rappelle une autre.Arrête de me fixer quand je dors, Fauve, c’est carrément flippant, murmuré-je en la dévisageant. Court silence.Et même quand je ne dors pas, en fait. Va dormir tu veux bien ? Le soleil se lève à peine, tu ne vas pas me dire qu’il est trois heures de l’aprèm et que tu veux bouffer une glace à la fraise parce que t’as faim. Et quand elle ouvre la bouche, Fauve, je lève une main pour la faire taire. J’ai pas envie de te connaître. Pas envie de savoir qui tu es. Ce que tu aimes ou ce que tu détestes. Je n’ai pas envie de t’humaniser, Fauve. Je n’ai pas envie qu’on devienne intime. J’ai pas non plus envie que tu me trouves sympa. Alors en fait ferme là.Puis non en fait. Reste là. Je vais prendre le lit. Ca ne va probablement pas la déranger de t’y rejoindre.Et toi tu restes là. Elle ne va certainement pas t’écouter.Si c’est pas trop te demander. Ce n’est pas en jouant au connard qu’elle va être plus compréhensive. Je me retourne. Lui bute dedans parce que je ne savais pas, qu’elle était si près de moi. Le cerveau me pique quand elle tombe sur le cul. Me fait me pincer l’arête du nez dans un soupir lassé. – Pardon... Est-ce que c’était urgent, Fauve ? que je finis par demander, d’un timbre plus doux, plus rauque.



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MessageSujet: Re: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptySam 7 Sep - 22:34

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MessageSujet: Re: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptyDim 8 Sep - 1:17

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You alone have the power. You only hold the control. [...] One fleeting moment. Few short-lived seconds. Mere short flicker in time, for the shadow to grow and die.

- Pourquoi quoi ? demandé-je en essayant de ne pas crisper trop fort la mâchoire. Pourquoi tout, qu’elle semble me répondre en se tordant la nuque pour que je la vois. On dirait une gamine, Fauve. Cinq ou six ans à tout péter. Une gamine qu’on aurait privé de vivre. Ou qu’on aurait fait vivre dans une bulle. J’sais pas pourquoi. J’sais pas comment. Mais elle devait être crade, cette bulle. Aseptisée de la moindre once de savoir vivre et d’humanité. On t’as déshumanisé, c’est ça ? Alors pourquoi t’essai de t’humaniser à mes côtés ? Qu’est ce qui t’en donne envie hein, Fauve ? Moi je ne t’aime pas. Moi j’ai pas besoin de toi. Moi j’ai pas besoin d’une enfant à mes côtés. Une enfant que je devrais éduquer. Moi j’ai besoin de personne. Moi je méprise le monde, Fauve. Et puis t’es pas la seule qui s’est fait pisser dessus par le monde. T’es pas la seule à avoir eu une vie de merde. T’es pas unique comme un flocon de neige, Fauve. Les gens comme toi se comptent par centaine, peut être même par millier. Moi, dans la rue, je n’ai jamais entendu quelqu’un me dire qu’il avait eu une vie géniale. Une vie merveilleuse. Une vie si bienheureuse qu’elle était emmerdante. Faut se reprendre Fauve. Parce que t’as quoi, avec ta tête de poupée, 30 piges à tout pété ? Et quoi Fauve ? Tu t’attaches au premier connard qui passe ? Parce qu’il a bon goût ? Respecte-toi un peu plus que ça. Ce n’est même plus une question de rejet, c’est une question de dignité. Tu veux que je te tripote ? Que je te prenne dans les chiottes sales d’un bar ou sur le lit de la gamine ? Tu trouveras ça rassurant ? Tu trouverais ça vertueux ? Charmant peut être ? Tu veux que je me colle à toi, que je te donne une partie de moi ; que je te dise que je ne te connais pas mais que, wahou, tu es tellement exceptionnelle ? Mais qui y croit, à ça, Fauve ? Dans la vraie vie des gens normaux, qui y croit ? C’est d’une hypocrisie sans borne. Tu m’as tiré dessus, Fauve. Ca fait des heures que je ne devrais même plus être là – des heures que tu devrais me fuir à la place d’essayer de comprendre pourquoi je t’ignore. Fauve, si on ne veut pas te toucher, ce n’est pas parce que t’es un monstre, c’est parce que t’es cinglée. T’es pas stable Fauve, on sent que tu peux vriller à tout moment – porter plainte ou nous poignarder selon comment t’es lunée. T’es pas une personne de confiance. Tu peux pas l’être, Fauve, parce qu’on sent que tu ne TE fais pas confiance. Y a rien là. Entre nous. Rien que je te dois. Je fais du bénévolat pour fuckée. Je prie pour ne pas que tu me crèves durant mon sommeil parce que mon but dans la vie… C’est justement de vivre. Trouve toi quelque chose, Fauve. Autre chose que mettre des mots sur mes actes. Collectionne des timbres. Compte les insectes ou les cheveux sur ta tête, mais lâche moi un peu. Arrête de penser que tout ça c’est personnel. Que c’est toi. Que toi et uniquement toi. Que t’es qu’une pauvre petite malheureuse. Parce que c’est pas toi, Fauve. C’est tous les gens comme toi, mon problème. C’est à cause de gens comme vous que je fais semblant d’être sourd et muet pour ne pas qu’on me casse les couilles…

