lightning and the thunder, al.

I. Le tonnerre gronde et son frère s’en va. Il ne sait pas encore s’il pourra le revoir, s’il partira jusqu’à l’infini. Al n’était qu’un ado quand Shahram a franchi les murs de la prison et les seules choses qui lui restent en mémoire dans ses ombres là, c’est l’abandon. Al compte pour du beurre de toute façon. Al le laissé-pour-compte. Al ne pleurniche pas. Al arrête de nous parler de lui, d’un tueur, d’un monstre. Pourquoi as-t-il fait ça ? Al ne le défend pas. Al tu n’iras pas le voir. Et Al n’a jamais franchi les murs de cette prison là. Pourtant, il n’a jamais cessé de penser à son frère. Alors quand l’idolâtrer est revenu, Al s’est senti revivre. Il pouvait respirer à nouveau, un peu.

Et pendant ce temps, son avenir se dessinait, d’abord quelques croquis puis tout est devenu réalité, plus proche. Il fera mieux que son frère, c’est certain. Il est plus intelligent, il est plus fort, puis c’est pas un pd lui au moins. Al fera médecin, c’est cliché pour une famille d’immigrés. Mais il n’avait pas son mot à dire. L’université a commencé et les premières études de santé, comme un colis veineux, un poison toxique bien sûr incurable.
Derrière lui un exquis laissait présager le néant pour Shahram. Alors Al, il pleurait dans son coin. Ne pars pas, je t’en supplie. Mais il a pas eu le choix, y’a pas de pd dans la famille. Et si Al était pd ? Il se ferait certainement jeter lui aussi, comme effacé. Il commençait les études d’un monde qu’il repoussait et ses parents eux repoussaient la seule boussole d’Al.
Le tonnerre gronde et son frère s’en va.

II. Un éclair illumine les cieux entre les étoiles. Il éteint sa clope, il fume et tousse un peu. Sa gorge lui rappelle qu'il faudrait qu'il arrête de fumer. Faut pas que ses parents le sache. Il lui ferait un sang d’encre. Puis finalement quand Tye lui propose autre chose, il ne dit pas non Al. Il ne sait même pas dire ce mot. C'est juste pour se détendre, pour se libérer de la pression parentale. Mais il continue, parcqu'il n'y a que ça qui le soulage, qui le tienst debout. Si un jour ses parents l’apprennent, il sera terminé. Il le fait jurer à Tye.  Mais il ne dira rien lui. Parcque Al connaît son secret. Parcque si c’est aussi facile pour Al d’avoir cette fumée vertige, c’est parcque sous ses aires de dealer, Tye l’aime en cachette. Mais Al n’aime pas les hommes en retour, pas comme Tye le voudrait. Même s’il s’était déjà imaginé sous des nuages caressant le sol et les enveloppant tous les deux. Mais cette image c’était vite dégagé de la tête d’Al. Jusqu’à sur un coup de tête, peut-être pour imaginer ou ressentir son grand frère. Il a embrassé Tye, juste comme ça. Peut-être pour se rassurer qu’il n’était pas totalement comme lui. Ce n’est pas que ça le dérangerait, mais ses parents l’avait déjà abandonné à nouveau, l’avait fait fuir dans les célestes, rejoindre les étoiles. Et il ne veut pas finir perdu dans les comètes.
À peine le baiser entamé, Al avait compris qu’il n’aimait pas le goût des lèvres de Tye. Que ses lèvres avaient un goût de fer, que sa lui piquait la mâchoire. Alors, Tye restera un ami.


III. Quand les nuages noirs s’étaient installés, c’était trop tard pour Al. Il s’est levé de bonne heure ce jour là. Il avait déjà préparé ses affaires, le sac à dos sous le lit. Il était déterminé à retrouver le sourire, à effacer ses larmes et retrouver son seul repaire. Il fit attention à ne pas claquer la porte en partant, en surveillent que ses parents dormaient bien. Il faisait froid ce matin là sur le quai de gare et une épaisse brume s’était installé comme pour l’aveugler. Son esprit se cristallisait à chaque bouffé d’air. Ses gants n’étaient pas assez épais et lui gelait le bout des doigts. Le train arriva un peu en retard. Il fit son dernier pas à Salt Lake City. La porte se renferma devant lui. Il était partit.
Qu’est-ce qu’ils penseront de moi ? Qu’est-ce qu’ils feront en retrouvent ma chambre vide ? Pleure pas maman, pleure pas papa. Il a détruit son avenir, diront-ils. Mais ils sauront où le trouver, ils sauront que Sharham était son ancre, que Sharham était sa raison de vivre. Ils sauront qu’il a toujours cru en lui, qu’il lui a toujours fait confiance. Ils sauront qu’il est parti rejoindre son frère, qu’il avait besoin de lui. Comment marcher sur la planète et dans sa vie sans lui. Ils sauront qu’il ne les abandonne pas à son tour.
Il était partit.