i. please introduce yourself.La rage pour meilleure amie, la fougue pour muse ; Maya est un électron libre, une pile électrique, une battante. Elle n'a pas peur de se salir les mains, de hurler jusqu'à ce qu'on l'entende ; tout ce qu'elle veut, c'est façonner le monde à son image. Prête à tout pour faire entendre ses convictions, elle n'hésite jamais à balancer son poing dans la tronche de quiconque viendrait à lui manquer de respect ou à ne pas la prendre au sérieux. Elle n'est pas seulement courageuse, la gamine ; elle est destructrice.
Engagée et persévérante, elle lutte pour ce qui lui tient à cœur, allant jusqu'à parfois se noyer dans ses convictions. Raison pour laquelle elle est considérée comme acharnée et butée ; elle défendra ses idées becs et ongles, quoi qu'il advienne. La reconnaissance des femmes et la protection de l'environnement sont des causes pour lesquelles elle s'implique tout particulièrement.
Maya, elle a bien trop souvent la langue qui claque quand elle ouvre la bouche ; secs et rudes, ses mots sont tels des poignards : tranchants. La sincérité exacerbée, elle martèle et blesse, n'a aucun filtre ni remord. Elle n'est pas foncièrement méchante, seulement en froid avec les codes sociaux. Fierté mal-placée qui la bloque quand il s'agit de parler d'elle, de ses ressentis ; isolement inquiétant lorsque l'on s'intéresse à ses soucis ; véritable fureur qui se soulève face à trop d'insistance. Elle a la colère facile.
Néanmoins, en parallèle de son image de femme indépendante et fière, la gamine demeure en perpétuelle quête d'amour. Elle se heurte aux autres, les aime ou les déteste profondément ; toujours avec passion. Elle livre son cœur sans jamais le dire, prend tout de même soin de le protéger, un peu, juste assez pour ne pas finir brisée.
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Il y a cet autre qui partage son âme, son jumeau. Le seul et l'unique. Celui qu'elle laissera toujours approcher, quel que soit le moment ; celui qui a droit à son affection éternelle. C'est à ses côtés qu'elle passe les nuits sans lune, le rendant prisonnier de cette étreinte trop étouffante. C'est lui qu'elle protège sans arrêt, de tout et de tout le monde. C'est lui qui est là pour l'apaiser quand ses émotions se font tempête et que ses poings ne veulent plus se desserrer.
Elle a ce besoin viscéral de veiller sur les autres, de s'assurer qu'ils ne risquent rien et évoluent dans un cocon tranquille. Elle est l'amie fidèle et attentionnée, qui viendra vous secouer s'il le faut, parce qu'il est rarement question de douceur avec elle. Les rares fois où elle accepte du réconfort sont considérées comme des moments de détresse, des échecs qu'elle s'empresse de corriger en se parant de son attitude déterminée.
ii. mean streets of silver grove. Voilà douze années qu'ils errent dans le patelin, main dans la main. Le décès brutal de la matriarche a levé le voile sur une nouvelle vie ; un père qui veut recommencer à zéro, offrir à ses enfants le privilège d'une petite ville sans histoire, à la tranquillité presque aberrante.
Finalement, de telles communautés recèlent de secrets et de vices. A Silver Grove, tout le monde se connaît. On ne lésine pas sur les ragots et personne n'hésite à en faire des tonnes à propos de la moindre petite rumeur. Les commérages vont bon train et la ville regorge de harpies...
On murmure sur son passage, c'est la fille du maire, la petite teigne qui a frappé le délégué de sa classe la semaine dernière / on voit bien qu'elle n'a pas de mère celle-là, regarde ses vêtements, on dirait un jeune homme / son frère est si charmant, quel gâchis. Et ça jase, sans arrêt. Jamais elle n'a écouté les plaintes à son propos, les moqueries ou bien n'a prêté attention aux regards teintés de mépris. Unique responsable de sa réputation, dernière à s'en soucier ; c'est le paternel qui se prend le revers de la médaille en pleine face, elle n'en a que faire.
iii. we're all mad here.Le jour, Maya sait. Elle peut prévoir les faits et gestes, ressentir l'avenir au plus profond d'elle. Mais, en contrepartie, il y a certaines nuits où les choses échappent à son contrôle. On appelle ça la paralysie du sommeil ; elle préfère considérer ça comme une rencontre avec ses démons. Elle est là, figée, les yeux grands ouverts et la respiration saccadée. Son intuition lui hurle de bouger, de faire quelque-chose pour échapper à cette emprise maléfique. Mais elle ne peut pas, subit cette force qui comprime sa poitrine, sent le danger qui l'étreint... et puis c'est fini.
Elle dort mal, très mal, a trop peur de sombrer.
iv. something strange in the woods.Artémis était la chasseresse, la déesse des espèces animales. Elle se fie à son instinct, son sixième sens. La précognition lui permet d'anticiper les événements imminents ; ce n'est non pas une vision du futur qui se présente à elle, mais le sentiment grandissant que quelque-chose va se produire, sans qu'elle n'ait la moindre idée de ce que cela peut être. Parfois, il lui arrive de prédire les mouvements de ses pairs, de les ressentir un millième de seconde trop tôt. Néanmoins, elle est rarement capable d'agir en conséquence, les informations perçues étant généralement trop floues.
C'est arrivé ce soir-là, alors qu'elle courait à en perdre haleine. La nuit était déjà tombée mais elle avait ressenti ce besoin imminent d'aller se défouler. A l'orée des arbres, elle les a senties ; les premières gouttes, salvatrices sur son corps fatigué. L'instant n'a pas duré, mais cette aura si particulière s'est ancrée en elle. Cette intuition si puissante lui a vrillé le crâne, l'a fait ployer, la tête entre les mains et les yeux clos. Lorsqu'elle a soulevé ses paupière tremblantes, une lueur divine brillait au creux de ses iris sombres.