Elle touche mes doigts, Fauve. Me fait baisser le menton sans même me faire bouger. La situation me fatigue. Arrive encore à me surprendre quand, Fauve, elle plante sa paluche crade dans sa plaie. Qu’elle gratte les chairs noircies par la saleté à en devenir blanche et à en manquer de vomir. Mais t’es complètement conne ? C’est pour me punir que tu fais ça ? Je veux pas te répondre alors tu te suicides ? C’est quoi la prochaine étape, t’arrêtes de respirer ? PUTAIN ! Mais t’as quel âge, Fauve ?! Les nerfs montent en flèche. J’achoppe le poignet sans grâce. Dans l’impulsion d’un moment de rage. Le sens s’incurver bizarre sous les phalanges. Explosion à la tronche. Une onde de choc dans tout le corps. Je recule. Titube. Secoue le bras comme pour le réveiller. Capte le visage de Fauve qui mute et change – ses yeux en amandes qui ne sont que deux fentes. Je recule encore. Le cœur manque quelques battements – beaucoup trop. Tellement que je vais péter dans un mur quand elle se barre en direction de la cuisine. C’est quoi cette merde ?! que le cerveau réclame. Il cherche le rationnel quand les prunelles s’accrochent désespérément à la porte d’entrée. Ca c’est bien. Ca c’est rationnel au moins. Il faut que tu te barres. Cette fille est plus que cinglée, elle est carrément possédée par une bestiole. L’illogisme me cloue les panards au sol, avec autant de puissance que si j’étais dans du ciment. Ca carbure, là haut, quand à côté j’entends Fauve qui se bat avec le mobilier. Qu’est ce que tu es, Fauve ? que je m’interroge sans trouver une seule réponse valable. Pense à Rose, ouais. Je pense à Rose parce qu’elle, elle serait assez sage pour me balancer un truc philosico-diplomatico-spirituel sur ce qu’est la Pecnode d’à côté. Elle te conseillerait aussi probablement de te tirer de là, Brishen. Fissa. C’est à ce moment que mon corps a l’impulsion suffisante pour se décrocher du placo. La largeur de l’appartement est avalée en une fraction de seconde. Ma main se pose sur la poignée. L’arrache plus qu’autre chose quand il s’agit de l’ouvrir à la volée. Moment de flottement. Moment d’hésitation. La prunelle accroche l’un des cadres. L’un de ceux qui tient entre ses verres une photo si bien que j’aimerais qu’elle soit fausse. L’un de ceux où il y a cette gamine – une vraie gamine – qui rit aux éclats avec son père et sa mère ou quelque chose comme ça. Le bide se crispe. Le palpitant s’emballe. Les dents croquent la joue. Je viens de faire rentrer une cannibale démoniaque dans l’appartement d’une gamine… Demain ou après demain ou dans trois jours ou six jours, c’est cette gamine qui va rentrer ici… Cette gamine qui va découvrir le corps de Fauve… Avec un peu de chance Fauve sera morte… Avec un peu de chance, ouais, parce que si elle est en vie… Si elle est en vie Fauve aura probablement faim. Je ne peux contrôler le frisson qui secoue mes épaules. La résignation suicidaire qui les fait mollement se baisser. Rose t’aurais dit de rester, Brishen, et de sortir le loup de la bergerie parce que c’est toi qui l’y a fait rentrer. Les paupières se ferment. Par deux ou trois fois. Et je compte. Je compte pour rythmer chaque putain de respiration. Je compte pour cette gamine, blanche et anonyme – cette gamine qui deviendra une pétasse quand elle sera plus grande, une putain de pecnode qui me regardera de haut sans savoir… Quand elle sera grande parce qu’il faut qu’elle grandisse.

Demi tour. Je retourne vers la cuisine. Vois la catastrophe qui y règne. Un Enfer aux fragrances de sang et de steak – de carne en train de crever. Celle de Fauve qui ronge sa viande. Quia à moitié pris le temps d’enlever le papier en plastic tout autour. Et comme si c’était moi le plus terrifiant des deux – ou plutôt par honte parce que je suis définitivement hors catégorie quand il s’agit de Fauve – elle se traine dans un coin. Les Bêtes se cachent pour manger. J’attends. Des minutes, accouder à ce chambranle, devant cette cuisine, à me demander quand Fauve retrouvera forme humaine. Quand elle aura fini de bouffer pour qu’on puisse décoller. Elle et moi. Tous les deux. Je hoche la tête. M’auto-confirme l’évidence irréfutable. Fauve doit mourir pour le bien de l’humanité. Pour le bien de toutes ces gamines anonymes qui pourraient rentrer un soir chez elles et tomber sur Fauve. Je me repousse. M’éloigne de l’encadrement pour aller fumer une clope sur le sofa. Les yeux perdus par la fenêtre, là où il n’y a plus que cette pluie d’été et le silence de la nuit. Tu n’es peut-être pas le seul, Brishen, à souffrir d’une particularité. Le visage se contracte. Mais je ne suis pas instable à ce point. Ma particularité n’est pas un problème pour les autres – je décide alors que Fauve subit. Fauve souffre. Fauve est un animal agonisant sur le bord d’une autoroute. L’assurance est sans égale. Se montre même patiente lorsqu’il est question d’attendre que Fauve termine sa crise de démence démoniaque. Le menton est le seul à bouger quand Fauve réapparaît… Probablement satisfaite de son effet mais, surtout, en train de se vider. J’avais espoir de ne pas te porter le coup de grâce, Fauve… J’avais espoir que tu meures, dans cette cuisine, et que je n’aurais qu’à ranger. Elle me dit que ça va pas. Je me pense Sans blague Captain Obvious ? J’avais pas remarqué.Il faut ranger, que j’articule en coulant un œil épuisé vers la bedaine de la trappeuse. C’est la seule chose qu’il faut… Le reste c’est ton problème. Il faut que je fasse rien du tout. Elle a salement défoncé les chairs. Il n’y a qu’un trou béant à la place de l’égratignure de base. Le genre qui va rapidement s’infecter. Pourquoi j’aurais envie de t’aider, de te toucher et de te sauver, après ça, Fauve ? Dis moi ? Et à quelle heure c’est rassurant de me dire que je ne vais pas me transformer en toi ? Qu’est ce que t’en sais ? Est-ce que tu sais au moins ce que tu es avant d’affirmer que tu n’es pas contagieuse ? Qui te dis que ça ne met pas des semaines à se propager, ta merde ? Voire peut être même des mois ? Depuis quand t’es médecin ? Puis depuis quand t’as ça ? Depuis quand t’es comme ça, Fauve ? Comment ça t’es arrivée ?Et bien ce n’est pas grave, alors. Mes paumes claquent sur mes cuisses quand je me relève. C’est un non, au cas où tu ne l’aurais pas remarqué. Je ne te touche même pas avec le dos d’une cuillère. Et je ne te parle pas, non plus… Qu’est ce que tu veux que je te raconte ? Que l’air s’est rafraichi ? Et on fait comme si de rien ? Je veux bien avoir une mémoire sélective, mais à ce point ça serait être complètement stupide.On ne va pas tarder, ok ?, soufflé-je le plus calmement du monde. En attendant Fauve, essais de ne pas être toi.

Le rangement est précaire. Nul. A chier. Il consiste à pousser avec les pieds et à cacher le rouge de l’hémoglobine. A remettre tout ce que Fauve a viré du congélateur, dans le congélateur. A cacher dans les reins un couteau de boucher. J’essuis le sol. Enlève les draps du lit. Aimerais les brûler au milieu du salon pour ne pas que cette famille rerentre chez elle un jour mais je m’abstiens. Attend que Fauve sorte de la salle de bains – vérifie que ce n’est pas trop dégueulasse avant de la suivre. – Mets ça, que je préfère en lui enfilant ma veste en cuir. On verra moins le sang. Tu attireras moins l’attention. Je ne marche pas à côté d’elle, toujours derrière. Comme dans cette forêt – cette nuit où tout a commencé. Je surveille ses déplacements. Ses mouvements. Les grimaces que lui arrache sa blessure. Sa jambe traînante et les pauses qu’elle doit faire presque tous les mètres pour ne pas s’écrouler. Je crois qu’elle veut être forte, Fauve, pour me montrer comme ça ne l’emmerde pas que je ne veuille pas l’aider – pas la sauver. Je crois sans en être sûr. Mais t’as raison Fauve, je veux juste te tuer. On arrête un taxi après avoir marché des kilomètres pour le trouver, il semblerait. Fauve lui indique plus ou moins où il y a sa propre caisse. Le silence se fait dans l’habitacle – on regarde chacun à travers notre fenêtre dans l’ambiance pesante des décisions que nous venons de prendre. Le taxi s’arrête. On sort. Je paie. Nouvelle marche contemplative jusqu’à la caisse de Fauve. Bute là maintenant, Brishen. La ruelle est coupe gorge. Le quartier malfamé silencieux parce que le soleil se lève et que tous les bars sont vides. Je m’y refuse en pleine ville. Prend le volant, parce qu’elle n’est clairement pas en état de le prendre. Cette fille n’est pas en état de s’occuper d’elle sans être blessée, alors, imagine. Je roule. Un peu n’importe où et un peu n’importe comment. Dois faire preuve d’une concentration extrême pour ne pas niquer le volant du 4x4. Le tiens du bout des doigts. Fais quatre ou cinq fois les rues sombres de Silver Grove. Maintenant. Le pied écrase la pédale de frein. Après un virage, dans un endroit calme. Envoie valser nos carnes vers l’avant. Fauve glapit quand la cage thoracique encaisse difficilement le coup. Et son cou se pique à la pointe du couteau de boucher. La paluche n’hésite pas. Le regard est de marbre. Il ne me faudrait qu’un geste… Qu’un tout petit geste pour lui trancher la carotide.Tu vas mourir, que je murmure… Dans un constat véridique et froid – pas celui que ma main pourrait apporter. Tu ne vas pas mourir de ma main Fauve. Tu vas mourir de ton bide.Qu’est ce que tu auras fait de bien pour toi, Fauve, avant de mourir ? Qu’est ce qui te rend fière ? Qu’est ce qui te rend fiable ? La lame relève le menton de Fauve quand j’en étudie vaguement le profil. Ne sois pas lâche, Brishen.Tu pourrais tuer n’importe qui quand tu es comme ça, n’est ce pas ? Tu es plus dangereuse que ce qui t’habites parce que tu ne te contrôles pas. Fauve… Ca sonne comme une question, ton prénom.

Crissement.
Klaxon.
J’ai à peine le temps de relever le nez.
A peine qu’une autre voiture percute la nôtre.
A l’arrière. C’est la portière arrière qui prend. Ca fait tourbillonner le cul du 4x4. Ca me fait lâcher mon arme. Le couteau tombe dans les pattes de Fauve. Je pense Le Blond. me tourne et ne voit qu’une grande blonde habiller en tailleur. La gueule paniquée de celle qui n’a pas fait exprès. Ma paluche s’arrime au genou de Fauve dans une douleur partagée. – Mon Dieu ! Mon Dieu ! J’appelle les secours ! J’appelle les secours, qu’elle hurle, la blonde à en avertir tout le quartier. Pourquoi ? Je veux dire que tout va bien. Mais ça serait un mensonge. La tronche de Fauve prouve à elle seule que tout va mal. Je lui coule une œillade indéfinissable. – Je reste avec toi. Jusqu’à ta Mort.


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MessageSujet: Re: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptyDim 8 Sep - 20:51

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MessageSujet: Re: Animal Instinct ft. BB   Animal Instinct ft. BB EmptyLun 9 Sep - 0:52

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Je ne te lâcherai pas. Mais les actes sont plus imprévisibles que la pensée. La blonde perchée sur ses talons fait le tour de la voiture. Veut aider Fauve à sortir de l’habitacle quand je me mure dans un silence aussi tranchant que du verre pillé. On se regarde en chien de faïence – à celui qui cèdera à la pression sociale en premier. Mon poing se referme sur le genou. Le relâche quand Fauve est extraite du véhicule malgré moi. La blonde lui cause, dans la panique de l’accident. Elle est un peu brouillonne, surtout quand Fauve vomit son dernier repas – le steak atterrit sur le bitume crade d’une ruelle crade de Silver Grove. Je me tourne légèrement pour voir l’état de sa caisse – l’état de la nôtre. Rien que de la carrosserie. A mon avis, tout le monde peut repartir de son côté. La blonde et son tailleur. Fauve et moi. Je me dis qu’il faut que je finisse ce que j’ai voulu commencer. Que je récupère le couteau qui brille encore côté passager. Que je récupère Fauve qui va probablement vouloir se barrer. La blonde me cause. J’ignore ce qu’elle baragouine. Fronce un peu le nez. Tend l’oreille dans l’habitude d’une vie – celle d’un sourd et muet. Hausse une épaule quand Fauve répond à ma place parce que la réponse la satisfait. Je vais bien. Merci. Dégage. J’esquisse le mouvement de sortir. Le stoppe quand Fauve indique qu’elle veut juste rentrer chez elle. Où ? Dans ton cabanon sans eau ni électricité, en plein milieu de la forêt ? Et tu vas y aller comment ? A pied ? Avec elle ? Avec moi ? Le dos se cale dans le dossier. Les corps dansent, dehors, dans un pleutre mensonge. Je comprends que Fauve a plus peur de l’hôpital que de moi – de la mort que je lui ai promis. Elle remonte. Envoi valser l’arme blanche sous son siège quand je remets le contact. La blonde, tremblante, fait un signe de la main à Fauve. Ne sait pas qu’elle vient de la laisser partir avec l’homme qui s’était arrêté pour la tuer.

Pourquoi t’es là, Fauve ? Cet accident, c’était un peu comme ton saufconduit. Le 4x4 reprend la route dans un grattement de tôle fatiguée – un peu comme nous. Avale les mètres dans un ronron assez irrégulier pour me faire ralentir dans tous les virages. Le silence n’est pas long, Fauve défonce des portes ouvertes. Me laisse couler sur elle un regard circonspect. Je ne me suis jamais targué de te connaître, Fauve. Mais j’ai vu ce que tu étais… Ou une partie de ce que tu étais, et ça me suffit à te catégoriser. Je me colle à la vitre. Sors une clope quand elle a décidé de se montrer bavarde, Fauve. Elle me fait claquer la langue puis me la mordre pour ne pas lui répondre en lui hurlant littéralement dessus. Je ne discute pas avec les mortes, que je me pense en remuant sur mon siège, foutrement mal à l’aise. C’est ça, Brishen, d’avoir hésité. D’avoir voulu parler. Si tu l’avais égorgé, vous n’en seriez pas là. Tu serais tranquillement parti d’ici… Sans un parasite trop bavard. Et elle n’est pas contente, Fauve. Hurle dans la caisse comme une gamine ferait un caprice. Rendrait l’ouïe à n’importe qui. Elle y met du cœur, Fauve, à me beugler de la ramener chez elle. Et ça me fait grimacer, parce qu’elle pourrait être convaincante si sa gueule ne passait pas par toutes les couleurs de l’arc en ciel. T’es tantôt verte tantôt blanche… T’as paumé ton charisme à l’instant où t’as planté tes mains dans ta putain de plaie Fauve. Je freine. – non. Non. NON ! m’époumoné-je en arrachant les clés du contact. La pointe du doigt. Aimerais, à mon tour, l’engueuler. Parler. Me contente d’onomatopées. Ne crache qu’une insulte en claquant la portière. Manque de péter la vitre. Disparais à l’intérieur d’une pharmacie de garde. Je vide la moitié de l’étal de compresses, de bandes et de désinfectant. Prend des brosses à dents, des savons et ce genre de conneries pour la forme. Passe en caisse dans l’indifférence presque flippante de la caissière qui m’encaisse. Ressors. M’étonne de voir encore Fauve là. Me rappelle que c’est son 4x4 et qu’elle n’a surement pas voulu le laisser entre mes paluches. Je remonte. Balance le sac en papier à l’arrière. Repars. Pourquoi tu ne la tue pas ? Je bouge. Gigote. Elle est faible. Tue là maintenant, Brishen. T’attends qu’elle se soit remise pour lui planter un couteau dans la gorge ? Pour lui tirer une balle dans la tête ? Qu’est ce qui t’as fait changer d’avis ? Qu’elle te rappelle qu’elle t’as sauvé la vie ? Qu’elle avait l’occasion de te bouffer mais qu’elle ne l’a pas fait ? Tu penses que c’est glorieux ? Elle est cinglée, Brishen, tu l’as vu. Tu l’as senti. C’est une pecnode. Elle est comme toutes les autres pecnodes mais elle, elle digère la viande humaine. Est-ce que tu ne t’en voudrais pas plus de la laisser filer et d’apprendre qu’elle a fait des morts, plutôt que de la tuer là ? Maintenant ? C’est quoi le pire ? Une vie ou des dizaines d’autres ?

Nouveau coup de freins sur le parking d’un motel. Un qui me paraît être assez minable pour que je puisse nous le payer. Je récupère le sac en papier, balance un – On dort ici cette nuit, assez bas pour qu’elle peine à m’entendre, Fauve. Je la bouscule un peu pour qu’elle me suive. Lui envoi un regard noir comme si ça pouvait lui intimer de se taire. Cette fois, je marche à côté d’elle jusqu’à l’accueil. Demande une piaule qu’on met des plombes à nous filer. Ne fais pas comme si t’étais blindé de clients, Ducon, on voit bien que ce n’est pas le cas. Son doigt glisse trop longtemps sur son cahier de réservations vide. Il nous donne ce qu’on veut, à l’autre bout du site. Fauve est lente. Assez pour que je finisse par la soutenir. Elle n’en a possiblement pas envie mais je ne lui en laisse pas vraiment le choix. Elle doit croire que tu l’amènes à l’abattoir. Mais je n’ai pas pris le couteau. Juste ce sac pour qu’elle se soigne. Fais pas la conne Fauve.

La chambre est primaire. Un lit double, une table de chevet, des traces non identifiées un peu partout et une salle de bains dans laquelle je peine à entrer. Avec Fauve. Je lui retire la veste. L’aide à se déshabiller quand elle ne semble plus comprendre ce qui lui arrive. Je te tue et je te sauve. La fous sous la douche. Lui allume à la tronche un jet d’eau si froide que sa peau encrée se parsème de chair de poule. J’ajuste la température. Déballe les instruments de torture. Lui donne de quoi se savonner. – Evite la plaie. Et j’attends. Sagement, que Fauve enlève sa crasse. Qu’elle débarrasse un peu la blessure des saloperies qu’elle y à mise en se soignant comme une malpropre. Fauve termine. Je lui passe une brosse à dents. Elle me regarde bizarre quand elle se met au niveau du lavabo. Je rase les murs dans l’espace exiguë. Vais à son flanc. Me baisse pour voir. Légèrement. Assez pour constater que rien n’a changé depuis avant. La plaie est moche et abimée. Et je ne suis pas médecin. Tu vas choper une infection et crever sans mon aide. Je prends une compresse. La barbouille de désinfectant. Un. Me décale. Me poste dans son dos. Deux. Appose ce que je tiens aux côtes. Trois. Fauve couine quand je presse un peu fort. Ca m’arrache une explosion dans la gueule. Ca me retourne l’estomac. Me donne la gerbe. J’ai l’impression que j’ai mal, comme elle. Une douleur dans mon crâne – dans toute ma carcasse. Ca m’électrice de la manière la plus désagréable qui soi. Je sens chacun de tes tissues fibreux. Je sens ta peau dans ma peau. Ton sang dans mon sang. Je sens cette lésion béante comme si c’était la mienne. Je sens mon cœur juste là et le tiens aussi je crois. Qui pulse et qui brûle chaque putain de parcellé de mon corps et du tiens. A chaque BOUM. A chaque BOUM-BOUM-BOUM. Je sens ta douleur. Je sens ta putain de douleur partout. Partout sur moi. La tienne et la mienne et ça se mélange et ça me fait voir des points blancs – mal apprécier les mouvements. Ca fait tourner la terre plus vite… Je trésaille. Bascule en avant. Me retiens au mur pour ne pas écraser Fauve. La vois se cambrer sous mon poids. – Fuck, que je grogne dans une déflagration plus violente. Plus je te touche et plus je te ressens. Comme si on ne faisait qu’un dans ce tourment. Et je bouge plus, ouais. Je bouge plus. Reste comme ça. Contre Fauve qui irradie d’une chaleur fiévreuse – qui respire en hachuré – pendant une éternité, il me semble. Jusqu’à ce que je balance la compresse dans la douche pour venir lui en coller une autre dans une souffrance moindre. Je suis plus droit. Plus statique – mais j’ai toujours son envie de gerber dans le fond du gosier. Je t’avais dit que je ne pouvais pas te toucher. Ca me rend malade mais je serre les dents. Il parait qu’elle a dit s’il te plait Fauve – avant de me traiter de con et de connard. Tue-là. Je ferme les yeux. Les rouvre pour venir terminer ces soins précaires avec une bande tout le tour de son ventre. Recule dans un hoquet bileux. M’échappe dans la piaule avant même qu’elle n’ait pu me remercier – je veux te tuer, t’étouffe pas en remerciement Fauve.

Le râble se colle à une cloison pour se laisser choir sur le sol. Il me faut quelques secondes pour vérifier à mon flanc que je n’ai rien – sens encore son souffle sous mon crâne. Palpe ici et là dans un soupir rassuré. Cale une clope entre les lippes. Détourne le menton quand Fauve revient pour se foutre sur le lit. Dors. Dis rien. Je m’en tamponne l’oreille avec une babouche de ce que t’as à me raconter. Laisse moi. Je veux continuer à t’ignorer en toute tranquillité.Je n’ai pas changé d’avis, que je bave quand j’ai peur qu’elle ouvre la bouche pour autre chose que me dire merde. – Je veux toujours te tuer. Son visage se ferme. Ou reste neutre. Je ne la fixe pas assez longtemps pour saisir le fond de l’expression qui la traverse. – Prend ça comme un service… Je parle toujours de ta mort, pas du reste.Rentrer chez toi ne te sauvera pas de moi. Mais je ne te tuerais pas ce soir, Fauve. Parce que… Parce que tu ne m’as pas dénoncé quand tu aurais pu. Quand ça aurait simple de le faire comme il me serait simple de te tuer quand tu dors. Je soupire. Plaque l’arrière du crâne contre la tapisserie pâle. – Dors. Ou pas. J’suis pas ton père fait ce que tu veux tant que tu ne te barre pas d’ici… Tu me diras à poil ou en serviette ça risque d’être vachement compliqué de passer inaperçu.

C’est pour éviter un nouveau semblant de conversation que je me motive à me trainer jusqu’à la salle de bains dans les ersatz d’une peine qui ne m’appartient toujours pas. Je vire mes fringues. Me douche. Vérifie l’épaule qui n’est pas aussi jolie qu’elle le devrait. La main mordue semble être la chose qui a le mieux cicatrisée et la pommette, qui s’est colorée depuis l’altercation dans le bar. Le reste des bleus est sans grand intérêt. Et il n’y a que l’impact de la balle qui reçoit des soins appropriés – de longs, très longs soins. La journée va être interminable. Je erre. M’assoupi dans un angle ou deux. Observe Fauve, de loin et de moins loin. Passe une main devant son visage pour être certain qu’elle respire encore. T’es con, Brishen. Vais à l’accueil pour demander un téléphone, manière de commander de quoi manger – manière que Fauve ne bouffe personne à son réveil. Fais le tour du motel une ou deux fois… Parce qu’on aurait pu nous suivre même si je sais que les probabilités sont maigres. J’hésite à aller chercher mes affaires, que mon jean sale me gêne et me gratte mais en fait Non, tant pis, plus tard. Reviens avec Fauve pour m’assoir à côté du lit. Dos contre le lit, au niveau des oreillers, la face fixée niveau fenêtres. Il ne pleut plus quand Fauve se réveille, mais le vent qui rentre dans la pièce est glacé. Elle roule sur le flanc dans un grondement dérangé – je sais ce que ça fait. Ma nuque se tord quand elle se penche au-dessus de moi, comme pour voir si je suis bien là. Bonsoir.Des pizzas vont arriver. La tienne est à la viande, avec de la viande, dans un enrobage de viande sur une pate de viande. Elle bouge Fauve, sans que je ne puisse dire ce qu’elle trafique. – Il y a encore de quoi faire ton bandage dans la salle de bains, mais il n’y a rien pour que tu puisses t’habiller. Court silence.Ne me redemande pas de te toucher. Ou de t’aider. Ou quoi que ce soit qui implique un contact physique. La langue charcute une petite plaie au palais. Les mirettes s’évadent, au loin, sur un oiseau qui passe. Sur une voiture qui ralentis et sur des brins d’herbe qui tanguent de droite et de gauche. – J’ai mal, quand j’essai.


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ANIMAL INSTINCT ft @KAHSHA WARD

You alone have the power. You only hold the control. [...] One fleeting moment. Few short-lived seconds. Mere short flicker in time, for the shadow to grow and die.

Je n’ai pas besoin de fuir ou d’avoir une conversation normale. On frappe. Délivrance. La bouffe est livrée – le livreur est remercié d’un pourboire minable et d’une porte à moitié claquée sur le nez. Je m’en branle de l’été merdique et de la circulation en dents de scie et de la jeunesse d’aujourd’hui. Les cartons sont posés. Les pizzas entamées. La mienne est même dévorée. Je ne prends pas le temps de m’asseoir. Marche en mangeant. Fais des allers et des retours de la fenêtre au lit. M’allume une clope entre deux bouchées – vais boire pour faire passer. J’aurais dû en prendre deux, que je me dis en froissant le carton pour le jeter dans un coin. Mais tu en as pris deux, Brishen, et tu n’avais pas l’argent pour en prendre trois. Tu n’as, d’ailleurs, plus le sou et personne à voler. Puis tu as payé pour deux nuits, dans ce motel pourri, au cas où Fauve mettrait plus de temps à s’en remettre. Fauve s’en est remise et tu viens d’en écouler une, de nuit. Tu comptes faire quoi, demain ? Tu comptes la tuer là après l’avoir nourri. Ou tu comptes l’amener dans son cabanon pour lui faire, au moins, l’honneur de la buter là où elle voulait aller, depuis le départ ? Chez elle. Et quoi, Brishen ? Ca sert à quoi ce que je fais là ? Tu joues à quoi ? Tu veux te prouver quoi ? Et à elle, tu veux lui prouver quoi ? Que tu respectes tes victimes comme le type à l’abattoir qui égorge les vaches ? Brishen… Réveille-toi. Je relève le museau quand j’entends sa voix à elle. A Fauve. Le relève à peine. Juste de quoi lui permettre de capter mon regard. Mes intentions… De voir une certaine douleur au fond de mes prunelles. Arrête, Fauve, de me poser des questions. Quand est-ce que tu comprendras que je n’ai aucune envie de te répondre ? Quand est-ce que tu verras que chaque réponse que tu me demandes me ramène à des souvenirs ou des faits désagréables ? Pourquoi tu insistes, Fauve ? C’est ta technique pour me faire compatir ? Plus on parle et moins je te tue ? Je baisse la tête. Renifle. Fixe les pieds nus sur la moquette sale. Sors une clope de mon paquet. Oui. J’ai tout ressenti hier.Mange. Le feu de mon briquet danse dans un faible éclat de soleil. Je tourne le dos à Fauve pour regarder ailleurs. A des milliers de kilomètre d’ici – là où est ma place. Avec les miens. Ces Rroms. Nous ne sommes pas comme tous les autres. Je ne suis pas les Autres Fauve.

Le temps s’écoule comme à ses habitudes. Dans le rythme incertain de l’ambiance pesante que je m’applique à maintenir depuis que je côtoie Fauve – depuis qu’elle m’a tiré dessus. Je suis comme ça, souvent… Mais ça ne dérange pas autant les gens que ça dérange Fauve. Je crois qu’elle n’aime pas mon mutisme, Fauve, quand ça arrange la plupart des protagonistes qui croisent mon chemin – les types qui causent pas, on a au moins pas besoin de leur faire la conversation. Et ça m’évite de faire semblant de m’intéresser à la nouvelle pop star à la mode. Mais Fauve, elle s’en fout aussi, de ça. Ce qu’elle veut c’est des morceaux de moi. Des bribes de vie. Des informations jetées là, en vrac, sur qui je suis et pourquoi je le suis. Surement pour rien résoudre d’autre qu’une curiosité étonnamment glauque quand on sait que je lui ai promis la mort. Savoir qui t’égorge a quelque chose de rassurant Fauve ? Si je suis quelqu’un de bien dans le fond ça va, sinon tu te débats ? Est-ce que si je suis intelligent ça justifie ma prise de décision ? Et si je suis con ? Est-ce que tu accepteras mieux si j’ai eu une enfance difficile et que je suis un déséquilibré ? Et si tout a été trop facile, dans ma vie ? Je lui tends les cigarettes. M’éloigne un peu de la fenêtre. Louche sur la porte d’entrée quand d’autres renseignements fusent. Sur elle. Sur ce qu’elle pense ou ce que je lui fais, comme effet. Je te calme ? Comment ? C’est mon odeur qui te tempère, qui étouffe celle que tu es à l’intérieur de toi ? Mon sang ? Mon indécrottable sympathie ? L’arcade s’arque. C’est quand tu commences à être aussi conviviale et sociale et naïve que je regrette moins de vouloir te faire passer l’arme à gauche, Fauve. Pas parce que tu n’as tué personne. Parce que ça, ça arrivera probablement un jour. Tu m’as proposé y a moins de 72h de tuer les gens qui me suivaient sans savoir pourquoi. Juste comme ça. Parce que je t’empêche de vriller. Alors… Eux ou une gamine de Silver Grove… Est-ce que ça fait une réelle différence pour ta Bête ? Puis elle enchaîne. Sur les faits. Sur le commencement. Un soir d’orage comme il y en a tant à Silver Grove – cette ville perchée sur sa colline et entourée de ses forêts. Mais ça me fait tiquer, quand même. Ca me ramène des mois en arrière. Une nuit comme une autre. Je venais d’arriver, ici. Je m’étais collé dans le fond d’un bar quand l’électricité du quartier à sauter – j’ai appris plus tard que c’était l’électricité de la ville entière qui avait pété. Tout le monde s’est excité, dans le bar. Des gens se sont énervés, se sont plaint du manque d’un groupe électrogène quand le tenancier assurait qu’il y en avait un. J’avais eu besoin de prendre l’air. Je les trouvais tous oppressant, à Silver Grove. Quand je suis sorti, je me suis pris un orage dans la tête. Le genre qu’on voit souvent en été – bref, avec de grosses gouttes épaisses. Je me suis rapidement senti bizarre et j’ai été malade pendant une semaine, après. Mais j’avais mis le concept sur la nostalgie du pays et le climat très différent de celui du sud.

Je dodeline du chef. C’est n’importe quoi Brishen. Si tout ça provenait de ce connard d’orage vous ne seriez pas que deux pecnots dans cet état. Et puis c’était la même pluie. Les effets sont foutrement trop diamétralement opposé. Tique la seconde suivante. Quand Fauve réclame une sentance pour différence. C’est une blague ?On ne tue pas les gens parce qu’ils sont différents, que je souffle dans un réel étonnement. Brishen, chéri, on ne tue pas les gens. On ne les tue pas tout court. Point. A la ligne. Répète après moi : On. Ne. Tue. Pas. Les. Gens.On les tue parce qu’ils sont dangereux. Pour eux mais surtout pour les autres. On ne les tue pas parce que leur gueule ne nous revient pas. On ne les tue pas parce qu’ils ont une couleur de peau atypique. Tu ne peux pas me dire ça alors qu’on tombait le mur de Berlin y a deux ans. Mais elle s’en fiche un peu Fauve. Elle a le regard perdu sur l’horizon. Ses deux billes en amandes naviguent d’un caillou à un arbre à des maisons. Elle resserre un peu la couverture qui lui sert d’imper contre sa poitrine quand sa peau se dentelle, une nouvelle fois, de cette chair de poule qui fait ressortir chacune de ses cicatrices. Tu es belle quand tu ne sais pas que j’existe. Et elle en revient à moi. Pète ce moment magique où le jour, dehors, et la grisaille, la faisait paraitre plus lumineuse que d’habitude. Là, elle ne m’extrait qu’un long soupir. T’es chiante. Elle me fait me remettre en mouvement quand je sens qu’elle me fixe. Et j’ai beau aller de droite et de gauche. Repousser les cartons ou me cacher dans la salle de bains elle continue de me putain de fixer. – Je suis un mec très empathique, OK ? craché-je finalement en ouvrant grand les bras pour les rabattre sur mes cuisses. Oh oui. Très certainement Brishen. Ca saute littéralement aux yeux. Fauve a l’air sceptique. Ne me dis pas que ça te surprend, Brishen, qu’elle soit sceptique. Même toi, tu ne te crois pas.C’est possible, poursuis-je en hochant la tête d’un air très affirmatif. Oui. Les licornes et Nessie aussi c’est possible… Mais c’est quand même pas réel.J’ai trop d’imagination… Ca, ça sonne comme une question. Comme si je lui demandais confirmation de la crédibilité de cette explication. Je suis fatigué et très mauvais menteur Fauve. Tu pourrais faire exprès de me croire, on serait au moins débarrassé de cette conversation très gênante. Seulement, Fauve, elle ne me fait pas grâce de la lourdeur de nos silences. Je peux toujours te tuer maintenant, Fauve. N’oublie pas que c’est un peu le but de la manœuvre. Je peux te torturer, aussi, pour m’avoir fait chier autant, avant.Je suis normal Fauve, arrête de me regarder comme si ça n’était pas le cas. Normal ? Tu es un Rrom. Tu vis aux USA. Tu te fais passer pour sourd et muet. Tu es poursuivi par la mafia Irlandaise. Tu te traine une meuf qui bouffe des cadavres… Tu as une force surhumaine et chaque fois que tu l’utilises contre quelqu’un, tu as mal… Même quand tu ne fais pas exprès. Cite moi un seul truc de normal, Brishen. Juste… Juste pour qu’on rigole. Je me pince l’arête du nez. Râcle ma gorge. – N’essais pas de faire la conversation pour gagner du temps. La finalité sera la même et, en toute franchise, je pense que ça ne sert à rien d’apprendre à me connaître. Tu l’as dit toi-même Fauve, je suis comme tous les Autres. Alors… Je suis comme tous les Autres. Mais elle est forcément déçue, Fauve. Ca fait des jours qu’elle tente de savoir – d’avoir un petit quelque chose d’humanisant sur moi. Elle ouvre la gueule, Fauve. J’entends le gargouillis d’une protestation quand je lève la main pour la faire taire.

La douleur, que je claque. Elle semble pas comprendre de suite, Fauve. – Je ne ressens que la douleur quand je touche les autres. Seulement… Seulement quand c’est moi qui fais mal. Et seulement quand je fais mal. Et c’est comme une malédiction parce que je fais mal souvent, tu vois. C’est… C’est dans ma tête et dans mon corps. Je peux te dire où je te broie sans te voir. Je peux te dire, sur une échelle de 1 à 10, où se situe la pression de ma pogne sur ta peau selon tes propres critères. Selon ta capacité à encaisser les coups et… Et le plaisir n’y fait rien. Je ne ressens… Je ne ressens que la douleur brute. Sans tout ce qui pourrait la rendre agréable. Est-ce que tu vois où je veux en venir ? Je pose mon cul sur le lit. Balance mon tee-shirt un peu plus loin. Pivote pour me coller sous le pauvre drap restant. – Je ne sais pas depuis quand je suis comme ça. Quelques mois, je crois. Et j’espère que c’est comme une bonne gastro. Que ça va passer aussi vite que c’est arrivée. Je lui tourne le dos, à Fauve. Fixe un peu le mur avant de fermer fort les paupières. Pense trouver le sommeil, juste un peu, dans un vrai lit, avant l’instant fatidique. J’ai le sommeil agité. Ai, finalement, préféré dormir dans mes angles ou pas dormir du tout. Était moins claqué hier que là – quand je me réveille en sursaut en plein milieu de la nuit… Ou peut être en début de soirée. Je me redresse un peu vite. Nerveux. Manque de chavirer sur le côté quand le lit grince de mécontentement. Ne me repaire pas, là. Ai du mal, dans une panique pâteuse, à savoir où je suis. Sursaute franchement quand je vois la silhouette allongée, à côté de moi. Capte lorsqu’elle me fait face que c’est Fauve. Parce que, pourquoi elle se ferait chier à dormir par terre pour sa dernière nuit ?Bordel, soupiré-je en portant une main à ma tignasse emmêlée. Je repars en arrière. Me recouche plus doucement. Louche sur le plafond. Le plafonnier absent – l’ampoule nue statique au-dessus de nos têtes pensantes. La nuque se tord quand je veux regarder Fauve. Elle a les yeux ouverts, elle aussi. Pas sur moi, sur autre chose. Je ne saurais pas dire quoi. Il fait trop sombre. Je vois juste ses contours, comme si on avait dessiné grossièrement son visage. Et même comme ça, Fauve, elle est pas dégueulasse – elle mange juste des cadavres, et ça la rend vachement moins glamour, ça.Tu as peur ? murmuré-je si bas que l’écho grave de ma voix fait vibrer la taie d’oreiller. – De mourir. Est-ce que tu as peur de mourir ? Ma gueule grimace. – Réponds pas. Je m’en fous. Les prunelles se baissent. S’arrime à l’arc de cupidon des lèvres de Fauve. Elles sont entrouvertes, ses lèvres. Comme pour mieux respirer. Comme pour mieux me dire merde. – Pourquoi tu ne me tues pas avant que je le fasse ? Tu sais que je vais le faire alors, pourquoi attendre ? Je dormais, il n’y avait rien de plus facile, j’imagine… Faut avouer que j’ai été con de dormir, aussi. Les prunelles se baissent encore. Sur la couverture qui enveloppe Fauve. Et ta plaie ? Comment elle va ta plaie ? la question effleure pas la langue. Ni même le palais ou la gorge. Elle reste bloquée dans la tête. Brishen. Arrête. Tu essais de savoir. De comprendre. De la connaitre même, peut être. Elle a déjà un nom et une existence. Facilite toi la vie et ferme juste ta gueule.Réponds pas, dis-je d’une voix encore plus basse et éraillée. On dirait que t'es dingue, à lui poser des questions sans jamais vouloir qu'elle y réponde.

Les phalanges cherchent les rebords de la couverture de Fauve. Y tire un peu dessus. Y tire vers le bas, jusqu’à ce que Fauve la lâche. Me laisse la baisser jusqu’à sa hanche. Laisse apparaître le bandage de fortune que je tente de contempler plus que ses seins. Tu te fais plus de mal que ce que tu te fais du bien. Je vais pour la recouvrir suite à ce semblant d’inspection nul. Hésite – et l’hésitation doit se sentir. Me redresse sur un coude. Abandonne la couverture. Roule un peu sur le flanc. Me retrouve rapidement sur Fauve. Entre les cuisses de Fauve. Dans un soupir fauve.Je ne te touche pas. Je ne te touche pas, que je répète comme une litanie, plus pour moi que pour elle, très probablement. Elle bouge sous moi. Je ne sais pas si c’est pour s’arranger ou pour se barrer. Mes doigts s’enfoncent dans le matelas. Mes reins la cherchent. Le jean ne suffit pas à divulguer pour quoi, ils la cherchent. Je me dis Il te faudrait une bonne psychanalyse Brishen, pour être autant excité par une meuf que tu veux tuer. me rajoute Pour être autant excité par une meuf qui t’as tiré dessus, avec qui tu as enterré un cadavre, qui t’as bouffé la main et qui est clairement monstrueuse. comprend Si on fait l’amour Fauve, on ne parle pas de demain. Mais on peut pas. On ne peut pas faire l’amour. Le nez taquine juste l’angle de sa mâchoire. Le bout de la langue lape la carotide. Descend doucement jusqu’à son sein. Me fait grogner d’une frustration palpable. Elle se tend, Fauve, quand mes hanches la soulèvent. Quand elles tapotent son bas ventre dans un va-et-vient explicite et pourtant si chaste. Et je me tends aux picotements sous mon crâne quand je fais bouger le flanc de Fauve.Je ne te touche pas, que je me rappelle en glissant une main dans mon jean. Que je branle en me collant contre elle. Effleure sa bouche de la mienne – tente de capter le rythme de sa respiration dans les râles frustrés de la mienne. Et je souffle son prénom sur sa peau, dans un désir inassouvi. Me décale légèrement. Abandonne mon froc. Veux savoir si elle me veut, elle aussi – même si je te tue demain. Les doigts tutoient l’entrecuisse dans un hoquet – celui de Fauve ou le mien ou les deux. Bouge Fauve. Bouge pour me montrer. Pour me foutre des images dans la tête et des sensations sur le derme. Après je te laisse là, sans te toucher. Je pars, si tu préfères… Je pars dans la salle de bains – pour une douche froide. Ou ailleurs, tant pis. On se revoit pour ta mort – après notre petite mort. - Fauve... On a plus rien à perdre.


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